mardi 31 octobre 2017

« Sans toi, je tombe mais sans moi, tu tombes ».

Le pays est un trépied.  En tout cas, il l’est devenu. Il tient sur trois pieds. C’est ce qui aurait dû faire son équilibre. Mais l’histoire est telle que pour avancer, il faut un peu de déséquilibre. Jadis nos grands planificateurs avaient parlé de « déséquilibres s’équilibrant à  terme ». L’histoire vécue nous a montré que nous avons lourdement chuté faute d’équilibre.
La leçon que nous en avons tirée, c’est qu’il faut savoir s’équilibrer avec deux pieds sur trois. C’est un peu gênant mais ça peut marcher ou tenir. Les deux pieds en question peuvent se faire mutuellement chanter. Ils se tiennent non plus par la barbichette mais par les pieds. Sans toi je tombe mais sans moi tu tombes.
Le myriapode est plus riche en pieds que nous qui nous vantons de nos trois pieds. D’ailleurs, il y a déjà quelque temps que certains parmi nous avancent sur deux pieds. « Air H deux pieds » ! Il y a des véhicules de transport en commun qui se présentent comme des avions ! L’essentiel est d’arriver à destination, surtout si on veut décoller et émerger !
Il est vrai, en effet, qu’on peut et doit avancer sur deux pieds car il n’y a rien de plus inconfortable que de marcher à cloche pied. Le bouvier qui se tient sur une jambe pour surveiller son troupeau dans le sahel doit être admiré et cité en exemple. On ne doit pas oublier cependant qu’il s’aide de son bâton.
Ne me parlez pas d’exclusion quand deux pieds sur trois marchent ensemble. On n’a jamais vu des hommes marcher sur trois pieds. Ce seraient des monstres. D’ailleurs qui a créé l’expression « prendre son pied » ? Elle ne date pas d’aujourd’hui ni n’a été inventée chez nous en Eburnie. Le pied de qui s’agit-il, si ce n’est celui d’un autre puisque chacun a besoin des siens pour avancer et conquérir ? Qui va prêter son pied à un autre pour qu’il le double ?
Pendant qu’on se bat contre la chaise vide et pour faire qu’elle soit pleine ou simplement occupée, qui s’interroge sur le nombre de ses pieds ? Fauteuil à trois pieds, divan à trois pieds, chaise à trois pieds. O tripodie douloureuse ! Éléphantiasis d’éléphant à trois pieds.
Le myriapode, selon un proverbe de chez nous, est un bon diplomate. Il traverse les colonnes de fourmis rouges en demandant pardon aux unes et aux autres. Cela est vrai, mais on comprend pourquoi il est si lent. Le mille-pattes est trop prudent, trop conciliant, trop mouin, trop zouin ! Et puis qui a envie d’être laid comme un mille-pattes, pire, être une scolopendre ? Le poète Bottey Moum Koussa les appelait iules. Cela parait plus élégant ! 
On a déjà des problèmes de partage avec deux pieds. Imaginez qu’on doive tenir compte de mille pieds ! Chacun comprend qu’il est très difficile de partager, qu’il s’agisse de paternité de la victoire ou/et des butins qui en résultent. Quand on fait rimer butin et mutin, on comprend l’inflation de pieds. Que les mille-pattes imitent les chenilles et entrent dans la forêt de Goin-Débé ou d’ailleurs. Les feuilles y sont tendres et fort nourrissantes. « Mangeurs de zéklé de tous les pays unissez-vous ! ».
Personne ne peut tout de même dire qu’il est confortable d’être assis sur une chaise à deux pieds. Mais là n’est pas le problème. On peut suppléer le manque de troisième pied avec ses propres pieds. Souvenez-vous, on disait avant « apprenti mettez calé, si y a pas calé, mettez ton tête !».
Des pieds ressemblent à la troisième ou quatrième ou même cinquième roue du carrosse. On peut rouler comme à vélo en se passant de ces roues superfétatoires ou surnuméraire. Ils ont beau crier : « Nous sommes aussi des pieds ! », on leur  demande de ne pas casser les pieds à ceux qui ont besoin de  sérénité pour exercer le pouvoir. Ils reçoivent même parfois un bon coup de pied. N’est-ce pas ce que méritent tous les pieds nickelés ?
Depuis quelque temps, il y a un problème de piédestal. Quel sera le pied le plus haut ou le plus long, dépassant les autres de plus d’une tête ? Comment parler de pied d’égalité alors que nous n’avons pas la même taille ni la même pointure ? Cette égalité pédestre n’est pas naturelle ! Assurément ! Sans doute aucun ! Évidemment ! Mais chacun se dit et le dit tout haut, « Sans moi, nous ne serions pas partis d’un bon pied ! ».
Dans notre trépied national, la crise ne s’est pas arrêtée à la chaise mais s’est propagée à ses pieds. Chaque pied se divise en autant d’orteils qu’il y a de têtes fortes. Il y a longtemps que le pied bleu (différent de pied-bot) est en difficulté, ses orteils sont divisés en deux parties. Les mauvaises langues diront : « Qui a deux doigts peut avoir deux pieds et deux orteils ! ».
Et la case ? Elle ne saurait avoir des problèmes de pieds, ses fondations étant bien implantées. Mais il peut arriver que son toit soit percé ou ses tôles mal ajustées. Mais en faisant des travaux de rénovation, il semble que le mur se soit fendillé. Le proverbe a toujours dit que c’est au pied du mur qu’on voit le vrai maçon. Oui, mais le maçon n’est pas le menuisier, même s’il s’agit de fauteuil présidentiel.
L’éléphant quant à lui, souvenez-vous, il y a quelques années, on disait qu’il boitait parce qu’il avait mal à une de ses pattes. Maintenant, il semble avoir retrouvé son équilibre et l’usage de toutes ses pattes. Même celles qui étaient entrées en dissidence. Mais on peut le soupçonner d’être un mastodonte aux pieds d’argile. Que les pattes d’éléphant soient grosses et imposantes, qui peut en douter ? Mais qu’elles soient de chair ou d’argile, qui peut le jurer ? Je comprends la nostalgie de ceux qui sont demeurés à la mode « basdèf ».
En voulant se couper l’herbe sous les pieds les uns aux autres, nous nous mutilerons tous, nous deviendrons une nation d’éclopés, les uns privés de jambes et les autres de pieds, mais en course avec les nations du monde, aux olympiades du développement ! Nos esprits sont déjà préparés à perdre car on nous a enseignés que les autres sont les descendants d’Achille au pied léger quand nous trainons le lourd poids  de nos pyramides.
Un proverbe de chez nous dit : « Ne se dépêche que le pied qu’on appelle ». J’ai beau appeler les miens, ils ne viennent pas. Sans doute ne m’entendent-ils pas, sans doute que ma voix est trop faible. Nous nous trompons assurément en croyant que seuls les rois peuvent « avoir mal au pied » ! Le Roi Christophe nous a déjà mis en garde : « Malheur à celui dont le pied flanche ! ».

Pr SERY BAILLY

Titre original : « Un trépied »


Source : Pole Afrique 24 octobre 2017

mercredi 25 octobre 2017

« Je ne sais pas qui est Mangou, j'ignore ses origines,… », Tibeu Briga.



