samedi 28 septembre 2019

Visite d’Etat de Ouattara : Les rues de Dimbokro sont presque vides. Le chef de l'Etat boycotté


« Mon oncle Kpandry Kouadjo de Dimbokro, il deviendra subitement riche. Parce qu'il dit avoir étudié avec Ouattara. Ouattara lui donnera assez d'argent », affirme un de ses parents sur les réseaux sociaux.
Selon le communiqué émanant de la Présidence : « cette visite sera pour lui l’occasion de se souvenir de son séjour et de son enfance dans cette ville, de ses parents encore présents, mais aussi de ceux qui, malheureusement, ne sont plus de ce monde. Il a ajouté qu’elle sera également l’occasion de faire de fortes annonces pour le Département de Dimbokro et pour la Région du N’ZI ». Selon les reporters, la foule était plutôt clairsemée, malgré l'obligation faite aux enfants des écoles et leurs professeurs d’être au bord de la route pour acclamer leur rédempteur.
Dommage que l'obligation faite aux enfants d'aujourd'hui ne se soit pas appliquée aux vétérans copains de classe qui avaient usé les bancs de classe avec leur copain Ouattara.
Sa blonde moitié Dominique était aussi de la partie, mais arrivée seulement en fin d'après-midi « aux alentours de 16h à Dimbokro ». C'était probablement pour rallonger le montant de la facture des déplacements déductibles de la pluie de 45 milliards promis à Dimbokro en 2010 lors de la campagne présidentielle, la première...
Mais chose plus curieuse pour un homme natif de la région du N'Zi, le président Ouattara en visite dans son propre pays natal aurait selon les journaux déployé 3332 soldats des Forces armées de Côte d’Ivoire pour assurer sa sécurité. 224 véhicules toutes catégories sont sensés patrouiller et surveiller les axes routiers que doit emprunter le demi dieu Président et économiste de son état.
Comme il n'est pas Dozo de naissance, les gri-gri ne sont pas suffisants pour le protéger des Gors (!) où autres malfaisants, de type rebelles non rémunérés et non recyclés...
Sur les photos nous n'avons pas vu le petit juge Epiphane Zoro Bi-Ballo, c'est pourtant lui qui depuis la même ville avait signé l'acte permettant à Ouattara de se dire natif de Dimbokro. Ses nouvelles fonctions de secrétaire d'état l'ont certainement amené jusque-là, puisqu'il y avait un conseil des ministre décentralisé; mais ne lui permettent probablement pas de perdre du temps en déplacements de style « papamobile ».
Et pourtant, il semble bien que les courtisans ministres soient obligés de suivre leur économiste ravitailleur partout. Il suffit de voir comme ils sont au garde à vous à l'aéroport quand il part et revient de l'étranger...

Par Shlomit Abel

Source : Ivoirebusiness 26 Septembre 2019.

EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».

mercredi 4 septembre 2019

Une vue cavalière de l’histoire de la crise du FPI par Sylvain N’Guessan. À méditer…


Une histoire, un drame, celui du Clan Gbagbo. Pour qui suit l’histoire du FPI depuis 1990, on peut se permettre diverses interprétations de la crise au FPI.
Ce parti a diverses faiblesses dont une certaine anarchie depuis le congrès de 1996 qui a consacré la FIN du débat idéologique au profit du culte de la personnalité. Une autre faiblesse : dans l’imaginaire collectif des cadres de la première génération et la suivante, « si Gbagbo est devenu président, pourquoi pas moi ? ».
Quand l’opposant Gbagbo apparait officiellement sur le champ politique ivoirien, bousculant au passage le vieux Houphouët, son dauphin constitutionnel, son Premier ministre, toute la monarchie foncière, mercantiliste du PDCI et ses démembrements, l’on aperçoit certains visages qui font figure de piliers fondamentaux, les indéboulonnables.  Ce sont : Messieurs Boga Doudou, Aboudramane Sangaré, Ouraga Obou, Ahoua Donmello, Lida Kouassi Moïse, Bohoun Bouabré, Affi N’Guessan, Placide Zoungrana, Molle Molle, Mmes Guéi Valère, Simone Gbagbo… Messieurs Memel-Fotè et Barthélémy Kotchi avaient déjà un certain âge. Plus tard viendra le Professeur Mamadou Koulibaly.

