L’actualité est dominée principalement par les questions liées à la nationalité et au foncier
rural. Vous qui avez été député pendant une décennie, quel est votre commentaire ?
O. Lorougnon |
Je m’en vais vous poser une question. Qui a des problèmes de nationalité
en Côte d’Ivoire ? Qui s’est une fois plaint dans ce pays où nous sommes qu’on lui a retiré la nationalité ivoirienne ? Est-ce que les
Ivoiriens du Nord se sont une fois plaints ? Et ces étrangers dont on parle, qui les a fait venir en Côte d’Ivoire ? Personne à ce que je sache. Ils sont venus d’eux-mêmes, ça veut dire qu’ils savent les règles qu’il faut observer quand on est dans le pays de l’autre. Ils
sont venus travailler, faire fortune ou se chercher comme on le dit dans le langage populaire. Et non pour charger la question de la nationalité sur leurs têtes. Ceux qui veulent les exploiter, ont peut-être autre chose en tête. Quand Alassane Ouattara venait en Côte d’Ivoire, les étrangers étaient déjà là, ce n’est pas lui qui les a fait venir dans ce pays.
Le RDR n’est pas allé prendre les
Burkinabé, ni les Béninois, Maliens, Guinéens et autres pour les envoyer en Côte d’Ivoire. D’où vient-il que subitement le RDR éprouve un intérêt particulier pour ces
étrangers qui sont ici depuis des lustres ? Quel est donc le problème ? Il y a des intellectuels parmi ces étrangers et ils savent bien la procédure pour acquérir la nationalité ivoirienne. Alors nous nous posons la question de savoir que veut Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire ? Parce que les
étrangers n’ont rien demandé.
Depuis une vingtaine d’années, depuis que le RDR est devenu un parti politique, on ne parle que de la question des étrangers. Devons-nous déduire que le RDR est un
parti d’étrangers ? Devons-nous déduire que le RDR est constitué d’étrangers ? Parce qu’on ne peut pas comprendre cette démarche singulière et étrange de ce parti, au profit des étrangers. Parce que dans tous
les pays du monde, quand un parti politique arrive au pouvoir, c’est la question des nationaux, leur bien-être qui le préoccupe d’abord. Ça fait dix ans, vingt ans que nous
menons le même débat. Nous avons fait dix ans au Parlement, au cours de la 9e législature (décembre 2000–11 avril 2011), il a été question de la nationalité, de la question des étrangers ; à telle enseigne qu’on s’est demandé si les autres pays environnants appliquaient la réciprocité en la matière. La preuve, nous avons aujourd’hui des Ivoiriens exilés qui sont en train de souffrir dans ces pays voisins, après avoir fui la terreur du régime en place en Côte d’Ivoire. Pourquoi la Côte d’Ivoire doit-elle faire une exception ? On nous rétorquera
que ces étrangers-là ont travaillé ici. Mais la Côte d’Ivoire les a payés, a participé au
développement de leurs pays, a aidé financièrement leurs pays. Mais quel est donc le problème ? Que cherchent le Rdr et Alassane Ouattara ? En tout cas, je refuse
de
croire que le Rdr ait pris le pouvoir pour le bien-être des étrangers. Depuis presque 3 ans de pouvoir, on ne parle que de la question des étrangers. Alors, il faut que les
Ivoiriens du Nord se démarquent de ces
amalgames dangereux, parce qu’ils risquent d’être vus comme complices dans cette Côte d’Ivoire qui est en train d’être défigurée.
J’ai comme l’impression que ceux qui s’agitent en ce moment sur la question, prennent leurs propres cas pour la généralité.
Les
dirigeants de ce pays qui parlent de la nationalité ivoirienne, il nous semble qu’ils transposent leurs propres situations sur celles des paisibles étrangers qui n’ont rien demandé. Qu’on les laisse donc tranquilles.
Peut-être que ce sont les dirigeants qui ont des problèmes de nationalité et qui tentent de se cacher derrière les étrangers. De grâce qu’on épargne donc ces étrangers de nos questions politiciennes.
Aujourd’hui le gouvernement ivoirien estime à plusieurs centaines de milliers d’apatrides qui devraient acquérir la nationalité selon une procédure d’urgence…
Moi je voulais savoir, quels sont ceux qu’on
nomme des apatrides.
Les apatrides, ce sont des individus qui ne jouissent
d’aucune nationalité.
