Réunis à l’occasion d’une conférence tenue à Paris le
11 juin dernier, des militants de l’association Survie, de Sortir du
Colonialisme et un activiste tchadien, ont dénoncé l’organisation par la France,
le 14 juillet, d’un défilé sur les Champs-Élysées mettant à l’honneur des
troupes françaises et tchadiennes mobilisées dans la guerre au Mali.
« Ce défilé donne un parfum de victoire à une opération
militaire qui est loin de pouvoir être présentée ainsi, étant donné les
nombreuses zones d’ombre qui l’entourent et les incertitudes qui demeurent sur
son issue » a déclaré Fabrice Tarrit, président de
l’association Survie, rappelant que la France était probablement le pays le
moins légitime pour intervenir au Mali, du fait de son passif historique dans
la sous-région et de la
succession d’interventions militaires qu’elle y a mené depuis 50 ans, contribuant à sa déstabilisation. Une publication de l’association, intitulée « La France en guerre au Mali : enjeux et zones d’ombre » apporte de nombreux éclairages sur ces aspects qui ont été jusque-là peu développés dans les médias.
Pour le président de Survie, « sous couvert de mobilisation en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, cette intervention sert clairement les intérêts politiques, économiques et militaires de la France au Mali. Un parallèle peut être dressé avec le défilé organisé par Nicolas Sarkozy en 2010, année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines, en présence de 10 chefs d’État africains. François Hollande perpétue cette politique, en prenant l’initiative sur des dossiers qui concernent avant tout les Africains, en s’entourant d’un aréopage de chefs d’État et dictateurs alliés et en vantant l’ingérence militaire française sur le continent. »
Survie
Source
: La Dépêche d'Abidjan 16 Juillet 2013
succession d’interventions militaires qu’elle y a mené depuis 50 ans, contribuant à sa déstabilisation. Une publication de l’association, intitulée « La France en guerre au Mali : enjeux et zones d’ombre » apporte de nombreux éclairages sur ces aspects qui ont été jusque-là peu développés dans les médias.
Pour le président de Survie, « sous couvert de mobilisation en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, cette intervention sert clairement les intérêts politiques, économiques et militaires de la France au Mali. Un parallèle peut être dressé avec le défilé organisé par Nicolas Sarkozy en 2010, année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines, en présence de 10 chefs d’État africains. François Hollande perpétue cette politique, en prenant l’initiative sur des dossiers qui concernent avant tout les Africains, en s’entourant d’un aréopage de chefs d’État et dictateurs alliés et en vantant l’ingérence militaire française sur le continent. »
« Cette intervention marque un échec », a renchéri
David Mauger, lui aussi membre de Survie, «
l’échec du multilatéralisme, tant il est flagrant que la France, concernant le
Mali, a tenu le stylo pour toutes les initiatives, toutes les résolutions de
l’ONU, qu’elle a dû constater l’incapacité opérationnelle des forces africaines
de la Cedeao qu’elle est supposée renforcer depuis des décennies, et que par
ailleurs elle n’a trouvé aucun partenaire pour intervenir au niveau de l’OTAN,
peinant même à obtenir des soutiens européens à la mission de formation EUTM ».
« Nous assistons à un retour du bilatéral
entre la France et l’Afrique », a-t-il ajouté.
Ce retour du bilatéralisme est visible concernant
la mobilisation des troupes tchadiennes au Mali, qui a fait l’objet de
tractations diplomatiques entre la France et le Tchad, pays dirigé par le
dictateur Idriss Deby et dont les forces armées sont réputées pour leurs
violations des droits de l’homme et le recrutement d’enfants soldats. « La société civile tchadienne, est la
victime principale de cette intervention militaire française appuyée par le
Tchad » a relevé Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, soulignant la vague de
répression qui a suivi ce début de retour en grâce de Deby sur le plan
diplomatique, donnant lieu à de très faibles réprobations, de la France en
particulier. « Je suis choqué et déçu que
les troupes tchadiennes soient mobilisées pour défendre la liberté
et la démocratie dans un pays étranger alors qu’elles les refusent à leur
propre peuple », Le militant tchadien en a profité pour lancer un appel de
soutien à Makaila Nguebla, blogueur poursuivi par le régime tchadien jusqu’au
Sénégal, dont il a été récemment expulsé, actuellement en attente d’un visa
pour la France.
