vendredi 31 mars 2017

La Francophonie est-elle complice de la Françafrique ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet qui nous rassemble ici, je voudrais m’acquitter de quatre obligations. Premièrement, je tiens à remercier l’Alliance française de Philadelphie, sa directrice sortante, Mme Martine Chauvet, sa nouvelle directrice, Sonia Penas, et son conseil d’administration de l’honneur qu’ils me font de donner cette conférence sur la Françafrique. Merci également à vous, Mesdames et Messieurs, d’avoir répondu à notre invitation malgré votre emploi du temps qui doit être extrêmement chargé !
Deuxièmement, quand je parle de la France, je n’entends pas le peuple français qui bien souvent n’est pas au courant des magouilles et coups tordus de certains hommes politiques français en Afrique. Dans ce peuple français, je compte plusieurs amis opposés à la Françafrique.
Troisièmement, je ne mets pas tous les politiques français dans le même sac, je ne dis pas que tous sont des acteurs de la Françafrique. Lionel Jospin, par exemple, a montré qu’il était contre la Françafrique en refusant, en pleine cohabitation (la France était dirigée à ce moment-là par lui et Jacques Chirac), que son pays intervienne militairement pour remettre en selle l’Ivoirien Henri Konan Bédié victime d’un coup d’État militaire, le 24 décembre 1999.
Enfin, je voudrais dire à haute et intelligible voix que je me revendique des Lumières françaises et de la Révolution française de 1789 ; que je m’honore d’avoir étudié des textes d’Émile Zola, Victor Hugo, Voltaire, Albert Camus, Antoine de Saint-Exupéry, André Malraux, Jean-Paul Sartre, Pierre Bourdieu, Emmanuel Mounier, Paul Ricœur et d’autres qui m’ont appris qu’un intellectuel « n’est ni un pacificateur ni un bâtisseur de consensus, mais quelqu’un qui engage et qui risque tout son être sur la base d’un sens constamment critique, quelqu’un qui refuse, quel qu’en soit le prix, les formules faciles, les idées toutes faites, les confirmations complaisantes des propos et des actions des gens de pouvoir et autres esprits conventionnels. Non pas seulement qui, passivement, les refuse, mais qui, activement, s’engage à le dire en public ».[1]
« En 2017, nous fêterons les 20 ans de la création du poste de secrétaire général de l’OIF. L’âge de la maturité pour que la famille francophone dresse un bilan sans tabou. Trop longtemps, taraudée par sa conscience postcoloniale, la France est restée figée dans une réserve incomprise de ses partenaires. Or la Francophonie n’est pas un héritage. Elle représente un avenir commun. Le débat doit s’ouvrir sur ce qui la définit et sur le projet politique qu’elle entend porter au XXIe siècle », déclarait Alain Juppé, le maire de Bordeaux, le 19 mars 2016. Je souhaiterais que nous puissions avoir un débat constructif et sans langue de bois sur un sujet dont la Francophonie ne parle pas assez ou pas du tout : La Françafrique. Comment est né ce néologisme ? Que signifie-t-il ? Pour répondre à ces deux questions, je donnerai la parole, entre autres auteurs, à feu François-Xavier Verschave (Français), à Makhily Gassama (Sénégalais) et à François Mattei (Français). Ce sera la première partie de notre présentation. Nous verrons ensuite comment la Françafrique est perçue par 2 politiques français (Nicolas Sarkozy et François Hollande), pourquoi elle perdure nonobstant les discours promettant et prédisant sa fin (2e et 3e parties). Dans la 4 et dernière partie, nous essaierons de voir si, oui ou non, la Francophonie est complice de la Françafrique.

I. Origine et signification du concept de la Françafrique
C’est l’économiste F.-X. Verschave qui a forgé le concept de la Françafrique, une parodie de l’expression « FranceAfrique » employée pour la première fois par Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire, qui souhaitait que les pays africains nouvellement indépendants puissent entretenir de bonnes relations avec l’ancienne puissance colonisatrice. Pour le fondateur de l’Association Survie, la Françafrique est « un système occulte, orchestré par Jacques Foccart depuis la cellule africaine de l’Élysée, pour continuer à exercer une influence en Afrique; un système composé d’acteurs économiques, politiques et militaires français et africains organisés en réseaux et cherchant à s’accaparer les rentes de l’aide au développement et les matières premières ».[2] Pour sa part, Makhily Gassama, écrivain et ancien ministre de la Culture sénégalais, compare la Françafrique à « un monstre qui a surgi, telles des jumelles, en même temps que les indépendances qui est partout et dont l’objectif est de s’enrichir et de saborder les indépendances de l’Afrique en les vidant de leur substantifique moelle, en mettant et soutenant à la tête des États africains des êtres d’un autre âge venus de nulle part, corrompus, manipulables, prêts à tous les crimes pour se maintenir au pouvoir ».[3] Quant au journaliste François Mattei, voici sa définition de la Françafrique : « Des mécanismes de domination coloniale qui sont supposés avoir disparu, mais qui sont en fait masqués. Les piliers de la Françafrique existent bel et bien: présence militaire française en Afrique avec plus de 10.000 hommes et des interventions fréquentes, des accords de défense qui permettent cette présence militaire, la haute main de la France sur le sous-sol de ces pays, par exemple pour l’uranium du Niger qui assure le quart de production électrique française et le contrôle de la monnaie, le franc CFA qui est imprimé en France, en Auvergne et qui est géré par le Trésor français. Aujourd’hui, la France prend 50% des devises d’exportations de ces pays: ventes de cacao, café et minéraux, notamment, pour garantir la monnaie ».[4] Les 3 écrivains nous laissent ainsi penser que la France est « partie » sans vraiment partir de ses ex-colonies, qu’elle continue de s’immiscer dans leurs affaires et d’y avoir une influence négative. Et les politiques français, quelle est leur opinion sur la Françafrique ? L’approuvent-ils ou bien y sont-ils opposés ?