Sangaré, Boga et Simone…
Les camarades Sangaré, Boga et Simone faisant UN avec Gbagbo, seront en vue Donmello, Affi, Lida et Koulibaly. Déjà, la guerre des héritiers connait un début lorsque le président Gbagbo laisse Koulibaly piloter la rédaction du nouveau projet de société qui bascule à 360 degrés du premier.
Le FPI se taille un programme libéral que combattent Donmello and Co. Alors que Lida, Affi et Koulibaly semblaient attendre leur heure, Ahoua Donmello essaie d’ajuster les pouvoirs de Gbagbo himself. A Affi (son cousin d’Akakro), il sera remis le sabre pour le ramener au plus bas de l’échelle. Ainsi va naitre La Renaissance.
Le président Koulibaly claque la porte et rentre à Abidjan. Le premier ministre Affi reste à Marcoussis pour parapher l’Accord. Le FPI ne s’en remettra jamais. Koulibaly est ovationné par la « ruecratie » conduite par un certain Charles Blé Goudé. Koulibaly apparait comme le SEUL capable de garder le temple en l’absence du Maitre. Affi apparait comme le traitre, le nouveau Judas. Le président Gbagbo prend acte.
Affi perd son poste de Premier ministre au nom de l’Accord de Marcoussis… Il lui reste entre les mains la présidence du FPI. Quand éclate la crise post-électorale, une sombre histoire a éloigné les présidents Koulibaly de Gbagbo. Quand éclate la crise post-électorale, une sombre histoire a éloigné les présidents Koulibaly de Gbagbo. La gestion de la rébellion aura grillé tous les potentiels héritiers du président Gbagbo.
Un nouveau visage est dorénavant au-devant de la scène : le ministre Tagro. Le ministre Bohoun a finalement perdu son poste ministériel après être passé au Plan. Parmi les 5 potentiels héritiers de la Maison Gbagbo, Ahoua Donmello, sauvé in extremis, devient le ministre des Infrastructures économiques, porte-parole du gouvernement.
Alors que TOUT Abidjan se vide, il est aperçu dans le bunker, juste quelques heures avant le moment fatidique. Des souvenirs qui comptent… Le FPI perd la guerre. Tous ses cadres sont arrêtés ou en exil. Seul Koulibaly est libre de ses mouvements.
Devenu président (par intérim) du FPI, il a maille à partir avec sa famille politique. Le Professeur Koulibaly claque la porte et crée LIDER, un parti prônant les valeurs de l’Ecole de Chicago après avoir été la seconde personnalité d’un parti de gauche.
Plus tard, Affi est libéré. Il prend le contrôle du FPI, essaie de lui donner une nouvelle orientation (la parabole du cercueil sur lequel s’agrippent les orphelins et la veuve). Sangaré, le gardien du temple, s’y oppose. Deux tendances voient le jour : une conduite par Affi N’guessan ; l’autre par Sangaré.

Le ministre Bouhoun rend l’âme. Ahoua Donmello se promène de capitale en capitale, manquant de peu d’être extradé depuis le Cameroun. Le ministre Lida, arrêté en exil, est extradé avant de bénéficier d’une amnistie ; comme la Camarade Simone. Elle est tout de même empêchée de décider de l’Avenir du FPI.
Puis arrive la date du 22 mars 2019. Parti rencontrer le président Gbagbo en liberté sous conditions à Bruxelles, Affi en est empêché. Les communiqués fusent des 2 camps. Affi décide d’animer une conférence de presse. Il s’attaque VERTEMENT au président Gbagbo. Des valeurs sûres de son Clan trouvent qu’il a franchi a ligne rouge. Les démissions débutent.
Signalons que le Professeur Barthélémy Kotchy a pris ses distances depuis belle lurette. Le Professeur Memel-Fotè n’est plus. Le premier Cercle, qui semblait pouvoir faire fléchir le Camarade Laurent, a disparu. Le Comité de contrôle n’est plus que l’ombre de lui-même depuis le congrès de 1996.
Le FPI s’identifie de plus en plus à une seule personne : le président Gbagbo, qui a décidé de reprendre SA chose. Affi ne peut tenir dans ce bras de fer. C’est une question de mois ; peut-être d’années. D’ici là, la Côte d’Ivoire attend TOUJOURS une vraie opposition qui puisse servir de contrepoids à l’actuel exécutif.

