dimanche 31 mars 2013

Comment le pouvoir houphouéto-ouattariste arnaque les étudiants

Les formulaires de demande de bourses d’études à l’étranger, jadis distribués gratuitement aux demandeurs, sont désormais payants et coûtent 10.000 fcfa, dont 5.000 fcfa à 

Des pots de peinture en guise de chaises...
payer au moment du retrait du formulaire et 5.000 fcfa à verser lors du dépôt du dossier. Tout cela bien évidemment sans qu’aucun reçu ne soit délivré aux étudiants et qu’aucune justification ne soit fournie à l’opinion publique.
 

Ceci vient encore aggraver la situation précaire dans laquelle le régime Ouattara plonge le monde estudiantin depuis son arrivée au pouvoir : deux années blanches consécutives ; des universités dont les travaux de rénovation ont englouti 175 milliards de Fcfa – dont 133 milliards de surfacturation qui ont disparu dans les poches et les comptes en banque des plus hautes autorités du pays –, et qui malgré cela ne disposent pas de laboratoires, ni de bibliothèques, d’Internet, de toilettes ou de cantines à portée de moyen des étudiants ; un changement de système complètement bâclé auquel ni les professeurs, ni les apprenants ne comprennent quelque chose ; des amphithéâtres bondés et non climatisés ; des cités universitaires hors de prix pour les étudiants, officiellement squattées par les mercenaires-dozos à la solde du pouvoir… La liste est longue.
Selon les chiffres communiqués par l’Institut national de statistiques la semaine dernière, le coût de l’éducation en Côte d’Ivoire a augmenté de 28,7% ces douze derniers mois. Cette dernière mesure, qui s’apparente à de l’extorsion de fonds, n’est certainement pas faite pour améliorer les choses.

Ainsi va la vie en Côte d’Ivoire sous Alassane Dramane Ouattara.

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».

Source : Connectionivoirienne.net 29 mars 2013

samedi 30 mars 2013

Le silence assourdissant du pouvoir houphouéto-ouattariste face à la tragédie du Grand-Ouest

Tout baigne en Côte d’Ivoire ! Tout est normal, la paix est revenue et les Ivoiriens, heureux, se sont réconciliés. Bientôt, dans quelques petits mois, nous allons atteindre la croissance à deux chiffres. Et dans quelques petites années, notre pays deviendra émergent. Oui tout baigne, la preuve : cette effervescence diplomatique qui fait la joie des journaux ouattaristes. Tel est le discours officiel qu’on sert à la communauté internationale. Tel est le discours que les officines de communication mises à la disposition de «l’oint de la communauté internationale» s’acharnent à imposer au monde. Mon œil !

La Côte d’Ivoire est toujours malade
Pourtant, derrière le voile des sourires, au-delà des éclats de rire et le lyrisme exalté des professions de foi, il existe des réalités tristes que tous les efforts pour sauver les apparences ne peuvent étouffer. Il y a des douleurs que la bonne volonté ne peut feindre d’ignorer. Comment peut-on demander à celui qui souffre de sourire, et pire, de clamer qu’il est heureux et en paix ? Notre pays n’a pas encore retrouvé sa sérénité. Un Etat est comme le corps humain. Si un

