mercredi 27 novembre 2019

Steve Beko : « recevoir Bédié, Soro,… c’est bien, mais le plus important reste de rassembler sa famille politique »


L’activiste Steve Beko a salué ce lundi 25 novembre 2019 la rencontre Soro et Blé Goudé, à La Haye, avant d’appeler les GOR au rassemblement pour 2020.

Steve Beko
La réconciliation (laquelle même ?), c’est bien et il faut la saluer de toutes nos forces. Se retrouver avec des adversaires (ennemis) d’hier au nom de la paix c’est même très bien. Les rencontres de haut niveau entre les leaders, c’est encourageant.
Mais entre temps, il y a une partie de la population qui a été humiliée, ostracisée, bâillonnée, méprisée au nom de l’amour qu’elle portait à ses leaders et à sa croyance en un renouveau démocratique et souverainiste. Des personnes ont craché sur des tentatives de corruption et d’achat de conscience afin de rester fidèles au combat.
Il faut tenir compte de leur ressenti lorsqu’elles voient leur bourreau d’hier avec leur leader. Danser ensemble dans les meetings et autres, c’est très bien. D’ailleurs la recrudescence des danses m’énerve actuellement. Mais Il faut savoir qu’en sous cape, les bourreaux d’hier disent en riant : « ceux pour qui tu me combattais hier, je suis avec eux aujourd’hui ».
Quand on a traversé tout cela, la paix doit se faire de façon pédagogique. Il faut prendre le temps d’expliquer sa démarche afin de la faire comprendre et adopter. À défaut, l’on donnera l’impression d’être dans une démarche purement personnelle donc égoïste.
Recevoir Bédié, Soro et je ne sais qui d’autre, c’est bien mais le plus important actuellement reste de rassembler SA FAMILLE POLITIQUE pour préparer les échéances à venir. Nous refusons d’être les escaliers que vont emprunter ceux qui sont la cause de nos malheurs pour atteindre leurs nouveaux objectifs.
Pour ceux qui comprennent difficilement, je vais résumer : se retrouver avec les autres, c’est bien. Se retrouver entre nous d’abord, c’est mieux. Sinon, demain, chacun va prendre sa route.
Je ne demande à personne d’être d’accord avec moi. Ma conscience me suffit pleinement.
C’est mon avis…

Steve Beko

 

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : https://www.yeclo.com

lundi 25 novembre 2019

NOTRE HISTOIRE AVEC LA FRANCE (SUITE)


soudan français : les pratiques de la conquete coloniale. 
par ibrahim maïga

« Civilisation, civilisation, orgueil des Européens, et leur charnier d’innocents. Rabindranath Tagore, le hindou, un jour, à Tokyo, a dit ce que tu étais poète! Tu bâtis ton royaume sur des cadavres. Quoi que tu veuilles, quoi que tu fasses, tu te meus dans le mensonge ». René Maran (préface de Batouala)

Les officiers coloniaux qui ont conquis l'Afrique n'avaient pas que le canon et le fusil. Jeunes, pour bon nombre d'entre eux, ils sont tombés sous le charme des Africaines qu'ils ont prises comme concubines. Ils parlaient de « mariages à la mode du pays ».
Léon Faidherbe
Faidherbe a débarqué sur les côtes sénégalaises en tant que célibataire. Il n'a pas mis longtemps à se retrouver avec Dioncounda Sidibé, une jeune Khassonké, la mère de son premier fils né en 1857. Léon sera ensuite confié à la « vraie » épouse de Faidherbe. Après une scolarisation normale, il est devenu officier. Mais même étant fils de Faidherbe, il ne pouvait être qu'un subalterne. Il ne put intégrer l'armée que dans le corps des tirailleurs sénégalais. À 24 ans seulement, il est mort, victime de la fièvre jaune en 1881. Certains historiens disent qu'il s'est suicidé, n'ayant jamais pu accepter son statut social. Car il était l'objet d'un double rejet. Pour les marchands et les militaires français, il n'était qu'un « nègre ». Pour les Métis de la côte, qu'on appelait « mulâtres », il n'était que l'héritier de son père qui toute sa vie n'a œuvré qu'à consolider la suprématie économique des Français. 
Quant à Archinard, il partait en campagne quasiment avec un harem. Il avait une addiction pour les jeunes filles entre 15 et 17 ans. Le lieutenant Thiriet qui l'accompagnait lors de la conquête de Ségou, est formel dans son témoignage sur les pratiques fines de son chef. À Ségou, Archinard était devenu le beau-frère et le gendre de tous les Peuls, parce que sa compagne la plus célèbre s'appelait Bintou Kanté.
Les conquérants colonisateurs étaient de véritables prédateurs, des polygames qui n'ont pas pu tous effacer les traces de leur séjour africain. Le régime tout trouvé était celui des « mariages à la mode du pays », des unions temporaires. Le Docteur Louis Joseph Barot, médecin au service des troupes coloniales, a même élaboré en ce sens un manuel intitulé : « Guide pratique de l'Européen dans l'Afrique occidentale : à l'usage des militaires, fonctionnaires, commerçants, colons et touristes ».[i]
L'ouvrage était tellement précieux que l'auteur a pu compter sur la collaboration du Commissaire principal Desbordes, du capitaine Meynier, de  l'Armée coloniale, du professeur Chalot, du Jardin colonial, du vétérinaire en premier Pierre et de Gimet-Fontalirant, ancien chargé de mission coloniale. Binger, directeur de l'Afrique au ministère des Colonies, en a assuré la préface.
L'auteur a une forte recommandation : « Pour ceux qui n'ont pas la force morale nécessaire pour supporter la continence absolue, il n'y a qu'une ligne de conduite possible, c'est l'union temporaire avec une femme indigène bien choisie. » Les mots sont bien pesés car il est attendu de cette « indigène bien choisie » de pouvoir « distraire, soigner, dissiper l'ennui. Elle devait aussi faire que l'Européen ne sombre dans l'alcoolisme et la dépravation sexuelle ».
Francis Somonis, de l'université de Provence, a étudié le phénomène dans sa construction. Il parle de véritables « polygames de la République ». Pour lui, cette relation entre les Européens d'alors tenait beaucoup plus du droit des vainqueurs sur les femmes que d'un échange centré sur l'amour. Il est vrai que pour les militaires en campagne, le partage des « mousso », terme qui désigne la femme en bambara, était une étape essentielle du partage du butin de guerre. Le chef récompensait la troupe sur la bête : les femmes et les esclaves. Les objets de valeur étant réservés au chef lui-même. Il en a été ainsi quand Archinard a vaincu Amadou, le fils d'el haj Oumar Tall à Ségou, le 6 avril 1890. À son compagnon, Mademba Sy, il a attribué directement Djeynabou, la fille du sultan vaincu. Il finira par installer Mademba à la tête d'une principauté viagère à Sansanding. Il va ensuite se mettre à casser littéralement du Toucouleur partout. Il fait des constats singuliers dans ses comptes rendus à ses chefs : « Les soumissions des Toucouleurs sont longues à venir, mais viennent. Je ne peux […] expulser complètement les Toucouleurs. […] Faites exécuter quand même les 44 Toucouleurs de Ségou qu'on voulait vous cacher. Cela effraiera et poussera les autres à venir à moi et à se soumettre pour avoir quelque sécurité. […] Parcourez les villages et si vous trouvez des Toucouleurs […] donnez leurs biens aux Bambaras et exécutez jusqu'à ordre contraire ».[ii]
Il poursuit : « J'aurai voulu faire disparaître l'élément Toucouleur fanatique et dangereux [....]. Restait la guerre d'extermination, elle était possible […], il suffisait de la permettre aux Bambaras du Bélédougou [....] en dehors de la question d'humanité [.] quoique l'humanité bien comprise exigerait la destruction des Toucouleurs, d'autres risques m'ont empêchés de m'arrêter à l'idée de l'extermination.[....] Il aurait fallu occuper longtemps le pays avec des forces importantes [....] il aurait fallu soutenir ces derniers [les Bambaras], il aurait fallu par conséquent n'avoir d'autres soucis que ceux du Kaarta [....] ».[iii]
Quan, après Ségou, Archinard s'attaque à Bandiougou Diarra de Ouéssébougou, il répétera le même exercice. À Koumi Diossé Traoré de Kolokani, son allié de circonstance, il donne une fille de Bandiougou. Les autres femmes et les guerriers pris sont distribués ensuite entre les Européens et les tirailleurs. Le colonel Bonnier, une fois à Tombouctou, ne fera pas autre chose. Il capture toutes les belles femmes et tout le bétail des Touaregs, ce qui finira par causer sa mort à Tacoubao.
La colonisation a aussi favorisé la prostitution avec la prolifération des bordels militaires de campagne. Ces maisons de tolérance sont suivies par la hiérarchie militaire qui s'assurait du suivi médical des prostituées.
La République française a prétendu coloniser l'Afrique au nom de la civilisation, sa civilisation. Dans les faits, elle n'a produit que des contre-valeurs. En ces temps où l'heure est à la révision, il importe de situer le centre de la vertu.

