Notre Voie : Comment avez-vous accueilli la nouvelle
du 12ème congrès du Pdci ?
Armand Kouadio Kouakou : Ça a été un
soulagement. Je dois dire que cela a suscité en nous un réel espoir. L’espoir
de voir un changement s’opérer à la tête de notre parti, l’espoir de voir le
sort des jeunes s’améliorer. Il faut le dire, les jeunes sont oubliés dans
notre maison.
N.V. : Voulez-vous dire que, jusque-là, les jeunes ont
été relégués au second plan dans le parti ?
A.K.K. : C’est le constat que nous
avons fait. Mes camarades et moi, nous nous sommes battus. Nous
étions au
devant de la lutte. Nous avons mené le combat sur le campus. Beaucoup d’entre
nous ont été obligés de fuir parce qu’ils ont tout perdu. D’autres ont été
emprisonnés pendant des jours à la Maca. On nous a promis qu’avec le changement
de régime, la souffrance des étudiants du Pdci allait prendre fin. Mais,
jusque-là, c’est le contraire. Les jeunes du Pdci continuent de vivre dans la
misère. Ce n’est pas normal, et ça prouve que l’équipe qui dirige le parti
aujourd’hui a failli.
H. Konan Bédié dans un nouveau rôle |
N.V. : Mettez-vous en cause le leadership de Konan
Bédié ?
A.K.K. : Ce n’est pas seulement
Bédié. C’est tous ceux qui l’entourent, c’est-à-dire Bédié et son équipe. La
jeunesse n’a jamais été véritablement prise en compte.
N.V. : Le président de la Jpdci, KKB, est aujourd’hui
député. Comme il y a beaucoup d’autres jeunes qui ont eu de la promotion.
A.K.K.: Le président KKB a été élu
député. Je ne crois pas que cela soit une promotion. Il s’est battu sur le
terrain et le peuple l’a élu. Aujourd’hui, aucun jeune issu du milieu
universitaire en tout cas n’a connu de promotion. Au niveau du parti, les gens
font croire le contraire, en brandissant l’exemple d’un certain N’Zi Assamoi,
qui a été bombardé Daf au niveau de l’appareil du parti. Mais N’Zi Assamoi est
un inconnu. Au-delà des jeunes, les vrais qui vont au charbon sont laissés sur
le carreau. La promotion, s’il y en a, n’est rien d’autre que le fait d’un
favoritisme qui ne dit pas son nom.
N.V. : Ne pensez-vous pas que la revendication à des
postes d’emploi est un peu déplacée ?
A.K.K. : Nous sommes dans un pays où
la jeunesse constitue environ 70% de la population. Si le Pdci veut conquérir
le cœur des Ivoiriens, il est tout à fait logique que les dirigeants songent à
faire la promotion des jeunes. C’est pourquoi la Jeunesse pour la Coordination
des élèves et étudiants du Pdci milite pour une alternance, un changement
véritable. Mais aussi pour qu’il y ait une véritable promotion des jeunes au
sein des instances de décision au sortir du 12ème congrès.
N.V. : Pourquoi l’alternance est-elle nécessaire?
A.K.K. : Parce que nous ne faisons
plus confiance aux dirigeants actuels. Ils nous ont mis au placard après la
victoire de l’alliance du Rhdp en 2010. Nous ne sommes pas prêts à accepter que
cette classe dirigeante se maintienne à la tête du parti pour cinq ans encore.
Un nouveau mandat pour eux serait synonyme de souffrance et de misère.
N.V. : L’alternance, une réaction à l’échec de la
classe dirigeante ou plutôt une exigence qui entre dans l’ordre normale des
choses ?
A.K.K. : Ils ont échoué. Mais c’est
aussi une nécessité. Il est temps que le parti fasse sa mue. Si nous voulons reconquérir
le cœur des Ivoiriens, il ne fait pas l’ombre d’un doute que le parti doit
faire sa mue. Le Pdci doit faire la promotion de nouvelles personnes.
N.V. : Votre position est tout de même étrange
d’autant plus qu’au Pdci, l’on soutient qu’il y a le respect de la chaîne des
générations.
