mardi 23 juillet 2013

La France et les mercenaires burkinabés en Côte d’Ivoire

Une contribution d’Isaac-Pierre Bangoret  

La présence de mercenaires burkinabés en Côte d'Ivoire est liée à un souci électoral d'Alassane Ouattara, de ses alliés français et occidentaux, conscients de sa future débâcle, si rien n'est mis en œuvre pour l'installer de nouveau à la tête de la Côte d'Ivoire. Il lui faut un autrescénario, une autre stratégie de conquête du pouvoir. Lors de sa conférence de presse à Korhogo,Alassane Ouattara a tenu à faire des précisions pour expliquer sa légitimité à la tête de la Nationivoirienne : « Vous savez, la crise post-électorale, il faut l’analyser sous l’angle de la légalité. Des élections ont eu lieu et il y a eu un certain nombre de difficultés. L’ancien président a souhaitéattendre la décision de l’Union africaine. L’Union africaine a pris une décision le 11 mars 2011 et malgré cela, l’ancien président n’a pas dissout le gouvernement qui était en place. Donc toutes les instances internationales ont confirmé la décision de l’Union africaine. Parce que sa décision est au-dessusde la décision d’un conseil constitutionnel national, si nous croyons à nos institutionsafricaines et internationales. Maintenant, toute cette période du 11 mars au 11 avril 2011, il y a des personnes qui sont restées au gouvernement ou qui ont posé des actes pendant cette période, ontviolé les lois et la constitution ivoirienne et les engagements pris par la Côte d’Ivoire dans son appartenance à l’Union africaine [...] ».
Alassane Ouattara tient en effet à rejeter du revers de la main le droit de vote des Ivoiriens, les vrais résultats des élections publiés par MEDIAPART, en analysant le contentieux électoral sous l'angle de la légalité ; il s'agit d'une légalité qui s'inscrit, selon lui, dans le respect du Droit international, car la décision de l'Union africaine est au-dessus de celle du Conseil constitutionnel ivoirien. Du point de vue du Droit international, et surtout de la Charte de l'Union africaine, une telle affirmation est erronée, si elle ne met pas en évidence les dispositionsexceptionnelles prises avec l'accord du président Laurent Gbagbo, en vue d'une résolution pacifiquedu contentieux électoral ivoirien. Les textes de la Charte de l'ONU dans leur préambule indiquent, en effet, que les Nations africaines sont convaincues de leur droit inaliénable de disposer de leurpropre destin, elles sont fermement résolues à sauvegarder et à consolider l'indépendance et la souveraineté durement conquises, ainsi que l'intégrité territoriale de leurs États, et à combattresurtout le néo-colonialisme sous toutes ses formes [...] Affirmer donc qu'il exerce un pouvoirlégitime en Côte d'Ivoire parce que son autorité lui est conférée par des décisions prises par lesOrganisations internationales, qui ont une primauté sur celles des Conseils constitutionnels africains est une interprétation erronée du Droit international qui cache cette nouvelle forme de colonialisme :« le colonialisme juridique ».
Les États africains n'ont concédé leur souveraineté nationale ni à l'ONU ni à l'Union Africaine : l'article II de la Charte de l'Union Africaine, en son alinéa C, stipuleque l'un des objectifs principaux de l'Organisation est de défendre justement leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance. Quand Alassane Ouattara confesse que le présidentLaurent Gbagbo a choisi d'attendre les décisions de l'Union Africaine, il dévoile d'une part la bonnefoi du président élu de la Côte d'ivoire qu'il a jeté en prison, en complicité avec la France et la CPI.Ce dernier n'a jamais voulu voir sa Nation brûlée, saccagée par des mercenaires, détruite par laguerre. A l'instar de cette femme qui préféra donner son fils à une mégère pour ne pas le voir diviseren deux par le roi Salomon, le président ivoirien Laurent Gbagbo préféra, dans ce contexteparticulier, concéder une partie de la souveraineté de son pays à l'UA, afin d'avoir un médiateurneutre dans la résolution de la crise ivoirienne. Il signa, bien avant cette crise, l'Ordonnance N°2007-457 du 12 avril 2007, qui accorda l'Amnistie aux rebelles aujourd'hui au gouvernementavec Alassane Ouattara. Quand des médiateurs africains supposés neutres comme le Burkina Faso etla France démontrent cependant qu'ils sont arbitres et joueurs, face à une telle situation, il estconcédé au président élu Laurent Gbagbo le droit de douter de la bonne foi de ces médiateurs internationaux, qui ont choisi de rendre légale aux yeux du monde la politique néo-colonialiste française qui viole les textes de la Charte de l'Union Africaine, en bradant la souveraineté, etl'intégrité du territoire d'un de leurs membres. Que dire de la bonne foi du président françaisSarkozy, dont le désaveu par le Conseil Constitutionnel de son pays apporte une nouvelle preuve à l'innocence du président ivoirien Laurent Gbagbo. Si un président français choisit de manière délibérée de frauder, de violer les textes de son pays, que dire des injustices commises en Côted'Ivoire sous son mandat, sous le régime de la Françafrique ? Le marketing politique de Sarkozy s'évertue à amener le monde à trouver légale une fraude qui devait l'inciter à être loin des projecteurs. Il se fait, au contraire, acclamer. Comme un héros par l'UMP, son parti politique, etcertains français, comme s'il venait de réaliser une prouesse...