Dr Ibrahim Maïga, lessor (Mali) 23 novembre 2019

Source : lebanco.net 23 novembre 2019

[i] -  Edition Flammarion 1902.
[ii] -  Nioro, 6 janvier 1891, Commandant supérieur à lieutenant Hardiviller (Correspondances d'Archinard).
[iii] -  Nioro 9 janvier 1891, Le Cdt. Supérieur du Soudan français à Mr le sous-secrétaire d'État des Colonies (Correspondances d'Archinard).

samedi 28 septembre 2019

Visite d’Etat de Ouattara : Les rues de Dimbokro sont presque vides. Le chef de l'Etat boycotté


« Mon oncle Kpandry Kouadjo de Dimbokro, il deviendra subitement riche. Parce qu'il dit avoir étudié avec Ouattara. Ouattara lui donnera assez d'argent », affirme un de ses parents sur les réseaux sociaux.
Selon le communiqué émanant de la Présidence : « cette visite sera pour lui l’occasion de se souvenir de son séjour et de son enfance dans cette ville, de ses parents encore présents, mais aussi de ceux qui, malheureusement, ne sont plus de ce monde. Il a ajouté qu’elle sera également l’occasion de faire de fortes annonces pour le Département de Dimbokro et pour la Région du N’ZI ». Selon les reporters, la foule était plutôt clairsemée, malgré l'obligation faite aux enfants des écoles et leurs professeurs d’être au bord de la route pour acclamer leur rédempteur.
Dommage que l'obligation faite aux enfants d'aujourd'hui ne se soit pas appliquée aux vétérans copains de classe qui avaient usé les bancs de classe avec leur copain Ouattara.
Sa blonde moitié Dominique était aussi de la partie, mais arrivée seulement en fin d'après-midi « aux alentours de 16h à Dimbokro ». C'était probablement pour rallonger le montant de la facture des déplacements déductibles de la pluie de 45 milliards promis à Dimbokro en 2010 lors de la campagne présidentielle, la première...
Mais chose plus curieuse pour un homme natif de la région du N'Zi, le président Ouattara en visite dans son propre pays natal aurait selon les journaux déployé 3332 soldats des Forces armées de Côte d’Ivoire pour assurer sa sécurité. 224 véhicules toutes catégories sont sensés patrouiller et surveiller les axes routiers que doit emprunter le demi dieu Président et économiste de son état.
Comme il n'est pas Dozo de naissance, les gri-gri ne sont pas suffisants pour le protéger des Gors (!) où autres malfaisants, de type rebelles non rémunérés et non recyclés...
Sur les photos nous n'avons pas vu le petit juge Epiphane Zoro Bi-Ballo, c'est pourtant lui qui depuis la même ville avait signé l'acte permettant à Ouattara de se dire natif de Dimbokro. Ses nouvelles fonctions de secrétaire d'état l'ont certainement amené jusque-là, puisqu'il y avait un conseil des ministre décentralisé; mais ne lui permettent probablement pas de perdre du temps en déplacements de style « papamobile ».
Et pourtant, il semble bien que les courtisans ministres soient obligés de suivre leur économiste ravitailleur partout. Il suffit de voir comme ils sont au garde à vous à l'aéroport quand il part et revient de l'étranger...

Par Shlomit Abel

Source : Ivoirebusiness 26 Septembre 2019.