Dans une lettre à la Rédaction du Cercle Victor Biaka Boda, reçue hier soir un peu avant 22H, Tibeu Briga, l’auteur de l’article qui avait provoqué la réaction d’Elliot Lokossouet que nous avons publiée sur ce blog le 20 octobre, revendique son droit de réponse. Nous le lui accordons très volontiers ; nos amis lecteurs trouveront sa lettre ci-après.
Mais, dans cette lettre, Tibeu Briga nous intime aussi l’ordre de publier deux de ses écrits antérieurs, qui, bien qu’ayant un rapport direct avec le texte d’Elliot Lokossouet, ne sont pas pour autant de ceux auxquels, par principe, nous croyons nécessaire de donner un écho dans ce blog. S’il est vrai que Tibeu Briga a « l’habitude de consulter [notre] site », alors il ne peut pas ignorer que notre but n’est pas de publier pour publier, mais de fournir à nos amis lecteurs – à ceux, du moins, qui sont aussi des patriotes ivoiriens engagés dans la résistance aux fantochismes de toutes les couleurs – de quoi enrichir leur connaissance des causes réelles et des enjeux réels de la situation éminemment complexe que vit notre pays depuis le milieu des années 1940. C’est de cette démarche – et seulement d’elle – que relève notre choix de publier un texte comme celui intitulé : « Elliot Lokossouet répond à Tibeu Briga ».
L’auteur de ce texte « était hors sujet », martèle Tibeu Briga ; c’est son problème, pas le nôtre. Nous, nous ne sommes pas partie dans sa guerre picrocholine contre les ennemis qu’il semble tellement se plaire à s’inventer. C’est la grande différence entre nous et lui. Peut-être avons-nous aussi une autre conception que lui, de « l’équilibre du débat », de « l’honnêteté intellectuelle » …ou de l’humilité.
Quoi qu’il en soit, nous ne nous croyons nullement obligés de donner suite à son injonction pour ce qui concerne ses écrits antérieurs à cette lettre-ci.

La Rédaction

PS : Alors que nous nous apprêtions à publier ce post, nous avons reçu de Tibeu Briga, ce nouveau message que nous croyons indispensable de donner à lire à tous nos amis lecteurs. Après quoi, pour notre part, nous considérerons cet intermède définitivement clos.


Monsieur,

Je reviens vers vous pour réitérer ma demande de publier mes deux contributions sur le site "Cercle Biaka Boda". Dans le cas où vous refusez, je vous demande de supprimer l'article de Lokossouet dans lequel mon nom est jeté en pâture. Je ne peux pas l'accepter. Veillez à ce que cette hérésie soit résolue le plus rapidement possible.

Dans cette attente, je compte sur vous.

T. Briga


La lettre de Tibeu Briga

J'ai l'habitude de consulter votre site « CERCLE VICTOR BIAKA BODA ». C'est ainsi que je viens d'y découvrir un article d'un certain Elliot Lokossouet intitulé : « Philippe Mangou, Laurent Gbagbo et la crise électorale. Qui a trahi quoi ? Elliot Lokossouet répond à Tibeu Briga ». Cette correspondance m'est personnellement adressée puisqu'elle est ainsi libellée : « Cher Monsieur Tibeu Briga, bonjour, ».
Avec le respect qui vous est dû, je m'étonne d'une telle réponse sur votre site dans la mesure où l'article auquel est censé répondre Monsieur Lokossouet n'a pas été publié sur ledit site auparavant.
1 - Pour l'équilibre du débat et par honnêteté intellectuelle, pour que celui qui consulte votre site puisse avoir un point d'analyse non biaisé et objectif, je vous prie de publier en intégralité mon article que plusieurs sites ont déjà publié dont Civox sous le titre : « Philippe Mangou : L'honneur perdu d'un soldat ou le retour du général-espion à l'hôtel du Golf (Par Tibeu Briga) », avec la photo l'illustrant. Et de publier également la réponse que j'ai faite à l'article que vous dites avoir pris sur un courriel.
2 - Sur le courriel qui vous a permis de reprendre les écrits de Lokossouet, se trouvait également une réponse apportée par mes soins à son intervention, lui disant qu'il était hors sujet. Je vous en joins copie pour qu'elle soit également publiée sur votre site en guise de droit de réponse.
3 - Je suis étonné que vous puissiez reproduire les écrits de Lokossouet qui n'ont aucun lien avec le sujet que je traite. Je dénonce la désertion d'un général en temps de guerre. Il se trouve qu'il s'appelle Mangou. Je récrimine sa déloyauté envers l'Etat de Côte d'Ivoire. La patrie étant en danger, il avait, me semble-t-il l'obligation de la défendre. Au lieu de cela, il s'est sauvé comme un vulgaire malfrat pour aller se terrer dans une ambassade étrangère. Il aurait au mieux, dû démissionner comme l'a fait le général Pierre de Villiers ici en France.
Je ne sais pas qui est Mangou, j'ignore ses origines, qu'il soit Guéré, Lobi, Apollo et que sais-je encore, ce qui m'importe, c'est d'avoir déserté son commandement, sa traîtrise au moment où la nation avait plus besoin de lui. C'est le sens de mon article.
Rassurez-vous, viendront les temps où les attitudes, les comportements du Président Gbagbo seront abordés. Pour l'heure intéressons au cas de Mangou.
Je compte sur vous pour que mes deux contributions soient publiées sur votre site pour respecter l'équité et l'honnêteté intellectuelle.
Merci.

Tibeu Briga

vendredi 20 octobre 2017

Philippe Mangou, Laurent Gbagbo et « la crise postélectorale ». Qui a trahi qui ? Qui a trahi quoi ? Elliot Lokossouet répond à Tibeu Briga

Cher Monsieur Tibeu Briga, bonjour,

J'ai lu votre analyse[1] avec attention, mais a-t-elle été réalisée sous l'angle d'un tiers « supporter » [ou est-ce] une simple opinion ? [Au lieu d’une analyse rigoureuse] des faits, rien que des faits, en sortant de notre sentimentalisme ou des « appartenances » ? [Bref], ne serait-ce pas [plus] utile [de] traiter cette affaire dans sa globalité et [dans] son intégralité ?
Pour y arriver, n’est-ce pas vrai que nous devrions nous poser les « bonnes questions » sans rien occulter sous aucun prétexte (pour des intellectuels honnêtes). Donc avec attention, prudence et veilles : comment expliquez-vous que depuis l'an 2000, nos élections se terminent en guerres armées avec des milliers de civils tués et des marqués à vie ?? N’est-ce pas notre président Laurent Gbagbo qui nous disait honnêtement qu'il a été élu en l'an 2000 dans des « conditions calamiteuses » ? Pourquoi cette calamité, bien qu'il n'ait pas été au pouvoir à cette époque ?
Svp, faisons une analyse beaucoup plus fine car,  moi, je refuse d'être dans le culte de la personnalité.
Est-ce qu'en 2010, notre cher président Laurent Gbagbo a travaillé de manière à nous sortir [de] ce qu'il qualifia de « calamiteux » ?
Svp, qu'est-ce que le président Gbagbo a réellement fait pour que les conditions calamiteuses s'éloignent des élections de 2010 ?
Étaient-ce des élections en 2010 ? Ou des déclarations de guerre [à] travers des élections ?
J'ai bien dit d'aller à des analyses plus fines. Les militaires ne sont pas là pour « organiser » ou « gérer » les élections.
Svp, Si nos élections ont échoué en 2010, est-ce la faute aux militaires ou à Mr Philippe Mangou ? C'est cela la vraie question.
Soyons honnêtes : car depuis 2008-2009, notre président Laurent Gbagbo ne parlait même plus de désarmement comme il le faisant entendre en 2005. Pourquoi le président Gbagbo était-il si silencieux sur le désarmement des Forces Nouvelles ? Alors que Mr M. Koulabay [sic], Mme Éhivet Simone Gbagbo et surtout Affi N'Guessan battaient le pavé pour réclamer le désarmement...
Je le réécris ici : sortons du culte de la personnalité, afin de mieux appréhender les faits, le factuel.
Svp, depuis 2002, 2004, 2006-2007, il y a des faits saillants qui montraient que nous allions de plus en plus vers des « calamités » :
1.     En 2002-2003, honnêtement, qui disait de ne pas accuser la France dans la crise qui nous secouait, alors que nous partions à Marcoussis ?
2.     En 2004, qui a refusé que la Côte d'Ivoire porte plainte contre la France, quand la Force Licorne a tiré et tué des dizaines de patriotes avec le « crane ouvert » de ce garçon au sol devant l'hôtel Ivoire ? Svp, le président Laurent Gbagbo a fait quoi exactement ?
3.     En 2008, qui a dit que depuis que Nicolas Sarkozy est au pouvoir, « moi, Laurent Gbagbo, je dors d'un sommeil profond » ?
4.     En 2009, qui dira que « Soro Guillaume fut [son] meilleur Premier ministre » parmi ceux qui le précédèrent ? Svp, aviez-vous entendu ces confessions publiques ou pas ? Et quel était l'enjeu de telles confessions ? Svp, quels honneurs gagnait-on à faire ce genre de déclarations ?