Que dire de cette France qui fouleaux pieds les valeurs universelles des Droits de l'homme, cette France qui justifie, applaudit lespartisans d'Alassane qui ont commis des crimes contre l'humanité, et met en prison l'innocent, leprésident élu de la Côte d'Ivoire, qui a eu confiance à ses pairs dans la résolution pacifique ducontentieux électoral ivoirien ? Une fois que l'on peut douter de la moralité, de la bonne foi, desmédiateurs dans la résolution d'une crise, l'on a le droit de s'opposer à leur décision, tel fut lecontexte dans lequel le président élu Laurent Gbagbo choisit de se soumettre en définitive auxdécisions du Conseil constitutionnel ivoirien, aux textes de la Constitution de son pays qui estsouverain tant que nous avons à sa tête des représentants légitimes du peuple. C'est ce droit de votedes Ivoiriens que veulent contourner voire étouffer Alassane Ouattara et ses alliés français, enfavorisant la présence en Côte d'Ivoire de mercenaires burkinabés, dans le but de retracer, àl'intérieur des frontières administratives de la Côte d'Ivoire héritées de la colonisation, des frontièresethnographiques, qui leur permettent de rassembler autour de sa personne les populations d'originesMandé et du groupe voltaïque (Burkinabé). Ils commettent l'erreur d'Hitler qui finit par annexer lespays voisins pour rassembler sur un même territoire les germanophones.
L'Histoire nous enseigne que de tels projets mettent en péril la vie des populations. Malgré la sentence de la Haye relative àl'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, lors du conflit frontalier qui opposa le Maliau Burkina Faso, on assiste à des faits politiques, qui confirment progressivement l'annexion de laCôte d'Ivoire par le Burkina Faso. Il ne s'agit plus ici d'un redécoupage électoral mais plutôt d'un repeuplement des zones pro-Gbagbo par les populations d'origine burkinabé, dans un souci électoral. Le scénario du régime est déjà tout tracé; nous le découvrons à travers les « aveux » ducommandant Abéhi qui invite dans le film les populations ivoiriennes à se débarrasser desenvahisseurs armés au moyen d'armes blanches. Alassane et ses alliés font appel aux soldats burkinabés qui jouèrent un rôle important dans la pacification des colonies rebelles. Les provocationsconstantes du régime d'Abidjan qui a volontairement emprisonné Koua Justin, le représentant des jeunes partisans du président Laurent Gbagbo, ont pour but de favoriser une guerre civile larvée, quientraînera l'extermination de tous les opposants à Alassane Ouattara qui s'apitoie naturellement sur la misère des fils du Nord, en vue d'opposer les populations pro-Gbagbo qui vivent dans les zones riches à celles des zones sèches. Le Burkina Faso appelé par les colons un « monstre géographique » est devenu avec Alassane Ouattara et Compaoré cet « œil du pouvoir colonial, de la métropole »après que l'on se soit débarrassé d'un autre résistant africain Thomas Sankara qui avait choisi demettre l'énergie débordante de son peuple au service du développement du pays qu'il a fait appeler, à dessein, le Burkina Faso. Les mercenaire burkinabés ont pour rôle d'entretenir cette guerre larvéeque viendront achever les soldats burkinabés accueillis au sein de la MISMA (une autre troupe militaire de l'Armée onusienne).
Lorsque les Ivoiriens, las des injustices dont ils sont victimes, se révolteront, il ne sera pas étonnant de voir l'ONU demander à ses soldats d'intervenir directement enCôte d'Ivoire. Nous ne serons pas surpris de voir des soldats burkinabés combattre en Côte d'Ivoiresous le drapeau de l'ONU. Forts de tous ces plans machiavéliques il n'est pas surprenant d'entendre Alassane Ouattara affirmer qu'il est indéboulonnable. Il n'est pas surprenant de voir son régime narguer le peuple ivoirien et l'opinion publique internationale, en confondant, de manière délibérée,leurs partisans qui ont commis des crimes contre l'humanité aux agents des forces de l'ordre qui rackettent les populations. Il nous faut éviter de tomber dans ce piège que nous prépare le régime d'Alassane Ouattara : la guerre civile programmée pour faciliter son « élection » en 2015 et avoir, par la même occasion, des preuves contre le président Gbagbo et ses partisans, avec la complicitéde la CPI qui lui a demandé de glaner d'autres preuves pour garder à vie à la Haye son adversairepolitique le président élu Laurent Gbagbo.  

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Source : La Dépêche d'Abidjan 14 Juillet 2013

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