N. Ehoussou |
Ancien président du Meeci (Mouvement des élèves et étudiants de
Côte d'ivoire), Narcisse Ehoussou est Vice-président de la chambre de commerce
et de l'industrie de Côte d'Ivoire. Il est aussi le président du Comité national
du Codex Alimentarius de Côte d'ivoire (organisation de la FAO pour la qualité
des produits commerciaux agricoles), et conseiller pour l'Afrique au Comité
exécutif de la commission du Codex alimentarius. Au sein du Pdci-Rda, Narcisse Ehoussou
est le secrétaire général d'un courant baptisé «Pdci Rda Nouvelle Vision du»,
crée en 2007.
Docteur, vous êtes le secrétaire général de « Pdci-Rda Nouvelle
Vision », quelles sont vos ambitions ? Et comment se porte votre formation
?
Ehoussou Narcisse : Notre courant
se porte à merveille depuis sa création. C'est vrai qu'on ne nous entend pas
depuis un certain temps mais nous sommes au travail. Nous nous réunissons et
les choses avancent. Nous continuons de réfléchir et je pense que dans peu de
temps, l'on va à nouveau nous entendre sur les questions essentielles qui
intéressent aujourd'hui, non seulement le PDCI-RDA mais aussi la Côte d'Ivoire.
Notre ambition est de rassembler tous ceux qui sont restés dans la maison
d'Houphouët d'abord. Ensuite aller chercher ceux qui sont au dehors, c'est ce
que nous ambitionnons de faire.
Que pensez-vous du Rhdp, ce groupement politique houphouetiste ?
E.N : Nous pensons que l'heure est
grave aujourd'hui. La grande alliance née pendant la période des élections
présidentielles, le Rhdp, est finalement un attelage hétéroclite où chacun
prêche pour sa propre chapelle. Tous ceux qui savent lire entre les lignes le
savent très bien. On peut faire la politique de l'autruche mais les gens savent
très bien que le Rhdp est en train de prendre l'eau de partout. Je vous donne
un exemple simple. Lors des dernières législatives, M. Alphonse Djédjé Mady,
secrétaire général du Pdci-Rda et président du directoire du Rhdp, était
candidat à Saïoua pour le compte du Pdci-Rda. Eh bien, il a eu en face de lui
un candidat non pas indépendant mais un candidat officiel du Rdr. Est-ce que
vous pensez que, cela est un rassemblement pour des gens qui vont dans la même
direction ? Mais encore plus surprenant, après son échec, ce candidat a
introduit une action en annulation pour l'élection de M. Djédjé Mady.
Dans ces conditions, pensez-vous sincèrement qu'on peut parler de
rassemblement ? Comment pensez-vous réussir ? Croyez-vous que les cadres du
Pdci-Rda épouseront vos idées ?
Nous avons de nombreux cadres, des
jeunes, des femmes, qui sont avec nous. Nos structures ici comme à l'extérieur,
continuent de travailler. Nos sections continuent de fonctionner, de réfléchir.
Ceux qui sont par exemple aux Usa, participent aux réunions des militants du
Pdci avec son étiquette ''Vision-Nouvelle'' et c'est la même chose en France,
en Suisse. Donc nos militants qui sont avant tout des militants du Pdci sont
là, nous continuons de travailler.
Le mois d'octobre prochain le Pdci entre en congrès ; comment
jugez-vous les récentes descentes de la jeunesse à travers son président KKB ?
