Paradoxe ! Malgré 10 années de rébellion qui avait promis de lui rendre
justice, 2 ans de gouvernance pour assurer son rattrapage sur les autres
régions, le nord écrasé par la misère a fini par baisser les voiles. Gangréné
par le chômage, la pauvreté, le nord ivoirien est exposé à de multiples trafics
qui ont fini par le déguiser. C’est donc cette société trahie par ses propres
fils enrichis par la rébellion, qui reçoit Alassane Dramane Ouattara ce mardi.
Radioscopie d’une région sinistrée !
Sèguè ban kan
walaye ! Sèguè ban kan yèrè ! Fèbè
gblèlèyala ! Traduction : Au nom de Dieu, nous sommes dans la misère !
Nous
souffrons réellement ! Tout est devenu cher !
Une "révolution malfaisante"... |
Les aspirations
des populations sont d’autant plus grandes que la région se sent trahie. En
effet, Guillaume Soro, Youssouf Bakayoko, Issiaka Ouattara alias Wattao, Cherif
Ousmane, Ben Laden, Jah Gao et autres ont juré avoir pris le pouvoir pour
mettre fin à « l’injustice », à « l’exclusion » contre le Nord et lui assurer
une prospérité. Mais au finish, ceux qui ont créé la rébellion sont devenus
riches et ceux pour lesquels la révolte a eu lieu ont récolté une société «
invivable », une région aux infrastructures brisées, aux ressources pillées et
une communauté en proie à mille trafics.
Le peu d’équipement détruit
C’est une
révolution malfaisante qui a éclaté au nord du pays en 2002. Parce que dans
leur guerre contre le reste de la Côte d’Ivoire pour rendre justice au Nord,
Guillaume Soro et ses compagnons ont cassé l’existant. Au lieu de prendre les
équipements d’alors comme un acquis, ils les ont systématiquement détruits. Les
centres de santé, les établissements scolaires, les lycées et collèges, les
bureaux de l’état civil, les préfectures, les commissariats, les brigades de
gendarmerie, les palais de Justice, en tout cas tout ce qui traduisait la
présence de l’Etat dans le nord a été détruit. Les cadres, fonctionnaires et
agents de l’Etat ont été chassés dans le meilleur des cas, sinon assassinés. Le
Nord a donc subi la rébellion au plan des infrastructures, mais aussi de ses
ressources.
Des ressources pillées
De nombreux
rapports d’Organisations humanitaires dont celui de l’Organisation des
Nations-Unies accusent les ex-rebelles de piller les forêts de la zone
Centre-nord-ouest (Cno). Outre l’exploitation du bois et l’occupation des
forêts classées, les rebelles de 2002 sont aussi mis en cause concernant le diamant,
l’or et l’ensemble des ressources minières et des matières premières. Pendant
10 années – et ça continue – la rébellion a géré toutes ces ressources de façon
frauduleuse au profit du Burkina voisin et d’autres. A l’argent amassé dans les
exploitations illicites s’est ajouté l’énorme butin résultant des casses de
toutes les agences de la Bceao dans les zones concernées. Ces actes de
vandalisme et de pillage ont fait de Guillaume Soro et ses acolytes des
milliardaires, alors que leurs parents croupissent toujours dans la misère.
Pendant ses 10 ans de règne sur le Nord, la rébellion n’a pu créer aucune
richesse. Et après deux années, Alassane Ouattara qui a décrété « le rattrapage
» non plus, n’a créé la richesse au profit des populations du Nord. Résultats :
la région est des plus démunies et elle est exposée à toutes sortes de
vilenies.
Une pauvreté exacerbée
Que ce soit à
Korhogo, à Ferkessédougou, à Boundiali ou à Kouto, où les équipes de radio-Côte
d’Ivoire sont passées, « une chose frappe », c’est l’état de pauvreté
exacerbée. Dans les 15 villes à visiter, les femmes et les hommes sont
unanimes. « Nous n’arrivons plus à manger», disent-ils. Agriculteurs,
commerçants, ménagères, etc. «tirent le diable par la queue». Il leur faut la
pluie pour les semences, mais «surtout l’eau potable» et l’électricité pour les
ménages. C’est en vendant de la bouillie que Mariam C…, 35 ans fait vivre la
famille. Mais elle aussi subit les aléas du coût de la vie. « Quelques fois, on
a envie d’abandonner. Mais on ne peut pas », dit la jeune dame. Là où le bât
blesse, c’est que les jeunes et les hommes ne trouvent pas de travail.
Une société de chômage et d’oisiveté
Entre doute et
désespoir, les jeunes aussi ont accepté de parler à Radio-Côte d’Ivoire de
leurs préoccupations : le chômage. Comme l’a confié Abdoulaye Bakayoko,
couturier, les jeunes ont des problèmes à deux niveaux. « On veut aller à la
terre, mais il n’y a pas de moyens. Que peut-on faire avec une daba sur une
terre aussi aride que celle du Nord ? », se demande le jeune homme. Avant
d’ajouter : « Il n’y a personne pour créer des emplois et même quand nous avons
des idées de projets, il n’y a aucun fonds pour nous aider à les mettre en
œuvre ». Et Diakité Soalio, le préfet de région de Ferké ne dit pas le contraire
sur la question du chômage. « A l’image de toute la jeunesse ivoirienne, celle
de Ferké, hélas, a des problèmes d’emploi. C’est une réalité ici », atteste le
préfet. A côté de cette catégorie de chômeur, existe une autre. Ceux qui sont
exposés à l’oisiveté. Ce sont des gens qui exerçaient comme forgeron,
ferrailleurs, griots, chauffeurs, bouviers, même des agriculteurs et qui, pour
combattre, ont laissé leur boulot. « Après la guerre, les promesses à eux
faites n’ont pas été respectées », explique un cadre. « On n’a rien eu et on a
perdu ce qu’on faisait avant », atteste un supplétif. Dans le nord, toutes ces
personnes qui ont combattu ont toujours leurs armes ce qui rend la cohabitation
difficile dans le nord.