Entre nous, est-ce qu’il existe réellement des apatrides dans le monde ? Je voulais vous retourner la question M. le journaliste. Parce que forcément un individu vient de quelque part. Tous ces étrangers qui sont en Côte d’Ivoire,
c’est en
leurs âmes
et consciences qu’ils ont décidé de venir dans ce pays, pour la plupart faire fortune. Ils ne sont pas venus pour faire de la politique ni qu’on les utilise dans un tel projet. Moi, je voulais les interpeller pour ne pas qu’ils se laissent utiliser ni manipuler par une frange d’élites ivoiriennes qui pensent que c’est avec les étrangers qu’ils peuvent prospérer. Ils ne sont donc pas venus pour faire de la politique. Il faut que les gens comprennent qu’un individu qui est venu en Côte d’Ivoire et qui s’est installé dans un village ou une contrée, on ne peut pas dire du jour au lendemain qu’il est sans patrie donc un apatride. Les étrangers sont venus d’eux-mêmes et ce n’est pas le Rdr qui est allé les chercher, donc il ne faudrait pas qu’il les utilise pour d’autres fins. C’est un faux débat créé par ceux qui veulent se tailler un électorat sur mesure.
Selon vous, il
y a
donc un
agenda secret qui soustend cela ?
C’est un agenda secret du Rdr.
Et qui vise quoi ?
Qui vise tout simplement un électorat comme je l’ai dit. Le Rdr cherche des voies et moyens pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Et la naturalisation de masse des étrangers est une voie royale que tente d’emprunter ce parti. Parce que le peuple ivoirien ne se reconnait pas dans ce pouvoir ; le peuple ivoirien est médusé aujourd’hui, en regardant ce pouvoir qui ne parle que pour les étrangers. Les Ivoiriens s’interrogent de savoir ce que devient la Côte d’Ivoire. Les gens tentent d’utiliser les étrangers à des fins politiques. Il y a quelqu’un qui est
certainement en
mal de popularité, et qui cherche un électorat sur mesure. Ce débat-là a été déjà l’objet d’âpres discussions au Parlement durant la législature précédente. Le débat refait surface, parce qu’il y a quelqu’un qui avait
voulu naturaliser 3 millions d’étrangers, parce que tout simplement il veut un électorat à lui.
Il faut que le président Ouattara convainque le peuple ivoirien. Il a pris le pouvoir pour les Ivoiriens et non pas pour les étrangers. Parce que trop c’est trop. Il n’a pas pris le
pouvoir pour les étrangers ni
pour la Cedeao. Il a pris le pouvoir pour le bien-être des fils et filles de Côte d’Ivoire. Et ceux-là sont en exil, il faut qu’il en parle, ceux-là sont aussi en prison, il faut qu’il en parle, ceux-là n’ont rien à manger. Nous nous offusquons donc contre ces agissements.
Et
si les Ivoiriens n’en parlent pas, et qu’ils sont confinés chez eux, il ne faudrait pas que le pouvoir pense que c’est par peur.
Mais, les Ivoiriens réfléchissent, méditent et s’interrogent : que devient notre pays ?
Cette élite qui a pris le
pouvoir,
travaille pour le bien-être de qui ? Sinon, ce n’est pas peur des kalaches, dans lesquelles
nous vivons depuis plus de dix ans. Les
Ivoiriens ont souffert et continuent de souffrir.
Il y a deux ou trois mois, on nous parlait de 650 mille apatrides qui devraient bénéficier de la nationalité ivoirienne, en complicité avec le Haut-commissariat des réfugiés (HCR). Mais les réfugiés, il y en a partout. Il y a des milliers d’Ivoiriens refugiés dans la sous-région qui
souffrent. Qu’est-ce
qu’ils
ont
fait pour ces réfugiés ivoiriens ? Pourquoi donc les Ivoiriens doivent souffrir en exil. Nous prenons le nord de la Côte d’Ivoire à témoin pour tout ce qui est en train de se passer. Demain, l’Histoire les accusera d’avoir été complices de cette forfaiture. Parce que c’est de là-bas que sont venus ceux qui ont dérangé la Côte d’Ivoire. La rébellion vient du nord, la question de la nationalité est venue du nord. C’est encore dans le nord que des cadres du pays, de grands serviteurs de l’Etat sont emprisonnés. Le nord est devenu aujourd’hui le Camp Boiro et le Guantanamo de la Côte d’Ivoire. Le nord répondra un jour devant l’Histoire. C’est pourquoi, j’interpelle les cadres et populations du nord sur ce qui se passe en Côte d’Ivoire. L’Histoire les regarde.
