vendredi 30 novembre 2012

L’hommage du CNRD à Laurent Gbagbo

Camarade LAURENT GBAGBO, voici un an que tu as été transféré précipitamment du cachot de Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire) à la Haye (Hollande). Saches que tes amis du Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (C.N.R.D.) ne t’ont jamais oublié.
Aujourd’hui, nous te faisons cette adresse afin de rompre la loi du silence qui devient trop pesante.
N’oublie pas les 96 ans du Président du C.N.R.D. que je suis. J’en ai vu ‘des vertes et des pas mûres’, mais l’horreur que nous avons vécue le 11 avril 2011 dépasse mon entendement. Aussi, osé-je croire que c’est un cauchemar qui va bientôt prendre fin.
En effet, voir l’armée française avec la caution de l’O.N.U. bombarder le Palais présidentiel, symbole de souveraineté d’un pays, pour en extraire son locataire élu conformément aux lois nationales est inimaginable pour nous qui avions une haute idée de la civilisation venue de l’Occident.
Aussi, espérons-nous, au C.N.R.D., que l’O.N.U. et particulièrement l’Union européenne vont se ressaisir pour réhabiliter la conscience humaine universelle gravement violée dans la gestion de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire en te libérant sans jugement ni condition et en retirant purement et simplement leurs forces militaires de notre pays, car la Démocratie, c’est d’abord le respect des droits des peuples.
Monsieur Laurent GBAGBO que nous nommons au C.N.R.D. le président de la République libre, saches que nous sommes fiers de toi, un des rares dignes fils d’Afrique qui porte très haut l’étendard de la lutte démocratique pour la dignité de l’Homme, singulièrement de l’Homme noir.
Nous irons jusqu’au bout.
Courage ! Courage ! Courage ! 

Fait à Abidjan, le 26 novembre 2012

Le Président du C.N.R.D : Bernard B. DADIE, ancien prisonnier politique (1949-1953) 

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : Notre Voie 29 novembe 2012

Le bêtisier houphouéto-ouattariste (suite)



Aujourd’hui, la parole à Abel Doualy, éditorialiste à Fraternité Matin.
 
« Que c’est beau pour un chef de communier avec ses hommes ! Surtout lorsqu’il s’agit d’un chef pas comme les autres ! Un Chef d’Etat comme disait Félix Houphouët-Boigny, c’est comme le capitaine dans l’eau, cette substance vitale dont personne ne peut se passer. Le peuple est pour le Chef de l’Etat la substance essentielle qui lui confère force et légitimité. De même que ce peuple attend, en retour, que le chef lui apporte la joie de vivre, les solutions aux problèmes qui l’assaillent, aux maux qui le rongent. Toute une dialectique, celle du maître et de l’esclave de Friedrich Hegel. Ce philosophe allemand a fait remarquer qu’entre le maître et l’esclave, il y a l’indispensable et indéniable lien d’interdépendance, d’assujettissement mutuel, avec, chacun dans son rôle. S’il est clair que l’esclave est sous l’autorité du maître de qui il obtient ses moyens de subsistance, il n’en est pas moins vrai que sans l’esclave, le maître est réduit à jouer le rôle de ce dernier. Il sera, dès lors, son propre maître et son propre esclave. C’est cette relation qui lie un chef à ses hommes, j’allais dire à ses sujets. C’est ce lien qui existe entre un Président de la République et son peuple considéré, mises à part ses colorations politiques, comme son mandant. C’est-à-dire, celui qui lui a délégué son pouvoir pour l’exercer afin que tous en tirent profit. Car tout le monde ne peut être chef à la fois. Il faut bien qu’un soit oint du suffrage des autres et qu’il agisse en leur nom et pour leur bien. C’est le sens du fameux « je suis le Président de tous les Ivoiriens ; de tous les Sénégalais ; de tous les Français ; de tous les Guatémaltèques, etc.… », qu’aiment bien utiliser les Chefs d’Etat dans leur discours. Une fois le jeu électoral terminé (car ce n’est qu’un jeu comme il y en a tant d’autres avec, toujours, un vainqueur et un vaincu), le peuple retrouve son unité, sa cohésion dans la différence des uns et des autres. Et se (re)met, passez-moi l’expression, à la disposition de celui qui a été élu. Puis la vie reprend son cours normal. Le Président élu peut alors sillonner son pays, visiter son peuple de l’est à l’ouest ; du nord au sud, sans oublier, bien entendu, le centre. C’est ce qui s’est passé à l’ouest, il y a quelques mois. C’est ce qui est en train de se passer en ce moment au nord-est, dans le District du Zanzan. (…). Ces occasions, ces visites, quoique coûteuses, sont à multiplier. Car elles permettent aux populations de communier avec leur chef et de se sentir, ainsi, honorées. »
 
(Abel Doualy : « Effacer les traces de la crise », Fraternité Matin 30 Novembre 2012).

jeudi 29 novembre 2012

Le bêtisier houphouétiste (suite)

Aujourd’hui, la parole à la Force universitaire d’appui au PDCI (FUAP) :


« L’Houphouétisme, (…), a quelque chose de mystique qui le rapproche de l’esprit des religions révélées : le christianisme issu de l’humanisme judéo-grec, l’islam. L’UNESCO a consacré la valeur universelle de l’houphouétisme avec le prix international Félix Houphouët-Boigny pour la Paix. Sémaphore, Houphouët continue de nous parler outre tombe. » Le Patriote 06 octobre 2010.

mercredi 28 novembre 2012

Ô soldats de l’an …douze !

« Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues
Si ces audacieux,
En retournant les yeux dans leur course olympique,
Avaient vu derrière eux la grande République
Montrant du doigt les cieux ! ... »
 

(V. Hugo)

« Malheureux le pays qui a besoin de [tels] héros. » 

(D'après B. Brecht)

Ils avaient tous un point commun, les quatre anciens militaires accusés du meurtre de Firmin Mahé, un bandit de grand chemin, en Côte d’Ivoire, en 2005 : ils ont tous aimé profondément l’armée, qu’ils ont quittée aujourd’hui. « Ils étaient tous promis à de brillantes carrières », a tenu à souligner d’emblée Olivier Leurent, le président de la cour d’assises de Paris devant laquelle ils comparaissent depuis mardi 27 novembre pour homicide volontaire et complicité. Leurs parcours ont été examinés lors des premières heures de l’audience. Leurs interrogatoires sur les faits auront lieu jeudi 29.

Le brigadier chef Lianrifou Ben Youssouf, chômeur de 32 ans aujourd’hui, s’est engagé début 2001 au 4e régiment de chasseurs de Gap. « J’avais tout misé sur l’armée. Ma famille comptait beaucoup sur ça. Je passe de brigadier-chef à voyou », a-t-il confié dans un sanglot à la barre de la cour d’assises de Paris, mardi 27 novembre.

Né à Mayotte d’un père inconnu dont il s’est mis en quête une fois devenu militaire, le jeune homme a suivi au début des années 1990 sa mère, un beau-père, et sept demi-frères et sœurs depuis l’île de la Réunion jusqu’à Marseille où il est arrivé à 14 ans. Deux petits frères se sont engagés dans l’armée derrière lui, l’un à Carpiagne, l’autre à Clermont-Ferrand. L’image d’un oncle maternel, brigadier-chef avant eux, a dû compter.

Lui avait passé un CAP de carrosserie suivi d’un BEP. Mais quand sa petite amie est tombée enceinte, il s’est dit « l’armée, ce sera un emploi sûr. C’était pour subvenir aux besoins de ma copine et de ma mère ». Le première-classe Ben Youssouf a vite gravi les échelons, devenant pilote de blindé en six mois, brigadier en 2004, et même chef en 2006, après le meurtre de Mahé pour lequel il comparait pour le délit d’omission de prévenir un crime ; le sous-officier était le pilote du blindé à l’arrière duquel ses camarades ont achevé Firmin Mahé.

Il a servi au Kosovo, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire deux fois. Au retour de la première opération extérieure, il avait mûri, le garçon des quartiers nord de Marseille avait changé. « J’avais un soldat, s’est réjoui son capitaine, comme tout le monde aimerait en avoir tous les jours. » Il a été décoré. Ses bulletins de notation étaient élogieux : « sûr », « débrouillard », « consciencieux ». Il avait acheté une maison avec sa compagne, pour ses trois enfants. Mais après la Côte d’Ivoire il n’est plus parti en opération extérieure, la solde sans les primes n’y a plus suffi et la famille s’est trouvée surendettée. Le couple s’est séparé.

Un camarade entendu dans l’enquête judiciaire sur le meurtre de Mahé a témoigné : « Je connais la vie militaire et je sais que les principaux responsables ne seront pas touchés, il n’a pas pu faire ça sans ordre, de par son comportement de tous les jours. » Ce n’est officiellement pas l’affaire Mahé qui l’a fait exclure de l’armée mais une banale altercation au régiment en 2009. Il aime le football et encadre bénévolement des jeunes sans emploi. « J’aimerais bien retourner chez moi à Mayotte. Je m’étais beaucoup investi dans l’armée. J’ai envie de voir autre chose. »

Le brigadier-chef Johannes Schnier, 35 ans, a passé son enfance dans le Nord, à Quiévrechain. Un garçon « calme et sage » selon sa mère, agent d’entretien. Son père, un agent de maîtrise dans la sidérurgie, était « strict » mais, dit- il, « pour les valeurs ». Il a choisi l’armée après son service militaire. Trois tentatives pour passer le bac, une année de fac de sociologie à Lille : finalement, a indiqué son beau-frère ambulancier au cours de l’enquête judiciaire, « il se sentait bien dans l’armée. Il ne parlait pas du travail, mais plus des gens qu’il rencontrait ». L’armée l’a attiré car « c’est l’esprit de camaraderie », a-t-il répondu devant la cour d’assises de Paris mardi. « Le sport me plaisait. Et aussi le fait de partir en mission. » Accusé d’avoir tenu Firmin Mahé dans le blindé pendant que l’adjudant chef Guy Raugel lui mettait un sac en plastique sur la tête, le brigadier a eu un « sentiment de trahison ».