5.     Qui sont ceux qui ont été les vrais alliés du président Laurent Gbagbo au plan international ? Est-ce que toutes ces questions relèvent de la compétence ou du courage de Mr Mangou Philippe ?
6.     Et si par ces élections nous [sommes arrivés] à une guerre, un vrai et sérieux analyste n'a pas à se jeter sur les militaires ou sur Mangou ; [il doit plutôt chercher à répondre à des questions comme : « Quel était notre projet quand nous sommes allés à cette élection ? Comment l'avons-nous préparée, organisée, et avec quelle stratégie ?? »].
7.     Je pense qu'il est bon que nous situions cette affaire dans son contexte global, et [que nous la traitions] à froid, faits après faits dans leurs contextes.
8.     Qui a fait appel au « Panel » ? Quelle fut la décision finale de ce « Panel » ?

9.     Avez-vous déjà écouté Bernard Doza sur les liens d'alchimie entre notre président Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ?  Car pour moi, il n'y a personne qui a trahi qui que ce soit. Il n'y a ni Caïn, ni Abel pour ce qui s'est passé entre Mr Mangou et le président Gbagbo.
NB : Car à cette question du président L. Gbagbo : « Les présidents angolais et sud-africains m’ont lâché, qu’en penses-tu ? Que me conseilles-Tu ? N’en parle à personne »... Heureusement que P. Mangou l’a dit en présence du président L. Gbagbo et de Blé Goudé. Sinon certains d’entre nous n’auraient-ils pas crié que Mangou a fabriqué un mensonge ? Je ne parlerai même pas de l’attaque de son domicile.
À ce niveau, c’est clair que beaucoup d’entre nous [aiment] et [savent] cultiver la langue de bois face à nos présidents.
10.Mais, en vérité, je ne vois pas le piège tendu à Philippe Mangou. Svp, Nous étions là dans des « choix tactiques » pour limiter les dégâts dans notre camp. Sinon, me semble-t-il que nos morts ne nous disent plus rien alors ?
Excusez-moi, car depuis feu Boga Doudou, Marcelin Yacé, en passant par tous nos jeunes morts pour que « Papa Roméo » s’en aille en 2000, ceux morts sur les ponts Houphouët-Boigny et général De Gaulle et [les morts de] l’hôtel Ivoire, etc., etc.
11.Jusques à quand compterons-nous nos morts ? Le plus souvent, ça été nos « cerveaux » qui s’en sont allés ainsi, les feux Boga Doudou, Désiré Tagro, etc.  Alors, devons-nous faire comme si la vie de nos frères n’a pas de valeur ou quoi ?
12.Et comment concevoir que depuis l’an 2000, nous n’ayons pas réglé définitivement cette crise qui s’aggrave au fil des ans. Ça été une question de réalisme mal maitrisée. Et aussi [parce] que notre camp ne prenait rien au sérieux, à commencer par celui qui était à sa tête.
Pourquoi nos chansons du genre : « Y a rien en face ? ». Franchement, avions-nous su évaluer les risques et la situation du moment ?
[Et] que dire de l'affaire Gérard Latortue et Mac Maxi introduits par Mamadou Ben Soumahoro auprès du président L. Gbagbo, et à quelles fins ?
Dès lors, si d'aucuns persistent à prendre des raccourcis pour qu’il y ait des traîtres,  devrions-nous alors mettre notre président Laurent Gbagbo au rang des traîtres ? Car, n'a-t-il pas promis des élections moins calamiteuses, alors que ce fut la guerre la plus atroce que la Côte d'Ivoire ait jamais connue. Ne pas omettre Mr N’Dré Yao Paul au rang des traîtres alors ?
Juste que nous allions plus loin dans cette méditation, et que chacun en prenne sa part de responsabilité dans un discernement plus poussé.
Merci et avec ma cordialité,

C’est le frère Békanty Lokossouet (15/10/2017)