E.N : Vous savez que ce que le
jeune frère dit et fait, c'est le prolongement des actions que nous avons
commencées depuis 2007 pour expliquer les problèmes qui plombent l'évolution du
Pdci. Comment est-ce qu'on peut les résoudre pour avancer. Tout ce qu'il dit,
ce n'est pas nouveau. Tout le monde vit cela mais les gens ne veulent pas
parler ; lui, comme nous, a pris ses responsabilités, et a décidé de
parler. Sinon quand il parle de l'organisation du congrès, il rappelle à ceux
qui l'oublient que le Pdci a des textes et qu'il est important de se fonder sur
ces textes-là. Des gens disent que c'est le bureau politique qui organise le
congrès, mais le bureau politique, c'est qui ? La réponse se trouve dans les
textes du Pdci. L'article 40 dit que le secrétaire général est l'animateur du
parti. Celui qui exécute les décisions du congrès et du bureau politique, c'est
le secrétaire général du Pdci. Si le bureau politique a décidé de
l'organisation du congrès, celui qui le fait conformément aux textes, c'est le
secrétaire général. Donc, quand KKB le dit, il ne dit pas n'importe quoi. Ceux
qui disent n'importe quoi sont ceux qui pour leur pitance cherchent à distraire
les militants. Quand il dit que le Pdci doit avoir un candidat pour les
prochaines élections, il est logique avec le statut du Pdci-Rda qui est un
parti politique. Et quelle est la vocation d'un parti politique ? Un parti
politique se crée, conquiert le pouvoir d'État et l'exerce. Maintenant si le
Pdci n'est plus un parti politique, qu'on nous le dise et nous aviserons.
Que pensez-vous d'une candidature du Pdci-rda aux futures élections
présidentielles 2015 ?
E.N : En 2015, le Pdci devra et
aura un candidat. Dans le cadre du Rhdp les choses sont très claires il me
semble. Quand les témoins de l'histoire sont vivants, il ne faut pas chercher à
trafiquer cette histoire. Rappelons-nous qu'après la mise en place du Rhdp, le
premier à avoir dit qu'il fallait une candidature unique, c'était M. Anaky
Kobéna. Rappelez-vous aussi, que suite à cet appel, M. Djédjé Mady, au cours de
l'une de ses tournées politiques à l'intérieur du pays, avait dit que le Rhdp allait
avoir un candidat unique. Et c'est M. Ouattara futur candidat du Rdr qui avait
dit que chaque parti aura son candidat. Ce que nous avons retenu, c'est que
c'est au deuxième tour, que le candidat le mieux placé sera soutenu par les
autres. Maintenant, on va à une nouvelle élection, de façon logique et même
conformément au Rhdp, chaque parti devra avoir son candidat et c'est au second
tour que celui qui sera mieux placé, pourra bénéficier du soutien des autres,
si on reste dans cette démarche.
Quels sont vos rapports avec la jeunesse du Pdci, et surtout avec ses
responsables ?
E.N : Nous avons de bons rapports
avec ses responsables parce que ce sont des jeunes qui évoluent dans le
prolongement de ce que nous avions été pour le parti, responsables des jeunes
du parti en son temps. De temps en temps ces jeunes viennent vers nous pour
demander des conseils. C'est cela aussi la chaîne des générations.
Vous êtes membre du bureau politique du Pdci, pouvez-vous nous dire
quel est le véritable problème autour de l'organisation de ce congrès ?
E.N : En réalité, il n'y a pas de
problème. Nous avons des textes mais parfois, on prend beaucoup de liberté avec
les textes du Pdci. Nous sommes heureux qu'aujourd'hui, le secrétaire général
du Pdci ait décidé en définitive de s'appuyer sur les textes du parti. Tout ce
qui se passe autour de l'organisation du congrès, pour nous, n'a pas de sens.