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mercredi 4 septembre 2019

Une vue cavalière de l’histoire de la crise du FPI par Sylvain N’Guessan. À méditer…


Une histoire, un drame, celui du Clan Gbagbo. Pour qui suit l’histoire du FPI depuis 1990, on peut se permettre diverses interprétations de la crise au FPI.
Ce parti a diverses faiblesses dont une certaine anarchie depuis le congrès de 1996 qui a consacré la FIN du débat idéologique au profit du culte de la personnalité. Une autre faiblesse : dans l’imaginaire collectif des cadres de la première génération et la suivante, « si Gbagbo est devenu président, pourquoi pas moi ? ».
Quand l’opposant Gbagbo apparait officiellement sur le champ politique ivoirien, bousculant au passage le vieux Houphouët, son dauphin constitutionnel, son Premier ministre, toute la monarchie foncière, mercantiliste du PDCI et ses démembrements, l’on aperçoit certains visages qui font figure de piliers fondamentaux, les indéboulonnables.  Ce sont : Messieurs Boga Doudou, Aboudramane Sangaré, Ouraga Obou, Ahoua Donmello, Lida Kouassi Moïse, Bohoun Bouabré, Affi N’Guessan, Placide Zoungrana, Molle Molle, Mmes Guéi Valère, Simone Gbagbo… Messieurs Memel-Fotè et Barthélémy Kotchi avaient déjà un certain âge. Plus tard viendra le Professeur Mamadou Koulibaly.

Sangaré, Boga et Simone…
Les camarades Sangaré, Boga et Simone faisant UN avec Gbagbo, seront en vue Donmello, Affi, Lida et Koulibaly. Déjà, la guerre des héritiers connait un début lorsque le président Gbagbo laisse Koulibaly piloter la rédaction du nouveau projet de société qui bascule à 360 degrés du premier.
Le FPI se taille un programme libéral que combattent Donmello and Co. Alors que Lida, Affi et Koulibaly semblaient attendre leur heure, Ahoua Donmello essaie d’ajuster les pouvoirs de Gbagbo himself. A Affi (son cousin d’Akakro), il sera remis le sabre pour le ramener au plus bas de l’échelle. Ainsi va naitre La Renaissance.
Le président Koulibaly claque la porte et rentre à Abidjan. Le premier ministre Affi reste à Marcoussis pour parapher l’Accord. Le FPI ne s’en remettra jamais. Koulibaly est ovationné par la « ruecratie » conduite par un certain Charles Blé Goudé. Koulibaly apparait comme le SEUL capable de garder le temple en l’absence du Maitre. Affi apparait comme le traitre, le nouveau Judas. Le président Gbagbo prend acte.
Affi perd son poste de Premier ministre au nom de l’Accord de Marcoussis… Il lui reste entre les mains la présidence du FPI. Quand éclate la crise post-électorale, une sombre histoire a éloigné les présidents Koulibaly de Gbagbo. Quand éclate la crise post-électorale, une sombre histoire a éloigné les présidents Koulibaly de Gbagbo. La gestion de la rébellion aura grillé tous les potentiels héritiers du président Gbagbo.
Un nouveau visage est dorénavant au-devant de la scène : le ministre Tagro. Le ministre Bohoun a finalement perdu son poste ministériel après être passé au Plan. Parmi les 5 potentiels héritiers de la Maison Gbagbo, Ahoua Donmello, sauvé in extremis, devient le ministre des Infrastructures économiques, porte-parole du gouvernement.
Alors que TOUT Abidjan se vide, il est aperçu dans le bunker, juste quelques heures avant le moment fatidique. Des souvenirs qui comptent… Le FPI perd la guerre. Tous ses cadres sont arrêtés ou en exil. Seul Koulibaly est libre de ses mouvements.
Devenu président (par intérim) du FPI, il a maille à partir avec sa famille politique. Le Professeur Koulibaly claque la porte et crée LIDER, un parti prônant les valeurs de l’Ecole de Chicago après avoir été la seconde personnalité d’un parti de gauche.
Plus tard, Affi est libéré. Il prend le contrôle du FPI, essaie de lui donner une nouvelle orientation (la parabole du cercueil sur lequel s’agrippent les orphelins et la veuve). Sangaré, le gardien du temple, s’y oppose. Deux tendances voient le jour : une conduite par Affi N’guessan ; l’autre par Sangaré.

Le ministre Bouhoun rend l’âme. Ahoua Donmello se promène de capitale en capitale, manquant de peu d’être extradé depuis le Cameroun. Le ministre Lida, arrêté en exil, est extradé avant de bénéficier d’une amnistie ; comme la Camarade Simone. Elle est tout de même empêchée de décider de l’Avenir du FPI.
Puis arrive la date du 22 mars 2019. Parti rencontrer le président Gbagbo en liberté sous conditions à Bruxelles, Affi en est empêché. Les communiqués fusent des 2 camps. Affi décide d’animer une conférence de presse. Il s’attaque VERTEMENT au président Gbagbo. Des valeurs sûres de son Clan trouvent qu’il a franchi a ligne rouge. Les démissions débutent.
Signalons que le Professeur Barthélémy Kotchy a pris ses distances depuis belle lurette. Le Professeur Memel-Fotè n’est plus. Le premier Cercle, qui semblait pouvoir faire fléchir le Camarade Laurent, a disparu. Le Comité de contrôle n’est plus que l’ombre de lui-même depuis le congrès de 1996.
Le FPI s’identifie de plus en plus à une seule personne : le président Gbagbo, qui a décidé de reprendre SA chose. Affi ne peut tenir dans ce bras de fer. C’est une question de mois ; peut-être d’années. D’ici là, la Côte d’Ivoire attend TOUJOURS une vraie opposition qui puisse servir de contrepoids à l’actuel exécutif.