II. Le regard de 2 politiques français sur la Françafrique
En visite au Bénin, le 24 mai 2006, Nicolas Sarkozy promet la rupture avec la Françafrique en déclarant : « Il faut débarrasser la relation entre la France et ses anciennes colonies des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent, des circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé ; il faut tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés ».[5]
Le 12 octobre 2012, à Dakar, devant les députés sénégalais, François Hollande annonce : « Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. Les émissaires, les intermédiaires et les officines trouvent désormais porte close à la présidence de la République française comme dans les ministères ».[6]
Malheureusement, des discours aux actes il y eut loin, comme il y a loin de la coupe aux lèvres ; la rupture avec la Françafrique, maintes fois promise ou annoncée, n’eut pas lieu. Le pire est que ceux qui voulaient enterrer le « monstre » furent empêchés d’agir. C’est le cas de Jean-Pierre Cot débarqué en 1982 du ministère de la Coopération par François Mitterrand pour « s’en être pris frontalement à ces réseaux de la Françafrique ».[7] C’est aussi le cas de Jean-Marie Bockel limogé du gouvernement par Sarkozy à la demande d’Omar Bongo, le président gabonais, deux mois après avoir affirmé que « la Françafrique était moribonde » et qu’il voulait « signer son acte de décès ».[8] Pourquoi la Françafrique perdure-t-elle malgré les discours annonçant sa disparition ?

III. Pourquoi les promesses ne sont-elles pas tenues ?
Parce que la Françafrique profite financièrement à certaines personnes. En témoignent ces propos tenus en septembre 2011 dans Le journal du Dimanche par Robert Bourgi, avocat franco-libanais et acteur de la Françafrique : « Pendant trente ans, Jacques Foccart a été en charge, entre autres choses, des transferts de fonds entre les chefs d’État africains et Jacques Chirac. Moi-même, j’ai participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris. (…) Il prenait le sac et se dirigeait vers le meuble vitré au fond de son bureau, et rangeait lui-même les liasses. Il n’y avait jamais moins de 5 millions de francs. Cela pouvait aller jusqu’à 15 millions. Je me souviens de la première remise de fonds en présence de Villepin. L’argent venait du maréchal Mobutu, président du Zaïre. C’était en 1995. Il m’avait confié 10 millions de francs que Jacques Foccart est allé remettre à Chirac ».[9]
De son côté, la juge franco-norvégienne Eva Joly accuse la France d’avoir « accaparé les ressources minières du Gabon avec la complicité d’un président enrôlé dès son service militaire par l’armée française et ses services secrets » et d’être derrière les guerres civiles et les dictatures qui ont détruit et endeuillé l’Angola, le Congo-Brazzaville, le Nigeria (la guerre du Biafra), etc. Parlant de l’uranium du Niger pillé par Areva ou de l’or de Sadiola (Mali), « deux pays parmi les plus pauvres du globe, qui ne touchent qu’une part dérisoire des richesses prélevées dans leur sol », elle ajoute : « Notre prospérité est nourrie de richesses que nous détournons ».[10]

IV. La Francophonie est-elle complice de la Françafrique ?
Selon le Rapport du 12 octobre 2010 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le français était utilisé en 2010 par 21 États africains et parlé par 308 millions d’habitants. Le même rapport affirme que la langue de Molière « se développe en Afrique, principalement pour des raisons démographiques, stagne en Amérique du Nord, et décline en Europe ». On y apprend aussi que 85% des locuteurs du français seront en Afrique en 2050 contre 50% en 2010.[11]
Que le français progresse en Afrique ne me dérange point. Ce qui me dérange, c’est la régression, année après année, de la qualité de vie des Africains s’exprimant dans la langue française. Par exemple, le Ghana dame le pion à la Côte d’Ivoire si on se fonde sur les critères suivants : pouvoir d’achat, respect des droits de l’homme, bien-être social, alternance politique pacifique, etc. De la même manière, le Gabon est moins « développé » que le Botswana et le Kenya s’en sort beaucoup mieux que le Congo-Brazzaville. Ce que je veux souligner ici, c’est qu’une langue qui n’a aucun impact positif sur la vie quotidienne des gens, qui progresse pendant que s’appauvrissent ceux qui la parlent, a en quelque sorte échoué, donc ne sert strictement à rien. On peut même se demander si cette langue n’est pas complice de la Françafrique qui pille et tue les Africains depuis 1960. En d’autres termes, pour que le français ne soit pas remplacé du jour au lendemain par une autre langue dans tel ou tel pays comme dans le Rwanda de Paul Kagamé, pour qu’elle soit prise au sérieux, pour qu’elle ne soit pas perçue comme « un instrument d’oppression, un échafaudage d’idées qui d’ailleurs n’ont rien à voir avec la langue française pour maintenir les Africains sans autel »,[12] la francophonie devrait commencer à se préoccuper des souffrances et aspirations des locuteurs du français en Afrique.
Dans son livre déjà cité, Eva Joly s’interroge en ces termes : « Comment des institutions solides et démocratiques, des esprits brillants et éclairés, ont-ils pu tisser des réseaux violant systématiquement la loi, la justice et la démocratie ? Pourquoi des journalistes réputés, de tout bord, ont-ils toléré ce qu`ils ont vu ? Pourquoi des partis politiques et des ONG, par ailleurs prompts à s’enflammer, n’ont-ils rien voulu voir ? ».
La Francophonie ne peut continuer à se taire ou à fermer les yeux sur les crimes politiques et économiques de la France en Afrique. Pour « représenter un avenir commun », elle devrait plutôt contribuer à démanteler « le système mis en place en Afrique par la France [mais] loin de ses valeurs et de l’image qu’elle aime renvoyer au monde ».[13]