Le
mot apatridie me laisse donc perplexe. Il n’y a pas à mon sens des gens qui sont des
apatrides, parce qu’ils sont forcément venus de quelque part. À moins qu’ils ne veuillent volontairement changer de Patrie, donc de nationalité.
Il se trouve que ces personnes concernées par l’apatridie, dans le cas d’espèce en Côte d’Ivoire, sont pour la plupart des descendants de personnes venues d’ailleurs mais qui n’avaient plus de liens avec leurs pays
d’origines et aucun papier pour les identifier comme étant des ressortissants de tel ou tel autre pays.
C’est faux ! Je dis que c’est inadmissible et inacceptable. Il n’y a pas
un individu qui puisse se retrouver du jour au lendemain sans patrie, sans origines à la limite. Lors du Forum de réconciliation en 2001, M. Ouattara a brandi devant le monde entier le passeport flambant neuf de son grand père. Si en 1900 son grand-père avait déjà un passeport moderne, ça veut dire qu’on était dans la modernité (rires) et que les gens devraient avoir leurs papiers. Donc comprenez qu’on veut changer la démographie de la Côte d’Ivoire, et au-delà se bâtir un électorat sur mesure. Nous interpelons les Ivoiriens afin qu’ils
évitent d’être complices de la politique de repeuplement, du changement de la démographie de la Côte d’Ivoire.
Il y a aussi la question du foncier rural qui
est source de tension aussi bien à l’ouest qu’au nord, au centre et à l’est du pays. Quel est votre sentiment sur cette question, étant donné que les deux questions nationalité et foncier sont liées ?
En effet, qui dit nationalité parle également de la question du foncier. Ces deux questions importantes là sont liées, c’est
pourquoi nous nous posons toutes ces questions. Si on nous fait un tel programme de déposséder les Ivoiriens, car en fait c’est une dépossession, en
le
repeuplant et en donnant les terres à ces peuples qu’on fait venir par camions, cars…, que deviennent les Ivoiriens ? Que deviennent surtout les futures générations ? Et c’est pourquoi ces questions sont existentielles. Ce n’est pas normal ce qui se passe dans notre pays. C’est du jamais vu, qu’un pouvoir prenne fait et cause pour ceux qui viennent d’ailleurs, pour des étrangers au détriment des nationaux.
Mais en réalité, le problème des Ivoiriens ce n’est pas qui veut être Ivoirien, puisque pour l’être il y a une procédure de naturalisation à suivre pour les étrangers. Comme je le disais le problème des Ivoiriens aujourd’hui, c’est qu’ils ont faim, ils souffrent, ils sont malheureux dans leur propre pays. Tout est cher. Et je crois que c’est à cette situation là que le gouvernement
doit faire face ; c’est ça qui est l’urgence pour le peuple de Côte d’Ivoire. C’est donc sur ces questions-là que les Ivoiriens attendent Ouattara et son gouvernement.
Avec les réserves qu’émet le Pdci sur les questions du foncier et de la nationalité, lesquelles réserves
ont
également
été
émises par votre parti, avez-vous l’impression que le Pdci est en train de vous rejoindre sur certains points ?
Est-ce que je dois dire que le Pdci est en
train… Le Pdci devrait être de notre
côté sur ces questions essentielles. C’est une question qui engage l’ensemble des Ivoiriens. Si jamais le Pdci se fait complice de la dépossession des terres aux Ivoiriens, l’Histoire lui demandera des comptes. Le Pdci doit savoir de quel côté il se trouve. C’est le
Pdci qui est le parti historique en Côte d’Ivoire, c’est encore le Pdci qui a implanté le développement en Côte d’Ivoire. Le Pdci doit pouvoir défendre ce que Houphouët-Boigny a laissé comme héritage. Le Pdci ne peut assister à la destruction de l’héritage d’Houphouët. Et l’héritage d’Houphouët c’est la nationalité, c’est la question du foncier rural. Les Ivoiriens regardent les
députés Pdci qui sont au Parlement. Ils se doivent de défendre la Nation ivoirienne.
84 prisonniers politiques seront jugés par une Cour d’Assises, selon la décision de la justice. Alors que le régime continue de parler de réconciliation.
