mardi 23 août 2011

LEUR MORALE

Le texte qui suit – non signé par son auteur – est une  vraie leçon de lâcheté, renouvelée d’Houphouët, qui, lors d’un dîner d’apparat offert à Moïse Tschombé, commenta ainsi l’assassinat de Patrice Lumumba, perpétré pour ainsi dire sous le regard de son hôte :  
« Enfant, quand je pleurais parce que je m’étais fait mal en tombant, ma mère me disait : ``Si tu ne veux pas tomber, ne reste pas debout´´ ».
C’est ainsi que, toute sa vie, celui dont se réclament les dirigeants et les griots du nouveau régime issu du coup d’Etat balistiquement assisté par Nicolas Sarkosy, Barak Obama et Ban Kimoon s’est tenu à genoux devant les gouvernements français successifs sous la Quatrième République comme sous la Cinquième.
Nous vous le donnons à lire comme un aide-mémoire, pour vous rappeler sans cesse que tout le programme de ces gens, c’est de replacer notre pays et ses habitants naturels sous le joug français.
Marcel Amondji

« Faits marquants : amadouer »
(Le Patriote 22/07/2011)
 Le sage du village conseille : quand quelqu’un a ton doigt dans sa bouche, il faut éviter de le brusquer. L’amadouer pour l’amener à lâcher prise, est la meilleure solution. Si, au contraire, tu essaies de jouer les braves, surtout si tu t’amuses à vouloir retirer ce doigt avec force, celui qui le tient entre les dents, peux bien te le couper. Depuis la capture du chef de la refondation, certains de ses partisans refusent de mettre en pratique les conseils de ce sage. Très souvent, ils oublient que l’ancien opposant historique est en résidence surveillée à Korhogo, son épouse à Odienné et nombre de ses partisans, en prison dans le nord du pays. Sans tenir compte de cette situation, les va-t-en guerre de la refondation, non contents d’avoir poussé le pays dans le gouffre, continuent de menacer le retour de notre carré à la normalité. Ils tiennent des discours menaçants ou écrivent des pamphlets comme si de rien n’était. Comme s’ils n’avaient pas perdu et l’élection présidentielle et le bras de fer qu’ils ont engagé avec le vrai vainqueur de cette présidentielle. A présent, ils devraient se rendre compte que la force ne leur a servi à rien. Ils ont passé dix ans de règne à se frapper la poitrine, pour rien. Disons pour qu’à la fin, ils se fassent capturer comme de petits lapins. Pourtant, le bon peuple de Côte d’Ivoire ne leur demande pas de marcher sur leurs genoux pour aller demander pardon aux nouvelles autorités. Il n’exige pas d’eux qu’ils ressuscitent tous ceux qui sont passés de vie à trépas à cause de leurs agissements et leur manque de sagesse. Il ne leur demande pas non plus de restituer tous les biens qu’ils ont pillés, saccagés. Mais au moins, qu’ils reconnaissent leurs torts. Qu’ils disent qu’ils ont mal agi. Un simple repentir pour soulager des cœurs meurtris. Ce geste plein d’humanisme aurait aidé à résoudre au moins la moitié du problème ivoirien. Au lieu de cela, les refondateurs ou ce qui en reste encore se plaisent à tourner le couteau dans les plaies. Irresponsables, ils ne savent pas qu’en agissant ainsi, ils n’aident pas la société à accorder des circonstances atténuantes au chef de la refondation et à ses camarades emprisonnés. Ils se bercent encore d’illusions en se laissant promettre par des prophètes qui ont montré leur vanité, une victoire sur le nouveau pouvoir, soutenus en cela par l’Eternel des Armées. Leur rêve mat en péril les prisonniers de la crise postélectorale. Les pinces de la République tiennent fermement leurs doigts, ils courent un véritable danger en pensant qu’ils peuvent user de la force pour les en retirer. Malheur à celui qui ne sait pas tirer enseignement des réalités vécues ! (Source : Le Patriote 22 juillet 2011)  

lundi 8 août 2011

LE BÊTISIER DU 51e ANNIVERSAIRE… (suite)



Le "message à la nation" 
de 
l’"élu de la communauté internationale". (Extraits).
Commentaires de Marcel Amondji.

1
"Le retour de la démocratie en Côte d’Ivoire, c’est la promesse d’une société souveraine, rassemblée dans la paix et dans le respect des Droits de l’homme."
À force de se le dire, il finira par croire vraiment que c’est cela, être souverain... Mais ce n’est pas cela qui changera la nature profonde de sa position vis-à-vis de ceux dont les armes lui ont finalement permis de vaincre la résistance de tout un peuple...