Jean-Claude DJEREKE


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


 Source : connectionivoirienne.net 31 Mar 2017

[1] - Edward Said, « Des intellectuels et du pouvoir », Paris, Seuil, 1996.
[2] - cf. « La Françafrique. Le plus long scandale de la République », Paris, Stock, 1999.
[3] - cf. l’ouvrage collectif « 50 ans après, quelle indépendance pour l’Afrique? », Paris, Éditions Philippe Rey, 2010, p. 156.
[4] - cf. « La Françafrique est une réalité », in « Buzzles. La pièce d’info qui vous manque», 30 novembre 2014.
[5] - http://www.liberation.fr/planete/2006/05/20/sarkozy-veut-nettoyer-la-francafrique_39898).
[6] - http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/10/12/hollande-exprime-sa-grande-confiance-dans-le-senegal-et-l-afrique_1774886_3212.html).
[7] - Philippe Leymarie, « Signaux contradictoires sur le continent noir », Le Monde diplomatique juillet 2008.
[8] - cf. Le Monde du 16 janvier 2008.
[9] - http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/L-avocat-Robert-Bourgi-raconte-comment-il-a-convoye-jusqu-a-l-Elysee-les-millions-des-chefs-d-Etat-africains-interview-387001.
[10] - cf. « La force qui nous manque », Paris, Les Arènes, 2007, pp. 115, 116 et 149.
[11] - http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/10/13/le-francais-progresse-en-afrique-mais-il-decline-en-europe_1424818_3244.html#JALkx8IZLEio12BY.99.
[12] - Mongo Beti dans André Djiffack, « Le rebelle II », Paris, Gallimard, 2007, p. 163.
[13] - Eva Joly.

mercredi 22 mars 2017

Présidentielle 2017 en France. Les candidats et leur programme à l’internationale