Ses rapports d’évaluation étaient excellents, il a été décoré. « Un petit gradé enjoué et jovial », dit une notation de 2003. « Un moteur essentiel pour le peloton, un exemple pour ses camarades », lit-on dans celle de 2005, à la veille du départ en Côte d’Ivoire. « Il a sa place parmi les meilleurs », ont encore noté les chefs après l’affaire, en 2006. Au président de la cour d’assises qui lui demandait d’expliquer ces éloges même après sa détention provisoire pour complicité de crime, il a répondu : « J’ai toujours fait mon travail de militaire. Je n’ai pas changé dans mon comportement. »

L’adjudant-chef Guy Raugel, 48 ans, coupe militaire et allure sportive, est un sous-officier meneur de terrain charismatique et loyal : « Il est carré, ce qui veut tout dire pour un militaire », a résumé un de ses amis. Lui a grandi dans la région de Perpignan avec ses deux frères, élevés par une mère courage qui était le pilier de la maison. Il a senti la vocation militaire « tout petit », arrêté l’école en classe de première, adoré les scouts d’Europe et les pompiers volontaires. « Je me sentais mieux dehors. » Un terrain familial ? Le grand-père maternel fut capitaine dans un régiment du train, l’oncle était parti « pour l’Indo » à 18 ans, le père s’était engagé en 1943.

L’adjudant-chef a rencontré sa femme, militaire elle aussi, en Allemagne, au 1er régiment de cuirassiers. Ils ont eu deux enfants : l’aînée s’apprête à entrer dans la police ; le cadet, lui, va s’engager dans l’armée.

Dans l’armée, il a, de l’avis de tous, trouvé son harmonie. Il comparaît pour homicide volontaire, pour avoir été celui qui a étouffé le coupeur de route Firmin Mahé sous un sac plastique sur ordre de la hiérarchie. Comme ses camarades du 4e régiment de chasseurs de Gap, lui aussi aligne les rapports de notation élogieux, les opérations extérieures, les décorations. En décembre 2005, alors qu’il est en détention provisoire pour le meurtre, son colonel écrit : « Il a donné entière satisfaction. Il est animé du meilleur esprit. C’est un sous-officier qu’on apprécie tout particulièrement d’avoir sous ses ordres. »

Dans son job, Raugel était « au top », il faisait l’unanimité, ont dit des camarades. Comme les autres militaires accusés devant la cour d’assises de Paris, il n’a pas fait l’objet de sanction disciplinaire.

L’adjudant-chef Raugel a livré à la cour d’assises la clé pour comprendre l’attitude de l’armée : « Je n’ai pas été sanctionné, c’est un choix des chefs. Ce qui a fait de nous des mauvais soldats, ce n’est pas d’avoir rempli notre mission, c’est juste que cette affaire soit sortie. On n’est pas dans le monde civil. Dans le monde militaire, ça ne marche pas pareil. Si on ne m’a pas sanctionné, c’est que j’étais pas un mauvais soldat. » Fin 2010, il a demandé sa retraite de l’armée. Il a depuis travaillé comme livreur. Il attend le verdict pour la suite.

Le colonel Eric Burgaud, 50 ans, est un catholique fervent, un homme d’honneur, un officier de vocation, « juste et droit », selon sa sœur jumelle.

Ses parents – mère au foyer, père cadre supérieur dans l’industrie – se sont installés en banlieue ouest de Paris à Marly-le-Roi. Une « famille très famille », heureuse, a noté le président de la cour d’assises de Paris Olivier Leurent, mardi 27 novembre, face à l’ancien chef de corps du 13e bataillon de chasseurs alpins de Chambéry.

Il fut un jeune très sportif – tennis, voile, ski –, a suivi une scolarité dans un collège privé de Saint-Germain-en-Laye, avant d’entrer à Saint-Cyr en 1982. Il dit s’être marié « très tard », à 35 ans, avec Florence, rencontrée lors d’un pèlerinage. « Ma famille, c’est mon petit trésor », a-t-il confié, droit dans son costume sombre de civil lors de cette première journée d’audience. Sa mère a témoigné au cours de l’enquête, qui a conduit à renvoyer son fils devant la justice pour complicité du meurtre de Firmin Mahé en Côte d’Ivoire en 2005 : « Mon père, mon oncle, mon grand-père, mon arrière grand-père, tous ont été militaires, les trois derniers étant généraux », a-t-elle souligné. Eric soldat, Pascale, sa sœur, médecin, Benoît, le cadet, attaché parlementaire : selon elle, ses trois enfants ont choisi des « métiers à vocation ».

L’ancien colonel a choisi les armes pour « le sens du service ». Son idéal. Selon son ami Axel, directeur général de société, « il avait un engagement énorme parce que l’armée c’était son rêve. Il avait le souci de l’exemplarité pour ne pas décevoir ses chefs, et être sûr de rester dans l’honneur pour accomplir sa mission ». Une amie a confié au juge d’instruction : « Si ses principes et son devoir étaient en conflit, il ferait son devoir avant tout. » Pour son frère, il est « un puriste. Il va au bout de ses idéaux. Il cherche toujours à se comporter avec noblesse et droiture. Dans la famille, nous avons tous été très touchés que sa moralité ait pu être mise en doute ».

Après les faits, ont-ils tous témoigné lors de l’enquête, il fut « brisé ». Le colonel a servi au Liban, au Tchad, au Kosovo, en Côte d’Ivoire. Décoré. Félicité, lui aussi. Son dossier militaire était remarquable : « un officier d’exception ». Après l’affaire Mahé, la hiérarchie lui a proposé des postes en état-major. « J’ai quitté l’armée en 1988… euh… en 2008, parce que le ressort était cassé. On m’avait dit que je n’aurais plus de postes à responsabilité, que des placards dorés, ça ne m’intéressait pas. J’avais servi à la direction du personnel, je connaissais les règles du jeu. » Il est aujourd’hui cadre dans une entreprise.

Nathalie Guibert - Le Monde 28/11/2012
Titre original : « Qui sont les militaires accusés du meurtre de Firmin Mahé en Côte d’Ivoire ? »

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Source : Connectionivoirienne.net 28 novembre 2012

mardi 27 novembre 2012

Le bêtisier ouattariste (suite)

Aujourd’hui, la parole à Jean Gobert Tanoh, professeur de philosophie et, à l'occasion, griot...

« Quand le destin d’un homme met à mal le cours de l’histoire d’un pays pendant des années, en emportant trois pouvoirs successifs (Bédié, Guéï, Gbagbo) frappés d’immobilisme conceptuel, comment ne pas voir dans ce visage, celui d’Alassane Ouattara, le lieu d’un discours substantiel que notre incapacité transcirconstancielle empêche d’entendre dans sa plus totale clarté pour faire émerger l’unité anhistorique de la diversité humaine dont seule une conscience politique enracinée dans le mouvement essentiel du devenir peut saisir l’esthétique existentielle. Parler d’Alassane Ouattara dans un rapport à l’universalité du sens essentiel, qui confère aux particularités existentielles la plénitude de leur donation, tel est l’aiguillon, absolument formidable de la méditation du Pr Dibi que donne à voir cet excellent texte, intitulé : "A leurs fruits, Vous les reconnaîtrez". Faut-il en conclure qu’il y a là un éloge puéril digne des pures vociférations populaires ? Sans doute non ! C’est l’écoute recueillie et recueillante de l’unique lieu, où se dit l’épaisseur de l’être de l’homme : le visage de l’autre. Celui qui sait se recueillir avec le Pr Dibi constate qu’il y a une constance chez lui, la convocation constante d’une parole fondatrice et essentielle : L’ECRITURE SAINTE. En novembre 2010, entre les deux tours de l’élection présidentielle, il publiait déjà un texte tout aussi excellent que les autres, intitulé : "La pierre rejetée par les bâtisseurs, devenue angulaire", faisant référence au Psaume 118, 22. (Nord-Sud Quotidien 26 novembre 2012) 

« Nous sommes déterminés à ne plus être esclaves de qui que ce soit. »

Interview de Marthe Agoh, ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale, secrétaire générale du CNRD.


29 novembre 2011-29 novembre 2012, bientôt un an que M. Gbagbo a été transféré à La Haye. Quel sentiment éprouvez-vous aujourd’hui ?
La communauté internationale n’a pas assez de courage pour reconnaître qu’elle est allée trop loin.

Qu’est-ce que ça vous fait de constater qu’un an après, Mme Gbagbo soit visée par un mandat de la CPI ?
Je ne sais pas si c’est pour distraire parce qu’elle n’arrive pas à régler le problème de M. Gbagbo. Est-ce que c’est pour faire un chantage, ou elle estime que nous serons un peu plus ébranlés, nous les patriotes ivoiriens et africains. Je ne sais pas vraiment à quel jeu la Cpi joue. Mais pour moi, ils sont toujours dans leur même logique. Mais ils doivent savoir une chose, c’est que nous sommes déterminés à ne plus être esclaves de qui que ce soit.