En attendant le Kairos
Ces 4 cadres auront d’ailleurs les postes les plus stratégiques. Chacun d’eux est au-devant de la scène ; qui pour montrer ses compétences, qui pour prouver sa loyauté ; TOUS pour faire valoir leur capacité à gérer l’après Gbagbo. Les Camarades Laurent, Boga, Sangaré, Simone, Memel-Fotè … sont dans le rôle d’évaluateur.
Revenu au FPI, le technocrate-idéologue Don Mello hérite du BNETD. Il va devoir s’en contenter en attendant le Kairos…. 17/18 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est attaquée. Revenu au pays pour s’occuper de l’Affaire Sia Popo, Me Boga Doudou est assassiné. Gbagbo est atteint. Le FPI vacille.
S’ensuivront de sombres histoires difficiles à comprendre, comme la querelle Affi-Lida aux premières heures de cette attaque. Accusé d’avoir trahi Gbagbo, fait assassiner le ministre Boga pour se positionner, Lida aura tout le mal du monde à revenir à la surface. Sur la scène, à côté des « évaluateurs », il ne reste plus que Messieurs Affi et Koulibaly.
Puis vint Marcoussis. Deux tendances du FPI apparaissent au grand jour. La guerre est dorénavant ouverte entre les deux camps. Le président Affi N’guessan multiplie les sorties. Ses sofas sont plus que jamais déchainés. De son côté, le président Laurent Gbagbo continue de recevoir des visites selon son agenda secret.
Des personnes qui l’ont traité de tous les noms d’oiseaux depuis la « République du Golf » seraient déjà programmées. Quelles sont les perspectives qui s’offrent au FPI à partir des signaux forts actuels ? Trois pistes semblent se dessiner en filigrane.

PassÉ rÉcent
1- Le président Gbagbo reçoit (à Abidjan ou à Bruxelles) son Premier ministre Affi avant octobre 2019, soit un an avant la future élection présidentielle. La paix revient au sein de la Refondation qui se met en ordre de bataille derrière les candidats choisis. Bien évidemment, tous les militants se mettent en rang derrière la nouvelle direction de la maison rose bleu. C’est un parti soudé, fort qui pèsera lors de la présidentielle à venir.
2- Le président Gbagbo refuse de recevoir son Premier ministre Affi. Le divorce est consommé. Le natif de Boidikro conserve précieusement le logo et se présente comme le candidat naturel du FPI. En face, les candidats sont désignés sous la bannière Ensemble pour la Souveraineté et la Démocratie (ESD). Les militants se rangent dans les deux différents compartiments devenus rigides sans aucune probable possibilité de les réunir. Divisés, ils pèseront peu lors de la présidentielle 2020.
3- Non seulement les deux tendances actuelles ne parviennent pas à se retrouver mais un autre groupe dissident s’aligne derrière un autre candidat issu du premier cercle du FPI en indépendant. C’est le pis des schémas qui puisse arriver à ce parti. Divisé en trois blocs, ce parti ne pourrait pas arriver au second tour. Les candidats qui arriveront au second tour négocieront séparément avec les trois leaders des trois tendances.
Depuis le 22 mars, le FPI se livre en spectacle. Chaque jour a son lot de « révélations » sur les réseaux sociaux. Vrai ou faux, des secrets se retrouvent sur la place publique. Le sens de l’Etat semble avoir disparu des rangs de la Refondation. Les uns et les autres semblent si préoccupés par ce nouveau jeu que, chaque jour, c’est un boulevard qui se dresse devant le RHDP qui a même le loisir d’imposer les sujets de conversation au plan national.
Le parti présidentiel tire profit de cette crise dans la mesure où, occupés à s’entredéchirer, les Refondateurs ne font aucune proposition alternative en termes de gouvernance aux électeurs. C’est plutôt à qui pourrait mieux insulter les cadres de l’autre camp. Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire attend toujours un vrai contre-pouvoir à l’Exécutif actuel…

Sylvain N’Guessan, Institut de Stratégies
Titre original : « Crise au FPI : Récit d’une si longue et vieille histoire ».

PS : Cet article n’est qu’une lecture personnelle. Il peut y avoir des erreurs d’appréciation. L’objectif n’est pas de distribuer des points. Quand Monsieur Gbagbo accède au pouvoir, Affi, Lida et Koulibaly commencent à se faire remarquer. Bohoun Bouabré a gardé le silence (ou presque) depuis 1996.