©Afp Patrick Kovarik© AFP 2017 Patrick KOVARIK © AFP 2017 Patrick KOVARIK © AFP 2017 Patrick KOVARIK
Quelle est la place de la France dans le monde ? Les cinq principaux candidats, invités de TF1, avaient quelques minutes pour convaincre, face à l’Amérique de Trump et la Russie de Poutine. Mais c’est surtout cette dernière qui a animé la fin de débat.
Devant une France insomniaque, les cinq « principaux » candidats à l'élection présidentielle se sont rencontrés sur le plateau de TF1 lundi soir, pour un premier grand échange. 10 millions de téléspectateurs ont vu défilé plusieurs thèmes durant trois heures de débat, abordés plus ou moins longuement (éducation, santé, laïcité, institutions, environnement), effleurés (défense, sécurité, diplomatie) ou quasi oublié (Europe, culture).
Entre piques et saillis, que faut-il retenir de cette première confrontation ? La dernière partie de l'émission concernait la place de la France dans le monde « Entre l'Amérique de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine », avec en ligne de mire la lutte « contre Daech, en Syrie, en Irak et sur notre sol ».
Dans une course contre la montre, les candidats ont, tant bien que mal, développé leurs propositions. Djordje Kuzmanovic, en charge des questions de géostratégie et de défense pour la France insoumise (FI) les décrypte avec nous.
Emmanuel Macron est le premier à remarquer la grande absente des discussions : l'Europe, essayant de la replacer dans le débat. D'emblée, il prône une « France forte » dans une Europe « indépendante mais responsable ». Évinçant l'idée d'un rapprochement avec la Russie, mais évitant de parler des États-Unis.
« Ça ne veut rien dire du tout, comme on lui a fait le reproche […]. Il continuera la politique de Sarkozy et de Hollande, si d'aventure il était élu. Donc, plus de soumission à Washington et plus d'intégration européenne, chose qui retire toute grandeur à la France. C'est parfaitement incohérent ».
Le candidat d'En Marche ! envoie un tacle au passage à Benoît Hamon, qu'il accuse d'être européen « quand ça l'arrange ». Benoît Hamon est pour « une défense européenne », mais pose le décor de manière plus virulente : « Nous avons une instabilité qui naît du fait que Donald Trump est désormais Président. Nous ne pouvons pas ignorer ce que sont les prétentions et le jeu de la Russie, en Syrie et aux frontières orientales de l'Union européenne ». Il conclut, « moins d'Amérique, ce doit être plus d'Europe ».
« Macron et Hamon s'affrontent, mais c'est plutôt une illusion. Dans la réalité, ils défendent la même chose. Hamon ajoute qu'il propose une hausse du budget de la défense à 3 % du PIB, ce qui veut dire une augmentation à 24 ou 25 milliards d'euros. On se demande comment il va les utiliser et financer, vu qu'il ne veut pas sortir des traités européens qui l'empêcheraient de faire une dépense de ce volume au profit des armées ».
Il s'inscrit dans la continuité de François Hollande, alors que plus à gauche, pour Jean-Luc Mélenchon qui se pose en « président de la paix », « l'Europe de la défense, c'est l'Europe de la guerre ». La première chose à faire, c'est organiser une conférence de l'Atlantique à l'Oural, afin de « négocier » des frontières, oubliées depuis la fin de l'Union soviétique. « Extrêmement dangereux ! », s'exclame Benoît Hamon, notamment au vu du rattachement de la Crimée à la Russie.
« Il propose une conférence de sécurité, dont le but est de réintroduire la discussion avec la Russie pour éviter tout risque de guerre en Europe, vers lequel nous a entraîné un certain aventurisme des États-Unis, en déployant les batteries de boucliers anti-missile en Pologne et en Roumanie, qui a provoqué une réaction du même ordre du côté russe […]. Une conférence de ce type est salutaire ».
Rediscuter des frontières, François Fillon semblait acquiescer, qui rappelle que des frontières ont bougé en Européen, prenant l'exemple du Kosovo : « Il faut étudier la question-là au regard du droit internationale et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Il déplore le fait que la France n'ait plus son mot à dire dans le dossier syrien, et dans la lutte contre l'État islamique. La France est trop « intervenue », il faut « hiérarchiser », et partager le « fardeau » entre les européens.
« Il faut quand même rappeler que M. François Fillon était Premier ministre de Nicolas Sarkozy, et était celui qui a mis en œuvre la réintégration de la France dans l'Otan […]. Il est embarrassé sur ce qu'il peut dire parfois, en reprenant des accents gaulliens sur la grandeur de la France, et sa pratique concrète d'homme politique ».
Marine Le Pen se répète, « personne ne décide à notre place », il faut « maitriser les frontières ». Sur l'armée, pour 2018, elle veut consacrer 2 % du PIB, grimpant à 3 % à la fin du quinquennat. « Une industrie militaire, c'est fondamentale », insiste-t-elle, tandis que François Fillon lui rétorque que c'est irréaliste.
« Une fois qu'on a décidé du rôle à faire jouer à la France dans le monde, on se dote des moyens nécessaires pour mener à bien cette politique, 2 % ou 2,5 %, mais nous on préfère cette manière-là, plutôt qu'une manière comptable qui ne dit pas à quels objectifs seront alloués ces dépenses. Mme Le Pen se retrouve tout à fait étonnamment avec Benoît Hamon, qui lui aussi souhaite un budget à 3 %, je crois que c'est pour complaire aux États-Unis du côté de M. Hamon et renforcer les capacités de la France dans le cadre de l'Alliance atlantique ».
Sans surprise, les candidats se sont divisés sur la question du dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine, que défendent François Fillon (« Il faut faire la paix avec la Russie »), Marine Le Pen (quoique silence sur le plateau de TF1 ce soir-là) mais aussi Jean-Luc Mélenchon (« Il ne sert à rien de se montrer armés jusqu'aux dents en face des Russes, mieux vaut discuter »). Un point sur lequel Emmanuel Macron est clair : « Aujourd'hui, je ne construirai pas mon indépendance, comme vous le proposez Mme Le Pen, en allant me rapprocher de M. Poutine ». Benoît Hamon, pointant ses arrières d'un pouce grave : « Quand on discute avec M. Poutine, il vaut mieux arriver avec quelques arguments ».
« Certains candidats, par automatisme, s'offusquent quand on parle de la Russie. Nous avons une vision pragmatique. Nous ne soutenons pas Vladimir Poutine […], nous ne sommes pas Russes et les autres candidats non plus, ni ne sommes Américains. Et la Russie et les États-Unis, comme tous les États, doivent être considérés pour ce qu'ils sont, des entités géopolitiques, avec lesquelles la France discutent et défend ces intérêts », conclut Djordje Kuzmanovic.

Source : © AFP 2017 Patrick KOVARIK https://fr.sputniknews.com 21 mars 2017

mardi 21 mars 2017

Vers un coup d’État oligarchique en France ?