Source : courriel


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
La Rédaction


lundi 9 octobre 2017

Genou à terre

Du poing levé de John Carlos et Tommie Smith aux Jeux Olympiques de 1968 au présent genou à terre, que de chemin parcouru ! Des Panthères noires aux marcheurs de « Black Lives Matter », que de chemin parcouru ! De MLK, les deux genoux à terre, aux sportifs un genou à terre, que de chemin parcouru !
Que ce soit des pratiquants de foot américain qui aient initié ce mouvement est aussi parlant. Habitués à courir et à se bousculer les uns les autres, coutumiers de la force, même si celle-ci n’est pas brutale et dénuée de stratégie, voici de nouveaux chevaliers casqués et impliqués dans une partie sportivement et socialement engagée.
De Paul Robeson à Harry Belafonte, et du Satchmo au « rire Banania » à celui de « We shall overcome » (Nous vaincrons), de l’enfant prodige à l’homme Stevie Wonder qui met un genou à terre, que de chemin parcouru ! Des corps lynchés qui pendent et balancent, ces « fruits étranges » dont nous parlait la divine Billie, au genou à terre, que de chemin parcouru !
Que devons-nous comprendre ? Que nous inspire ce genou à terre ? Pourquoi genou à terre, un geste si banal, peut-il incommoder des hommes puissants ? Que penser de cet autre moyen de combattre les meurtres gratuits et impunis qui se déroulent depuis des siècles et des siècles ?
C’est la force du faible qui n’est ni couché ni debout mais en mode dynamique de réplique. Ce faible est d’autant plus énervant qu’on pensait l’avoir écrasé. On croyait « avoir fini » avec lui, comme diraient les jeunes Ivoiriens.
Genou à terre est mi prière mi défi, statue mi gisant mi équestre ! Prière, religion et empathie. Crainte de Dieu et défi envers la répression ! Il est différent du poing levé qui est facile à bannir du monde olympique, olympien et non moins hypocrite. Il est embarrassant comme un zouglou menaçant parce que fatigué d’implorer Dieu ! Il fait peur comme le mort qui revient, non pas le revenu, mais le revenant ! Ni provocation ni aplatissement !
Appel à la miséricorde qui tente d’attendrir un monde de pierre et de béton. Atteint mais non abattu, crocheté mais non étalé ! Vous vous souvenez du sénateur Tim Kaine, le colistier de Clinton ? Il avait dit, en résumant en termes sportifs : « Ils nous ont mis au tapis mais pas KO ». En effet, nous connaissons cette image de boxeur à genou et compté mais qui ne désespère pas de l’emporter. Etre compté sur le ring mais compter dans l’histoire qui se déroule !
Forme de résistance et de résilience, genou à terre n’est pas génuflexion. Il s'agit d'assumer sa fragilité, d'affirmer son refus et de convoquer sa volonté de plier sans rompre. L’objectif est de prolonger l’appel de Londres : la bataille est perdue mais la guerre pas encore gagnée.
Genou à terre est d’une ambivalence riche et positive : proclamation et silence, faiblesse et force, demande et appel, prière et intimation, invitation et convocation, sommation et sollicitation, supplique et requête, soumission et conjuration, avertissement et respect, immobilité et mouvement, rêve et cauchemar.
On s’abaisse mais on refuse d’abdiquer. On se prépare plutôt à se relever et défier les puissants et les forces camouflées qui infligent partout douleur et souffrance. Comme dans le code de la chevalerie, il y a foi et fermeté, combat et retenue, l’épée et la croix, le sabre et le croissant, la soumission à Dieu et l’engagement pour une cause humaine, la ruse de la stratégie et  la fidélité à ses valeurs.
Tout le monde n’a pas le même type de cheveux et donc tout le monde ne peut faire un afro de protestation. Mais nous disposons, tous et chacun, de deux genoux dont nous pouvons mettre un à terre. L’objectif est de poser le genou pour s’opposer à ceux qui veulent nous terrasser, nous étaler de toute notre longueur. Comme on est passé de «  Black Power » à « Black President », de l’impuissance noire à une présidence noire, il fallait le payer chèrement. Mettre un genou à terre, c’est faire acte de contrition historique et espérer enrayer la régression.
Le poseur de genou à terre est têtu comme celui qui est couché et dit qu’il ne peut tomber, couché mais pas prêt à être roulé et jeté dans une tombe. Peut-être mort, mais pas prêt à être enterré ! D’accord pour gagner le ciel mais d’abord le paradis terrestre !
C’est un signe de ralliement, une dénonciation silencieuse des agresseurs impénitents qui, comme tous les sorciers, ont peur de la lumière. Renaissance de la lutte non violente de MLK, le genou à terre est différent de l’arrogance qui serait facile à disqualifier moralement et à briser physiquement.
Un genou à terre rappelle la moitié vide du verre de coca-cola à ceux qui célèbrent la grande Amérique, « great again » (grande de nouveau) et « great always » (grande toujours) étant les deux faces d’une même médaille.
Trump est fâché parce qu’on ne lui fait pas confiance les yeux fermés, parce que genou à terre est opposé à son projet d’Amérique arrogante, les pieds sur la table. Il fulmine parce que des gens refusent de lui confier leur salut, de le croire aveuglement lui le nouveau Messie. Il est en colère à cause de cet appel à la conscience universelle alors qu’il incarne la vertu américaine. Le nouveau père fondateur se retrouve face à de nouveaux christiques enfants de « cœur ».
Trump voudrait que la foudre qui a frappé Carlos et Smith s’abatte aussi sur les pratiquants du genou à terre. En plus de l’exclusion du mouvement olympique, ils ont perdu leurs emplois et leurs foyers se sont brisés, par le divorce et par le suicide. En les détruisant comme star, ils en ont fait des parias. Trump aurait voulu ressusciter Avery Brundage, ancien patron du CIO, afin qu’ils mènent leur combat commun.
Les vainqueurs de l’histoire souhaitent la fin de l’histoire, comme une équipe qui mène au score. Mais les menés au score et même les vaincus montrent toujours que le match ou le championnat n’est pas terminé. L’arbitre céleste n’a pas encore sifflé la fin !
Genou à terre, chez nous, devant les enfants en difficulté avec la loi ? Périphrase qui essouffle déjà ! Ils en profiteront pour achever leurs victimes et parachever leur œuvre ! Cela suppose en effet un minimum de sensibilité ! Ni les enfants ni le grand blond n’ont la sensibilité requise. Ne mettent aussi un genou à terre que ceux qui sont déjà debout.

SERY BAILLY

Source : Pôleafrique.info  4 octobre 2017

lundi 2 octobre 2017

L’apothéose de Salif Diallo ou La deuxième mort de Thomas Sankara

L’hommage national au palais des Sports de Ouagadougou
Le matin du 19 août, le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Salif (ou Salifou) Diallo, fut trouvé mort dans sa chambre du luxueux hôtel du 8e arrondissement de Paris où, dit-on, il était venu « se reposer » après un passage en Tunisie pour raisons médicales. Ramenée dans sa patrie quelques jours plus tard, sa dépouille eut droit aux honneurs funéraires les plus grandioses que le Burkina Faso ait jamais accordés à l’un de ses citoyens. Et on comprend le billettiste de L’Observateur Paalga, Toégui, lorsqu’il écrit : « De mémoire de Burkinabè Voltaïque, je n’ai jamais constaté la disparition d’un homme susciter autant d’affliction, autant de chagrin, autant de douleur. J’étais loin de savoir que les Burkinabè ressentaient tant de sympathie à l’égard de Salifou Diallo. Je pensais même plutôt le contraire ».[1]
Il y a en effet de quoi s’étonner ! Les Burkinabè d’aujourd’hui, surtout les jeunes – qui sont l’écrasante majorité – ne connaissent à leur patrie qu’un seul héros national : Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 lors du coup d’Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir et dont, possiblement, le deuxième protagoniste et bénéficiaire le plus important parmi les acteurs du cru n’était autre que Salif Diallo.[2] Or depuis le 19 août, la classe politique burkinabè s’est (presque) unanimement reconnu un autre héros national, et c’est ce même Salif Diallo !