Source : https://www.afriksoir.net 29 avril 2019


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samedi 10 août 2019

Notre collaborateur Habib Kouadja réagit à l'article d'Arthur Banga


« Une armée à réformer », tel est le titre d’un article de notre compatriote, Arthur Banga[1]. Si le sujet de l’article est intéressant, le texte nous a paru un peu trop aseptisé. Chose que nous ne saurions reprocher à l’auteur, surtout s’il souhaite voir un autre de ses papiers publiés par Béchir & Co. Ayant une plus grande marge de manœuvre dans l’expression que notre auteur, nous nous permettrons de commenter certaines parties de ce texte.
En parlant d’armée, je suppose que l’auteur y incluait la police et la gendarmerie, dans la lorsqu’il affirme que « les tensions liées aux élections peuvent déboucher sur des situations de maintien de l’ordre (marches non autorisées, arrestations) lors desquelles les forces de sécurité devront agir de manière prudente et mesurée, sous peine d’entamer davantage la confiance – déjà mise à mal – entre l’armée et la nation ». Entendre l’auteur dire : «sous peine d’entamer davantage la confiance – déjà mise à mal – entre l’armée et la nation » donne l’impression qu’il s’agit de la population dans sa totalité. Ce que nous trouvons excessif car, s’il y a une partie de la population qui lui fait encore confiance, pour une autre, il n’existe plus rien entre elle et cette armée.
Par le passé, le point de friction entre la population et son armée se résumait à cette image du policier et du gendarme racketteurs sur nos routes. Depuis 2011, certains faits semblent indiquer qu’entre une frange de la population et son armée, la confiance relève du passé. Une raison de cette perte de confiance est liée à l’image qu’elle-même et ses dirigeants renvoient d’elle. Cette armée renvoie d’elle plus l’image d’une milice que l’image d’une armée nationale, tant elle s’identifie au parti au pouvoir et à la région à laquelle ce dernier lui-même semble vouloir s’identifier : « le Grand Nord ». En effet, la majorité des noms des admis aux concours d’entrée dans les écoles des forces de sécurité, tout comme les patronymes dans les listes d’officiers promus qui circulent sur la toile, sont majoritairement originaires du Nord du pays. Même si cette situation est une traduction de la politique assumée de rattrapage ethnique chère à son chef suprême, cela n’est pas fait pour inviter les non originaires du Nord à se reconnaître dans cette armée. Comme pour justifier le caractère d’armée ethnique, nous avons eu droit à des faits très peu honorables pour elle. Parmi ces faits figure en bonne place, cette vidéo encore présente sur la toile, dans laquelle nous voyons Issiaka Ouattara, alias Wattao, parler en Bambara à des soldats, en plein camp de la Garde républicaine de Treichville. Peut-être aurais-je partagé l’optimisme d’Arthur Banga si, de retour de ses meetings lors des municipales 2018 à Madinani et à Séguelon (où sa femme, Djénéba Touré, était la candidate du RHDP), Zacharia Koné avait écopé d’une lourde sanction, voire d’une radiation de l’armée après les propos en bambara qu’il a tenus sur la place publique. Mais il ne fut point inquiété, tout comme en 2012 quand il se présenta en tenue de dozo aux côtés du ministre de l’Intérieur en plein quartier du Plateau.  Cerise sur le gâteau, quelques mois avant les sorties électorales du sieur Zacharia Koné, précisément en Mars 2018, celui qui fait office de chef de l’Etat ivoirien avait donné l’ordre au chef d’état-major de l’armée et au commandant supérieur de la gendarmerie, de procéder à la radiation d’éléments de nationalités étrangères de leurs rangs respectifs. Vous rendez-vous compte ? Après pareil aveu, n’avons-nous pas là l’explication de la disparition, depuis l’arrivée de cette équipe aux affaires, du « N » de Nationales dans le sigle originel de l’armée ivoirienne, qui a fait de nos Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) d’antan leurs Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) d’aujourd’hui ?
Une autre cause de cette profonde crise de confiance entre l’armée et la population, c’est la dévalorisation de sa fonction première, celle d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Cette dernière est mise à mal par ses dirigeants. Comment avoir confiance en des forces de sécurité, dont l’activité principale, la sécurité, est sous-traitée à des dozos ou à des civils armés, dans certaines zones du pays, avec la bénédiction de ceux qui en ont la responsabilité ? La dernière histoire invraisemblable dont j’ai eu vent en est une parfaite illustration. Il s’agit de la situation sécuritaire de la sous-préfecture de Sérihio[2], dans la région de Gagnoa. D’après les propos tenus le 11 Juin 2019 par le chef de ce village, la sous-préfecture est, depuis 2011, sous le contrôle de personnes armées originaires de l’Afrique de l’Ouest qui, tellement à l’aise, y ont interdit depuis un an l’accès de cette zone à la police et à la gendarmerie au nez et à la barbe du sous-préfet et du préfet de région. Ces derniers se contentant de demander aux populations de prendre leur mal en patience.
Depuis 2011, les Ivoiriens ont pris l’habitude d’écouter ce genre d’histoire, qui ne semble plus les choquer. Comment alors demander à des populations de mettre leur confiance en des forces de sécurité dont l’image et l’autorité sont aussi abimées ? Ne comptons même pas les cas où des citoyens ayant des différends avec des militants bien en cour du parti au pouvoir, sont intimidés par des « hommes en tenue » envoyés par ces derniers.
Une conséquence de cette situation, est le développement d’actes de justice populaire dans le pays. Aujourd’hui, plus besoin d’aller au Nigeria pour voir des scènes de lynchage à mort de vandales ou d’immolation de ces derniers par les populations. Un tour dans des quartiers comme Attécoubé, Yopougon, Abobo, ou la lecture de la rubrique faits divers des journaux nationaux, sont suffisants pour vivre ces horreurs. Ces actes, qui traduisent, de la part des populations, un déni du rôle sécuritaire des forces dites de sécurité, s’accompagnent aussi d’actes de défiance publics auparavant impensables. Le 23 Juillet 2019, une policière de l’Unité de Régulation de la Circulation se faisait agresser par un monsieur alors qu’elle était dans l’exercice de ses fonctions. Ce 4 Août 2019, la brigade de gendarmerie de Djékanou était saccagée par les populations des villages de N’dakouassikro et Gbankokro parce que les gendarmes avaient arrêté un des leurs, qui avait précédemment agressé un gendarme… La violence subie par cette brigade de Djékanou vient s’ajouter à la longue série des violences qu’ont subi d’autres brigades et des commissariats de police dans le passé. Nous avons encore en mémoire, les cas de la brigade de gendarmerie de Bouna et des commissariats de police de Yamoussoukro et de Katiola, en 2016 et 2017, pour des actes plus ou moins similaires. Dans le cas de Katiola, il a même fallu procéder à la délocalisation de tout le commissariat, car le commissaire et ses agents n’étaient plus en sécurité dans cette ville. 
Nous avons essayé, à travers ces faits non exhaustifs, de montrer que pour une frange de la population, plus besoin de penser que quelque chose pourrait «…entamer davantage la confiance ». Car, cette dernière a depuis longtemps fait place à l’indifférence et, même, à la défiance.