On s’achemine vers un événement pas très rassurant. Le système est devenu tyrannique et voudrait coffrer les gens qui ne lisent pas Le Monde. Le trio OTAN-BCE-Bruxelles veut imposer son Macron comme hier son Juppé.
Candidat du triangle magique Rothschild-Drahi-Soros, le vendeur d'Alstom est l'enclume rêvée où le marteau du capital mondialisé aplatira ce qui reste de France libre.
La nouvelle caste cruelle qui se met en place sous le label d'européen ou de libéral-libertaire n'a plus peur des obstacles.
Guy Debord :
« Il faut conclure qu'une relève est imminente et inéluctable dans la caste cooptée qui gère la domination, et notamment dirige la protection de cette domination. En une telle matière, la nouveauté, bien sûr, ne sera jamais exposée sur la scène du spectacle. Elle apparaît seulement comme la foudre, qu'on ne reconnaît qu'à ses coups. Cette relève, qui va décisivement parachever l'œuvre des temps spectaculaires, s'opère discrètement, et quoique concernant des gens déjà installés tous dans la sphère même du pouvoir, conspirativement. Elle sélectionnera ceux qui y prendront part sur cette exigence principale : qu'ils sachent clairement de quels obstacles ils sont délivrés, et de quoi ils sont capables ».
Les obstacles dont on est délivrés, ce sont clairement les élections.
Il y a d'un côté le candidat de l'oligarchie. Celle-ci rétribue bien les traîtres et les sadiques qui organisent la division, l'invasion et la guerre pour tous — sauf pour la bourse et pour l'élite. Voyez Rasmussen (Otan) ou Barroso (Bruxelles) qui ont fini à deux millions de dollars par an chez Goldman Sachs. Ces sommes d'ailleurs sont des gouttes d'eau dans l'océan de dettes et de liquidités. Le reptilien Draghi vient de Goldman Sachs comme on sait ; après avoir ruiné son pays, l'Italie, Mario se prépare à anéantir l'épargne européenne.
De l'autre côté, il y a la candidature populaire. Le candidat populiste est celui insulté qui plaît au peuple : Poutine en Russie, Trump en Amérique, Marine ou Fillon en France. Fillon a déplu parce qu'il incarne un légitimisme paisible façon Charles X, la russophilie abhorrée, une réalité familiale (cinq enfants — les couples fantômes les excitent plus) et un catholicisme qui les rend fous, à gauche comme à Bruxelles. Marine incarne ce que l'on sait, une rage vieille de trente ans, et on se doute que la conjugaison de ces deux forces destinées à se battre pourrait dynamiter cet affreux système orwellien de guerre eurasienne et de terreur médiatique. Si seulement on pouvait avoir droit à un ticket comme on dit en Amérique Fillon-Marine !
Guy Debord ajoutait (nous étions en 1988, en plein triomphe du mitterrandisme et de son obscène culte idolâtrique) :
« À ce résultat, on mesurera, plutôt que le bonheur général, la force redoutable des réseaux de la tyrannie. Jamais censure n'a été plus parfaite. Jamais l'opinion de ceux à qui l'on fait croire encore, dans quelques pays, qu'ils sont restés des citoyens libres, n'a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu'il s'agit d'un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n'a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien ».
Justement on ne peut plus mentir. Plein de gens qui n'avaient pas accès à une information dégagée des ordres et contraintes de la caste dirigeante ont pu, grâce à Internet, se faire une idée plus nette de ceux qui la dirigent, et voter pour Donald Trump — quelle que soit sa maladresse, mais ce n'est pas la question, puisqu'ils veulent toujours lui faire la peau.
Le temps heureux de la désinformation facile est terminé, malgré les orientations de Google et Facebook.
Notre théorie de la vérification peut enfin calculer leur pratique de la conspiration. Aujourd'hui on peut apprendre et cela les rends fous. L'Otan organise sa chasse aux sorcières et se retrouve en guerre contre ceux qui s'informent au lieu de bêler méchamment. Le renforcement de l'Otan montre le tournant fasciste européen, la volonté de cette oligarchie de se défendre même militairement contre la protestation. Son utilisation est aussi intérieure qu'antirusse.
En attendant, préparez-vous à des heures chaudes. La France de souche et bien élevée, comme dit la journaliste chrétienne Gabrielle Cluzel, n'était plus habituée à trop bouger. Elle se laissait marcher sur les pieds — et demandait pardon encore !
Par contre la France des banques et des voyous (Chatelet), des discothèques et des bureaucrates, des nuits debout et des attentats rentables, est devenue folle et violente, et ne veut plus reculer. Voyez ce qui s'est passé en Ukraine. La violence, la mort, la guerre, le début de la guerre mondiale avec le coup d'Etat de la place Maidan filmé par les drones de CNN. Ne croyez pas que cela ne vous arrivera pas. Après le ricanement, ils essaieront la tuerie.
Quant à ce système je lui conseille de se tempérer. Il s'en prend en ce moment à trop de gens à la fois.
Nicolas Bonnal
Nicolas Bonnal

EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».