EXODUS - Sur les routes de l'Ouest
membre du corps est souffrant, tout le corps ressent la douleur. Il se trouve que le corps de notre pays est malade. Son membre occidental est pris de convulsion et ce malaise semble ne pas prendre fin de sitôt. L’Ouest est malade. Et si l’Ouest est atteint, c’est le pays tout entier qui est malade. L’Ouest a recommencé ses crises épileptiques. Des attaques meurtrières ont eu lieu, il y a quelques jours ; des morts ont été enregistrés, des populations ont encore déserté leurs domiciles pour d’autres destinations. La réconciliation serait donc impossible ?
Depuis un moment, il était question de permettre aux populations de l’Ouest, propriétaires terriens, chassés, réfugiés ou exilés, de retrouver leur sol et leurs domiciles. Malheureusement, les voilà qui doivent, une fois encore rejoindre leurs cachettes dans les entrailles des brousses, pour dormir sur le sol nu, sous des arbres comme des animaux. Quel est le péché capital que les Guéré ont pu commettre pour vivre comme des parias sur leur propre terre ? Tout le monde connait la réponse. Ce peuple a eu le tort de soutenir Laurent Gbagbo. Mais au-delà de cette raison connue de tous et rabâchée un peu partout, il y a une autre raison dont on ne parle pas souvent. Le peuple wê a eu tort de naître dans une région fertile, où la forêt est une promesse d’agriculture florissante. Pour cette raison, ce peuple a connu un génocide, il a été exterminé, chassé et spolié sans qu’un œil ne cille dans le monde. Faut-il que les wê soient ceux qui doivent payer le prix du pacte que Ouattara a signé avec les Burkinabè ?

Les mystères de l’Ouest
La question est grave, mais elle n’a jamais été traitée sérieusement. Et d’ailleurs, Ouattara peut-il résoudre le problème ? Dans sa volonté de prendre à tout prix le pouvoir, il ne s’est pas embarrassé à recruter tous les sanguinaires de la sous-région pour former son armée de conquête. L’importance, du point de vue de l’effectif, du supplétif burkinabé dans l’armée de Ouattara n’est plus à démontrer. Ces hommes qui étaient installés depuis plusieurs années dans l’Ouest et qui connaissent bien la richesse de la zone ont vu dans cette guerre une occasion de s’accaparer des terres qu’ils convoitent depuis belle lurette. La chute de Gbagbo ne devait donc pas seulement ouvrir la porte de palais au «brave tchê», elle devait lever aussi tous les obstacles qui les empêchaient d’arracher les terres cultivables aux wê connus comme un peuple téméraire, qui ne se laisse pas faire facilement. Ouattara connaissant les ententes et les rêves des Burkinabè a, en effet, promis de fermer les yeux sur la colonisation de l’Ouest. C’était un pacte non écrit bien connue de tous. Ouattara actuellement ne peut rien faire pour les nationaux de l’Ouest. Si ce n’est de fermer les oreilles et les yeux devant ce qui s’y passe. Il s’agit de laisser occuper la zone jusqu’au port de San Pedro pour faire du Burkina, un pays désenclavé avec pour port celui de San Pedro. Aujourd’hui encore, pour des raisons politiciennes, il y a certains Ivoiriens qui continuent de soutenir l’idée selon laquelle, les Wê auraient vendu leurs terres aux Burkinabé. Un tel raisonnement porte les germes d’une guerre. La Côte d’Ivoire, avant l’indépendance, avait déjà grandement ouvert ses portes aux Burkinabè. Nul n’ignore qu’il existe de gros campements de Burkinabè un peu partout dans ce pays. Mais est-ce vraiment la même situation à l’Ouest. Il ne faut pas être méchant. Il y a des populations d’origine burkinabé dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. Mais à l’Ouest, de Duekoué à Toulépleu en passant par Blolequin, des Burkinabé, par hordes et par grappes, armées et saignants de pauvreté, ont été déversés pour investir le massif forestier de tout le secteur ouest. Quelle autorité ivoirienne ignore-t-elle la présence de la milice burkinabé dirigée par Ouéremi dans le mont Péko ? Il est difficile de concevoir que des citoyens ivoiriens soient marginalisés, exclus de leurs villages au profit de non-nationaux sans que le pouvoir ivoirien ne puisse lever le petit doigt.
 