Croyez-vous que le gouvernement va répondre à cet appel de la CPI ?
Moi, je n’ai pas affaire au gouvernement. Ce n’est pas un gouvernement souverain, ni même un gouvernement autonome. C’est le gouvernement qui nous a été imposé par la communauté internationale. Il fait ce qu’elle lui dit de faire parce que le péché que nous avons, le « crime » de M. Gbagbo, Mme Gbagbo et de tous les patriotes de Côte d’Ivoire est de ne pas se soumettre au diktat des impérialistes. Quand vous n’êtes pas soumis à leur diktat, vous devez être rayé de la carte du monde. Comme nous qui croyons en Dieu, nous savons que ce n’est pas eux qui nous ont créés, notre vie n’est pas entre leurs mains, j’invite simplement mes compatriotes à se tourner vers le créateur de ce monde. C’est ce qui nous manque pour que le combat… Je ne me soucie pas de cela parce que tout ça, c’est la distraction de faire croire que le gouvernement peut faire quelque chose. Je ne pense pas que ce soit M. Alassane Ouattara qui ait voulu transférer M. Gbagbo ou Mme Gbagbo. Il n’y a pas de problème entre nous. Le problème se joue au niveau de la communauté internationale. Remarquez un peu ce qui s’est passé au cours des élections. Après le résultat proclamé par le Conseil constitutionnel. Il a fallu que ce soit Nicolas Sarkozy (ex-président français) qui donne 72 heures à M. Gbagbo pour quitter le pouvoir. Où est-ce que vous avez déjà vu ça. Est-ce que c’est un peuple souverain ? Donc, ce n’est pas la peine de nous distraire, nous diviser, en faisant croire que M. Ouattara veut faire ceci, veut cela. M. Ouattara ne fait que ce qui plaît à ses patrons. Et nous, le péché qu’on a commis, c’est de ne pas obéir à ceux-là. Pourquoi je vais en vouloir à mon frère qui leur a obéi par rapport à moi, qui ai refusé et ai eu des morts, qui suis en prison et dépouillé de tous mes biens ?

L’affaire Katinan Koné, porte-parole de M. Gbagbo. Le 21 décembre, une autre audience est prévue à Accra. Qu’est-ce que cet épisode vous inspire comme réaction ?
Qui en veut à M. Katinan ? C’est toujours la même communauté internationale. Nous prions Dieu qu’ils (Ghanéens) appliquent le droit. Eux au moins, ils ont compris que c’est un être humain. Pour que nous ayons une société stable, nous avons besoin d’asseoir des principes fondamentaux qui respectent les droits humains.

Propos recueillis par Alerte Info
Titre original : « Ouattara ne fait que ce qui plaît à ses patrons »


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Source : Le Nouveau Courrier 26 Novembre 2012

dimanche 25 novembre 2012

CONFRONTATION

Février 2003-Novembre 2012 , une petite dizaines d’années sépare les deux textes confrontés ici. Les deux proviennent du même journal, Fraternité Matin, et leur différence est à peine sensible. Pourtant, à les lire avec attention, chacun de ces textes porte la couleur des temps où il a été pensé et écrit. La parole de Vincent To Bi Irié se ressent de ce présent de confusions et de faux-semblants assumés, où il est de bon ton de charger le peuple ivoirien des travers et des fautes de ceux qui prétendent le diriger, et qui ont l’air de croire que c’est la même chose que mener un troupeau de moutons. Michèle Pépé, en digne fille son père Paul, parle quant à elle depuis un temps où on ne doutait ni de la loyauté de notre peuple ni de son intelligence ; un temps où on ne niait pas encore à coups de bombes les droits des habitants naturels de ce coin de terre appelé Côte d’Ivoire, à jouir des mêmes libertés que les autres peuples ; un temps où on se faisait aussi quelques illusions sur nos prétendues élites, mais où on restait tout de même capable de les indexer, comme on dit chez nous, lorsqu’elles jouaient les c…
Cela dit – et il fallait que cela soit dit –, Vincent To Bi Irié nous a toujours fait l’impression d’être au fond un honnête homme. Cet article n’a pas modifié ce sentiment ; nul n’ignore qu’il n’est plus possible, aujourd’hui, d’écrire pour Fraternité Matin comme on le pouvait au temps où Michèle Pépé y travaillait. Mais tous n’y ont pas perdu leur âme ; par la qualité de sa pensée autant que par sa plume, To Bi Irié s’affirme plus proche de cette tradition-là que de celle qui domine aujourd’hui dans les rédactions de son journal. C’est la première raison pour laquelle nous avons retenu son texte pour cette rubrique destinée à recueillir tous les matériaux, de quelque provenance que ce soit, qui apportent tant soit peu d’éclairage sur les tenants et les aboutissants de cette interminable crise du politique dans notre pays. La deuxième, c’est la proximité, évidente malgré (ou à cause de) la distance dans le temps, de son interrogation avec celle de Michèle Pépé. « Où allons-nous ? » ; cela peut aussi  se dire : « Où nous mènent-ils ? Est-ce qu’ils le savent ? Est-ce qu’ils en sont dignes ? »
La Rédaction




Où allons-nous ?

Les temps sont gris. La météo n’est pas facile à deviner. Au ciel clair, succèdent des bourrasques. Où allons-nous ? Celui-ci ne veut pas d’un pays pacifié. Celui-là a hypothéqué sa capacité à réfléchir et confié sa vie et celle des générations à venir au sort de son gourou. Ces autres sont convaincus que leur temps est venu de régner et de s’accaparer le pouvoir. Le tout dans une morose ambiance de lendemains incertains.
Beaucoup n’ont pas encore réalisé l’amplitude des événements que la Côte d’Ivoire a vécus. Il est certain que si c’était à refaire, l’Histoire se réécrirait de la même façon, dans le meilleur des cas. Dans le pire, avec plus d’encre de sang. Obstinément, le passé force la porte et veut se réinstaller. Nul n’est prêt aux concessions. La Côte d’Ivoire s’est longtemps targuée d’avoir un bon taux de scolarisation. Mais les Ivoiriens prennent-ils le temps de lire ? Les événements qui se déroulent ailleurs dans le monde ne s’appliquent pas forcément à la Côte d’Ivoire, dans un contexte politique et culturel différent. Mais il y a beaucoup de chances que les récurrences de crise et les schémas généraux d’évolution des sociétés soient les mêmes. Ce qui se passe ailleurs peut aussi bien se passer ici. Lire les débâcles des autres sociétés permet toujours d’en éviter dans son propre pays. Si au moins les habitants de ce pays savaient et lisaient que des comportements similaires aux leurs ont ruiné et dévasté les autres pays, ils auraient un peu plus de réserves dans l’appréciation de l’avenir du pays.
Où est passée l’élite intellectuelle et universitaire, celle qui assurerait la garantie de l’équilibre et de la réserve ? Elle a rejoint la masse incolore et inodore, s’exprime comme elle, pense comme elle, s’émeut comme elle. Depuis que cette élite a goûté au miel du pouvoir, elle a perdu sa lucidité. Elle ne parle que pour se positionner, pour plaire aux camps respectifs et pour en tirer les profits nécessaires. Et pourtant, il faut une voix du milieu, celle de la raison et de la vérité. Il nous faut une classe intellectuelle qui ne pense pas qu’à elle et qui ne nous abreuve pas de théories et idéologies suicidaires. Il faut à ce pays des têtes calmes. Tout le monde n’a pas besoin de vivre de pouvoir. Les tensions politiques presque permanentes requièrent que des têtes calmes en appellent à la raison pour que le pays se reconstruise. Du côté de la population, on ne voit pas où se trouve le bout du tunnel. Un déchaînement de violence dans les cœurs et dans le langage. C’est vrai, un peuple peut devenir fou. Le nôtre l’a été et veut le redevenir. Les langages haineux sont la norme. Aux arguments, on n’oppose plus d’arguments, on injurie, on menace, on lève le poing. Lorsqu’on jure que le sang va couler, on ne pense jamais à notre sang mais à celui des autres. C’est là que le sort devient pernicieux. Où allons-nous ? Les Etats-Unis viennent de déclarer notre pays destination à hauts risques. En français facile, cela veut dire qu’il y aura moins de touristes, moins d’investissements, moins d’argent dans les semaines et les mois à venir. Mais en langage faiblement codé, il faut entendre par l’avertissement américain qu’il y a des signes forts que la situation sécuritaire puisse se dégrader à tout moment. Ce qui en ajoute aux rumeurs d’attaques imminentes et de tentative de déstabilisation avant la fin de l’année. On pensait pourtant que les choses s’amélioreraient progressivement. Les autres savent toujours tout de nous, sauf nous-mêmes. Ils sont plus sérieux et rigoureux dans le traitement du renseignement et de l’analyse politique. Nos lendemains sont donc loin d’être tranquilles. Pendant ce temps, nos politiques se délectent de ce paysage brumeux. Il n’est pas facile d’être Ivoirien par les temps qui courent. Il faut avoir du cœur pour marcher sans savoir où nous mène le chemin.

Vincent To Bi Irié ( Fraternité Matin 21 Novembre 2012)
 
 
La classe politique ivoirienne mérite-t-elle d'exister ?