 Source : https://fr.sputniknews.com  08 mars 2017

vendredi 17 mars 2017

En Côte d’Ivoire, la jeunesse fait le deuil de l’avenir

8 novembre 2004. Jeunes Ivoiriens aux mains nues
face aux chars du colonel Destremau...
Soixante (60) d'entre eux au moins vont mourir
« Quel bonheur d’être ivoirien et d’avoir 20 ans ! », s’enflammait Jacques Raphaël Leygues, un ambassadeur de France accrédité auprès du président Houphouët-Boigny de 1963 à 1979. Un autre monde.
C’était l’époque du boom économique, d’un âge d’or postcolonial qui valait à notre pays de figurer au chapitre des États en expansion dans les manuels scolaires de son ancienne tutelle, au même titre que l’Algérie, le Brésil ou la Corée du Sud. Le label Côte d’Ivoire était alors une référence.
Le pays portait les promesses d’une société de progrès, ouverte et décomplexée. Son prestige et son influence diplomatique, sa tradition d’hospitalité faisaient l’objet d’une fierté ivoirienne à l’intérieur et à l’extérieur. Chacun louait ces bonnes performances et rivalisait de superlatifs, allant jusqu’à l’évocation d’un miracle ivoirien. Le principal artisan de ce succès réfutait quant à lui cet éloge fort immodeste, considérant qu’il n’y avait en l’espèce « ni miracle ni mirage, Jésus de Nazareth [n’étant] pas de tous les siècles ».
Le comparatisme flamboyant a vécu, et avec lui notre exemplarité. À force d’additionner exclusion et division, notre modèle de société et notre culture du dialogue n’inspirent plus. Notre pays subit le déclassement. Il est sorti du planisphère avec la disparition de celui qui incarna sa grandeur, son unité, son sens de la liberté, soit une certaine idée de la Côte d’Ivoire.
Par une loi de 1946 portant abolition du travail forcé, Félix Houphouët-Boigny a su se hisser au rang des héros messianiques du XXe siècle. C’est le point de départ du mythe d’émancipation. Son spectre hante le roman national à la manière d’un fantasme enivrant, d’une hallucination nostalgique, au point de donner de notre pays l’image en trompe-l’œil d’un îlot mélancolique, passéiste et figé.
Au miroir des années Houphouët, l’expérience ivoirienne contemporaine ressemble à une histoire projetée en négatif. En 1997, à l’issue d’un entretien avec Guy Nairay, inamovible directeur de cabinet du président, un dialogue prémonitoire se noua entre nous. Prémonitoire car les recompositions politiques qui s’annoncent dès 2017 résonnent en écho à cette conversation. « Je vois que vous n’êtes pas houphouétiste », me dit-il, surpris par une distance critique qu’il assimilait à de la défiance. « Ce n’est pas de mon âge », répondis-je impassiblement.
Nairay était la plume du président et l’un des principaux concepteurs d’un dogme dont il ne se faisait qu’exceptionnellement l’exégète. Face à l’ironie d’une comparaison d’Houphouët-Boigny avec le Petit Père des peuples, il protesta par l’une des formules ramassées dont il avait le secret : « Ni livre rouge ni livre vert ». Après un temps d’introspection, il ponctua cet échange par une confession d’une étonnante actualité : « Nous avions une nation à bâtir ».
L’houphouétomania est un indicateur d’angoisse, de mal-être social. Elle tient lieu de comble quand point la peur du vide, et remplit l’office d’un catalyseur, d’un rêve évanescent.
« Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu », prévenait d’ailleurs Houphouët-Boigny dans une maxime volontariste, une incitation à tirer parti du réel. Or déjà se dessine sous nos yeux une Côte d’Ivoire 3.0 ! Porteuse de nouvelles tendances, de nouveaux marqueurs, de nouvelles opportunités créatives, elle résulte de la digitalisation et des bouleversements provoqués par une société du flux. Désireuse de parler en son nom propre, elle ne s’exprime malheureusement que sur le mode nihiliste du refus, s’éloigne de l’Histoire, fait progressivement son deuil de l’avenir. Sa composition sociale recoupe celle du dividende démographique, du rajeunissement vertigineux de la population.
Cette Côte d’Ivoire 3.0 regorge d’énergie, c’est un potentiel à convertir en richesse. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer à côté. Elle représente une ultime chance de donner de l’avenir à notre pays. Ce pays réel, sorti de lui-même, laissé à l’abandon par nos politiques publiques, peine à se reconnaître sous les traits du pays légal. Un pays légal que caractérisent les discours convenus, les institutions flambant neuves et autres utopies hors sol du storytelling managérial.
Dans tous les secteurs, ces nouvelles générations se préparent à la relève de la génération « cabri-mort », celle qui a vu le pays renaître au multipartisme à l’orée de ses 20 ans, celle des plus improbables sacrifices. Nous avons vis‑à-vis d’elles devoir et responsabilité. Le devoir de sortir du somnambulisme pour accompagner lucidement cette transition inouïe. La responsabilité de promouvoir une société d’insertion et de transformation tournée vers le futur.

Franck Hermann Ekra
(Analyste politique et consultant en stratégies d'images)


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : Jeune Afrique 11 janvier 2017

vendredi 10 mars 2017

Le général Dogbo Blé, parfait bouc émissaire !