Le pire reste à venir
Lors des derniers affrontements à l’Ouest, d’après les informations qui nous sont parvenues, il y a eu des tués du côté des éléments des Frci. Ces derniers n’ayant pas pu définir l’identité des assaillants, projetteraient, comme d’habitude, de procéder à un nettoyage qui aura pour conséquence l’extermination des pauvres populations ivoiriennes. Pourtant, ces soldats des Frci sont impuissants quand il s’agit de protéger les wê, victimes d’exaction de la part des Dozo ou des miliciens burkinabé.
N’oublions pas qu’en juillet 2012, près de mille personnes ont été massacrées par des miliciens descendus du pays de Compaoré. En complicité avec des soldats des Frci, ceux-ci ont souillé la terre ivoirienne par le sang des Ivoiriens refugiés au camp de Nahibly. Que s’est-il passé par la suite ? Rien du tout ! Malgré le cri d’alarme des organisations internationales des Droits de l’Homme, aucune enquête sérieuse n’a été menée pour arrêter et punir les coupables. Au regard de ce repère sanglant, force est de s’inquiéter sur ce qui risque de se passer dans les jours à venir à l’Ouest. Des populations ivoiriennes seront massacrées sous prétexte de combattre les assaillants. Nous connaissons les méthodes et les justifications des hommes de Ouattara.
C’est ici le lieu d’interpeller tous les cadres de l’Ouest qui «mangent» avec Ouattara. Occuper un portefeuille ministériel ou un poste juteux dans l’administration n’est pas une raison pour se taire face à la souffrance des parents. Anne Ouloto, cadre du Rdr, aurait accusé les Burkinabè de mener une guerre contre les Ivoiriens de l’Ouest pour occuper les terres cultivables. Nous voudrions espérer que son accusation ne soit pas simplement une parole proférée dans un contexte de l’effervescence des élections régionales. Dans le même élan, il faudrait que Mabri Toikeusse, Banzio, Denis Kah Zion et tous les autres cadres originaires de l’Ouest transcendent leurs intérêts égoïstes, pour dénoncer, à l’unisson, l’extermination tranquille de leurs parents. Demain, les Ivoiriens leur en seront reconnaissants.

Salomon Akonda in LG Infos

 

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Source : La Dépêche d'Abidjan 20 Mars 2013