Les textes disent que le congrès est organisé par le bureau politique, lequel
bureau politique a pour animateur principal le secrétaire général, donc c'est
lui qui va l'organiser. On entend souvent dire qu'il y a un comité ad hoc. Mais c'est quoi un comité ad hoc ? C'est un comité auquel on donne
une mission précise pour un temps bien déterminé. Quand le comité ad hoc finit son travail, c'est terminé,
il n'existe plus. Aujourd'hui des gens qui n'ont pas la légitimité pour
organiser le congrès veulent l'organiser. Mais à un moment donné, il faut
savoir arrêter les dérives. Parce que c'est une dérive de penser qu'on peut
aller chercher n'importe lequel des militants pour dire : « Vient organiser le congrès du
Pdci-rda ». Le Pdci n'est pas un club de quartier ou un club de
soutien. C'est une association politique à laquelle on adhère librement en
acceptant de se conformer à ses textes. L'article 40 de nos textes est clair
là-dessus. J'invite tous ceux qui s'invitent dans un débat qui semble ne pas
être de leur niveau à lire les textes du Pdci-Rda avant de venir parler sur la
place publique. L'article 40 des statuts dit que c'est le secrétaire général
qui assure l'exécution des décisions des organes centraux du parti. Le
règlement intérieur en son article 41, alinéa 2, dit que les listes des
délégués au congrès doivent être établies et communiquées au secrétaire général
60 jours avant la date de l'ouverture du congrès par les délégués
départementaux. Alors le secrétaire général va recevoir ces listes, et ensuite
aller les donner à quelqu'un d'autre et lui dire : « Allez-y organiser le congrès » ? Ce que les gens sont
en train de faire, c'est pour tromper les militants, mais nous pensons
qu'aujourd'hui, nous sommes suffisamment mûrs.
Que pensez-vous d'une éventuelle candidature du président Bédié aux
prochaines élections présidentielles ?
E.N : L'article 35 de nos textes
dit que le candidat à la présidence du parti doit être Ivoirien, être âgé de 40
ans au moins et de 75 ans au plus, être à jour de ses cotisations, avoir été
membre du bureau politique pendant au moins 10 ans. . Cela veut dire quoi ?
Cela veut dire que Bédié qui a plus de 75 ans ne peut plus être candidat. Ces
textes qui gèrent le Pdci ne pourront être amendés qu'au congrès. Donc avant
l'ouverture du congrès, peuvent faire acte de candidature, seuls, ceux qui
répondent à ces critères (article 35). Ça veut dire que si quelqu'un ne répond pas
à ces critères et qu'il veut être candidat, il devra attendre qu'on modifie les
textes. Et la logique voudrait qu'il attende dans cinq ans. On sait très bien
dans quelles conditions M. Bédié est devenu président de la République. A la
mort du président Houphouët-Boigny, des gens ont voulu empêcher l'application
de l'article 11 de la constitution qui faisait de lui, le président de la
République. Nous autres, faisions partie de ceux qui, dans le cadre du parti,
se sont battus pour obtenir son application. Tous ceux qui s'excitent
aujourd'hui, on ne les a pas vus à ce moment-là. Nous étions les jeunes sur
lesquels les gens se sont appuyés. Nous avons produit des déclarations au
niveau du bureau politique pour que les textes soient appliqués. Quand le président
Houphouët-Boigny était président du parti, il n'y avait pas de limite d'âge.
C'est à l'initiative du président Bédié que cette disposition a été introduite
dans nos textes. Aujourd'hui si, parce qu'il est frappé par ces mêmes
textes-là, on entend dire qu'il faut modifier cette disposition, il faut dire
que cela nous gêne. Cela nous amène à nous interroger. Est-ce que le président
Bédié avait fait introduire cette clause là pour éliminer certaines personnes
et qu'aujourd'hui, lui-même, est coincé par cela, qu'il faille supprimer ? Nous
disons à notre humble niveau qu'on ne gère pas un parti de cette façon. Donc
ceux qui, autour du président Bédié, encouragent ces manouvres, nous pensons
qu'il faut qu'ils arrêtent cette forfaiture. Parce que ce n'est pas de cette
façon-là qu'ils vont rassembler les militants et permettre de relancer le parti
du président Houphouët-Boigny.
Existent-ils des problèmes entre le président Bédié et le professeur
Alphonse Djédjé Mady ?