Est-ce que ceux qui veulent juger ces 84 prisonniers politiques ont une vision ? Là-dessus, je continue de m’interroger. Parce que c’est à la suite des élections que ces
personnalités ont été arrêtées. On ne les a pas pris dans la rue. Donc, la question est politique, elle est même très politique. Ces prisonniers politiques ne peuvent pas se retrouver du jour au lendemain devant une cour d’Assises. C’est pourquoi je
me demande si ceux qui nous dirigent ont une vision de la justice. Ou veulent-ils simplement continuer de servir aux Ivoiriens une justice des vainqueurs ? Comment des gens
qu’on a pris à la suite d’une élection, d’une crise postélectorale, laquelle élection est éminemment politique, et
qu’on a accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, on peut les
accuser de crimes de sang, et se retrouver du jour au lendemain devant une cour d’assises. Parce qu’il faut bien que le pouvoir protège les
siens. Le pouvoir actuel veut protéger ses chefs de guerre. C’est pourquoi, on accuse sans fondement Affi N’guessan, Simone Gbagbo,
Abdoudramane Sangaré et les autres. Et pourtant tout le monde entier sait ceux qui ont fait la guerre, ceux qui ont tué, ceux qui ont nos biens. Il est temps qu’Alassane Ouattara regarde dans son camp s’il veut bien gouverner.
En principe pour aller à une réconciliation nationale, et je crois que dans la définition de la Cdvr, il n’y a pas une partie justice dedans, les choses doivent être faite selon les règles de l’art. Mais, je crois qu’ils ont plutôt trompé les Ivoiriens, à travers cette Commission dialogue, vérité et
réconciliation (Cdvr). A travers cette commission, ils font des règlements de compte, ils font en sorte que les autres ne reviennent plus dans le jeu politique. Et c’est cela l’agenda caché des dirigeants que d’enrayer toutes ces personnalités de la scène politique. Mais ce n’est pas possible et ça ne sera jamais possible. On connait ceux qui ont tué et aussi ceux qui exploitent illicitement les richesses de la Côte d’Ivoire, avec les armes. Il est donc temps que Ouattara regarde dans son camp. Des gens qui ont été de grands serviteurs de l’Etat, des ministres, gouverneur, premiers ministres, des directeurs généraux, des officiers supérieurs… c’est eux qui sont de grands bandits et les grands bandits se promènent, ils sont nommés à des hauts postes de responsabilités dans la hiérarchie militaire. On veut abrutir l’administration ivoirienne. Ils sont venus pour abrutir l’administration ivoirienne et nous ne saurions cautionner cela. Nous voulons demander
au président Ouattara de libérer les prisonniers politiques. Il n’y a aucune preuve.
Justement, les avocats ont dénoncé le fait qu’il n’y avait rien dans les dossiers de ces prisonniers politiques…
Il n’y a effectivement rien dans les dossiers. Alors pour quelles raisons on devrait les
juger aux assises. Alors que le président Ouattara collabore avec des chefs de guerre, qui ont les mains souillées de sang d’innocentes victimes. Pourquoi des cadres de
l’Etat devraient être des bandits, pendant que les bandits de grand chemin se promènent et sont à la tête de nos institutions. On
ne
gouverne pas comme cela un pays. Et je l’ai toujours dit que quand on n’aime pas un pays on ne cherche pas à le payer. J’interpelle encore les populations et les
cadres du nord de la Côte d’Ivoire. Il est temps qu’ils donnent de la voix pour rétablir la Côte d’Ivoire dans ses droits et son intégrité. Parce que l’Histoire les interrogera un
jour.
La semaine dernière, la procureure de la Cpi
a séjourné à Abidjan, dans le cadre de ses enquêtes. Quelle analyse faites-vous de sa récente visite ?
Nous autres, nous sommes profanes dans les questions de justice. Mais on a comme l’impression que Fatou Bensouda a décidé, dans son for intérieur, tout simplement de condamner Gbagbo. Il lui faut donc par tous les moyens condamner Gbagbo. Je ne sais
pas
ce qu’on lui a promis pour qu’elle se débatte maladroitement de la sorte. Elle représente aujourd’hui une honte pour l’élite féminine africaine. Sinon quand il n’y a pas de preuves, celui qu’on détient a le bénéfice du doute et est relaxé. C’est ce qui se passe dans les plus petits commissariats et brigades de gendarmerie. Les dossiers de Laurent Gbagbo et des prisonniers
politiques détenus ici sont vides, alors
qu’ils
aient
le courage de
les
libérer. Si
Bensouda veut vraiment rendre justice aux victimes, qu’elle vienne prendre Soro, Ouattara et leurs différents chefs de guerre. Parce que Gbagbo ne s’est pas battu seul.