2
"J’ai connu l’exil pendant plusieurs années, je ne peux le souhaiter à aucun Ivoirien : c’est pourquoi je continue de tendre la main en particulier à nos frères et sœurs du FPI et de LMP."
C’est tout à fait vrai : alors qu’il n’était qu’un enfant, son père, un originaire de la Haute Volta, l’emmena dans son pays où ses affaires le rappelaient. Jusqu’à l’approche de sa quarante-huitième année, il y vécut en exilé et il le serait resté si, poussé par la "communauté internationale" – déjà !, Houphouët n’était pas allé le chercher en 1990, pour en faire son Premier ministre.

3
"Je tiens à ce que chacun d’entre vous puisse vivre en paix, car sans paix, sans sécurité, il ne peut y avoir ni réconciliation, ni développement solidaire."
Parole d’expert... Mais, à qui le dites-vous, vous dont le régime repose sur l’acte de violence perpétré contre un peuple pacifique dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 par une bande d’assassins armés et entraînés au Burkina Faso par la France qui y règne sans partage sous le masque de Blaise Compaoré depuis le meurtre télécommandé de Thomas Sankara ?

4
"Je veux vous rassurer : n’ayez plus peur."
Nous avions donc peur ? Mais de qui, ou de quoi, grands dieux ! Et pourquoi devrions-nous être rassurés après cette exortation, quand nous vous voyons si dépendant des assassins du 19 septembre et de leurs commanditaires ?

5
"Chers jeunes, chères femmes, vous verrez, je tiendrai mes promesses : vous aurez des emplois et vous aurez aussi les financements promis pour vos projets."
Alofi ! C’est un comble !... D’habitude, on promet; puis on tient ou on ne tient pas ses promesses. Ce type innove : non seulement il multiplie les promesses, mais il y ajoute la promesse de tenir ses promesses.

6
"A chaque Nation, son héritage, ses sacrifices et son engagement. Notre héritage vient de la vision de Félix Houphouët-Boigny et de ses compagnons de lutte. Il se fonde sur une indépendance chèrement acquise, que nous devons coûte que coûte préserver. En nous appuyant sur l’héritage de nos pères fondateurs, faisons appel à l’amour, au pardon et à la vraie fraternité."
Chèrement acquise, oui ! c’est bien le mot... D’autant plus chèrement qu’elle fut suivie des 33 ans d’imposture houphouétiste. Mais est-ce à vous, qui venez d’être installé par des armes étrangères par-dessus les cadavres de milliers de jeunes Ivoiriens, de nous parler de cette histoire ?

7
"Une Côte d’Ivoire dotée d’un Etat fort, moderne et impartial, avec des Institutions crédibles ; un Etat qui respectera l’indépendance de la justice, qui luttera contre l’impunité et fera la promotion du mérite et de la compétence."
Serait-ce à dire que la Côte d’Ivoire ne possédait pas d’Etat avant l’avènement de l’heureux "élu de la communauté internationale" ? C’est d’ailleurs vrai... Mais, comment peut-on idolatrer Houpouet et penser cela ?

(source : abidjan.net)
 

dimanche 7 août 2011

Le bêtisier du 51e anniversaire - Par Marcel Amondji


1 - Bedié, indécrotablement ivoiritaire...
Cela aurait pu être pour lui l’occasion de se racheter et de faire oublier sa lourde responsabilité dans les péripéties dramatiques qui continuent d’endeuiller la Côte d’Ivoire depuis le 24 décembre 1999, non, au contraire il en remet une couche sous prétexte de présenter ses condoléances aux proches des victimes de l’accident de bus survenu à Abidjan le 5 aout courant. Dans cette monstrueuse mégapole ou résident, aujourd’hui, probablement autant d’étrangers d’origine diverses que d’Ivoiriens proprement dit, l’inventeur de l’ivoirité n’a voulu adresser ses condoléances qu’aux “familles ivoiriennes”... Du coup, le “connaissant votre amour pour notre peuple” dont il gratifie Alassane Ouattara, l’autre dédicataire de ses condoléances, que naguère il traitait d’étranger, exhale un parfum d’humour tragique. (source : abidjan.net 05 aout 2011)

2 – Un anonyme (Le Patriote 06 aout 2011) : Demain, 7 août 2011, nous célébrons notre Indépendance, qu’elle soit acquise ou octroyée. Nous fêterons la reconnaissance du combat de nos devanciers, notamment (...) des militants de la première heure du PDCI-RDA, qui avaient fait preuve d’abnégation et de refus de l’aliénation pour obtenir notre libération le 7 août 1960.

De la part d’un houphouétiste, c’est ce qui s’appelle un hommage à la vertu...

