Cinq mois après le meurtre de l'opposant de gauche
Chokri Belaïd, tué devant chez lui par des hommes présumés liés à la mouvance
salafiste, c'est une autre figure de la gauche tunisienne, le
député de
l'opposition Mohamed Brahmi, qui a été assassinée ce matin par balles devant
son domicile à Tunis. Des manifestations spontanées anti-islamistes ont lieu à
Tunis et à Sidi Bouzid.
Mohamed Brahmi |
« Mohamed Brahmi, coordinateur
général du Mouvement populaire et membre de l'Assemblée nationale constituante
(ANC), a été assassiné par balles devant son domicile dans le secteur d'Ariana », ont indiqué la télévision
nationale et l'agence officielle TAP. Selon les médias locaux, cette figure de
la gauche tunisienne a été atteinte par 11 balles tirées à bout portant par
deux individus circulant à moto. L'ancien président du mouvement Echaâb
(Peuple), l'un des ténors de la gauche, s'est illustré par ses critiques
virulentes envers le parti islamiste Ennahdha, au pouvoir.
En février dernier, une autre figure de l'opposition
tunisienne, Chokri Belaïd, chef du parti des Patriotes
démocrates, a été tuée. Son assassinat avait déclenché de violentes
manifestations et une profonde crise politique dans le pays. Arrêté deux fois
sous l’ancien régime, Mohamed Brahmi avait créé son propre parti, le Mouvement
du peuple, après la chute de Ben Ali.
Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahda, a estimé que
l'assassinat de Mohamed Brahmi avait pour but de « stopper le processus démocratique en Tunisie et de tuer le seul
modèle réussi dans la région, particulièrement après les violences en Egypte,
en Syrie et en Libye ». Hussein Abbasi, secrétaire-général de l'UGTT,
la principale confédération syndicale du pays, a prédi jeudi « un bain
de sang » après l'assassinat de Brahmi.
Manifestations anti-islamistes à Tunis et Sidi Bouzid
Des millers de Tunisiens se sont rassemblés jeudi à
Tunis et dans la région de Sidi Bouzid pour dénoncer l'assassinat de Mohamed
Brahmi, accusant le parti islamiste Ennahda au pouvoir. « La Tunisie est libre, les
frères dégagent », ont-ils scandé en référence au lien d'Ennahda
avec la confrérie des Frères musulmans en Egypte. « Ghannouchi assassin »,
« Ennahda doit tomber aujourd'hui »,
« l'Assemblée constituante doit être
dissoute », ont crié les manifestants en colère qui ont commencé à se
rassembler sur l'avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis aussitôt la
nouvelle de l'assassinat connue. « Les
commanditaires de ce crime ont choisi le jour où les Tunisiens fêtent la
République pour perpétrer un deuxième assassinat politique », après la révolution, a dit à l'AFP, un manifestant
s'identifiant comme Mohamed B. « C'est
un complot contre le pays et le gouvernement en assume la responsabilité par
l'absence de vigilance », a renchéri Fethi Mouelhi.
Dans le même temps, des manifestations ont éclaté à Sidi
Bouzid, ville natale de Mohamed Brahmi et berceau de la « révolution
de jasmin » de l'hiver 2010-2011, où des centaines de Tunisiens ont laissé
éclater leur colère contre le chef du parti d'Ennahda Rached Ghannouchi, selon
un journaliste de l'AFP. « Ghannouchi
assassin, A bas le parti des frères (musulmans) à bas les tortionnaires du
peuple », ont-ils scandé. Dans la même région, des milliers ont envahi
les rues des quartiers de Meknassi et de Menzel Bouziane, avant de mettre le
feu au siège local du parti Ennahda.
Source : L’Humanité 25 Juillet 2013
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