On
a imposé une guerre à Gbagbo et il n’a fait que défendre la Nation et les institutions républicaines. Gbagbo
n’est pas allé au nord pour faire une guerre. Bien au contraire les gens sont venus du nord pour faire la guerre à la Côte d’Ivoire, au nom de la nationalité ont-ils dit. Bensouda
sait-elle que des ministres, officiers supérieurs, des cadres de l’administration ont été tués impunément. Alors, pourquoi cherche-t-elle à tout prix à condamner
la victime. Parce que Laurent Gbagbo
est bien la victime des bourreaux qu’elle protège aujourd’hui et avec lesquels elle travaille aujourd’hui.
Laurent Gbagbo
est la victime de la guerre imposée à la Côte d’Ivoire, Bensouda doit le savoir. Il faut qu’elle sache qu’en tant qu’intellectuelle africaine, elle devrait faire la fierté des femmes africaines et non s’enrôler dans une affaire honteuse de condamnation d’un leader parce qu’il gêne un système, alors il faut le maintenir loin en détention. Pour que Ouattara puisse bien gouverner. Les femmes de Côte d’Ivoire interpellent Fatou Bensouda.
Laurent Akoun
avait été arrêté puis jugé, Alphonse Douati est à la Maca, Koua Justin
également, la liste est longue. On a l’impression que le Fpi ne se contente que de produire des déclarations de dénonciation
ou
de protestation et c’est tout. Pourquoi n’envisage-t-il pas d’autres moyens pour vous faire entendre ?
Oui vous avez peut-être raison. Mais ce n’est pas vrai non plus. Le Fpi a été désorganisé par la guerre qu’on a imposée à la Côte d’Ivoire. Mais le Fpi s’est
relevé de ces cendres-là, quand bien
même les autres
sont en prison. Ceux qui ont été épargnés
momentanément, je dis bien momentanément parce que chacun des responsables du parti a son nom sur une liste noire du
régime, ont pu relever le Fpi. Nous avons programmé des meetings à Port-Bouët, Koumassi, Bonoua, Yopougon. Vous avez été témoins lors du giga meeting du 21 janvier 2012 à Yopougon, de la réponse brutale et violente du pouvoir, alors que ce dernier avait donné son accord pour la tenue de ce meeting. Vous savez, quand tu viens par la force, tu as peur de tout. Quand on est venu par la brutalité, la violence, on pense que ceux qui sont en face sont aussi comme ça. Or le Fpi n’est pas comme ça. Je souhaite que le pouvoir n’ait pas peur et qu’il ouvre l’espace politique
pour
que
vous puissiez voir le Fpi. Nous voulons un Etat de droit, le droit à la manifestation, le droit à la vie. Parce qu’il y a eu mort d’hommes et de nombreux dégâts au meeting du 21 janvier 2012. C’est pourquoi, l’on dirait que le Fpi ne connait pas les manifestations. Mais
c’est bien ce parti qui a envoyé la contestation démocratique en Côte d’Ivoire. C’est Laurent Gbagbo qui est à l’origine du retour au multipartisme dans ce pays. C’est pourquoi ceux qui pensent que Laurent Gbagbo est brutal ou a tué quelqu’un savent que ce n’est pas vrai. Il y en a même parmi eux qui montaient dans sa chambre, pendant que nous les militants, cadres du parti, on attend dans le salon. Si Gbagbo devrait les
tuer, il l’aurait fait depuis longtemps. Gbagbo a ouvert l’espace politique et ils
sont
là où ils sont aujourd’hui. Nous demandons donc qu’ils ouvrent l’espace politique, et ils verront bien la capacité de mobilisation du Fpi. Et c’est de cela qu’ils ont peur. Mais dites-vous que cette capacité de mobilisation et de redressement du FPI est intacte.
Propos recueillis par Frank Toti – Le Nouveau Courrier 27-28 juillet 2013.
(*) – Secrétaire générale
adjointe du FPI, secrétaire nationale de l’organisation des femmes du FPI
(OFFPI).
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des
documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à
l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec
l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que
par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension
des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
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