Poursuivant son développement, Arthur Banga affirme que : « la prolifération et la dangerosité des menaces sécuritaires liées à la poussée des groupes terroristes sahéliens vers le sud du Burkina et du Mali, avec son corollaire de conflits intercommunautaires, rappellent que la Côte d’Ivoire est dans l’œil du cyclone jihadiste ». En lisant ces lignes, j’ai cru lire un de ces nombreux « experts » des médias dominants d’Occident. Tenir pareils propos, voudrait dire que l’auteur croit en la pensée dominante, qui veut que le terrorisme soit devenu, depuis un certain 11 Septembre 2001, une fin et non plus un moyen comme par le passé. Partir de ce postulat, on arrive logiquement à : « … la Côte d’Ivoire est dans l’œil du cyclone jihadiste ». Par contre, si nous prenons le terrorisme pour ce qu’il a toujours été, à sa savoir un moyen, l’analyse de la situation sécuritaire de notre région changerait. Le terrorisme jihadiste, est un moyen, une carte de politique interne et externe, entre les mains de puissances étrangères, via leurs services de renseignements. Vu sous cet angle, on se rend compte que la Côte d’Ivoire n’est plus « …dans l’œil du cyclone jihadiste », mais pourrait l’être selon le bon vouloir des mandants des jihadistes. Le développement des entreprises terroristes, s’inscrit dans un contexte mondial caractérisé par un surendettement, voire une quasi faillite des puissances occidentales, anciennes puissances coloniales, et une montée en puissance de l’Inde et de la Chine avec sa politique du chéquier. Quand le terrorisme jihadiste et les images de migrants en direction de l’Europe ont pour rôle de tenir coites leurs populations, que ces puissances occidentales ont financièrement fragilisé, elles utilisent cette terreur jihadiste à l’extérieur, surtout en Afrique, pour occuper physiquement des zones curieusement riches, et donc potentiellement exploitables, par d’autres puissances montantes. La subite floraison de bases militaires américaines, françaises, allemandes, italiennes, dans le sahel, après la destruction du « bouclier » Kadhafi et l’« apparition » des Jihadistes, en est un exemple. Du coup, il n’est désormais plus possible de prévoir l’exploitation de ces richesses sans elles. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, tout est une question de météo politique. Le jour où la situation politique semblera échapper à la France, le pays connaîtra, une véritable attaque terroriste. Loin de moi l’idée que les attentats perpétrés ici et là ne sont pas vrais. Je dis en même temps que les personnes fragiles et manipulables existent et qu’au passage, ces grandes puissances ne verraient pas d’un mauvais œil la mort de certains de leurs propres soldats ou compatriotes, si ces morts peuvent faire plus de « croyants » à leur discours de lutte contre le jihadisme. Un rappel historique pourrait m’aider à illustrer ma position. Pendant la guerre d’Algérie, il y avait un mouvement opposé au départ des Français de ce pays. Il s’appelait, la Main Rouge. Il commettait des attentats, en France, en Algérie, dans le Maghreb, et en Europe. Il y a eu des « spécialistes » de ce mouvement, des livres et des articles, des émissions sur lui, etc. Résultats des courses, il est aujourd’hui établi que cette organisation était une unité créée, composée et pilotée par des éléments du SDECE[3] français sous la direction du général Paul Grossin. Inutile donc de jouer à se faire peur, les Ivoiriens doivent plutôt travailler à construire de façon indépendante de véritables instruments de sécurité.
Quelques lignes plus loin, notre Arthur Banga écrit : « Les promotions exceptionnelles résultant des accords de 2007 ont miné les efforts accomplis pour parvenir à une pyramide des grades plus conventionnelle ». Je n’ai pas pu m’empêcher de marquer ma surprise et même de douter de la bonne foi de l’auteur. Comment peut-on imputer à une politique précédente l’échec de la présente politique, surtout quand on sait que l’implémentation de la présente politique s’est faite en pleine connaissance de l’existence de la précédente ? Avait-on besoin de faire Polytechnique pour prévoir qu’il serait difficile pour l’ancien patron de Chérif Ousmane de voir son chauffeur d’hier en train de faire aujourd’hui une réunion d’état-major avec lui ? Qu’est-ce qui empêchait le pouvoir actuel à remettre en cause ces « promotions exceptionnelles » pour ne pas annihiler les effets de sa propre « bonne » politique ? Et qui était le Premier ministre et ministre de la Défense après le 11 Avril 2011 ? N’est-ce pas bien Soro, secrétaire général du MPCI et signataire des Accords politiques de Ouagadougou en 2007 ? Ces grades, dans le passé, n’étaient-ils pas souvent appelés « grades-Soro » ? Alors, qui était donc mieux placé que cet individu pour appliquer son propre accord ? L’argument est franchement spécieux. A vouloir forcément trouver des raisons atténuantes aux échecs des actuels tenants du pouvoir, on finit par produire pareilles arguties.
"A ce carrefour, je vis une voiture de la Gendarmerie
nationale au volant de laquelle il y avait un homme blanc, 
en tenue d’officier de la gendarmerie ivoirienne" 
Par contre, je suis d’accord avec Arthur Banga quand il dit : « Il doit aussi prévoir la mise en place d’outils stratégiques – institut plus fonctionnel et école de guerre ». Seulement, je pense que ces propositions ne pourront pas se faire avec les présentes « autorités », du fait de leur trop grande dépendance de la France. D’ailleurs n’est-ce pas à cette dernière qu’ils doivent le pouvoir ? Au début de l’année 2012, j’ai revu, au carrefour dit « de la vie », une image que je croyais ne plus jamais revoir. Ceux qui ont grandi à Bouaké, sauront de quoi je parle. A ce carrefour, je vis une voiture de la gendarmerie nationale au volant de laquelle il y avait un homme blanc, en tenue d’officier de la gendarmerie ivoirienne. Ce monsieur ne pouvait être qu’un Français car, au lendemain du 11 Avril 2011, les hommes qui géraient les forces de sécurité ivoiriennes étaient le général français Claude Réglat depuis la présidence, assisté du colonel Marc Paitier qui, lui, agissait depuis la Primature. Cette image, tout comme la prise en main de l’« armée » ivoirienne par ces officiers français, généra en moi un mauvais pressentiment.
Malheureusement, cette angoisse allait se renforcer avec l’annonce, en 2017, de la création d’une école contre le terrorisme à Jacqueville par la France, et avec les actuelles négociations avec les autorités étatsuniennes pour l’ouverture en Côte d’Ivoire d’une base américaine de lancement de drones[4]. Pour ce qui est de cette future académie avec la France, il est prévu que l’unité des forces spéciales ivoiriennes y ait sa base. Pourquoi mettre cette unité stratégique de l’armée ivoirienne en contact permanent avec une puissance étrangère ? Loin de moi l’idée de ne pas vouloir établir des relations avec des puissances militaires étrangères. Seulement, ces questions de sécurité nationale ne doivent pas être traitées avec légèreté et sans stratégie. Cette mesure de prudence est émise au regard de la sensibilité du sujet et de la faiblesse de certains Etats. Aborder cette question sécuritaire sans précaution, peut hypothéquer dangereusement l’avenir des générations futures. Un pays comme le Niger a déjà à lui seul, sur son territoire, quatre (4) bases américaines, deux (2) bases Françaises, une (1) base Allemande et un (1) embryon de base italienne. Avec pareille configuration, serait-il exagéré de se demander si, dans les années à venir, le choix des futurs dirigeants de ce pays ne se fera pas au siège de la Commission Européenne à Bruxelles et/ou au Secrétariat d’Etat à Washington ? Heureusement que la variable peuple garde toujours son caractère imprévisible. Aux peuples de savoir en faire bon usage !
Nous avons voulu, à travers ces lignes et en nous appuyant sur des citations d’Arthur Banga, montrer qu’il y a, pour un pays comme le nôtre, une autre façon d’aborder les importante questions qu’il a soulevées. Nous sommes dans un monde violent, dans lequel les intérêts pèsent plus que l’amitié, et la gratuité relève de la gageure. Fort de cette réalité, la compréhension et l’analyse les problèmes des autres pays, pourront nous être d’un grand secours, dans la définition des approches de nos propres problèmes.
Habib Kouadja

