En maraude dans le web

Jerry Rawlings

prône la plus grande modération
sur la crise ivoirienne
L'ancien président du Ghana, Jerry John Rawlings, a appelé à 'la plus grande modération' dans la gestion de la crise politique en Côte d'Ivoire suscitée par une élection controversée dont deux candidats se sont déclarés vainqueurs. Dans son deuxième communiqué en trois jours à Accra vendredi, il a averti que la situation en Côte d'Ivoire n'était pas 'une simple querelle électorale'.
Selon lui, c'est un 'ensemble de complexités politiques et ethniques' qui devraient être traitées avec 'tact et diplomatie plutôt qu'avec des évocations ouvertes d'une intervention énergique'.

La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, qui a vécu une guerre civile sanglante en 2002 risque de s'enfoncer encore une fois dans le chaos après que son président sortant, Laurent Gbagbo et le vétéran de l'opposition Alassane Ouattara ont revendiqué tous deux la victoire au deuxième tour de l'élection du 28 novembre.
La Commission électorale indépendante a déclaré M. Ouattara vainqueur, mais ces résultats ont promptement été annulés par le Conseil constitutionnel qui a donné la victoire à M. Gbagbo après avoir invalidé des centaines de milliers de voix obtenues par M. Ouattara dans son fief du nord.
Cette décision a suscité un tollé international et les Nations Unies ont donné le ton aux organisations régionales et sous-régionales en reconnaissant M. Ouattara et en imposant des sanctions à ce pays d'Afrique de l'ouest.
Les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) ont annoncé l'envoi d'une autre délégation pour convaincre M. Gbagbo de quitter le pouvoir de son plein gré sous peine d'être contraint de le faire.
M. Rawlings a cependant averti que les résultats controversés indiquent clairement que 'la Côte d'Ivoire est profondément divisée sur le plan ethnique et que c'est une question qui doit retenir l'attention des principaux acteurs comme la CEDEAO, l'Union africaine (UA) et les Nations Unies lorsqu'ils envisagent des options pour résoudre cette crise'.
'Les deux hommes au centre de cette querelle ont indiqué être disposés à ce qu'il soit procédé à un nouveau comptage des voix ou à une vérification plus approfondie des résultats par des observateurs neutres. Y-a-t-il une motivation cachée à refuser d'envisager ces options proposées par les deux ?, s'est-il demandé.
'Il est également important de ne pas nous précipiter vers n'importe quelle forme d'intervention énergique. Ce qui ne va pas garantir une résolution définitive de la crise et pourrait même exacerber une situation déjà explosive qui pourrait dégénérer en une guerre civile à grande échelle avec des conséquences horribles.
'Les tentatives d'obtenir du soutien pour une intervention militaire ne se justifient nullement et exposent plutôt l'ONU, la CEDEAO et l'UA à passer pour des hypocrites', a-t-il estimé.
M. Rawlings a déclaré que des résultats électoraux plus scandaleux étaient passés sans qu'une intervention soit réclamée. 'Comment pourrons nous justifier une intervention dans ce cas précis, alors que les résultats sont si proches et qu'ils reflètent des divisions ethniques profondes ?', s'est-il interrogé.

Il a préconisé d'examiner toutes les options pacifiques disponibles, plutôt qu'une intervention militaire ne pouvant instaurer une transition politique pacifique dans ce pays.

M. Rawlings a déclaré que la situation était tout à fait embarrassante pour l'Afrique et qu'il était également préoccupant que plusieurs faits aient été passés sous silence par la presse internationale.

Les rapports de certains observateurs électoraux majeurs condamnant le déroulement des élections dans plusieurs endroits du pays ont été totalement ignorés par la presse internationale, selon lui.

M. Rawlings a estimé qu'il y avait plusieurs questions cruciales sans réponses, en ajoutant que les détails du rapport de l'émissaire de l'UA, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, devaient être rendus publics pour aider à démêler la situation.
Il a demandé à la CEDEAO de convoquer une réunion d'urgence pour inviter les deux parties antagonistes ainsi que les représentants de toutes les missions d'observation ayant couvert les élections à présenter leurs arguments.
'Nous devons avancer avec prudence dans l'intérêt du peuple de la Côte d'Ivoire, qui est la véritable victime de cette tragédie', a estimé M. Rawlings.

Source : Pana 25 décembre 2010


L'ENJEU DE CE COMBAT...

La Côte d'Ivoire est le pays que le Seigneur nous a donné. C'est la portion de terre que nous avons en partage. Cette portion de terre est notre pays. Nous devons veiller sur elle parce que nous dépendons d'elle, et elle dépend de nous. C'est pourquoi on parle de territoire, on parle de pays, on parle de nation. Or l'enjeu du combat en Côte d'Ivoire aujourd'hui, c'est le sort de cette portion de terre. Est-ce que cette portion de terre est à nous pour nous donner tout ce qu'il nous faut pour vivre ou bien est-elle à d'autres qui la gèrent et qui ne nous donnent que quelques petits fruits ? Sommes-nous maîtres sur ce territoire ou pas ? Je suis résolument inscrit avec ceux qui disent que c'est notre terre, la terre que le Seigneur nous a donnée. Nous devons veiller sur elle pour qu'elle nous nourrisse. On voulait écrire un texte pour remplacer notre propre constitution, à New York. En un lieu ou nous n'étions pas. D'autres se sont levés, tels des anges, pour dire que cela ne sera pas. »
Laurent Gbagbo, président de la République de Côte d'Ivoire

(Notre Voie 07/11/ 2006).