En attendant le Kairos
Ces 4 cadres auront d’ailleurs les postes les plus stratégiques. Chacun d’eux est au-devant de la scène ; qui pour montrer ses compétences, qui pour prouver sa loyauté ; TOUS pour faire valoir leur capacité à gérer l’après Gbagbo. Les Camarades Laurent, Boga, Sangaré, Simone, Memel-Fotè … sont dans le rôle d’évaluateur.
Revenu au FPI, le technocrate-idéologue Don Mello hérite du BNETD. Il va devoir s’en contenter en attendant le Kairos…. 17/18 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est attaquée. Revenu au pays pour s’occuper de l’Affaire Sia Popo, Me Boga Doudou est assassiné. Gbagbo est atteint. Le FPI vacille.
S’ensuivront de sombres histoires difficiles à comprendre, comme la querelle Affi-Lida aux premières heures de cette attaque. Accusé d’avoir trahi Gbagbo, fait assassiner le ministre Boga pour se positionner, Lida aura tout le mal du monde à revenir à la surface. Sur la scène, à côté des « évaluateurs », il ne reste plus que Messieurs Affi et Koulibaly.
Puis vint Marcoussis. Deux tendances du FPI apparaissent au grand jour. La guerre est dorénavant ouverte entre les deux camps. Le président Affi N’guessan multiplie les sorties. Ses sofas sont plus que jamais déchainés. De son côté, le président Laurent Gbagbo continue de recevoir des visites selon son agenda secret.
Des personnes qui l’ont traité de tous les noms d’oiseaux depuis la « République du Golf » seraient déjà programmées. Quelles sont les perspectives qui s’offrent au FPI à partir des signaux forts actuels ? Trois pistes semblent se dessiner en filigrane.

PassÉ rÉcent
1- Le président Gbagbo reçoit (à Abidjan ou à Bruxelles) son Premier ministre Affi avant octobre 2019, soit un an avant la future élection présidentielle. La paix revient au sein de la Refondation qui se met en ordre de bataille derrière les candidats choisis. Bien évidemment, tous les militants se mettent en rang derrière la nouvelle direction de la maison rose bleu. C’est un parti soudé, fort qui pèsera lors de la présidentielle à venir.
2- Le président Gbagbo refuse de recevoir son Premier ministre Affi. Le divorce est consommé. Le natif de Boidikro conserve précieusement le logo et se présente comme le candidat naturel du FPI. En face, les candidats sont désignés sous la bannière Ensemble pour la Souveraineté et la Démocratie (ESD). Les militants se rangent dans les deux différents compartiments devenus rigides sans aucune probable possibilité de les réunir. Divisés, ils pèseront peu lors de la présidentielle 2020.
3- Non seulement les deux tendances actuelles ne parviennent pas à se retrouver mais un autre groupe dissident s’aligne derrière un autre candidat issu du premier cercle du FPI en indépendant. C’est le pis des schémas qui puisse arriver à ce parti. Divisé en trois blocs, ce parti ne pourrait pas arriver au second tour. Les candidats qui arriveront au second tour négocieront séparément avec les trois leaders des trois tendances.
Depuis le 22 mars, le FPI se livre en spectacle. Chaque jour a son lot de « révélations » sur les réseaux sociaux. Vrai ou faux, des secrets se retrouvent sur la place publique. Le sens de l’Etat semble avoir disparu des rangs de la Refondation. Les uns et les autres semblent si préoccupés par ce nouveau jeu que, chaque jour, c’est un boulevard qui se dresse devant le RHDP qui a même le loisir d’imposer les sujets de conversation au plan national.
Le parti présidentiel tire profit de cette crise dans la mesure où, occupés à s’entredéchirer, les Refondateurs ne font aucune proposition alternative en termes de gouvernance aux électeurs. C’est plutôt à qui pourrait mieux insulter les cadres de l’autre camp. Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire attend toujours un vrai contre-pouvoir à l’Exécutif actuel…

Sylvain N’Guessan, Institut de Stratégies
Titre original : « Crise au FPI : Récit d’une si longue et vieille histoire ».

PS : Cet article n’est qu’une lecture personnelle. Il peut y avoir des erreurs d’appréciation. L’objectif n’est pas de distribuer des points. Quand Monsieur Gbagbo accède au pouvoir, Affi, Lida et Koulibaly commencent à se faire remarquer. Bohoun Bouabré a gardé le silence (ou presque) depuis 1996.

Source : https://www.afriksoir.net 29 avril 2019


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