[1]. Voir dans ce blog : https://cerclevictorbiakaboda.blogspot.com/2019/07/une-armee-reformer-par-arthur-banga.html
[2].  Voir l’article « Serihio abandonné aux bandits de grand chemin », in La Voie Originale n°403 du Lundi 17Juin au Dimanche 23 Juin 2019 ; p. 5
[3]. Service de documentation extérieure et de contre-espionnage.
[4]. La Lettre du Continent, N°805 du 24 Juillet 2019.

mercredi 7 août 2019

Quand leur Prado, naguère tant adoré, ne les fait plus rêver…* Un article du Nouveau Réveil, quotidien proche du Pdci-Rda.

« Promesses faites aux populations : Pourquoi Ouattara ne peut plus faire rêver les Ivoiriens ».
A la demande générale, nous revenons sur la cérémonie d’inauguration de la route Adzopé-Yakassé Attobrou, samedi dernier, en présence du chef de l’Etat. De nombreux lecteurs nous ont, en effet, appelés pour se plaindre de la petite phrase du président Ouattara quand il a dit : « Quand Ado dit, Ado fait ». La vive protestation élevée par ces lecteurs montre à quel point les populations ne sont plus prêtes à accepter les déclarations trompeuses des hommes politiques qui semblent jouer avec leur docilité.
« Qu’est-ce que Ouattara a dit et qu’il a respecté dans ce pays ? », s’interroge un lecteur. Et d’énumérer ces promesses ci-après faites par le président de la République et restées sans lendemain : le transfert de la capitale à Yamoussoukro n’a jamais été amorcé par le régime en place malgré les promesses de campagne en 2010 où le chef de l’Etat a promis de tout mettre en œuvre pour que ce transfert ait lieu dès son premier quinquennat.
En outre, il a promis aux Ivoiriens la réconciliation et la cohésion nationale dès sa prise de fonction le 21 mai 2011 jour de sa prestation de serment à Yamoussoukro. Non seulement il n’a pu réaliser cette réconciliation, mais il s’emploie, à travers son nouveau parti, le Rhdp unifié, à diviser les Ivoiriens en s’attaquant à tous ceux qui ne veulent pas intégrer ce conglomérat de partis et de morceaux de partis.
On a vu toutes les manœuvres politico-judiciaires orchestrées contre le Pdci-Rda en vue de sa dissolution. N’eût été la ténacité du président Bédié et de son secrétaire exécutif en chef, le Pr Maurice Kakou Guikahué, le Pdci-Rda ne serait en ce moment qu’un vieux souvenir. Aujourd’hui, ce sont les partis de l’opposition qui ont fait de la réconciliation nationale leur priorité. Ils multiplient les rencontres et les actes en vue de parvenir à cet objectif de réconciliation qui, pour eux, est la base de toute autre action de paix et de cohésion entre les Ivoiriens.
Autre promesse non tenue par Ouattara : l’électrification des villages de plus de 500 habitants, un programme qui devrait avoir été bouclé depuis fin 2018, selon les autorités. Plutôt que d’étendre ce programme à toutes les régions de la Côte d’Ivoire, ce sont les régions du Nord qui, quasiment à chaque journal télévisé de la Rti1, se réjouissent de voir que le taux d’électrification chez elles a atteint un niveau record grâce au président Ouattara. Qu’est donc devenu ce programme national d’électrification rurale qui avait donné tant d’espoir aux populations ?
Pendant ce temps, d’autres régions ne cessent de se lamenter du fait que dans certaines sous-préfectures, seul le chef-lieu est électrifié, les autres villages rattachés demeurant dans le noir malgré tous les discours faisant croire que toute la Côte d’Ivoire sort bientôt des ténèbres. Ces régions elles-mêmes ne font que se plaindre de la rareté des ressources pour faire fonctionner les Conseils en dépit des milliards annoncés à grands renforts de publicité lors de la campagne électorale de 2010. « Nous souhaitons que le transfert des compétences et des charges soit accompagné de celui des moyens », ne cessent de se plaider les Conseils régionaux, sans distinction d’obédience politique.
Plus près de nous, dans son message à la nation du 6 août 2018, Alassane Ouattara a promis de tout mettre en œuvre en vue de la mise en place d’une Commission électorale indépendante (Cei) et impartiale conformément à l’Arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Au terme des négociations devant aboutir à l’accomplissement de cette directive de la Cadhp, il ressort que la réforme faite par le pouvoir Ouattara est loin d’être celle demandée par cet organe de l’Union africaine qu’est la Cadhp et par l’opposition ivoirienne.
Bien d’autres promesses relatives à la vie chère, à la lutte contre la corruption, au renforcement de la démocratie, etc., faites au début du règne du président Ouattara sont toujours en souffrance. Pour ce qui est de la démocratie, les partis de l’opposition ne font que dénoncer les entraves et la multiplication des actes anti-démocratiques tels que signalés lundi dans le communiqué conjoint qui a sanctionné la rencontre entre les présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo à Bruxelles, la capitale de la Belgique. (Voir encadré ci-dessous).
S’agissant de la lutte contre la corruption, l’on se souvient encore du limogeage du ministre Adama Bictogo du gouvernement par décret numéro 2012-452 du 22 mai 2012. Plusieurs griefs avaient été retenus contre lui selon l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique numéro 2680 du 20 au 26 mai 2012 qui, face au silence des autorités gouvernementales ivoiriennes sur les mobiles de ce limogeage, a pu entrer dans le secret des dieux pour éclairer la lanterne des Ivoiriens.
Il en ressortira que cette éviction était due, entre autres, au scandale de l’indemnisation des victimes des déchets toxiques. Adama Bictogo a été cité par le journal panafricain comme l’une des personnes soupçonnées d’avoir détourné une partie des indemnités qui auraient dû être payées aux victimes de la pollution causée par le déversement de déchets toxiques à Abidjan en août 2006 suite à une enquête menée par la police économique et financière ivoirienne.
D’autres affaires sales avaient été citées au détriment de M. Bictogo. Ce sont notamment la confection du passeport biométrique, un marché qui lui aurait été attribué sous Gbagbo par l’ancien ministre de l’Intérieur feu Désiré Tagro. Cette activité d’opérateur économique était devenue incompatible avec sa qualité de membre du gouvernement.
Bref ! Cette affaire et bien d’autres révélées en son temps par Jeune Afrique, avaient amené le gouvernement à se débarrasser de celui qui est devenu aujourd’hui un des hommes clés du régime Ouattara. Comme pour dire aux Ivoiriens que les actes répréhensibles ne sont nullement un frein à la promotion de celui qui se dévoue à la cause du régime en place.
C’est pourquoi quand le président Ouattara dit : « Quand Ado dit, Ado fait », nombreux sont ceux qui attrapent leur tête parce que persuadés que ce ne sont que des discours de politique politicienne qui sont sans lendemain. La seule chose que les populations ont appris avec ce régime, c’est que comme le dit l’adage : « Pour manger du foin, il faut faire l’âne ».
Chacun protège donc sa pitance quotidienne au détriment de la conviction militante. Tant pis pour l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. Dont l’avenir se voit de plus en plus compromis avec tous les travers constatés au plan politique et social. Mais tant que le pouvoir va bien, c’est que tout va bien. Fort heureusement, il y a une opposition déterminée à préserver ce pays de la faillite et du chaos.
A.D