Une société de violence
Pour combattre
Laurent Gbagbo et le renverser, Alassane Dramane Ouattara a distribué des
armes. Après la guerre, les combattants n’ont pu déposer leur arsenal. Ce qui
fait que depuis 2002, les populations du Nord possèdent des armes de guerre à
l’instar de celle de l’ensemble du territoire national. Depuis cette date
aussi, même les plus petits conflits entre deux individus, deux villages, deux
tribus, donnent lieu à des scènes de guerre. Le nord que la rébellion laisse
derrière elle est donc une société de violence. Celle-ci se conjugue sous
toutes les formes. A écouter Antoine Fleindé Gueu, préfet de police dans le
District des savanes sur Radio-Côte d’Ivoire, le trafic des enfants est une
réalité que les autorités administratives gèrent en collaboration avec les
autorités du Burkina Faso et du Mali. Ce fléau est donc une réalité dans la
région nord de la Côte d’Ivoire. Notamment à Korhogo, Boundiali, Kouto, Ferkéssédougou.
Ce commerce honteux entre le nord du pays, le Burkina Faso et le Mali, comme le
confirme Cissé Douga, président des ressortissants de la Cedeao et de la
communauté malienne à Korhogo, fait du mal à la jeunesse de la sous-région.
Pour cette personnalité, « lorsque les enfants n’ont plus de boulot, leur
maître leur demande de mendier ». C’est donc le trafic des enfants qui est à
l’origine du phénomène des mendiants. Fatou Koïta, responsable d’une
association d’aide à l’enfance, témoigne même que ce trafic débouche sur la
pédophilie. Ces mêmes enfants mendiants de jour vendent aussi la drogue pour le
compte de leurs maîtres. Un maître coranique atteste que ce sont ces enfants
que l’on drogue aussi et qu’on utilise pour couper la route aux voyageurs. «
Ces types d’enfants sont impitoyables », insiste l’homme de Dieu par ailleurs
initiateur d’un mouvement de lutte contre la mendicité. C’est certainement ces
enfants qui ont été armés pour « arracher » le pouvoir à Laurent Gbagbo.
Le nord est donc
une société en proie à des phénomènes nés avec la rébellion qu’Alassane
Ouattara rencontre ce matin. Les populations attendent alors deux choses. Les
milliards promis par le fils chercheur d’argent lors de la campagne et aussi la
«solution» qui pourra rendre à cette région ses valeurs.
Armand Bohui
Titre original : « Infrastructures brisées, chômage
exacerbé, trafics de tout genre : Ouattara à la rencontre d’une région
déséquilibrée par la rebellion. »
Source : Notre Voie 02/07/2013
COMMENTAIRES
LABEL (posted July 2, 2013) : Autant dire que «
ADO-SOLUTION » est devenu « ADO-DISSOLUTION » car il lui a été plus facile de
critiquer et de faire la guerre à son prédécesseur Gbagbo que de gouverner
après son coup d’Etat. Et lui-même, toute honte bue, se permet de solliciter un
autre mandat de 5 ans aux Ivoiriens alors qu’il n’a même pas encore fait la
moitié du 1er mandat qu’il a usurpé. Alors que quand le président Gbagbo
débutait son mandat en 2000, il n’a pas voulu le laisser travailler en disant
des choses graves du genre « je n’attendrai pas les 5 ans requis pour venir au
pouvoir » et « je rendrai ce pays ingouvernable ». Par la suite on a vu les
multiples tentatives de coup d’Etat dont la dernière de Septembre 2002 s’est
muée en une rébellion armée qui, 10 ans après, a abouti à l’actuel coup d’Etat.
Ainsi, nous savons bien d’où nous venons et surtout, nous savons où wattra veut
nous mener avec son programme de gouvernement qui consiste à « casser du Gbagbo
» en pratiquant la justice des vainqueurs, à faire du « rattrapage ethnique »
tout azimut en nommant à 99% des nordistes aux différents postes stratégiques ,
ou en suscitant leur « élection » truquée à l’avance ; les derniers rattrapés
concernés étant les sieurs Hamadou Bakayoko à la RTI et Soro Mamadou à la
MUGEFCI. D’autre part, le dramanisme
consiste aussi à brader notre pays aux étrangers en leurs attribuant notre
nationalité par simple déclaration (en particuliers à ses compatriotes
burkinabés) et surtout à faire plaisir à ses patrons néocolons français en leur
vendant le pays au sens propre comme au sens figuré (Jean Louis Billon qui est
pourtant l’un de ses affidés le témoigne si éloquemment en dénonçant les
conditions pas très claires d’attribution du 2ème terminal à conteneur au
groupe français Bolloré). Mais nous n’allons pas croiser les bras et regarder
cet imposteur foutre la “merde” dans notre pays. Nous allons le stopper net le
moment venu. Et je puis dire que nous aussi, nous n’allons pas attendre 5 ans
pour le faire. Parole de LABEL. Wait and see…
Gagedenov2010 (posted July 2, 2013) : Le Nord victime de la bêtise
de ses enfants ! Tous ces voleurs criminels en réalité ont abusé de l’ignorance
criarde du peuple du Nord.
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
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