3 - D'Henri Konan Bédié encore,  répondant à la question . “Qu'avez-vous appris aux côtés d'Houphouët ?” (RTI et Le Nouveau Réveil 06 août 2011) : “Pour l'essentiel, avec le président Félix Houphouët-Boigny, j'ai appris : l'école de la vie, le sens des réalités, la patience comme solution des contradictions, le don de soi, le respect de la volonté du peuple, l'amour pour mon pays et pour ses diverses populations.”

Cela me rappelle un jour de janvier 2000 dans la petite ville oú j’habitais près de Paris. L’un de nos compatriotes habitant la même ville y avait organisé une réunion pour soutenir le comité de salut public du général Guéi. J’y allai, par curiosité... C’eût été une réunion des plus ennuyeuses, n’était la présence de deux individus aux allures de “sapeurs” ou de nouveaux riches, exhibant bagues et gourmettes et bracelets-montres en or... Venus exprès de Paris, ils donnaient l’impression d’être des espèces de VRP en mission pour le compte des putschistes d’abidjan. Ils ne tarissaient pas d’éloges à l’endroit du général Guéi. Selon eux, il avait appris infiniment plus d’Houphouet en quelques mois seulement de collaboration avec lui, que Bédié en plus de trente ans...
Aujourd’hui, ces deux-là sont sans doute des membres éminents du Rhdp, dont Bédié, pour qui ils n’étaient alors que mépris, préside la conférence des présidents. C’etaient des houphouétistes grand teint; impossible de les imaginer en “pro-Gbagbo”... Mais que pensent-ils de ce propos de Bédié ?

(À suivre)