L'intention était noble. La recherche de la paix, ce trésor inestimable. Mais quinze jours après la fermeture de « l'internat » de Linas-Marcoussis, le constat est là, douloureux, amer. La Côte d'Ivoire a perdu sa souveraineté et sa classe politique son âme (?). Et l'on veut comprendre comment et pourquoi cela a pu être. En effet, on ne s'explique pas encore comment d'éminentes personnalités, pétries de qualités morales et intellectuelles, ont pu cautionner les "accords" qui portent le nom du village suscité ? Franchement, on ne s'explique pas que les négociateurs (?) ivoiriens aient pu signer pour le désarmement de l'armée régulière de la Côte d'Ivoire, leur pays, la mettre sur le même pied que des rebelles, et livrer, par voie de conséquence, leur pays aux velléités hégémoniques de certains Etats voisins belliqueux. On ne comprend pas qu'ils aient accepté de marcher, sans état d'âme, sur les lois et la constitution. On ne s'explique pas que d'éminents juristes aient pu laisser dire que la loi suprême de leur pays, comporterait des dispositions qui se référent « à des concepts dépourvus de valeurs juridiques » ; alors que les dispositions visées ont été âprement débattues durant des semaines et, par la suite, régulièrement soumises au vote des citoyens. Qui ont librement et souverainement fait leur choix. Alors dans quel état d'esprit ont vécu et travaillé, pendant une dizaine de jours, les pensionnaires ivoiriens de l'internat de Linas-Marcoussis ? A leur départ, en tout cas, l'on savait à peu près (ou l'on pensait le savoir), dans quel état d'esprit ils se rendaient dans cette bourgade : solidaires de la constitution, de la légalité et des institutions de la République, ont-ils proclamé. A l'arrivée des courses ? Ils ont sournoisement renié la constitution, entériné le coup d'Etat, consacré la prise du pouvoir par les armes et organisé une transition sous surveillance française, en oubliant, au passage, de condamner (même par principe) la prise des fusils pour exprimer des revendications d'ordre politique. Voilà la terrible réalité et le supplice moral que veulent nous faire vivre nos politiciens expatriés à Marcoussis. Et suprême mépris, ils jouent avec les mots (et les maux de leurs compatriotes) en prenant les Ivoiriens pour « des enfants à qui on donne le biberon tous les matins », comme l'a dit Konaté Navigué de la JFPI en parlant des Français.
Mais, à la vérité, les "Blancs" ne sont pas les seuls à prendre les Ivoiriens pour des c…

Michèle Pépé (Fraternité Matin 07 février 2003)

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «crise ivoirienne».
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ATT était « complaisant » avec Aqmi


Devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, le 14 novembre à Paris,  le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, s'est exprimé sur la situation au Mali. Et il n'a pas mâché ses mots.
Mohamed Bazoum (rfi.fr)
Interrogé par les députés français sur la situation au Mali, le ministre nigérien des Affaires étrangères leur a expliqué que « [ses] frères maliens [avaient] toujours mal géré le problème touareg ». « Nous avons exactement le même type de revendications, portées par les mêmes acteurs, a-t-il développé, mais nous les avons gérées de façon totalement différente. [...] Eux, ils ont compté sur la corruption et les relations personnelles. » Et d'ajouter : « Déjà, le président Alpha Oumar Konaré avait installé certaines habitudes nocives que le président Amadou Toumani Touré a parfaites par la suite. Elles consistent à concéder aux anciens rebelles certains territoires qu'ils contrôlent. [...] Ils les ont laissés se tailler des fiefs où ils se sont comportés comme des barons. Et quand ils les ont intégrés à l'armée, ils les ont autorisés à rester sur place, chez eux. » Dans des zones où, avec l'arrivée d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), « les trafics ont prospéré ».

"Il y avait un deal avec Aqmi"

Après l'installation des jihadistes, dès 2002, dans le nord du pays, le gouvernement malien se serait montré « particulièrement complaisant » avec eux. Il porte donc « une responsabilité énorme dans ce qui s'est passé ». Toujours selon Bazoum, « ATT était très fier de se montrer sur le perron de son palais en train de remettre d'anciens otages à leur pays. Mais il y avait un deal avec Aqmi, qui enlevait des otages au Niger ou en Mauritanie avant de les emmener en territoire malien. Ces otages étaient ensuite libérés grâce à la médiation du président malien. Son émissaire était souvent Iyad Ag Ghali ». Autrement dit : le chef d'Ansar Eddine. À Dakar, où il vit depuis son renversement, en mars, les oreilles d'ATT ont dû siffler !

Source : Jeune Afrique 22 novembre 2012
Titre original : « Niger : ATT, Konaré, AQMI... Bazoum balance ! »


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samedi 24 novembre 2012

Le bêtisier ouattariste (suite)

Aujourd’hui, la parole à Marc Dossa, journaliste

Vous croyiez que c’est à cause d’une mésentente entre les membres de la Commission des lois que le gouvernement a été dissous. Eh ! bien, vous aviez tout faux ! Voici la vérité vraie : c’est parce que Kafana Koné est trop vieux, Matto Loma Cissé valétudinaire, et parce que Ouattara gardait, depuis 15 mois !, un chien de sa chienne à Souleïmane Diakité Coty …que Jeannot Ahoussou Kouadio  et neuf autres de ses ministres ont dû rendre leur tablier.

« Les raisons qui ont amené le président Ouattara à se séparer de ses « lieutenants », varient d’un ministre à un autre. Selon nos sources, c’est parce qu’il a trouvé Kafana Koné quelque peu diminué par le poids de l’âge, qu’il a choisi de l’enlever du gouvernement. Concernant Souleïmane Diakité Coty, il paierait enfin pour l’affaire Pascal Brou Aka. Alors que le chef de l’Etat était rentré, en août 2011, d’un voyage aux Etats-Unis, il n’y avait eu aucune équipe de la télévision ivoirienne à l’aéroport pour recueillir ses propos. Un manquement qui a amené le président Ouattara, à l’époque des faits, à limoger le patron de la télévision nationale Pascal Brou Aka. Même si le président avait laissé la vie sauve à ce membre fondateur du Rdr, il se savait en sursis. Surtout que globalement, en ce qui concerne la restructuration des médias d’Etat (Radiodiffusion-Télévision ivoirienne, Fraternité Matin, Agence ivoirienne de presse), les attentes d’Alassane Ouattara tardent à être comblées par un ministre pas tout à fait disposé à aller au charbon comme un Cissé Bacongo, par exemple. Autre ministre, autre explication. S’agissant de la magistrate Matto Loma Cissé, entrée au gouvernement il y a à peine huit mois, c’est son état de santé qui aurait motivé son remplacement. Pas en très bonne forme, elle aurait manqué les deux derniers conseils des ministres. Vu que le département de la Justice demande de la part de son titulaire une débauche d’énergie, notamment pour gérer les épineux dossiers des crimes postélectoraux, Alassane Ouattara a convaincu l’ancienne présidente de la Commission nationale d’enquête (Cne) de valoir (sic) ses compétences ailleurs qu’au gouvernement. » (Marc Dossa : Kafana Koné, Matto Cissé, Konaté, Flindé… Les vraies raisons de leur limogeage, Nord-Sud Quotidien 24 novembre 2012).

vendredi 23 novembre 2012

« La proposition de Ouattara qu’Ahoussou a refusée »

J. Ahoussou Kouadio (Thierry Charlier/AFP)
Tout s’est joué à la dernière minute. Jusqu'à mardi soir, Jeannot Kouadio Ahoussou était sûr d'être reconduit à son poste de Premier ministre. En tout cas, c'est ce qui avait été arrêté, lundi 19 novembre 2012, par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié au cours de leur raout d'une demie heure. Mais les promesses du chef de l'Etat ont évolué après sa rencontre avec le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci). De sorte que quand le numéro 1 ivoirien a reçu le chef du gouvernement sortant en début de soirée du mardi 20 novembre 2012 (de 18 h 30 à 19 h 25), il lui a dit qu'il ne voulait plus le reconduire à son poste de Premier ministre. Le locataire du Palais présidentiel a proposé au député de Didiévi d'être le président du directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, l'alliance au pouvoir). Jeannot Ahoussou Kouadio a refusé cette proposition d'Alassane Ouattara. Comme celle relative à des avantages que le patron de l'Exécutif ivoirien était prêt à lui concéder.
Au cours de l'audience, le président de la République aurait dit au Premier ministre sortant qu'il est agacé que certaines personnes disent qu'il faut forcément un chef du gouvernement d’ethnie baoulé. Il a, en outre, trouvé anormal que l'avocat de Bédié se soit fait entourer de nombreux Baoulé... Pour tout dire, la rencontre entre les deux hommes n'aura pas été des plus conviviales. C'est ce qui expliquerait que J. Ahoussou Kouadio soit revenu, à l'issue d'une rencontre avec des députés du Rassemblement des républicains (Rdr) la même nuit, sur son origine ethnique. 

« Vous savez, je l'ai dit la semaine dernière que ce qui importe, c'est la cohésion des Ivoiriens. Il ne s'agit pas d'être Premier ministre pour être Premier ministre d'un pays déchiré. Il ne s'agit pas d'être président de la République pour être président de la République d'un pays déchiré. Il faut pouvoir réunir les Ivoiriens. Je pense que c'est ce qui est important. Comment les Ivoiriens peuvent avoir leur cohésion et vivre ensemble. Je crois que le président de la République est celui qui a fait du concept du "Vivre ensemble", son programme de gouvernement. J'appartiens, excusez-moi de vous le dire, à un groupe Baoulé. Et pour nous, le sacrifice d'un individu pour sauver une communauté, cela ne pose pas de problème. Si je dois être l'élément à sacrifier pour que les Ivoiriens retrouvent leur cohésion, je suis prêt. Je l'ai dit samedi dernier : si je suis maintenu, tant mieux. Si je ne le suis pas, tant pis », 

a fait savoir Jeannot Ahoussou Kouadio quand les journalistes lui ont demandé s'il était maintenu ou pas à la tête du gouvernement. 