CONTRIBUTION à L’HISTOIRE DU SYNDICALISME IVOIRIEN

A l’occasion du cinquantième anniversaire de la dissolution de l’ensemble des syndicats ivoiriens dans une centrale unique sous le nom d’Union générale des travailleurs de la Côte d’Ivoire (UGTCI), satellite du PDCI, parti unique et obligatoire à la botte d’Houphouët, on a assisté à une falsification honteuse de l’histoire du syndicalisme ivoirien. Ainsi, le communiqué publié par les organisateurs de cette soi-disant commémoration fait l’impasse sur les noms de personnages importants pour l’histoire des origines du syndicalisme ivoirien comme feu Gaston Fiankan, feu Camille Gris, Blaise Yao Ngo ou feu Samba Diarra.
Rappelons que Gaston Fiankan fut le premier prisonnier politique ivoirien de l’ère moderne pour son action à la tête d’un syndicat de salariés de la fonction publique proche de la mouvance anticolonialiste dont le PDCI constituait à l’époque l’aile politique. Camille Gris était, lui, un dirigeant de la CGT-AOF, l’un des derniers à résister à la volonté d’Houphouët et de ses maîtres français de liquider le syndicalisme de lutte, mais qui finit aussi par succomber. G. Fiankan fut brièvement ministre du Travail avant de commencer une carrière d’ambassadeur après l’indépendance. C. Gris lui succéda au ministère du Travail en 1959, qu’il occupa jusqu’à son arrestation en 1964 dans le cadre de l’un des épisodes des « faux complots ». Quant à B. Yao Ngo, il était au moment de son expulsion pendant l’été 1959, le dernier représentant du syndicalisme de lutte. Revenu au pays peu après l’indépendance, lui aussi devait connaître les geôles d’Houphouët dans le cadre des faux complots, mais dans son cas sans un jugement. De tous ceux-là, seul le nom de Samba Diarra est lié à l’histoire de la genèse de l’UGTCI. Ce médecin frais émoulu de la Faculté fut l’un de ceux qui firent triompher l’idée que pour mieux se défendre face à leurs exploiteurs, les travailleurs devaient impérativement s’unir. Mais S. Diarra ne devait pratiquement pas connaître son enfant, d’ailleurs bien méconnaissable ! A peine l’unité syndicale réalisée, il était arrêté,  en janvier 1963, lors du premier épisode de la grande chasse aux sorcières des premières années 1960, sur laquelle il devait laisser un témoignage poignant, sous le titre : « Les faux complots d’Houphouët-Boigny ».
Dans leur zèle falsificateur, les organisateurs ont même oublié de mentionner Joseph Coffie, qui dirigea pourtant l’UGTCI pratiquement de sa création, en 1962, jusqu’à son décès, en 1984 !
En hommage à eux tous, et à tous les militants anonymes qui donnèrent vie au syndicalisme ivoirien en bravant des difficultés inouïes, et parfois jusqu’au sacrifice suprême, je dédie cet article – signé de mon pseudonyme d’alors : J.B. Djouman – qui, fin 1963, marquait symboliquement un autre anniversaire de l’UGTCI, le troisième, dans les colonnes du tout premier numéro du journal clandestin « Le Nouveau Réveil », Organe du Comité des Patriotes Ivoiriens pour l'Unité et pour l’Action (cpiua), que j’animais.
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Trois ans après l’unité, où en est le syndicalisme ivoirien ?
Il y a plus de trois ans, le 2 juillet 1961, la conférence de l'unité syndicale réunie à Treichville décidait la fusion de tous les syndicats existants en une centrale nationale unique.  Le 4 août de l'année suivante, l’uni devenait une réalité avec la création de l’Union Générale des Travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI).
L’UGTCI est née à un moment où le climat social dans notre pays était particulièrement lourd. Depuis près de dix ans, les autorités observaient un immobilisme complet en matière de politique sociale : salaires bloqués malgré la hausse vertigineuse du coût de la vie ; refus de prendre en considération les justes revendications des travailleurs ; répression impitoyable du moindre mouvement revendicatif. Le mouvement syndical était parfaitement impuissant devant cette politique ouvertement antisociale ; et son impuissance était la conséquence directe de la division qui régnait en son sein. En mettant fin à cette division, les travailleurs ont posé un important jalon sur le chemin du renforcement du syndicalisme ivoirien.
Plus de trois ans après la conférence de l’ unité,        en est aujourd'hui le mouvement syndical ?
Tout d’abord, en ce qui concerne les problèmes des  travailleurs, le  moins qu'on puisse dire, c’est qu'ils n'ont rien perdu de leur nombre ni de leur acuité. Voici, pour que le lecteur s'en fasse une idée, quelques-unes des doléances présentées au gouvernement par l'U.G.T.C.I., le 1er mai 1963 :
- La mise de la législation nationale du travail en conformité avec les dispositions des conventions internationales.
- L’harmonisation du taux des allocations familiales (sous-­entendu : entre travailleurs blancs et travailleurs noirs).
- La réglementation du taux des loyers compte tenu de  l'importance des appartements.