BRUNO DOGBO BLE
Soldat- Citoyen - Patriote
Déja condamné à la peine maximale pour le meurtre du général Robert Guéi, le valeureux général Bruno Dogbo Blé comparait de nouveau, cette fois-ci pour endosser le meurtre de quatre personnes au Novotel. Selon la doxa officielle, « Le 4 avril 2011, au plus fort de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, un commando avait fait irruption à l’hôtel Novotel d’Abidjan, emmenant son directeur le français Stéphane Frantz Di Rippel, son compatriote Yves Lambelin, directeur général de Sifca, plus grand groupe agro-industriel ivoirien, l’assistant béninois de celui-ci Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général d’une filiale de Sifca ». Et toujours selon cette même thèse officielle, ils ont été emmenés au palais présidentiel, ont été torturés, assassinés, − comme à l’habitude − par un cruel officier, tout acquis à la cause de Laurent Gbagbo.
« Je peux dire que le crime a eu lieu au Novotel », assène encore le général. Cela semble logique, car emmener quatre personnes, dont deux Français, au nez et à la barbe de la force Licorne, sans que celle-ci n’intervienne, est plutôt étrange. Comme il est étrange qu’aucune trace d’un mandat d’amener soit trouvé dans les archives de la police ou de la garde républicaine.
A la barre, le général se défend et fait ressortir la responsabilité de la France ; il dénonce l’absence de témoins comme le général Mangou, chef d’état-major de l’époque, inscrit aux abonnés absents, d’autres hauts gradés qui ont déserté, et l’ambassadeur de France Jean-Marc Simon, qui supervisait et suivait l’avancée de la rébellion, les attaques aériennes puis terrestres de la Licorne, jusqu’à la prise peu glorieuse, après le bombardement de la Présidence, d’un homme, véritable chef d’Etat d’un pays souverain, que l’on a anéanti, lui, sa famille, ses proches pour le remplacer par une marionnette fade et insipide, à la com plus vaste que ses solutions qui ont fini par se dissoudre dans le chaos qu’il a installé avec ses mercenaires et ses rebelles. Le général a rappelé que « des chars français surveillaient le Novotel lorsque des bandits y sont venu opérer avec sang-froid et sérénité ce jour-là ». Que cette interpellation ait été possible sans aucune intervention de l’armée française est surprenant ; il s’agissait pourtant de protéger la vie de deux Français, le directeur de l’hôtel, fraîchement nommé, et un important industriel !
Comme le souligne encore le général Dogbo Blé, Yves Lambelin était un proche de Laurent Gbagbo. « En réalité Yves Lambelin était un grand ami du président Laurent Gbagbo. Il était à la tête du groupe SIFCA, et le groupe SIFCA était la seule entreprise en Côte d’Ivoire avec des impôts élevés et Yves Lambelin s’acquittait de ces impôts normalement et régulièrement. Ce qui permettait donc au gouvernement du président Gbagbo d’avoir la liquidité et même pendant la crise ».
La vie du patron de SIFCA n’était pas celle d’un expatrié ordinaire. Sa famille était en Côte d’Ivoire ; il avait même adopté deux enfants ivoiriens. Tel un industriel consciencieux et responsable, il n’avait pas répondu à l’appel de Jean-Louis Billon, président du groupe SIFCOM, de boycotter le versement des impôts au gouvernement de ce président subitement devenu « persona non grata », bien que reconnu par le Conseil constitutionnel ivoirien. Comme le souligne le patron de la Garde républicaine, cette attitude citoyenne et responsable du patron de SIFCA, empêchait l’étranglement total des seuls 40% de territoire qu’administrait Laurent Gbagbo. Faut-il rappeler ce qu’a engendré le cruel embargo sur les médicaments, plébiscité par Ouattara ? Les dialysés qui ne pouvaient plus se soigner, les jeunes gens et les enfants qui ne pouvaient plus être soignés avec des antibiotiques… Combien de morts non recensés, et pourtant ce sont des crimes de guerre à mettre sur le compte de la rébellion qui n’a toujours pas eu à répondre de ses actes barbares !
Les banques françaises du jour au lendemain ont été fermées, tout cela pour obliger les fonctionnaires à se rebeller contre un Laurent Gbagbo qui ne pourrait plus les payer ! Faut-il rappeler que les salaires d’avril 2011 ont été encore virés sur les comptes grâce à l’efficacité des économistes recrutés par le président, les ministres Désiré Dallo, Justin Koné Katinan, et du banquier Philippe Dacoury-Tabley, gouverneur de la BCEAO, qui sera accusé de financer « l’administration illégale » du président Gbagbo. Il sera livré aux FRCI par les Français − qui se sont effacés pour ne pas être incriminés lors de l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 −, molesté, déshabillé, puis déporté. Seule petite humanité à trois sous, perceptible lors de sa capture au palais présidentiel où il partageait le sort de son ami Laurent Gbagbo, le « Donnez-lui un Bonbon » de la porte-parole des rebelles, Anne Ouletto, bientôt récompensée pour son adhésion aux bourreaux de son peuple martyr, les Wé de Côte d’Ivoire !
Faut-il rappeler que la France s’est mouillée en payant trois mois les salaires des fonctionnaires pour aider son poulain Ouattara ? N’est-ce pas là encore une preuve de son ingérence empoisonnée ?
Faut-il aussi rappeler que Yves Lambelin et le professeur Philippe Rémond se connaissaient, s’appréciaient ? Ils se sont appelés au téléphone la veille de l’assassinat du professeur de l’INP-HB. Or Philippe Rémond, réfugié dans un hôtel de Yamoussoukro, craignait pour sa vie. Lambelin était à ce moment-là en séjour au Novotel, cet hôtel abidjanais qui, pendant la crise, abritait beaucoup d’Occidentaux, des journalistes de la presse étrangère, des ressortissants étrangers. La Licorne surveillait nuit et jour ce lieu sensible, et très certainement les renseignements généraux français écoutaient les conversations téléphoniques des gens à « surveiller ». Et c’est probablement ce coup de téléphone qui a permis de localiser Philippe Rémond dans son hôtel de Yamoussoukro !
Ce dernier exécuté, Lambelin devenait un témoin embarrassant, qui évidemment n’aurait pas accusé la Garde républicaine et son patron, le général Dogbo Blé de cet assassinat, mais bien les Français et leur ambassadeur barbouze Jean-Marc Simon, qui continue d’être à l’œuvre en Côte d’Ivoire, non plus à titre d’ambassadeur (atteint par l’âge de la retraite) mais comme conseiller des investisseurs, et probablement devenu businessman « cadeauté » pour services rendus au clan Ouattara.
Selon l’AFP, les avocats de la famille di Rippel ont dénoncé dans un communiqué « des propos révisionnistes et inadmissibles », y voyant une manœuvre du général Dogbo Blé pour « échapper à ses responsabilités ». « Nous ne cesserons jamais, sur le banc des parties civiles, de nous battre pour la manifestation de la vérité », ont-ils encore martelé. C’est pathétique. Un homme dont l’horizon, à l’ère Ouattara, est une prison à vie, aurait-il envie de déroger à ses responsabilités ? Quelle défense totalement incompétente, et qui semble ne rien comprendre au dossier et à la complexité de la situation où la France veut totalement occulter son rôle joué dans le renversement de Laurent Gbagbo et des évènements regrettables du 4 avril 2011 au Novotel ! Comment peut-on, après les témoignages bidon d’Ivoiriens aux ordres à la Cour Pénale Internationale de La Haye, espérer trouver une justice véritable et équitable en Côte d’Ivoire ? Il est certain que Franz Di Rippel se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment, lorsque des inconnus ont arrêté Lambelin et ses associés étrangers. Il est peut-être intervenu pour empêcher leur arrestation… On ne peut comprendre autrement son arrestation, puis sa disparition.
Où sont les avocats de feu Yves Lambelin ? Où est la famille du regretté Philippe Rémond, totalement ignoré de la France et de l’armée française, alors que ses parents étaient tous deux militaires et que sa mère vivait encore au moment de sa disparition tragique ? Pourquoi son corps n’a-t-il pas été rapatrié en France ? A la hâte enterré à Yamoussoukro, sans que personne ne puisse entretenir sa tombe, était-ce une manière digne pour l’ambassade de France et son représentant Jean-Marc Simon d’honorer un Français assassiné ? 
Le général Dogbo Blé n’est plus à un meurtre près comptabilisé sur son dos ! Pourquoi ne l’accuse-t-on pas de ce crime aussi ? Pourquoi ce silence, alors qu’il est évident que les meurtres de Philippe Rémond et Yves Lambelin portent la même signature !
Le général a parlé en ce mercredi des cendres, inaugurant la période chrétienne du carême, temps de retour sur soi, de mise en ordre… Mais tout cela n’est pas important, il faut surtout veiller à ce que les cadavres restent dans les placards, que le président Gbagbo continue de croupir dans une prison à des milliers de kilomètres de son pays, son épouse et ses fidèles continuent d’endosser les crimes perpétrés au nom de la France et de la Côte d’Ivoire « émergente » du préfet Ouattara. Oui le carnaval ivoirien est bien commencé, place à la Comédie et aux bouffons du roi !
Shlomit Abel