« J'ai envoyé déjà ma robe d'avocat au pressing. Et à partir de la semaine prochaine peut-être, si je ne suis pas reconduit, je repars au palais (de justice) pour faire mon métier. J'ai un métier. J'ai été ministre de l'Industrie. Quand je suis sorti du gouvernement en tant que ministre de l'Industrie, j'ai repris ma robe et je suis allé à l'audience. Donc là, si je sors comme Premier ministre, je reprends ma robe. J'irai au Palais de justice et au Palais de l'Assemblée nationale parce que je suis député de Didiévi »

a-t-il ajouté comme pour dire qu'il ne faisait pas de fixation sur son poste de Premier ministre.
Par ailleurs, Me Jeannot Ahoussou Kouadio a fait ses adieux à ses collaborateurs, à la salle du Conseil de gouvernement à la Primature dans l'après-midi du mercredi 21 novembre 2012. C'était bien avant que le décret de nomination de Daniel Kablan Duncan comme nouveau chef de gouvernement ne soit lu par le Secrétaire général de la présidence de la République, Amadou Gon Coulibaly. La cérémonie a duré une vingtaine de minutes où émotions et tristesses étaient au rendez-vous. Des collaborateurs du Premier ministre sorti n'ont pu retenir leurs larmes. A l'occasion, M. Jeannot Ahoussou a fait son bilan depuis sa nomination le 13 mars 2012. Il a rappelé le forum social qu'il a initié. Tout comme le dialogue politique avec l'opposition. L'ex-Premier ministre est revenu sur la constitution du groupe consultatif pour la mobilisation de 11087,3 milliards de Fcfa dans le cadre du Plan national de développement (Pnd). Il n'a pas omis le budget de 2013 qui a été majoré sous sa Primature.

Arouna SYLLA - Soir info 22 novembre 2012


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A la CPI, tous les inculpés sont noirs

Interview de Me Jacques Vergès

 

Me Jacques Vergès
Quelle appréciation faites-vous de la justice internationale ?
Je préfère parler plutôt d’injustice internationale. Vous savez, les colonialistes ont toujours un masque. Ils ne disent jamais du bien de vous. Ils pillent vos ressources naturelles. Ils ont commis des génocides à l’égard des Indiens d’Amérique, détruit des civilisations comme celle des Aztèques. Au nom de la liberté du commerce, ils ont imposé à la Chine trois guerres d’opium. Au nom de l’esclavage, ils sont venus imposer le travail forcé en Afrique. Aujourd’hui, c’est au nom de la justice qu’ils interviennent. Quelle est cette justice ? J’ai travaillé pour le tribunal de la Yougoslavie et pour celui du Cambodge. Les magistrats appliquent des règles, mais eux n’ont pas de règles. Ils font leurs règles eux-mêmes. Au Burkina ou en France, un juge dit que telle personne est gardée à vue 30 jours. La loi dit que c’est le délai maximum. Mais le juge dit que je veux le garder plus longtemps.
La loi est faite par le Parlement et non pas par le juge. Dans le cas de Milosevic, au tribunal pour la Yougoslavie, on a changé la loi 22 fois. Ils violent le principe de Montesquieu. C’est la première chose. Au Cambodge, le tribunal vient de décider de faire appel à des donateurs privés. Quand un homme riche vous donne de l’argent, ce n’est pas pour rien. Vous vous vendez. Quand vous acceptez l’argent de n’importe qui, vous faites n’importe quoi. Je prends l’exemple du tribunal pour le Liban. Il y a 4 ans, les commanditaires de ce tribunal ont dit qu’il faut mettre en cause les Syriens. On a arrêté 4 Généraux réputés pro-Syriens. Il n’y avait rien contre eux. Les commanditaires ont dit ensuite que les Syriens ne les intéressaient plus, mais cette fois c’est le Hezbollah. On a libéré les captifs et on a essayé de mettre en cause le Hezbollah.
Un tribunal est responsable devant l’opinion. On a fait le procès de Milosevic sans un Serbe dans le tribunal. On fait un procès au Cambodge où le chef du gouvernement dit qu’il ne veut pas qu’on accuse d’autres personnes, autrement il y aura la guerre civile. Le procureur qui est Canadien dit qu’il a le droit d’avoir une opinion. Les magistrats de la Cour internationale sont atteints de ce qu’on appelle un daltonisme au noir. Le daltonien ne voit pas certaines couleurs. Ils ne voient que le noir. Si vous allez à la Cour internationale, tous les inculpés sont noirs, pas parce qu’il ne s’est rien passé à Gaza, pas parce qu’il ne s’est rien passé à la prison d’Abugraïb. La question que je me pose maintenant est : Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle cela ? Je ne dis pas que tout le monde est innocent, mais si ces gens sont coupables, c’est aux Africains de les juger. Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle que ses dirigeants soient jugés par une bande de cosmopolites qui la méprisent. Il y a le cas de Béchir au Soudan. Je pense que les pays africains ont raison de ne pas appliquer le mandat international. L’Afrique n’est plus sous tutelle. Les Américains accepteront-ils qu’un pays africain juge Georges Bush pour sa guerre d’agression contre l’Irak ?

… Comme c’est le cas de Hissène Habré ! Mais le Sénégal dit vouloir s’en débarrasser...
Et où va-t-il être jugé ?

La Belgique serait prête à accueillir ce procès…
La Belgique ! Ils ont tué Lumumba. Ils l’ont fait dissoudre dans de l’acide et c’est eux qui vont donner des leçons aujourd’hui ?

Vous êtes donc anti-TPI ?
Ce n’est pas à un ramassis de gens venus de toutes sortes de pays de juger les Africains, surtout que tout est orienté vers le noir.

Avez-vous la conviction que les Etats africains sont-ils vraiment indépendants 50 ans après leur accession à l’Indépendance ?
Certains, oui, d’autres non. La raison est simple. Certains ont encore trop de liens avec cette métropole.

Vous considérez-vous comme Algérien ou comme Français ?
Je me considère comme les deux.

Et si on vous demandait de choisir…
Qui va me le demander et à quel titre (rires) ?

Vous sentez-vous lorsque vous venez en Algérie ?
Vous avez vu comment les Africains et les Algériens m’accueillent. C’est la plus belle récompense qu’on puisse avoir.

L’avocat de nos jours est-il toujours le défenseur de la veuve et de l’orphelin ?
Certains continuent de l’être. D’autres, par contre ne le sont plus.

Cela peut-il être dû à quoi ?
L’Homme est faible. Il ne sait pas résister à la tentation. Il veut devenir riche. Quand tu nais dans la case et tu prends l’ascenseur social, tu es dans la vie noble. Mais dans un ascenseur, il n’y a pas de vie. On doit accepter de défendre même un fou parce qu’il reste un être humain.

Propos recueillis à Alger par Alexandre Le Grand ROUAMBA (lynxtogo.info)


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Source : La Dépêche d'Abidjan 23 Novembre 2012



Palabre de houphouët-tristes…

Ça ne nous regardait pas, leur palabre-là. C’est vrai, c’est entre eux, les houphouët-tristes. Mais les bruits de leurs querelles, sont arrivés jusqu’à nos oreilles. Comment on va faire ? Les oreilles entendent tout, les yeux voient tout. On ne pouvait pas fermer nos oreilles, ni nos yeux.
On a tout entendu, on a tout vu aussi. Parce que ce sont nos voisins d’à côté. Eux et nous, on habite dans même cour, mais chacun a ses problèmes.
Donc nous, on ne va pas mettre notre bouche dans leur affaire, parce que c’est entre eux.
Mais quand même, si ça fait rire, faut pas nous on va rigoler ? Même si on dit.
On peut quand même s’affairer : un débat portant sur affaire de « mariage » à l’assemblée nationale a créé « divorce » entre mari RDR et sa femme PDCI.
C’est pas bizarre ça ? Jusqu’ààà le mari a jeté les affaires de sa femme dehors, il a pris les clés de leur maison, surtout celle de la cuisine, là où on mange-là, et puis, il est parti en Italie, pour voir le Pape. On dit qu’on appelle ça : « dissolution ».
Ko, gouvernement là, on a « dissolutionné » ça. Monsieur « Solution », il a renvoyé tout le monde. PDCI oh, RDR oh, UDPCI oh, les « à côté à côté » aussi oh, il les a tous « gbrah* » !
Mais mes chers camarades, chez le Pape là, c’est pas Eglise ? Ou bien on prie pas là-bas aussi ? Parce que le « dis-solutionneur » est rentré là-bas avec son cœur chaud. Or on dit : « Si ton cœur est chaud, faut laisser ça à l’entrée de l’Eglise, faut partir te réconcilier avec ton frère d’abord avant de venir prier Dieu » (Fouillez dans la Bible, ça y é dedans).
Mais le mari « la dis-solution », lui il s’en fout. Femme-là n’a qu’à se fâcher. Si elle veut, elle n’a qu’à parti’ pour toujours ! Même si elle l’a aidé à grouper sur Gbagbo. Ça c’était avant, quand ça chauffait-là. Si y a gbangban*, les toubabous sont là. Ils vont prendre sa défense, comme au début.
Maintenant, lui, il est « krangba », comme « boulon » que mécanicien de derrière rail a serré. C’est pas lui qui donne l’argent de manger chaque fin du mois à sa femme, mamie PDCI ?
En tout cas, c’était pas notre affaire, parce que affaire de couple, on connaît jamais d’avance, ce qui peut se passer. Surtout quand ils vont entrer tous les deux dans la chambre. On sait pas ce que le mari va dire, ou promettre à sa femme. D’ailleurs, il paraît que c’est aujourd’hui ils vont se voir, pour régler affaire-là (une rencontre au sommet, un G2 entre Kôrô* Bédié et môgô* Ouattara).
Surtout si la femme, elle n’est pas compliquée comme madame PDCI. Si monsieur « dis-solution » augmente l’argent de popote et puis son argent de poche, sa bouche va se fermer net. Cette femme-là, nous on la connaît, y a longtemps, elle a cinquante ans, mais elle ne veut pas changer. Son affaire d’argent, c’est tout ce qui l’intéresse.
Voilà affaire-là. Nous on les regarde et puis on rit seulement. Mais faut pas que dans leur palabre-là, ils vont venir marcher sur nos pieds.
Parce que nous, comédie comme ça-là, on n’est pas dedans. Pour le moment, on les regarde seulement.