A.K.K. : Justement, il faut que la
génération actuelle dégage. Tant que ce n’est pas fait, il est clair que les
autres ne pourront pas avancer. Ils ont dirigé le parti et nous leur en sommes
reconnaissants. Le moment est venu de passer le témoin. Mais il faut qu’ils
partent dans la dignité
N.V. : Pouvez-vous être plus précis ?
A.K.K. : Nous souhaitons que les
aînés ne tordent pas le cou aux statuts et règlement intérieur du parti pour
satisfaire des individus. Ce n’est pas normal et, nous les jeunes, nous allons
nous opposer. Nous allons faire barrage à ce projet et ces desseins lugubres.
N.V. : Que répondez-vous à ceux qui disent que Bédié
est encore bon pour le service ?
A.K.K. : Pensez-vous que Nelson
Mandela, après son premier mandat, n’était pas encore bon pour le service en
Afrique du sud ? Je pense qu’à un moment donné, il faut savoir se retirer. Le
président Bédié gagnerait à se retirer. Il entrerait, s’il le faisait, dans
l’histoire par la grande porte. Par contre, s’il s’entête à se maintenir vaille
que vaille, l’histoire retiendra de lui qu’il a été un dictateur.
N.V. : Certains responsables du Pdci sont pour une
candidature unique du Rhdp à la prochaine présidentielle. Qu’en dites-vous ?
A.K.K. : La candidature unique dans
une alliance, c’est quelque chose de normal. Aujourd’hui, ceux qui sont en
train d’enterrer le Rhdp, ce sont les militants du Rdr. Souvenez-vous, on les a
vus, aux élections législatives, bastonnant le président de la jeunesse de
notre parti, le laissant pour mort ; on les a vus, aux élections municipales,
brigandant et cassant les urnes. Je pense que le Rhdp est en train de mourir à
cause justement de ces agissements. Nos aînés doivent comprendre que le parti
doit prendre son destin en main, pour présenter un candidat à la prochaine
présidentielle.
N.V. : Comment entrevoyez-vous le congrès ?
A.K.K.: Au Pdci, on s’entend
toujours. Mais, à ce congrès, on risque de ne pas s’entendre. Parce que nos
camarades sont déterminés à aller jusqu’au bout. Je profite de cette occasion
pour demander aux jeunes de se mobiliser massivement, le vendredi 12 juillet
2013, au siège du parti.
N.V. : Quelle réaction par rapport au lynchage
médiatique dont KKB fait l’objet en ce moment ?
A.K.K. :Aujourd’hui, il est
incompris, mais nous sommes persuadés que la vérité finira par triompher. Nous
sommes dans la vérité et nous triompherons sur le mensonge et sur les intérêts
corrompus de certains dirigeants.
N.V. : Le Pdci va-t-il renaître de nouveau ou on va
vers l’implosion ?
A.K.K.: Il n’y aura pas d’implosion
si le président Bédié se retire. D’ailleurs, il ne peut pas être candidat. La
limite d’âge est fixée à 75 ans. Si le congrès modifie les textes, ils ne
seront applicables qu’après ce congrès. Si le président Bédié fait un forcing,
ce sera de la tyrannie.
N.V. : En tant que membre de la Coordination des
élèves et étudiants, quelle part active comptez-vous prendre dans la tenue de
ce congrès ?
A.K.K.: Nous avons nos méthodes pour
faire pression sur la direction du parti. Nous revendiquons la réintégration de
nos responsables dans les différentes commissions techniques de préparations du
12ème congrès. Nous revendiquons également une tribune d’expression à ce
congrès. Nous sommes sûrs que nous aurons la victoire. Nous demandons aux
militants du Pdci de rester sereins, car, bientôt, nous allons faire bouger les
lignes. Aux Ivoiriens, nous disons que nous savons la place du Pdci, qui est un
parti de tolérance, de dialogue et de paix. C’est ce parti seul qui peut apporter
la paix en Côte d’Ivoire.
(*) - Armand Kouadio
Kouakou est le président de la Coordination des élèves et étudiants militants
du Pdci.
Interview réalisée par César Ebrokié
Titre original : Armand Kouadio Kouakou : Si Bédié partait, il resterait dans l’histoire.
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aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension
des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source: Notre Voie 12
juillet 2013
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