jeudi 4 août 2011

Vae victis ! par Marcel Amondji

Au lendemain de la déportation de Laurent Gbagbo, de son épouse, de son fils, de plusieurs de ses collaborateurs dans un Nord transformé, depuis le 19 septembre 2002, en une zone de non droit, Le ministre de la Justice du gouvernement de fait installé à Abidjan par les armes françaises et onusiennes a cru bon de justifier ce procédé inqualifiable par des ordonnances prises en 1963 par un Félix Houphouët en pleine dérive dictatoriale sous l’aiguillon de la Françafrique. Déjà !
Voici en quels termes : « L’assignation à résidence est une mesure totalement légale régie par la loi de 1963, laquelle indique très clairement que c’est le chef de l’Etat, président de la République, qui est habilité à l’ordonner et à en définir les modalités et les mobiles. Ainsi, le chef de l’Etat peut estimer nécessaire d’assigner à résidence une personne susceptible de troubler ou de provoquer des troubles à l’ordre public. Il peut aussi s’agir d’une personne dont l’intégrité physique peut être atteinte ou menacée. En outre, c’est la personne qui assigne à résidence qui définit les conditions de cette mesure. C’est elle qui décide si la personne visée par la mesure peut disposer ou non d’un téléphone, s’il peut recevoir des visites, avoir de la lecture, etc. Il est bon de souligner que l’assignation à résidence est une mesure qui dure 3 mois. Elle est renouvelable. » (Le Nouveau Réveil 30 avril 2011).
En fait, c’est le 5 avril 1962 qu’Houphouët réclama aux députés, à froid pour ainsi dire, le vote d’une loi l’autorisant à prendre des mesures d’internement et d’assignation à résidence, voire d’obligation de travail, contre toute personne qui pourrait être suspectée d’hostilité vis-à-vis de son régime. Mais, alors, les députés rejeterent sa demande. Et ce ne sera qu’en 1963, sous la terreur, qu’ils voteront cette loi scélérate.
Jeannot Ahoussou, déjà nanti à ce qu’il semble d’une bonne conscience à toute épreuve, a donc aussi une très bonne mémoire, même si sa mémoire est sélective et partiale. Et il a été à bonne école. Une école où un juriste de génie enseignait à ses disciples qu’il fallait toujours préférer l’injustice au désordre : « J’ai toujours dit et je réaffirme : qu’on ne nous oblige pas à choisir entre le désordre et l’injustice. Je n’hésiterai pas à choisir l’injustice. »
Ici, permettez-moi une digression. Ce dilemme – peut-être serait-il temps que nos idolâtres d’houphouétistes le sachent – Houphouët ne l’a pas inventé ; il l’a juste emprunté à Goethe. Or Goethe fit ce mot dans une circonstance où il avait un tout autre sens que celui qu’Houphouët lui donnera. Et, surtout, ce n’était pas dans l’intention de s’en faire une règle de conduite permanente : « En mai 1793, les troupes du duché de Weimar participent, avec les Prussiens, au siège de la ville de Mayence, alors sous domination républicaine française. De même qu'à Valmy, Goethe est dans la suite du duc de Weimar. Après un siège de plus d'un mois et d'intenses bombardements, la garnison française accepte de se rendre, à condition que la sécurité de tous les républicains soit assurée. Un accord est conclu. Le 24 juillet, Goethe assiste au départ des troupes françaises, en compagnie d'un ami écossais, un certain Gore. De la villa réquisitionnée par le duc de Saxe-Weimar, ils peuvent tout observer. (…). Une foule d'habitants se masse le long de la chaussée. Elle a soif de vengeance à l'égard des Français, qui ont pillé la ville, mais surtout à l'égard des Allemands qui ont collaboré, les Allemands « clubistes » (jacobins). Certains sont brutalisés. (…). Parmi les Français quittant la ville, on aperçoit un homme de belle prestance, sans uniforme militaire, accompagné d'une femme, en habit d'homme, tous deux à cheval, suivis d'une voiture chargée de caisses. Un silence inquiétant règne. Soudain, une rumeur monte de la foule : "Arrêtez-le ! Frappez-le à mort ! C'est ce filou d'architecte qui a pillé le doyenné de la cathédrale et qui ensuite y a mis lui-même le feu !" En réalité, l'incendie du doyenné a été causé par un bombardement, ce que Goethe sait. Sans réfléchir, Goethe se précipite et crie "Halte !", "Arrêtez !" ; le silence revient et il lance d'une voix retentissante : "Ici, c'est le quartier du duc de Weimar, et la place qui est devant est sacrée ; si vous voulez troubler l'ordre et exercer une vengeance, trouvez d'autres endroits (…). Votre misère et votre haine ne vous donnent aucun droit, et, une fois pour toutes, je ne tolérerai sur cette place aucune violence." La foule, impressionnée par l'audace de Goethe, se retire. (…). Dès qu'il regagne la maison du duc, Gore lui exprime sa réprobation. Dans son récit du siège de Mayence, Goethe note : "Mon bon Gore ne pouvait se satisfaire du fait que, à mes risques et périls, je me sois comporté de manière si audacieuse envers un inconnu, peut-être envers un criminel. Je lui montrai, toujours sur un ton facétieux, la place propre devant la maison, et lui dis, pour finir, impatiemment : “Cela tient finalement à ma nature, je préfère commettre une injustice que de tolérer un désordre". (…). » (Robert Legros, PHILOSOPHIE MAG N°12).
Mais revenons au ministre d’Etat du gouvernement de fait… Puisqu’il a si bonne mémoire, sans doute se rappellera-t-il aussi ce que, vers 1970, son maître a dit des circonstances dans lesquelles il avait pris ces fameuses ordonnances : en 1963, les complots contre sa personne et contre la sûreté de l’Etat n’auraient existé que dans l’imagination d’un policier pervers…
Par conséquent, les ordonnances en question n’auraient jamais dû être prises. Et le fait qu’elles l’aient été constituait, à l’époque déjà, un abus de pouvoirs. Que dire alors de leur résurrection, en 2011, pour les appliquer à des adversaires politiques dont le seul crime est d’avoir défendu – maladroitement, désespérément – leur droit de se donner des dirigeants de leur choix ? Car, même dans le camp des vainqueurs aujourd’hui si pleins de certitudes, le jour viendra – et plus tôt qu’on ne pense – où éclatera  cette vérité : cette guerre perdue n’a pas opposé la légitimité à l’usurpation, mais la trahison, appuyée sur des armes étrangères, à la résistance de tout un peuple soucieux de son indépendance hypothéquée depuis la fin des années quarante par celui dont se réclament les membres et les partisans du gouvernement qui nous a été imposé à coups de canon le 11 avril 2011. Tout comme l’hégémonie d’Houphouët nous fut imposée, en 1963 justement, par des formes de violence certes moins bruyantes et moins sanglantes, mais non moins délétères.
***
Merci, Monsieur le ministre d’Etat, ministre de l’Injustice… Merci de l’occasion que vous nous avez donnée de rappeler ces choses à ceux de nos concitoyens qui n’auraient pas encore bien compris ce qui nous est arrivé à l’occasion du dernier scrutin présidentiel.
Une fois encore, et alors que nous la croyions enfin à portée de main, on nous a soufflé notre indépendance sous notre nez. Tout comme en 1963… Dès lors, les ordonnances scélérates prises cette année-là par un Houphouët au service et aux ordres de Paris, n’est-il pas normal qu’on nous les applique derechef, aujourd’hui ?
Vae victis ! Malheur aux vaincus.
Marcel Amondji (26 juillet 2011)