E.N : Je n'en sais rien et je ne
cherche pas à savoir ce qui se passe entre eux. Au dernier congrès, le Pdci-Rda
s'est donné deux responsables : le président et le secrétaire général. Au
prochain congrès, nous attendons qu'ils viennent nous dire ce qu'ils ont fait
pour le Pdci. Le Secrétaire général (Sg) est celui qui est chargé, par les
textes, d'exécuter les décisions du bureau politique. Au bureau politique, le
président Bédié a dit que conformément aux textes, le SG va organiser le
congrès. Nous nous en tenons à cela. Maintenant tout ce qui se trame autour,
c'est inacceptable et ça ne nous regarde pas parce qu'on ne va pas prendre
n'importe quel militant pour venir organiser le congrès. Dans ce cas de figure,
dans quelle condition, le secrétaire général viendra nous faire son rapport
d'activités que nous attendons pour le juger ? Le Pdci n'est pas une
association de quartier. C'est un parti politique responsable qui a dirigé ce
pays pendant 40 ans et c'est nous qui devons enseigner aux autres comment
respecter les textes d'une organisation à laquelle on appartient.
Quelle projection pouvez-vous faire de l'avenir du Pdci Rda sans le
président Henri Konan Bédié ?
E.N : C'est une question qui me
fait toujours sourire. Je suis désolé, parce que ce n'est pas le président
Bédié qui a créé le Pdci. Aujourd'hui, on fait un débat autour du Pdci, mais le
père fondateur du Pdci a été rappelé à Dieu en 1993. Cela fait 20 ans et nous
continuons de parler du Pdci. Votre question m'amène à parler d'une chose dont
on entend parler : « le président
Houphouët a confié le Pdci au président Bédié ». Cette affirmation n'est
pas juste. Les personnes qui soutiennent cela ne connaissent pas l'histoire du
parti. En 1993, lorsque le président Houphouët décédait, les textes du Pdci
étaient très clairs. Ils disaient qu'en cas d'empêchement absolu du président,
l'intérim est assuré par le secrétaire général du parti. Alors, si on veut
parler de quelqu'un à qui le président Houphouët a remis le parti avant de
partir, c'est bien au Président Laurent Dona-Fologo. Cette disposition est toujours
dans les textes du parti. Il y a un certain nombre de choses que nous nous
sommes gardé de dire, mais que ceux qui ne sont pas témoins de l'histoire ne
nous obligent pas à les dévoiler. Quand le président Bédié est devenu président
de la République, pour ceux qui se rappellent encore, il avait fait une
déclaration dans laquelle il disait qu'il se mettait au-dessus de tous les
partis politiques. Certains étaient partis trouver le SG pour lui dire : « Attention, le président Bédié n'a pas
l'appareil du parti. S'il ne prend pas le parti en main, pour que le Pdci se
donne un président charismatique, on risque d'avoir des problèmes dans le pays ».
Et c'est à son corps défendant qu'on lui a confié la présidence du Pdci. Ceux
qui disent que c'est à lui que le président Houphouët a confié le parti se
trompent. Je mets donc quiconque au défi de venir nous dire avec preuve que
c'est à lui que le président Houphouët a confié le parti.
Au terme de cet entretien quel est votre mot de fin ?
E.N : Aux militants, jeunes, moins
jeunes, femmes, tous ceux qui rêvent à l'idéal de paix que nous a enseigné le
Président Félix Houphouët-Boigny, je voudrais leur demander, à quelque niveau
qu'ils soient, de se lever, de se mobiliser et de venir pour qu'ensemble, nous
contribuions à sauver son œuvre qui est notre héritage. Les manœuvres pour
manipuler les militants à travers des motions de soutiens, déshonorent leurs
auteurs et nous les invitons à savoir raison garder. Les militants doivent
garder leur sérénité et envisager l'avenir du pays avec un Pdci-Rda
véritablement de rassemblement tel que cela nous a été enseigné par le
Président Houphouët-Boigny.
Entretien réalisé par « Lebanco »
en maraude
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Sous cette rubrique, nous vous
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nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source :
Soir Info 05 juillet 2013
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