le fabuleux destin du nouvel héros national des Burkinabè
Ce prodigieux paradoxe nous ouvre une voie royale vers la découverte de quelques traits de la vie politique burkinabè qu’il est important que les patriotes ivoiriens connaissent et méditent. Comment expliquer, par exemple, la criante indifférence – pour ne pas dire plus – des élites burkinabè, mêmes quand elles se proclament progressistes, devant les ingérences de leur pays dans les affaires intérieures de certains de ses voisins, et dans les nôtres en particulier, tout au long des trois dernières décennies ? Nous tenterons, chemin faisant, d’élucider ce mystère, et quelques autres. En attendant, jetons un œil sur le fabuleux destin du nouvel héros national des Burkinabè.
Âgé d’à peine soixante ans au moment de sa mort brutale et ayant donc, à ce qu’il semble d’après l’ampleur de cet hommage posthume, encore un bel avenir politique devant lui, Salif Diallo peut être considéré comme un miraculé dans ce pays où peut-être tous les hommes ne sont pas intègres, mais où il est rarissime que ceux qui ont gouverné réchappent ainsi du …tribunal de l’histoire. Rappelons que Blaise Compaoré, par exemple, dont il fut le bras droit – et peut-être même l’alter ego – pendant plus de vingt ans, ainsi que nombre de dignitaires civils ou militaires de son régime, sont aujourd’hui soit en exil, soit en prison ou en résidence surveillée, soit en fuite.
Mais, en l’occurrence, « miraculé » est-il vraiment le mot juste ? Depuis le renversement de Blaise Compaoré à l’automne 2014, Salif Diallo était le personnage le plus réellement influent de la scène politique burkinabè. Or il ne l’était pas devenu brusquement à la faveur des « Quatre glorieuses », comme on désigne les journées révolutionnaires d’octobre 2014 ; c’était déjà la position qu’il occupait sur l’échiquier politique sous Blaise Compaoré entre le 15 octobre 1987, jour de l’assassinat de Thomas Sankara, qui fut comme le coup d’envoi de son irrésistible ascension vers le firmament politique, et le 24 mars 2008, jour où « il [fut] démis de ses fonctions dans des circonstances étranges ». La nouveauté, c’est que, après l’élection de son compère Roch Kaboré à la présidence du Faso en 2016 et la victoire de leur parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), aux législatives consécutives, il était devenu, de fait sinon de droit, le véritable numéro 1 du nouveau régime. Aussi est-on en droit de se demander si sa « disgrâce » n’avait pas été en réalité une façon habile de le mettre « en réserve de la République » au moment où l’avenir du régime Compaoré devenait de plus en plus problématique. Une question qu’au demeurant les plus perspicaces des Burkinabè ne manquèrent pas de se poser dès 2008.
Paradoxalement, la « révolution » victorieuse d’octobre 2014, dans laquelle Salif Diallo aurait, d’après ses propres dires, joué au moins un rôle de catalyseur,[3] puis l’arrivée au pouvoir du trio RSS (comme Roch Kaboré, Salif Diallo, Simon Compaoré), au lieu d’être regardée comme l’heureux aboutissement d’une possible « mise en réserve de la République », en effaça au contraire le souvenir jusque dans la mémoire des plus soupçonneux. Si bien que le Salif Diallo que les Burkinabè ont mis au tombeau le 25 août était, pourrait-on dire, un homme que plus rien, ou pas grand-chose, ne rattachait à son long et sulfureux passé. Comme si la péripétie de 2008 l’avait lavé de toute souillure et transformé en une manière d’homo novus, comme on disait dans l’ancienne Rome.
D’où l’intérêt de consacrer quelques lignes à son curriculum vitae, en comptant du jour où son camarade Jean-Marc Palm le présenta à Blaise Compaoré, alors ministre de la Justice et deuxième personnage du régime dirigé par Thomas Sankara. Au début, et jusqu’au 15 octobre 1987, ce n’est qu’un planton au service de Blaise Compaoré, qui le rétribue sur les fonds de souveraineté de son ministère[4] et dont, par conséquent, il est étroitement dépendant. Et dépendant, il le restera même bien après avoir atteint les sommets. A preuve cette intéressante anecdote rapportée par son ami et confident Jules Ouédraogo : « J’ai eu maintes fois l’occasion de le constater : tu avais un attachement viscéral pour le Président Compaoré. Un souvenir. Nous étions assis un jour dans ton bureau en train de deviser tranquillement. Tu étais assis vraiment à l’aise dans ton fauteuil. Ton portable s’était alors mis à sonner. C’était le Président. Tu t’étais redressé brusquement comme si ce dernier venait de franchir la porte et tu avais adopté une tenue plus que convenable. Comme un soldat qui « donne la ration » à son chef. J’en avais été impressionné ! Beaucoup le savent, car ce n’est plus un secret : tu as été très loyal envers Blaise Compaoré ; pour lui, à cause de lui, tu acceptais qu’on te casse du sucre sur le dos. Tiens, une anecdote. Alors que je voulais un jour émettre une critique à l’endroit de ton mentor, tu m’avais stoppé net, et avec véhémence. On ne critiquait jamais le Président en ta présence. Ça, c’était interdit et je peux en témoigner ».[5]
Notez bien d’abord que, pour l’auteur de ces lignes, il s’agit là d’un fait à mettre au crédit de son ami défunt ! Maintenant rapprochez cette confidence de ce que Salif Diallo lui-même aimait à raconter sur la nature de ses rapports avec Blaise Compaoré tout au long de leur fructueuse cohabitation : « …les gens font une mauvaise lecture des rapports humains. Moi, j’avais des rapports de camaraderie avec Blaise Compaoré. En 86, j’étais son chef de cabinet, on travaillait ensemble sur un certain nombre de dossiers et je travaillais avec Thomas Sankara aussi sur un certain nombre de dossiers. Et puis, il y a eu ce coup d’Etat condamnable qui est survenu contre Thomas Sankara. Et, malgré sa disparition, un certain nombre de camarades et moi nous avons décidé de continuer quand même à défendre une ligne progressiste pour notre peuple. On n’était pas subjectivement attachés à la personne de Blaise Compaoré. Et c’est ce qui m’a toujours permis de lui dire ce que je pensais en tout temps et à tout moment. Je me battais surtout pour ne pas être courtisan de Blaise Compaoré et je me suis toujours battu contre tous ceux-là qui avaient une vision courtisane du pouvoir. Et, je crois qu’étant ministre, à tous les postes où on m’a nommé, je lui ai toujours dit mes vérités. Bien sûr, ça m’a coûté des fois très cher. Mais il fallait, en tant que militant, le faire car j’étais avec lui sur une base militante. Moi, je n’étais pas avec Blaise Compaoré en tant que subordonné administratif, ou bien en tant que courtisan. Moi, je ne le voyais pas en « président-roi ». Je le voyais d’abord en président militant. Ce qu’il a dévoyé en cours de chemin ».[6] Après avoir lu ces deux versions de la même histoire, comment ne pas penser à la morale de « L’homme qui tua Liberty Valance », l’un des tout derniers westerns de John Ford : « On est dans l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende ! » ? Le personnage du Salif Diallo seul de tous ses ministres à oser dire « [ses] vérités » au président Blaise Compaoré ne serait-il que pure invention de journaliste comme celui de James Stewart en Ransom Stoddard ? Quand on a entendu ceux qui tiennent les premiers rôles sur la scène politique burkinabè parler du défunt président de l’Assemblée nationale, comme ce 24 août au Palais de Sports de Ouagadougou, il est clair que, dans leur tête au moins, sa légende est bel et bien devenue sa réalité.
Soit dit en passant, c’est la ligne de partage entre l’establishment et la majorité des simples gens qui, eux, ont toujours été suffisamment lucides sur le personnage pour ne pas confondre la légende avec le vrai Salif Diallo qu’ils avaient vu à l’œuvre entre le 15 octobre 1987 et le 24 mars 2008.
Avant de devenir l’homme à tout faire de Blaise Compaoré, Salif Diallo s’était d’abord signalé comme un intraitable adversaire du Conseil national de la révolution (CNR). C’était au temps où il militait au « Parti communiste révolutionnaire voltaïque » (PCRV), avant de changer son fusil d’épaule pour des raisons mystérieuses et de se rallier au CNR. Lorsque le conflit entre les deux premiers personnages du régime éclata au grand jour, c’est tout naturellement qu’il prit le parti de son patron. D’après Achille Tapsoba, l’actuel président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Salif Diallo « a participé à la tension entre les deux [anciens amis]. [Il] était hostile à la manière dont Sankara menait la révolution. Il a été de ceux qui ont amené Blaise à crever l’abcès avec Sankara ».[7]
L’après-midi du 15 octobre 1987, jour de l’assassinat de Thomas Sankara, s’il faut en croire Blaise Compaoré, Salif Diallo et lui étaient tranquillement assis dans son salon pendant que non loin de là les assassins commettaient leur forfait : « L’après-midi du 15 octobre, j’étais chez moi au salon avec Salif Diallo, lorsque vers 16h je croyais entendre le bruit de détonations. Je suis sorti et j’ai demandé aux gardes s’ils avaient entendu des coups de feu. Ils ont dit non et je suis rentré. Mais ensuite j’entendais clairement les tirs, je pensais qu’ils venaient du côté de la Présidence et qu’ils s’approchaient. J’ai pris mon arme et Salif Diallo et moi, nous nous sommes planqués contre le mur de l’autre côté du goudron. Les gardes nous ont fait rentrer. Vers 16h30, Mariam Sankara m’a téléphoné pour savoir ce qui se passait. J’ai dit que j’allais vérifier et que je la rappellerai ».[8]
En matière d’alibi, Salif Diallo lui-même fit encore plus fort : « A l’époque, j’étais chef de cabinet de Blaise Compaoré, ministre de la Justice et à l’heure de l’assassinat de Thomas Sankara, j’étais au domicile du ministre Blaise Compaoré. Il était souffrant, il avait un document qu’il devait remettre au président Thomas Sankara et pour vous dire la vérité, j’étais à deux doigts de la réunion où Thomas Sankara est mort. Je devrais être à la réunion. Donc, je l’ai échappé belle ; n’eut été le fait que Thomas Sankara m’a envoyé récupérer le document, je serais parmi les victimes… ».[9]
Donc, ni coupable ni même responsable, n’est-ce pas ? N’empêche que de tous les Burkinabè alors vivants, c’est Salif Diallo qui tirera le plus grand bénéfice du tragique événement de ce 15 octobre fatidique. Ce jour-là, jusqu’à 16 heures moins quelque chose, il n’était presque rien ; à 16 heures et quelque, il prit soudain le puissant envol qui l’a amené, trois décennies plus tard, durant lesquelles il fut l’« un des acteurs majeurs de la scène politique nationale et même sous-régionale », jusqu’à cette espèce d’apothéose que furent ses funérailles nationales, le 24 août, au Palais des Sports de Ouagadougou. Et c’est précisément pour cette réussite vraiment prodigieuse, totalement imméritée, possiblement aidée en sous-main par quelque manipulateur professionnel, et toute éclaboussée du sang pur de Thomas Sankara, qu’on admirait tant chez lui dans le microcosme burkinabè !
Hormis ces commencements tout pleins d’insondables mystères, le parcours ultérieur de Salif Diallo s’est déroulé au grand jour, au vu de tous, et  le moins qu’on puisse dire, c’est que longtemps il ne fit rien pour susciter l’admiration ou la reconnaissance de ses concitoyens ou de leurs voisins. Voilà, d’après un observateur français, à quelles besognes servit Salif Diallo, pour l’essentiel, durant son long compagnonnage avec Blaise Compaoré : « La "rectification" qui suit [le meurtre de Thomas Sankara] porte sa marque. (…). Les proches de Sankara sont traqués. Les agitateurs sont réprimés. Valère Somé, qui joua un rôle important aux côtés de Sankara, l’accuse d’avoir "personnellement dirigé" des séances de torture après une marche d’étudiants en mai 1988. Diallo crie à l’affabulation, mais certains de ses proches admettent que ce fut une période noire : "À l’époque, dit l’un d’eux, s’il avait fallu brûler le Burkina pour Blaise, il l’aurait fait". (…). "Blaise lui faisait entièrement confiance", se souvient un conseiller. Salif n’était pas qu’un exécutant, il prenait aussi des initiatives. C’était, dit un autre habitué de Kosyam, "un accélérateur de décisions". Quand Blaise hésitait, Salif agissait… Diallo est envoyé au Liberia et en Sierra Leone, où il joue parfois au porteur de valises et au livreur d’armes. Il apparaîtra ensuite dans le dossier ivoirien, où il conseillera, au début des années 2000, Guillaume Soro, le leader de la jeune rébellion. C’est "l’âme damnée du pouvoir", explique-t-on aujourd’hui, non sans arrière-pensée, dans l’entourage de Compaoré. Ce dernier lui fait confiance au point d’en faire son "agent traitant" auprès de Kadhafi, aux largesses connues dans tout le Sahel, et auprès de Taïwan, un pays qui tient à sa relation privilégiée avec le Burkina. Diallo brasse des millions. Si l’on en croit l’avocat français Robert Bourgi, il lui est aussi arrivé d’acheminer en France de l’argent destiné au financement des partis : c’est la fameuse affaire des djembés, dans lesquels le Burkinabé aurait transporté 3 millions de dollars en 2002 ».[10]
Dans les hommages que les orateurs des différents clans du microcosme ont rendus à Salif Diallo, pas un traître mot de tout cela. A peine l’un d’eux – pas des moindres, il est vrai – daigna-t-il rappeler que l’aire d’activité du défunt ne se limitait pas à son pays natal mais s’étendait bien au-delà. Mais ce fut sans expliquer en quoi consista cette activité ; et il alla même jusqu’à prétendre qu’elle servait les intérêts du Burkina Faso et de l’Afrique : « Je tiens à faire une mention spéciale pour son engagement sur la scène internationale, afin de défendre et de servir, sans relâche, les intérêts du Burkina Faso et de l’Afrique ».[11]
Un comble !
Sans doute serait-il excessif de parler, ici, de « négationnisme » car aucun déni ne fut expressément proféré, mais cette attitude n’en trahit pas moins chez les politiciens burkinabè, toutes tendances confondues, une volonté certaine de s’auto-absoudre à bon compte des crimes du régime Compaoré, ceux commis à domicile, comme ceux commis à l’étranger pour le compte de la France et par personnes interposées, comme au Liberia avec Charles Taylor, en Sierra Leone avec Fode Sanko, en Angola avec Jonas Savimbi et en Côte d’Ivoire avec Guillaume Soro et sa bande. Serait-ce parce que, forcément, ils en sont tous sans exception collectivement comptables, au moins pour ne les avoir jamais vraiment dénoncés ?
Reste de la tombe de Thomas Sankara (photo prise en octobre 2016)
Faire l’autruche n’est pas sans risque, surtout en politique, et dans un pays comme le Burkina Faso. A ce jeu, il se pourrait bien que certains finissent un jour par être obligés de rendre les armes à ceux qui ont toujours dit que les grands profiteurs de la révolution de 2014, qui gouvernent aujourd’hui, n’ont fait chasser Blaise Compaoré que pour prendre sa place. Après tout, quand on y pense, pourquoi l’a-t-on chassé, au fait ? A cette question,  Maixent Somé vient de donner une réponse qui reflète sans doute très fidèlement l’opinion de bien des gens dans certains milieux, et pas seulement ceux où l’on se réclame de plus en plus bruyamment de l’exilé doré de Cocody : « Est-il besoin de rappeler, écrit M. Somé, que personne n’a chassé Blaise Compaoré de son pays ? Avant la mort des premiers manifestants abattus devant le domicile de son frère François Compaoré le 30 octobre 2014, on ne lui demandait qu’une seule chose : arrêter son forcing sur l’article 37, terminer son mandat, et tenir pour une fois sa parole en s’en allant après. On lui avait même voté une loi d’amnistie sur mesures, trouvé un point de chute à la tête de la Francophonie. Bref on avait tout fait pour qu’il s’en aille paisiblement. (…). On a chassé Blaise Compaoré de Kosyam, mais pas du Burkina. Il est donc libre d’y revenir car il en est parti librement ».[12] Ce n’était donc ni pour les assassinats revendiqués de Thomas Sankara, Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo, ni pour le meurtre demeuré à ce jour non élucidé de Norbert Zongo, pour ne citer que les victimes les plus célèbres, que les foules criaient « Blaise dégage ! ».
Ce sont là, du reste, des crimes collectifs, et les coupables ou les complices en sont tous ceux qui en tirèrent bénéfice d’une façon ou d’une autre, ou qui en furent témoins et restèrent muets. En en déchargeant implicitement le héros du 24 août, on en a ipso facto déchargé tous les autres, y compris l’ancien locataire de Kosyam et son petit frère. Auxquels, dès lors – et à condition de les attraper un jour nonobstant la vigilance de leurs protecteurs français –, il ne restera plus à répondre que du très véniel péché d’avoir seulement tenté d’apporter à la constitution des modifications destinées à leur permettre de se maintenir indéfiniment au pouvoir. La meilleure preuve en est que la « révolution » d’octobre 2014 n’eut d’abord aucune conséquence sur la situation d’un Gilbert Diendéré, par exemple, qui, jusqu’à l’échec de son putsch d’opérette, garda la haute main sur le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la force militaire la plus effective du pays, tandis que son adjoint, le colonel Zida, devenu « Premier ministre de la Transition » après avoir été brièvement, proprio motu, le chef de l’Etat, tenait pour ainsi dire la tête de pont propre à faciliter une éventuelle contre-offensive des partisans du fantoche déchu.