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Source : Le Nouveau Réveil 6 aout 2019

Rencontre entre Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA et Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, Président du FPI.
Communiqué
1. Le lundi 29 juillet 2019, de 11 heures à 13 heures, conformément à la tradition africaine, Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA accompagné de son épouse, a rendu visite, à Bruxelles, à son jeune frère, Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, Président du FPI, son homologue ancien président de la République de Côte d’Ivoire.
2. Les présidents Henri Konan BEDIE et Laurent GBAGBO se sont, particulièrement, réjouis de cette première rencontre, depuis la fin de la crise postélectorale intervenue à la proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle en novembre 2010.
3. Les deux personnalités ont tenu à exprimer leur compassion et leur solidarité au peuple de Côte d’Ivoire pour les traumatismes et les nombreux préjudices subis au cours de cette crise.
4. Les présidents Henri Konan BEDIE et Laurent GBAGBO ont salué la mémoire de toutes les victimes et des personnes malheureusement disparues pendant ces tristes et douloureux événements qui ont meurtri la Nation.
5. Ils ont à cette occasion : – exprimé leurs condoléances les plus attristées aux familles endeuillées ; – compati à la souffrance des nombreuses victimes, notamment à celles des handicapés à vie ; – adressé leur solidarité à tous ceux et à toutes celles qui ont perdu des biens ou subi des préjudices de toute nature.
6. Le Président Henri Konan BEDIE a présenté, à nouveau et de vive voix, à son frère, le Président Laurent GBAGBO, ses condoléances pour les nombreux deuils qui ont frappé sa famille. Il a notamment salué la mémoire de la mère du Président Laurent GBAGBO, de son frère Abou Drahamane SANGARE et celle de tous les autres cadres et militants du FPI, disparus.
7. Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE s’est particulièrement réjoui de l’acquittement du Président Laurent GBAGBO et lui a vivement souhaité un retour rapide en Côte d’Ivoire pour participer activement au processus de Réconciliation Nationale.
8. En retour, Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, Président du FPI, a remercié le Président Henri Konan BEDIE pour l’expression renouvelée de ses condoléances. Ce faisant, il a présenté à son tour, au président Henri Konan BEDIE et à sa famille biologique, ses sincères condoléances pour le décès de sa sœur aînée, tout en saluant sa mémoire. Il lui a, également, exprimé toute sa compassion pour chacune des disparitions de ses proches parents, des militants et des personnalités du PDCI-RDA.
9. Après une analyse approfondie de la situation sociopolitique, son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA et Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, Président du FPI, ont convenu de l’urgente nécessité d’œuvrer pour le retour d’une paix définitive et durable en Côte d’Ivoire.
10. Les deux anciens chefs d’État ont déploré les atteintes portées aux acquis démocratiques et à l’État de droit en Côte d’Ivoire.
11. En conséquence, les deux présidents ont souhaité vivement que l’autonomie de fonctionnement des partis politiques soit respectée et préservée de toute ingérence du Pouvoir Exécutif.
12. Les présidents Henri Konan BEDIE et Laurent GBAGBO se sont dits particulièrement attristés par le fait que bon nombre de leurs compatriotes demeurent contraints de vivre en exil, tandis que d’autres sont encore en prison pour des raisons politiques.
13. Les deux présidents ont rappelé que le combat pour la démocratie véritable ne peut tolérer l’exil et l’emprisonnement politique.
14. Les présidents Henri Konan BEDIE et Laurent GBAGBO souhaitent donc ardemment la libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires, et le retour en sécurité de tous les exilés
15. Les présidents Henri Konan BEDIE et Laurent GBAGBO ont lancé un vibrant appel à tous les partis politiques, aux associations, à toutes les organisations de la société civile et à toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire, à s’engager résolument dans la voie de la Réconciliation Nationale pour asseoir une paix sociale durable et définitive, facteur de développement, de prospérité et de vie harmonieuse entre toutes les composantes de la Nation ivoirienne.
16. Dans le cadre de l’organisation d’élections justes, transparentes et équitables en 2020, les deux personnalités ont appelé le Gouvernement à procéder à une réforme profonde de la Commission Électorale Indépendante (CEI) afin qu’elle puisse contribuer significativement à la consolidation de la paix sociale en Côte d’Ivoire.
17. Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, très sensible à la visite et au réconfort de son frère, a chaleureusement remercié Son Excellence Monsieur Henri Konan BEDIE, président du PDCI-RDA et son épouse.
18. Enfin, en sa qualité d’hôte, le président Laurent GBAGBO, s’est dit heureux et fier de cette visite fraternelle et la considère comme un acte fort, à la fois républicain et fraternel qui doit être partagé et soutenu, dans l’amorce de la Réconciliation Nationale, par tous les ivoiriens, les ivoiriennes et par tous ceux qui vivent dans notre cher et beau pays, la Côte d’Ivoire.
Fait à Bruxelles, le 29 juillet 2019
Dr Assoa ADOU , Secrétaire Général du FPI.
Pr Maurice Kacou GUIKAHUE, Secrétaire Exécutif en Chef du PDCI-RDA, P/o N’DRI Kouadio Pierre Narcisse, Directeur de Cabinet du Président Henri Konan BÉDIÉ.