Par Yeux voient, bouche parle
(Titre original : « Yeux voient, bouche parle ! Kôrô Bédié – Ouattara tchê : dis-solution ? »)

Glossaire :

*Gbrah = chasser, renvoyer ; *Kôrô = vieux, grand frère ; *Môgô = homme, monsieur ; *Gbangban = troubles, crises, guerre

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Source : La Dépêche d'Abidjan 23 Novembre 2012

UN LOURD PARFUM DE DECADENCE

« Du 11 décembre 1993 au 24 décembre 1999, j'ai eu l'insigne honneur, grâce à l'inébranlable volonté et confiance du chef de l'Etat, le Président Henri Konan Bédié, d'animer et de coordonner, sous sa haute égide, l'action du gouvernement ivoirien. Les résultats de cette action gouvernementale sont connus, tant avec ses faiblesses qu'avec aussi ses succès et tout un chacun peut, notamment avec le recul du temps, l'apprécier à sa juste valeur, et ce à sa manière, selon sa perception des faits et ses sensibilités politiques. » Daniel Kablan Duncan (Le Temps 22/12/2009)
D. K. Duncan (photo Nathan Koné, abidjan.net)
Quoi qu’il en dise, Daniel Kablan Duncan (DKD) n’avait pas vraiment fait merveille la première fois qu’il occupa la fonction de Premier ministre. C’était entre 1993 et 1999… Au fait, les généraux Coulibaly, Palenfo et Guéi n’ont pas renversé que Bédié cette année-là ; DKD aussi fut renversé. On peut d’autant mieux le dire que, tandis que « Sa Haute Egide » se prélassait en toute inconscience dans sa gentilhommière de Daoukro, c’est lui qui était en première ligne, face à des « mutins » diablement versatiles que manœuvraient d’habiles marionnettistes tapis dans l’ombre… Selon le récit qu’il fit de cette aventure dix ans après, DKD aurait (presque) réussi, au soir du 23 décembre 1999, à mettre les mutins dans sa poche : « Le Premier ministre a demandé et obtenu que les militaires se retirent des différents points occupés et regagnent leurs casernes afin de permettre une normalisation plus rapide de la situation et la poursuite des négociations dans la sérénité. Les discussions ont pris fin vers 20 heures, les soldats se retirant ont promis rendre compte à leurs camarades, non seulement des importants acquis concédés par le Gouvernement, mais aussi de leur faire connaître les recommandations du Premier ministre, notamment celles relatives au retrait des espaces de la Télévision et de la Maison de la Radio et d'en rendre compte ».
Malheureusement, le lendemain 24 décembre, « Sa Haute Egide » a voulu s’en mêler, avec ses gros sabo-o-ots…, comme dirait Henri Salvador. Et arriva ce qui devait arriver.
Après le putsch, DKD partit en exil en « métropole » (ce n’est pas un lapsus), comme « Sa Haute Egide ». Ce qui lui évita de subir les humiliations et les brutalités qui furent le lot de quelques-uns de ses collègues ministres dans certaine enceinte militaire. Puis il disparut des radars de l’actualité politique…
DKD est un commis, pas un politique. C’est à ce titre qu’Alassane Ouattara l’avait ramené de Dakar, en 1990, pour en faire son « ministre délégué chargé de l’Economie, des Finances, du Commerce et du Plan ». C’est aussi à ce titre qu’il fut bombardé, en 1993, Premier ministre à la place de son mentor. Et c’est encore à ce titre sans doute qu’il prend aujourd’hui la suite du malheureux Jeannot Kouadio Ahoussou (JKA). C’est un gestionnaire, un « manager » ; pas le genre à vouloir à tout prix devenir khalife à la place du khalife…
Remarquez bien : je n’ai pas dit que c’était ce qu’on reprochait à son prédécesseur, et qui lui vaut cette fin de service peu glorieuse. Je ne sais pas ce qu’on reprochait à JKA. Mais quand je vois qu’on lui a préféré cet être sans couleur ni volonté propres ; ce lacertilien ectoplasmique ; bref, cette bonne à tout faire, je m’interroge. Est-ce que le très zélé codirecteur de campagne du candidat Rhdp entre les deux tours du scrutin présidentiel de 2010 n’a pas déplu parce que, sous ses faux airs de chien soumis à Ouattara comme à Bédié, il dissimulait quelques vues politiques bien à lui, et refusait de n’être que le bras mécanique de quelqu’un… Quelqu’un qui lui-même serait comme qui dirait, le « pantin de l’Occident » (Odile Biyidi de Survie) !
Quoi qu’il en soit, et quoi qu’on puisse penser de son bilan apparent, le remplacement brutal et, apparemment, sans motif avouable, de JKA par DKD exhale un lourd parfum de… décadence.
Je veux marquer à ma manière cette réapparition de Duncan en Premier ministre, en offrant à nos lecteurs un article que j’ai écrit vers le milieu de sa précédente prestation dans le même rôle, en réaction à une de ses conférences de presse particulièrement triomphaliste. C’est une sorte d’inventaire ironique de ses prouesses imaginaires, intitulé : « Comptes et mécomptes de l’éléphant d’Afrique ». A l’époque, cela fit un certain effet dans le microcosme bédiéiste. Raison de plus de se rappeler à leur... mauvais souvenir.