ce qu’on appelle « être utile à son pays et à son peuple »
Salif Diallo fut-il vraiment aussi utile à son pays et à son peuple qu’on l’a entendu dire et redire entre le 19 et le 25 août ? C’est une question difficile à trancher, parce que tout le monde peut ne pas être d’accord sur ce qu’on appelle « être utile à son pays et à son peuple ».  Personnellement j’en doute si, du moins, et s’agissant surtout d’un gouvernant, être utile à son pays et à son peuple veut bien dire défendre l’indépendance de son pays tout en respectant celle des pays voisins ; protéger la vie et les biens de ses concitoyens ; travailler non pas à s’enrichir personnellement mais à procurer réellement et durablement le bien-être à tous. Aussi le silence assourdissant de l’establishment burkinabè sur le Salif Diallo d’avant 2008 ne peut-il que me conforter dans mon doute. Mais bon, s’agissant de savoir si le rôle de Salif Diallo dans la politique intérieure de son pays fut bénéfique ou non à celui-ci et à ses habitants, au fond cela ne regarde que les citoyens burkinabè, et c’est à eux seuls qu’il appartient d’en décider. A eux donc de dire, par exemple, s’il est normal que parce qu’il est mort et, de ce fait, déjà assuré d’une impunité éternelle pour sa part des crimes du régime Compaoré, il fallait aussi qu’il soit fait santo subito, pour reprendre l’exclamation ironique que le déluge d’encens sur son cadavre a provoquée chez un malicieux internaute signant ANTA ![13] Quant à nous, qui ne sommes pas Burkinabè mais qui, avant sa brutale disparition, pensions aussi avoir quelques comptes à régler avec cet ancien complice de Blaise Compaoré, comme lui agent subalterne de la Françafrique et exécuteur très zélé de ses basses œuvres dans notre sous-région, nous ne pouvons ni ne voulons oublier le rôle que Salif Diallo a joué dans la préparation et dans l’exécution de l’agression de 2002 contre notre pays puis, après l’échec de cette tentative de coup d’Etat téléguidé, dans l’entretien méthodique de cet abcès jusqu’à ce fatidique 11 avril 2011 où, avec l’aide de mercenaires burkinabè, les Français se sont emparé de Laurent Gbagbo et, à sa place, ont imposé leurs créatures à la tête de
Mercenaires burkinabés en Côte d’Ivoire
l’Etat ivoirien.
Car, n’en déplaise à Roch Kaboré, le « premier de ses orphelins », les activités de Salif Diallo hors de son pays natal n’avaient rien à voir avec les intérêts des pays où elles se déroulaient ni avec le bien-être de leurs peuples, bien au contraire ! D’ailleurs après avoir causé d’immenses dégâts partout, toutes ont lamentablement échoué, sauf en Côte d’Ivoire, où elles ne « réussirent » provisoirement que parce que la France, aux ordres de laquelle les fantoches de Ouagadougou agissaient, y intervint en force et à découvert pour briser la résistance populaire.
En Sierra Leone, Fode Sanko est mort, abandonné de tous, dans une prison de Freetown ; auparavant, il avait largement fait la preuve qu’il ne représentait rien en lui-même. Toute sa force provenait du soutien qu’il recevait de la France via Abidjan, Monrovia ou Ouagadougou. A ce propos, une simple remarque : les atrocités dans lesquelles excellent aujourd’hui les adeptes de « Boko Haram », c’est en Sierra Leone, avec les bandes de Fode Sanko, qu’on les vit pour la première fois en Afrique. Il faut avoir cela en mémoire quand on veut comprendre d’où vient ce terrorisme forcené qui obsède le monde, et à quoi ou à qui il sert.
Au Liberia, avant de terminer sa piteuse carrière comme prisonnier du soi-disant « tribunal pénal international », Charles Taylor avait dû s’enfuir du palais présidentiel dont il s’était emparé grâce au même soutien prodigué par les mêmes canaux.
En Angola, l’aventure de Jonas Savimbi s’est terminée de façon ignominieuse, une fois qu’après la déconfiture du régime raciste d’Afrique du Sud qui le soutenait, sa « rébellion » eut perdu tout intérêt aux yeux de ses protecteurs étatsuniens et européens.
Et, chez nous en Côte d’Ivoire, voyez comment, depuis son intronisation par Nicolas Sarkozy, et malgré les extraordinaires complaisances à son endroit de la soi-disant « communauté internationale », Alassane Ouattara – à qui devait censément bénéficier ce hourvari – peine à se maintenir à la tête d’un pays qui dès le début l’a rejeté !

