vendredi 26 juillet 2013

Encore un progressiste assassiné en Tunisie

Cinq mois après le meurtre de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, tué devant chez lui par des hommes présumés liés à la mouvance salafiste, c'est une autre figure de la gauche tunisienne, le
Mohamed Brahmi
député de l'opposition Mohamed Brahmi, qui a été assassinée ce matin par balles devant son domicile à Tunis. Des manifestations spontanées anti-islamistes ont lieu à Tunis et à Sidi Bouzid.
« Mohamed Brahmi, coordinateur général du Mouvement populaire et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), a été assassiné par balles devant son domicile dans le secteur d'Ariana », ont indiqué la télévision nationale et l'agence officielle TAP. Selon les médias locaux, cette figure de la gauche tunisienne a été atteinte par 11 balles tirées à bout portant par deux individus circulant à moto. L'ancien président du mouvement Echaâb (Peuple), l'un des ténors de la gauche, s'est illustré par ses critiques virulentes envers le parti islamiste Ennahdha, au pouvoir.
En février dernier, une autre figure de l'opposition tunisienne, Chokri Belaïd, chef du parti des Patriotes démocrates, a été tuée. Son assassinat avait déclenché de violentes manifestations et une profonde crise politique dans le pays. Arrêté deux fois sous l’ancien régime, Mohamed Brahmi avait créé son propre parti, le Mouvement du peuple, après la chute de Ben Ali.
Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahda, a estimé que l'assassinat de Mohamed Brahmi avait pour but de « stopper le processus démocratique en Tunisie et de tuer le seul modèle réussi dans la région, particulièrement après les violences en Egypte, en Syrie et en Libye ». Hussein Abbasi, secrétaire-général de l'UGTT, la principale confédération syndicale du pays, a prédi jeudi « un bain de sang » après l'assassinat de Brahmi.
Manifestations anti-islamistes à Tunis et Sidi Bouzid
Des millers de Tunisiens se sont rassemblés jeudi à Tunis et dans la région de Sidi Bouzid pour dénoncer l'assassinat de Mohamed Brahmi, accusant le parti islamiste Ennahda au pouvoir. « La Tunisie est libre, les frères dégagent », ont-ils scandé en référence au lien d'Ennahda avec la confrérie des Frères musulmans en Egypte. « Ghannouchi assassin », « Ennahda doit tomber aujourd'hui », « l'Assemblée constituante doit être dissoute », ont crié les manifestants en colère qui ont commencé à se rassembler sur l'avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis aussitôt la nouvelle de l'assassinat connue. « Les commanditaires de ce crime ont choisi le jour où les Tunisiens fêtent la République pour perpétrer un deuxième assassinat politique », après la révolution, a dit à l'AFP, un manifestant s'identifiant comme Mohamed B. « C'est un complot contre le pays et le gouvernement en assume la responsabilité par l'absence de vigilance », a renchéri Fethi Mouelhi.
Dans le même temps, des manifestations ont éclaté à Sidi Bouzid, ville natale de Mohamed Brahmi et berceau de la « révolution de jasmin » de l'hiver 2010-2011, où des centaines de Tunisiens ont laissé éclater leur colère contre le chef du parti d'Ennahda Rached Ghannouchi, selon un journaliste de l'AFP. « Ghannouchi assassin, A bas le parti des frères (musulmans) à bas les tortionnaires du peuple », ont-ils scandé. Dans la même région, des milliers ont envahi les rues des quartiers de Meknassi et de Menzel Bouziane, avant de mettre le feu au siège local du parti Ennahda.

Source : L’Humanité 25 Juillet 2013

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