M. A.

Comptes et mécomptes de l’éléphant d’Afrique

La Côte d’Ivoire va bien… pourvu qu’on la soigne. Telle est la leçon un peu inquiétante qui se dégage de la conférence de presse donnée le 28 mars par le Premier ministre Daniel Kablan Duncan. Officiellement, il s’agissait de « rassurer les Ivoiriens sur les perspectives économiques et sociales » du pays. Mais DKD n’a rien dit que tout Abidjan n’eût pas déjà entendu cent fois et plus.
Après la longue période électorale qui vient seulement de se terminer, au cours de laquelle chaque candidat du PDCI a brandi les mêmes chiffres comme un trophée personnel, qui peut encore ignorer que « la croissance amorcée en 1994 avec un taux de +1,8% s’est confirmée en 1995 avec une croissance estimée à plus de 6,5%, largement supérieur au taux de la croissance démographique ; [que] l’inflation a été maîtrisée avec un taux à deux chiffres (32,2% en 1994) qui est passé à 7,7% ; [que] la production agricole, sous l’impulsion de l’augmentation des prix aux producteurs et grâce à la maîtrise de la compétitivité dans ce secteur, a connu une forte croissance en 1994 et 1995 : 4,5% pour la production vivrière et 4% pour la production agricole d’exportation ; [que] la production industrielle a connu une progression de 9% en 1995 et de 3% en 1994 contre seulement 1% en 1993 ; [que] le secteur tertiaire, avec une hausse moyenne de 5% l’an, a suivi ce mouvement ascendant de l’activité économique globale ; [que] le taux d’investissement est passé de 8,2% du pib en 1993 à 11,8% en 1994 et 13% en 1995 (dont 8,4% au titre des investissements privés, contre 4,6% en 1993 et 7,2% en 1994) ; [qu]’il y a une  hausse moyenne de l’emploi de plus de 10% dans le secteur manufacturier ; [qu]’au niveau des finances publiques, le solde primaire budgétaire est passé d’un déficit de 95 milliards en 1993 à un excédent de 59 milliards en 1994 et de 161 milliards en 1995 ; [que] grâce à cette évolution favorable, le gouvernement a pu réduire les arriérés intérieurs d’environ 175 milliards sur un total de 288 milliards de FCFA ; [que] les réserves de change se sont accrues d’environ 567 milliards de FCFA en deux ans ; [que] la balance commerciale est passée de 208 milliards de FCFA en 1993 à 692 milliards en 1994 et à environ 740 milliards en 1995 ; [que] le volume des exportations industrielles s’est accru de près de 20% en 1994 et 1995 ; [que] les importations, qui ont connu une chute de 14% en 1993, ont, depuis, progressé d’autant ; [que] la balance des paiements courants a fortement décru en 1994, passant de –11% du pib en 1993 à –1,6% en 1994 » ? Personne. Du moins, personne de ceux qui savent suffisamment le français pour comprendre ce qui s’écrit dans les journaux et ce qui s’entend dans la radio ou dans la télévision ; car, pour tous les autres, les plus nombreux, tout cela n’est, de toute façon, qu’un impénétrable jargon de kabbalistes.
S’il ne s’agissait que d’informer les Ivoiriens, la prestation du Premier ministre était donc parfaitement inutile. D’autant plus qu’il ne faisait que relire le texte de la « déclaration de politique générale » qu’il avait faite devant les députés moins d’une semaine auparavant. D’aucuns estimeraient-ils que cette assemblée, où dominent pourtant les houphouéto-bédiéistes, n’est pas suffisamment représentative pour se contenter de ses avis et de son aval ?
Tel le berger de la fable mais à rebours, Duncan n’a-t-il pas trop habitué les Ivoiriens à de telles litanies triomphalistes pour être pris au sérieux à un moment où, manifestement, il est à la recherche du soutien et de la compréhension de l’opinion ? Toujours est-il que son bilan de rêve a laissé son auditoire plutôt sceptique, voire même, carrément enclin à le suspecter d’avoir seulement voulu préparer l’opinion à de nouvelles reculades de l’Etat devant les exigences de ceux qu’il nomme, par un élégant euphémisme, « nos partenaires au développement ». De plus, comme s’il avait voulu absolument transformer en certitude ce soupçon qui pesait sur le chef du gouvernement ivoirien, Antoine Pouillieute, venu à Abidjan, dixit Fraternité Matin, pour écrire « une nouvelle page de l’histoire d’amour entre la Côte d’Ivoire et la Caisse française de développement dont il est le patron » (en fait, c’était, plus prosaïquement, pour signer un autre « accord de prêt » avec le gouvernement Duncan), se répandait lui aussi en propos lénifiants sur la prétendue bonne santé de l’économie ivoirienne.
Sept pour cent de taux de croissance, soit. Mais « Comment cette richesse se manifeste-t-elle ? Où se répercute-t-elle sur la population ivoirienne qui ne cesse d’invoquer la baisse perpétuelle de son pouvoir d’achat ? » Devant ces questions du premier journaliste qui l’interrogea, le chef du gouvernement de managers, pour qui, sans doute, un bilan chiffré sorti de ses services vaut parole d’évangile, plaida l’évidence : « Il y a quand même, dit-il en substance, une amélioration de la situation de nos concitoyens, même si cette amélioration n’est pas aussi forte que souhaitée par les populations ». Seulement le temps n’est plus sans doute où les Ivoiriens se fiaient volontiers à la seule parole des faiseurs de miracles. Aujourd’hui, ces saints Thomas demandent à toucher. Et quoi que veuille Duncan, ce qu’ils vivent au quotidien n’est apparemment pas de nature à les convaincre qu’ils sont à la veille de connaître la fin de leurs difficultés. Ainsi, la plupart des questions qui furent posées au conférencier témoignent de préoccupations terre à terre, surtout au regard d’un banquier central, comme la cherté de l’eau et de l’électricité, la détresse de petits épargnants qui ont vu leurs économies s’envoler suite aux faillites de certaines banques, l’insécurité qui n’épargne même plus les villages les plus éloignés des grands centres urbains, l’opacité persistante des opérations de privatisation, etc.…
On voit où se situe le problème de ce Premier ministre, par ailleurs excellent commercial formé à bonne école, à qui on ne demandait que de gérer la Côte d’Ivoire comme on gère un consortium industriel ou un groupe financier, c’est-à-dire sans trop se préoccuper des états d’âme du personnel, et qui y a sans doute trop cru. Ce n’est pas un as de la persuasion. Il lui en faut pourtant, s’il veut réussir à vendre aux Ivoiriens son fameux éléphant d’Afrique ; autrement dit, s’il veut vraiment les convaincre d’accepter, contre les mirages d’une hypothétique prospérité à venir, de défiler en bon ordre sous les fourches caudines des soi-disant partenaires au développement.
Dans moins de 12 mois, la Côte d’Ivoire va subir un nouvel ajustement déjà en cours de négociation avec les clubs de Paris et de Londres. Là non plus les choses ne s’annoncent pas faciles. Certains des créanciers, qui estiment que le pays est suffisamment riche, se refusent à la moindre concession dans le traitement de sa dette. Pour les fléchir, Duncan se propose peut-être de leur servir l’étrange argumentaire qu’il expérimenta sur le correspondant de Reuter, ce 28 mars : « Il faut que la Côte d’Ivoire soit aidée pour qu’elle revienne à une fiabilité importante au niveau de la dette. Et pour qu’elle joue son rôle régional de moteur de la croissance de la sous-région. Nous avons des responsabilités non seulement nationales mais régionales. Vous savez très bien que sur les 12 millions d’habitants que nous avons ici, 4 millions sont étrangers : près de 30% de la population ivoirienne. Aider la Côte d’Ivoire, c’est aider aussi la sous-région. Les transferts de revenus effectués par nos frères sont très importants. Plus de 5 milliards de FCFA chaque année. »
Tout cela est, certes, plein de bon sens mais il est douteux que cela fasse beaucoup d’effet. Il est même fort probable que cela fera un effet contraire à celui qui est recherché. Car il est trop évident que pour Duncan, cette affaire de traitement de la dette ivoirienne ne relève que de la plus pure technique manageriale ; que les intérêts de l’entité politique, humaine, Côte d’Ivoire, ne le préoccupent que secondairement, seulement comme « le moteur de croissance de la sous-région ». On se demande après cela comment il peut encore croire que cela pourrait intéresser ses partenaires au développement qui, après tout, sont aussi des gestionnaires.
Avec un tel cornac, le fameux éléphant d’Afrique n’est pas près de s’acclimater sur les rives de la lagune Ebrié. Car à voir la façon dont Duncan entend le problème de l’endettement de la Côte d’Ivoire, il se pourrait bien que le remède, s’il le trouve, s’avère extraordinairement plus néfaste encore que le mal. Et il n’est pas sûr que les Ivoiriens, même les plus toqués du libéralisme sans rivages, y soient prêts, malgré toutes les difficultés qui découlent du colossal endettement du pays. L’encours de la dette extérieure s’élève actuellement à près de 7.571 milliards de FCFA (soit 203% du pib en 1994) se répartissant comme suit : 2.066 milliards au titre des institutions multilatérales ; 2.527 milliards au titre du club de Paris ; 2.952 milliards au titre du club de Londres ; et 26 milliards au titre d’autres créances. Quant au service de la dette, il était estimé à 650 milliards de FCFA (701 si on ajoute le service de la dette intérieure), soit 46% des exportations en 1994. Pour se faire une idée tout à fait complète de la charge qu’une telle dette représente pour une économie comme celle de la Côte d’Ivoire, il suffit de dire que si on la répartissait également sur la tête des 12 millions d’Ivoiriens, chacun d’entre eux aurait à payer 700.000 FCFA, alors que le pib par habitant n’excède pas 370.000 FCFA !
Lorsque, à la surprise générale, Duncan et son équipe de technocrates à peine remaniée furent reconduits le 26 janvier, on avait cru que c’était à cause de leurs succès. On ne change pas une équipe qui gagne ! Mais, depuis la dernière réunion du bureau politique du PDCI le 26 mars, on sait, de la bouche même du président Bédié, que cette décision n’était, pour ainsi dire, qu’un pis aller : « Notre tâche après les élections était de colmater les fissures. Il ne fallait pas ajouter d’autres fissures au sein du gouvernement. Il fallait jouer sur la continuité pour la mise en orbite des actions du gouvernement ». Même si le propos n’implique pas nécessairement un jugement négatif de l’action de l’actuel Premier ministre, il n’en est pas moins de nature à conforter dans leur pessimisme ceux qui, déjà, se doutaient que, depuis sa promotion comme Premier ministre, le 10 décembre 1993, en remplacement d’Alassane Ouattara, son ancien patron de la BCEAO, qui l’avait d’ailleurs ramené dans ses valises pour être son ministre délégué chargé de l’Economie et des Finances, la vraie fonction de Duncan a été de neutraliser cette importante position de pouvoir, le temps pour Bédié de ramasser dans sa main tous les moyens de le pourvoir à sa convenance.
Ce temps approche. En octobre se tiendra le premier congrès ordinaire de l’ère nouvelle, le dixième de l’histoire du PDCI, et qui, annonce-t-on, « marquera un tournant décisif ». Déjà la dernière réunion du bureau politique a été l’occasion pour le président Bédié de s’affirmer comme le seul vrai patron d’un PDCI dont la cohésion a été, semble-t-il, sérieusement mise à mal pendant le long marathon électoral. Le tournant d’octobre le mènera-t-il à agir de même avec le gouvernement ?

Marcel Amondji
(Le Nouvel Afrique Asie N° 80, mai 1996)

mardi 20 novembre 2012

Ammar Bagdache : « Ils ne pourront pas nous vaincre »