Pour que mille autres Sankara naissent et grandissent…
Avant de mettre le point final à cet exposé, je cède la parole à un internaute burkinabè rencontré sur le Net au hasard de mes recherches, en le remerciant chaleureusement de me fournir ce bel épilogue :
« Oui mon frère Ka, (…), comme tu le dis, il faut un changement et ce changement ne viendra que de la jeunesse, et de la vraie jeunesse qui nous a montré de quoi elle est capable. Mais à l’heure actuelle, la subversion, les récupérations diverses et les révisions de l’histoire du pays fonctionnent à plein régime.
(…)
Ce décès de Salif nous dit la détermination des forces en lutte. Et c’est une lutte à mort, soyons-en conscients ! Et nous devons faire œuvre de conscientisation de la jeunesse en montrant la réalité des personnages qui jouent dans cette pièce sur la scène de théâtre qu’est le Burkina Faso, au-delà des masques qu’ils portent. Cela nous évitera de nous engager sur des fausses pistes et [de] nous réveiller plus tard avec les fausses personnes. Et [de] rester toujours ainsi depuis les indépendances : en éternel recommencement, à patiner sur place.
Thomas Sankara avait réussi à débloquer la roue de l’histoire au Burkina, mais certains se sont précipités pour la rebloquer. Il faut dire aux jeunes qui ils sont, au-delà de tous ces éloges et émotions légitimes. D’ailleurs, je parie que beaucoup de ces mêmes personnes ne croient pas du fond de leur cœur à ce qu’ils disent. Je ne dis pas qu’on ne doit pas le faire, je dis que nous ne devons pas rester dupes et perdre de vue ce qui est en train de se jouer à l’étape actuelle de notre histoire pour ne pas nous laisser tromper encore comme sous l’insurrection ou la Transition.
Nous devons donner l’information qui fasse prendre conscience à la jeunesse pour prendre ses responsabilités devant l’histoire. C’est ce que nous tentons (…). Pardonnons certes, c’est indispensable pour avancer, mais n’oublions pas ! Et, pour pardonner, il faut que l’autre reconnaisse qu’il y a faute. Ce n’est pas de la haine, de la vengeance ou je ne sais quoi. Je sais que c’est naïf et même dangereux pour moi. (…). Mais je ne tendrai plus l’autre joue, tel un agneau sacrificiel.
Après l’enterrement de Salif, certaines de ces personnes vont commencer à dire des méchancetés sur lui. Tu le verras toi-même. De toute façon tu le sais. Je m’y prends très mal certainement, à vouloir dire ce que tout le monde sait. Oui, c’est vrai, tu as raison quand tu écris : "Le moment n’est pas propice pour remuer la plaie". Il y a à peine quelques mois, tout le monde intervenait pour insulter Salif à propos des tablettes et autres avec son "On s’en fout. Point barre", et aujourd’hui ces mêmes individus viennent lui tresser des lauriers de sauveur de la nation.
Notre jeunesse actuelle est paumée car elle n’a plus de cadre pour le débat et pour se former. On les a mis dans de fausses pistes et nous ne devons pas cautionner cela malgré nous. Pour que mille autres Sankara naissent et grandissent, nous autres les anciens, nous devons les arroser avec le bon fertilisant. (…) ».[14]
Voilà sans doute ce que tous les Burkinabè vraiment intègres pensent et disent aujourd’hui, tout bas encore pour le moment, de ce Salif Diallo dont la vie ne fut certainement pas aussi glorieuse que ses complices d’hier et d’aujourd’hui ont voulu nous le faire croire. Ni même sa mort, peut-être… Passe encore si au moins elle fut naturelle… Mais, le fut-elle réellement ou seulement comme celle de Thomas Sankara ?