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : CIVOX. NET 3 Mars 2017

mercredi 8 mars 2017

LE MONOPOLE D’IVOSEP[*] EN QUESTION ?

Interview de Kra Boniface Kouamé, président du Syndicat national des pompes funèbres de Côte d’Ivoire à propos de la crise entre son organisation et Ivosep.
Qu’est-ce qui vous oppose exactement à Ivosep ?
Depuis 2004, nous avions un partenariat avec Ivosep, qui stipulait que nos corbillards et nos cercueils pouvaient rentrer gratuitement dans les morgues. En retour, nous devions participer aux différents entretiens. Après des discussions, nous avons trouvé un consensus. C’est-à-dire une sorte de contrat non écrit.
Quel était ce consensus ?
Nous devrions payer 23.600 FCFA pour un corbillard et 15.000 FCFA pour un cercueil qui rentrent dans les Centres Hospitaliers Universitaires et dans toutes les morgues d’Abidjan. Et cela nous l’avions accepté, et jusqu’à présent, ce contrat demeurait.
Alors, qu’est ce qui a provoqué ce clash ?
La structure a tout simplement constaté que son rendement en matière de vente de cercueils est statique ; elle a donc décidé de rompre le consensus que nous avions eu en 2004. C’est-à-dire empêcher les pompes funèbres privées de rentrer dans les CHU et morgues d’Abidjan depuis le mois de février. Elle souhaite, en effet que nous soyons en sous-traitance. Au vu de cela, Nous avons entamé des discussions, et nous avons proposé de leur livrer 400 cercueils par mois. Ce qui n’as pas été du goût des responsables, parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas écouler même 200 cercueils par mois. Et, c'est pendant le processus de négociations, que nous avons appris qu’il y a des affiches dans les CHU et morgues du District d’Abidjan qui nous interdisaient d'accès à compter du 1er mars 2017.
Quelle a été votre réaction vis-à-vis de cette décision ?
Nous avons décidé de rentrer en grève ce jour-là (1er mars 2017). En demandant à tous les propriétaires de pompes funèbres de ne pas travailler et de rester chez eux. Puisque nos cercueils ne doivent pas rentrer dans les CHU et morgues de la capitale, nous les avons immobilisés. C'est cette situation qui a créé le débordement dans les morgues et CHU du district d'Abidjan.
Où en est l’affaire aujourd’hui ?
Nous avons été interpellés par le district d’Abidjan, le 1er gouverneur adjoint, nous a reçus, et nous a demandé de sursoir à notre grève. Il devait aussi rencontrer les responsables d’Ivosep pour débuter les négociations. Il a promis nous revenir d’ici peu. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout parce que nous exerçons dans la légalité.

Propos recueillis par Roxane Ouattara
Titre original : « Cercueils et corbillards en Côte d'Ivoire : "Ce que Ivosep nous reproche" ».


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : afrikipresse 07 mars 2017




[*] - Société ivoirienne de sépulture et transport spéciaux.