- La gestion du risque des accidents du travail et maladies professionnelles par la Caisse de     Compensation des Prestations Familiales.
- La promulgation rapide d’une loi instituant la Sécurité sociale.
- L'égalité des salaires du secteur privé (sous-entendu entre travailleurs blancs et travailleurs noirs à qualification égale).
- L’africanisation partielle des postes du commerce.
- etc, etc.
En ce qui concerne la politique  sociale  du  gouvernement aujourd'hui, et ses perspectives d’avenir, on   peut en juger d‘’ après ces paroles d’Houphouët lui-même : “Si les salaires sont bloqués, il ne faut pas que les travailleurs perdent de vue qu’ils sont les mieux rétribués d'Afrique” (une assertion qui est d'ailleurs un pur mensonge) ; “je suis sûr que les travailleurs ne nous mettront jamais dans l’obligation de nous oppose à toute grève que nous  ne saurions tolérer”.
Pour le gouvernement, par conséquent, la situation des travailleurs est tout à fait satisfaisante et ils doivent s'en réjouir, un point c'est tout. Il suffit de rapprocher cette attitude de refus du bien fondé des revendications des travailleurs pour se rendre compte à quel point les deux parties sont irréconciliables.
Pour cette raison on a de la peine à croire  l’authenticité de la résolution de soutien au gouvernement  que  l'U.G.T.C.I. a publiée dans le courant de septembre 1963.   Dans  ce  communiqué, il est dit que :
Considérant que depuis l'accession de la Côte d'Ivoire à l’indépendance, le syndicalisme ivoirien a pris conscience du rôle qu'il doit jouer  dans la double tâche de la construction nationale et du développement économique et social;
Considérant que l’UGTCI, fidèle à sa doctrine, combattra avec force toute influence intérieure et extérieure de nature à nuire au bien-être de la classe ouvrière et des masses laborieuses ;
Considérant que dans  le cadre de la construction nationale l'UGTCI a souscrit aux mesures d'austérité appliquées par le gouvernement ;
L’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire fait confiance au PDCI et au chef de l’Etat pour mener à  bien l’œuvre de construction nationale.
Quiconque connaît la situation réelle dans le pays sait que cette résolution n'a rien à voir avec les sentiments profonds de la  majorité des travailleurs ivoiriens à l’égard du  régime.  Que le “comité exécutif” de l’UGTCI ait cru devoir le publier dans de telles circonstances prouve simplement que, après avoir perdu le droit de grève, les travailleurs ont aussi perdu le simple droit d’avoir leur propre  conception en matière  de politique  sociale et d’en faire  part   au gouvernement d’une façon ou d’une autre.
En tout cas, sur le plan des luttes syndicales et de l’efficaci générale du mouvement, le bilan apparaît très mince comparé à tout ce que les travailleurs étaient en droit d'attendre. Les travailleurs n'ont pas pu faire triompher une seule de leurs revendications traditionnelles. Ils n'ont pas reconquis les libertés syndicales. Ils n’ont pas pu imposer au pouvoir un choix sans équivoque entre les intérêts des masses laborieuses et ceux du patronat colonialiste. En définitive, l’UGTCI ne pèse pas plus lourd que chacune des anciennes centrales prises séparément. Incontestablement c’est une faillite.  ..A quoi l’attribuer ?
A l'origine de cette faillite il y a le fait que l'unité a marqué le triomphe des tendances conciliatrices, depuis les agents reconnus du pouvoir jusqu’aux théoriciens de l’apolitisme et de la non-violence sur les partisans d’un syndicalisme de lutte sans concessions et de l’indépendance du mouvement syndical. Houphouët n’a pas hésité à intervenir brutalement avant comme après la conférence du 2 juillet 1961, pour imposer ce résultat ; car s’il se savait impuissant à empêcher l’unité des travailleurs, il voulait absolument s’assurer le contrôle absolu de ce qui en sortirait. Ainsi, la création de l’UGTCI n’a été qu’une manœuvre de plus contre l’indépendance du syndicalisme ivoirien, et un moyen de désarmer les travailleurs.
L’expérience aura cependant été utile à quelque chose. En effet, la preuve est faite que le mot d’ordre de l’unité, s’il était absolument juste en lui-même, était néanmoins incomplet. L’unité en elle-même n’est nullement capable de résoudre les problèmes des travailleurs. Si les travailleurs ont réalisé leur unité, c’est parce qu’ils ont compris que la division était la grande responsable du recul des luttes sociales dans notre pays. S’unir, dans leur esprit, c’était renforcer leur potentiel de lutte. Par conséquent, le problème n’était pas d’unir tous les travailleurs sur la base d’un compromis dangereux, comme ce fut le cas, mais d’unir tous les travailleurs qui savent que rien ne s’obtient sans lutte, et qui sont décidés à mener ensemble une lutte sans merci pour arracher leur dû au patronat colonialiste.

J .B. DJOUMAN (Marcel Amondji)

Source : Le Nouveau Réveil N°1/décembre 1963