Marcel Amondji (30 septembre 2017)




[1] - Repose en paix cher rss 2, lobservateur.bf 21 Août 2017
(http://www.lobservateur.bf/index.php/societe/item/6718-toegui-repose-en-paix-cher-rss-2)
[2] - Cf : Adama (Forum lefaso.net 25 août 2017) : « Il y a des témoignages selon lesquels Salif Diallo a copté des gens pour participer au coup d’État contre Thomas Sankara ».
[3] - CF. Rémi Carayol (Jeune Afrique 19 janvier 2016) : « …il nous avait raconté comment il avait organisé (avec d’autres) une partie de l’insurrection du 30 octobre, comment il avait mobilisé des centaines de jeunes et les avait armés de cocktails Molotov pour harceler les forces de l’ordre, comment il avait manigancé, avec certains de ses proches, l’attaque et la mise à sac de l’Assemblée nationale – l’acte qui fera basculer l’histoire du Burkina. C’était l’œuvre de sa vie, pourtant riche en coups tordus ».
[4] - Cf Djibril Touré : « Salif Diallo vivait du salaire que Blaise Compaoré acceptait de partager avec lui. En retour, l’étudiant chômeur, en véritable écuyer du tout puissant ministre de la Justice, faisait la liaison entre son Cabinet et les idéologues et/ou acteurs de premier plan du système. (…). Ce Salif Diallo, distributeur de courrier confidentiel de Blaise Compaoré en son temps n’a joué aucun rôle dans l’avènement de la Révolution ».
(http://lefaso.net/spip.php?article26418)

[5] - Jules Ouédraogo, « Lettre à mon ami Salif » (L’Observateur Paalga 4 septembre 2017)

(http://www.lobservateur.bf/~paalga/index.php/societe/item/6747-jules-ouedraogo-lettre-a-mon-ami-salif).

[6] - Interview de S. Diallo, « http://touteinfo.com » 8 février 2016. C’est ce qui s’appelle le coup de pied de l’âne. Il avait beau jeu car, à cette date, son ancien maître, exilé en Côte d’Ivoire, n’était plus en mesure de le contredire. (http://www.reporterbf.net/index.php/trajectoire/item/815-salif-diallo-president-de-l-assemblee-nationale).
[7] - D’après Morgane Le Cam et Cyril Bensimon,  « Le Monde » 24.08.2017.
(http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/08/24/c-etait-salif-diallo-le-faiseur-de-rois-du-burkina-faso_5176084_3212.html)
[8] - Cité par Abdoulaye Ly, « Circonstances de l’assassinat de Sankara : Quand Blaise et Dienderé parlent ».
 http://thomassankara.net/circonstances-de-lassassinat-de-sankara-quand-blaise-et-diendere-parlent/
[9] - Interview de S. Diallo, « L’Evénement » 25 juin 2017. (http://netafrique.net/salif-daillo-mourir-avec-sankara-au-dela-du-buzz-un-fait-blaise-compaore-etait-malade). Variante : « Moi, je n’étais que chef de cabinet de Blaise Compaoré. Le jour du coup d’Etat effectivement, j’étais assis avec lui, parce que je devais être à la réunion de 16 heures. Et je suis parti chez Blaise Compaoré pour prendre un document sur ordre de Thomas Sankara. C’est ce que les gens ne savent pas. C’est ce qui s’est passé. Après, j’ai été entouré par des militaires et moi aussi, en fait, je devais être une des victimes, parce que je devais être à la réunion avec mon ami Kiemdé Frédéric. Je m’apprêtais à monter en voiture quand le Président Thomas Sankara m’a fait appeler pour envoyer récupérer le document chez Blaise Compaoré. Donc, je n’ai rien à me reprocher pour ce qui est arrivé au Conseil de l’Entente » (Interview de S. Diallo in « Le Reporter », source : http://touteinfo.com 8 février 2016).
[10] - D’après Rémi Carayol, « Jeune Afrique » 19 janvier 2016.
[11] - Extrait de l’hommage du président du Faso lors des obsèques de S. Diallo au Palais des Sports de Ouagadougou le 24 août (source : Présidence, 25 août 2017).

[12] - Maixent Somé, « Burkina Faso : Lever l’hypothèque Compaoré » (lefaso.net 26 septembre 2017)

http://m.lefaso.net/spip.php?article79513
[13] - ANTA (22-08-2017 13:36) : « Toégui, quand j'ai lu tes élucubrations hagiographiques de ce matin, je me suis écrié : "Gorba, santo subito"… Il faut donc que désormais Saint Symphorien et le Bienheureux Albert de Chiatina fassent un peu de place pour Saint Salfo chaque 19 août dans notre martyrologe ».
[14] - Somé, Réaction au communiqué du gouvernement annonçant le décès de Salif Diallo, Forum lefaso.net 22 août 2017.