ENTRETIEN AVEC ERNESTO GÓMEZ ABASCAL


Dr Ammar Bagdache
Ernesto Gómez Abascal : Comment le Parti Communiste de Syrie (PCS) juge-t-il le gouvernement de Bachar Al Assad ?
Ammar Bagdache : Pour le Parti Communiste de Syrie, c’est un gouvernement patriotique, anti-impérialiste et antisioniste, malgré qu’il applique un modèle économique clairement capitaliste. Même si le Parti Baas, qui était et est toujours la force dirigeante du gouvernement, a proclamé le socialisme arabe en Syrie, il n’est pas socialiste au sens marxiste du terme. Cependant, le PCS fait partie du Front Progressiste composé aujourd’hui de 10 partis.
Nous avons un ministre dans le gouvernement et nous considérons, qu’à ce niveau du parcours, c’est la meilleure option. Nous sommes et nous avons toujours été disposés à améliorer le système. En 2005 nous nous sommes opposés à des changements calqués sur le modèle néolibéral, nous avons la preuve aujourd’hui qu’ils ont été le terreau d’une catégorie marginale que l’opposition armée a su s’attirer. Des erreurs ont été commises, maintenant il faut les corriger.
EGA : Y a-t-il des forces et des partis de gauche parmi ceux qui combattent pour renverser le gouvernement de Bachar Al Assad ? Face au gouvernement actuel, existe-t-il une alternative de gauche ?
AB : Quelques personnes qui étaient de gauche, y compris des marxistes, vivent à l’extérieur du pays depuis pas mal de temps, mais elles ont changé. Certains avaient fait de la prison en Syrie, aujourd’hui ils ont renoncé au marxisme, plusieurs ont même rejoint les Frères Musulmans, d’autres sont devenus les agents des monarchies du Golfe.
En Syrie, il y a des gens qui se considèrent de gauche et qui veulent des changements et des réformes, mais ce sont des individualités, pas des partis ou des forces politiques organisées, ils sont tout de même opposés à l’intervention étrangère. Le gouvernement que nous avons en Syrie a une position constructive pour réaliser des changements importants, ils commençaient à être adoptés mais l’intervention armée étrangère empêche, pour le moment, leur mise en application normale.
Si le gouvernement actuel venait à être renversé, la seule éventualité serait la prise du pouvoir par les Frères Musulmans, ce qui constituerait un grand bond en arrière pour un peuple qui, depuis pas mal d’années, bénéficie d’un système laïque moderne, ne connaît pas le sectarisme et n’a jamais vécu avec de telles tensions. Mais nous sommes optimistes, même si la lutte dure encore un certain temps, nous sommes certains qu’ils ne pourront pas nous vaincre.
EGA : Sur la situation militaire, comment voyez-vous la suite ?
AB : Plus le temps passe, plus il est clair qu’ils ne pourront pas nous vaincre. Ils [l’opposition armée, NdT] n’ont pu prendre le contrôle d’aucune ville importante, malgré leur plan initial et l’arrivée de milliers de mercenaires extrémistes et salafistes, assistés des services spéciaux US et leurs alliés de l’OTAN qui travaillent depuis la Turquie, pays avec qui nous partageons une longue frontière. Le Qatar et l’Arabie saoudite leur apportent également le soutien économique et militaire. Bien sûr, notre gouvernement est soutenu par la majorité de la population. Les forces armées de la nation et les milices populaires restent unies et en ordre combatif. Malgré la situation compliquée dans laquelle se trouve le pays, les institutions fonctionnent.
EGA : Pensez-vous qu’en Libye, il y avait la possibilité de soutenir quelque force révolutionnaire ou progressiste pour une alternative au gouvernement de Kadhafi ?
AB : Le cas de la Libye est totalement différent à celui de la Syrie. Même si le peuple libyen jouissait du meilleur niveau de vie d’Afrique, avec le PIB par habitant le plus important, la personnalité de Kadhafi était très contestée, il était très incohérent dans ses positions et il a souvent abusé de méthodes anticommunistes. Il s’était réconcilié avec l’occident, mais il n’existait ni parti ni aucune force organisée connue, avec un programme révolutionnaire, progressiste ou anti-impérialiste, qui aurait pu recevoir un soutien en tant qu’alternative au gouvernement de Kadhafi.
Le positionnement approprié des révolutionnaires était de laisser les libyens résoudre leurs problèmes et s’opposer par tous les moyens à l’intervention de l’alliance impérialiste et la réaction arabe. Notre parti n’avait aucune sympathie pour Kadhafi, mais c’est l’OTAN qui l’a renversé et non le peuple libyen. Aujourd’hui, le gouvernement installé à Tripoli est assujetti aux intérêts des impérialistes.
EGA : Comment le PCS caractérise-t-il le Hezbollah et l’Iran, un parti et un pays à caractère islamique ?
AB : Nous voyons qu’ils maintiennent des positions patriotiques, contre l’impérialisme et le sionisme, par conséquent ils sont des alliés. Le Hezbollah au Liban dirige un mouvement dans lequel participent aussi des partis et des organisations chrétiennes, sunnites et même marxistes. Il y a des musulmans de sensibilités politiques différentes et notre parti, part du principe qu’avec la situation actuelle dans la région, la place d’une force politique est d’être du côté des intérêts du peuple, d’être anti-impérialiste et antisioniste. C’est pourquoi nous considérons Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, comme étant un véritable révolutionnaire.
EGA : Pensez-vous qu’un parti ou une force de gauche puisse parvenir au pouvoir dans un pays de la région ?
AB : Nous n’écartons pas cette possibilité, cela dépend des masses, du peuple. En 1958, je crois que peu de gens dans le monde avait prévu qu’une révolution allait triompher à Cuba, et deux ans plus tard qu’elle proclamerait le socialisme. Le rôle d’un leadership est également très important et on ne peut pas l’exclure totalement.
EGA : Le président égyptien Mohammed Mursi, des Frères Musulmans, a tenu un discours, lors de la dernière assemblée générale de l’ONU il y a quelques jours, qui semble montrer que ce grand pays est en train de reprendre la main sur sa politique extérieure. Qu’en pensez-vous ?
AB : Je pense qu’il agit selon la volonté des masses, du peuple égyptien qu’il ne peut ignorer. Ce qu’il déclare ne doit pas faire plaisir aux USA et encore moins à Israël. Il est possible que Mursi travaille à redonner à l’Egypte le leadership du monde arabe. De plus, il est impossible d’être plus grande marionnette de l’impérialisme que Moubarak, ce serait très difficile. À l’Assemblée Générale de l’ONU, s’il a déclaré qu’il était opposé à une intervention extérieure contre mon pays, c’est parce qu’il a vu que le peuple syrien organise la résistance contre l’agression que lui soumettent l’occident et les pays du golfe, cela peut influer ses positions. Il faudra voir par la suite s’il maintient une ligne contraire aux USA et Israël.
EGA : Quelle devrait être la position de la gauche internationale, des révolutionnaires, par rapport à l’intervention manifeste de l’impérialisme et la réaction arabe pour produire des changements de régime ?
AB : Notre parti estime que les forces révolutionnaires et progressistes internationales doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et antisionistes face à l’agression de la réaction, de l’impérialisme avec sa politique interventionniste et d’ingérence qui transgresse les lois internationales. De nos jours, c’est cela qui caractérise une position de principes et révolutionnaire.
On ne peut se réclamer de gauche ou se dire progressiste et révolutionnaire et en même temps adhérer à ce que disent et font les Hillary Clinton, les monarques corrompus du Golfe et les dirigeants de l’OTAN.

Ammar Bagdache est secrétaire général du Parti communiste syrien et membre du parlement de la République Arabe de Syrie.
Ernesto Gómez Abascal est écrivain et journaliste cubain, ex-ambassadeur dans différents pays du Proche-Orient.
Titre original : "Conversación con el Dr. Ammar Bagdache..." Article publié le 2 octobre 2012 par Rebelión.org. Trad. Jilata

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».

Source : Le Grand Soir 7 octobre 2012

lundi 19 novembre 2012

La paix ? Y en a marre !

Faute d’un cadre de commémoration solennelle de la Journée de la paix, chacun y va de son inspiration et de son initiative. Avant sa mort, c’était Benjamin Coulibaly qui, en sa qualité de président de l’Association pour la sauvegarde et le maintien de la paix (Asmp), conférait un cachet véritablement national à cette fête.

Dont la noblesse le dispute à son importance capitale pour les hommes dans leur ensemble. Mais singulièrement pour les Ivoiriens dont le premier président, Félix Houphouët-Boigny, décédé le 7 décembre 1993, disait : « La paix, ce n’est pas un vain mot mais un comportement ». Il faisait également remarquer que cette même paix est la seconde religion de la Côte d’Ivoire. Et qu’elle est un préalable à tout développement. Enfin, c’est l’héritage le plus précieux qu’il lègue aux générations futures. Qui devront y veiller soigneusement comme sur la prunelle de leurs yeux. Bref, d’excellents enseignements qu’on avait toujours plaisir à écouter.

Malheureusement, ces écoutes religieuses et les ovations nourries qui accompagnaient les discours du Sage de Yamoussoukro, n’ont pu éviter à la Côte d’Ivoire la déflagration sociale issue des crises à répétition depuis sa mort avec, quelques piques allant jusqu’aux conflits armés. C’est le cas du coup d’Etat du 24 décembre 1999 contre le régime du président Bédié. Heureusement sans effusion de sang. Ce fut, en outre, le cas de la rébellion du 19 septembre 2002. Ce fut, enfin, le cas de la crise postélectorale de décembre 2010 au 11 avril 2011 : 3000 morts officiellement. De nombreux blessés, déplacés et exilés. Sans oublier les dégâts matériels. Ce sont des conséquences énormes dont beaucoup ont du mal à se remettre. Aussi bien physiquement que moralement. Voici ce qui retarde la réconciliation nationale. Surtout quand à cela, s’ajoutent les agissements d’une classe politique foncièrement divisée et manichéiste et d’une presse totalement caporalisée et partisane, qui ne semblent nullement avoir tiré la leçon de toutes ces péripéties citées plus haut. D’où la relative indifférence qui caractérise de plus en plus la célébration de la Journée nationale de la paix.

Hier, en la paroisse Notre Dame de l’Incarnation (Ndi) de la Riviera Palmeraie où la Commission justice et paix de la Conférence épiscopale a organisé une messe commémorative de ladite Journée, les fidèles chrétiens catholiques n’ont pas afflué. L’église, qui avait l’habitude d’afficher complet à chacune de ses trois messes dominicales mais aussi pour toutes les autres célébrations eucharistiques ponctuelles, était à moitié pleine en dépit de la sensibilisation faite quelques jours plus tôt. Pourtant, le plateau de présences était des plus alléchants. Outre le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny et ses collaborateurs, la Conférence épiscopale était richement représentée par dix de ses membres: Cardinal Bernard Agré ; l’archevêque de Korhogo, Mgr Marie Daniel Dadiet ; sept évêques dont Mgr Boniface Ziri, célébrant principal de la messe en sa qualité de président de la Conférence épiscopale et deux évêques émérites, Nosseigneurs Pierre Marie Coty de Daloa et Bruno Kouamé d’Abengourou. Comment les populations ivoiriennes, si éprouvées par la guerre, peuvent-elles pousser le paradoxe jusqu’à bouder une fête dédiée à la paix ?

Est-ce à dire qu’elles ne voudraient plus de la paix ? La réponse est simple : elles veulent bel et bien de la paix. Mais disent en avoir marre des discours prônant la paix et la réconciliation alors que sur le terrain, les actes posés sont totalement contraires. Avec St Jean Chrysostome, ces populations semblent dire : « Que les discours se taisent et que les actes parlent (enfin) ». Mais quelle chance leur cri du cœur a-t-il d’être entendu par les leaders politiques et leurs partisans dont les intérêts sont si loin de ceux du peuple au nom de qui ils prétendent, pourtant, agir ?

ABEL DOUALY

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Source : Fraternité Matin 16 Novembre 2012