Le porte-parole de Sortir du Colonialisme, Patrick
Farbiaz a appuyé cette demande et exprimé sa préoccupation à propos du refus de
visa subi récemment par l’écrivaine malienne Aminata Traoré, jusque-là
considérée en France comme une interlocutrice de poids, mais victime de son
discours discordant sur l’intervention militaire française.
Le mouvement Sortir du Colonialisme, qui a émis en février un appel intitulé « Mali : la politique de la canonnière n’est pas une solution », voit dans ce défilé du 14 juillet une relégitimation de l’ordre colonial, à travers la mise en scène d’une armée française intervenant en Afrique, de troupes africaines lavées de tout soupçon d’exactions, et plus globalement d’une Françafrique qui a adopté un nouveau look tout en restant dans le giron de l’Élysée, de l’Etat-major et des entreprises françaises. Le nouveau Livre Blanc de la Défense, redonne une légitimité d’intervention militaire française en Afrique, cautionnant cette « stratégie du gendarme ».
Le mouvement Sortir du Colonialisme, qui a émis en février un appel intitulé « Mali : la politique de la canonnière n’est pas une solution », voit dans ce défilé du 14 juillet une relégitimation de l’ordre colonial, à travers la mise en scène d’une armée française intervenant en Afrique, de troupes africaines lavées de tout soupçon d’exactions, et plus globalement d’une Françafrique qui a adopté un nouveau look tout en restant dans le giron de l’Élysée, de l’Etat-major et des entreprises françaises. Le nouveau Livre Blanc de la Défense, redonne une légitimité d’intervention militaire française en Afrique, cautionnant cette « stratégie du gendarme ».
Ce défilé intervient en effet à mi-chemin entre
deux dates importantes. Le lancement, le 1er juillet, de la MINUSMA, la mission
onusienne censée prendre le relais de Serval pour « pacifier » le pays, au sein
de laquelle la France conserve un rôle de commandement, disposant par ailleurs
de sa propres force « parallèle » d’intervention. D’autre part la date prévue
du premier tour de la Présidentielle malienne, le 28 juillet, date imposée par
la France, qui avait menacé d’être «
intraitable », selon les propres mots de François Hollande, alors que les
conditions d’organisation de l’élection sont bien loin d’être réunies. A la
veille de ce scrutin, alors que la France est très investie dans la course aux
marchés pour la reconstruction du Mali, qu’elle engrange peu à peu, il y a fort
à redouter que le régime qui sera issu de ce processus peine à conquérir une
vraie légitimité, continuant ainsi à laisser la part belle à ceux qui, comme la
France, ont décidé de maintenir le pays sous tutelle.
Les représentants de l’association Survie, en
conclusion de la conférence de presse, ont tenu à dénoncer le rôle autoproclamé
de gendarme de l’Afrique que la France s’est octroyé au Mali, et condamné
l’ingérence politique, diplomatique et militaire dont elle a fait preuve depuis
le déclenchement de la crise malienne, appelant à un départ des troupes
françaises du pays et plus globalement du continent africain.
Un appel à la vigilance et à la mobilisation
citoyenne a également été lancé en prévision de l’organisation à Paris les 5 et
6 décembre d’une conférence internationale consacrée à la sécurité en Afrique,
initiative pilotée par la France et qui s’apparente à une nouvelle version des
Sommets France-Afrique dont les prédécesseurs de François Hollande ont tous usé
pour rassembler la « famille
françafricaine ».
Survie
Titre original : « France.
Des associations dénoncent un défilé néocolonial le 14 juillet ».
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire