vendredi 29 juin 2018

Rwanda : un nouveau témoignage sur l’opération « Turquoise » à ajouter à celui de Guillaume Encel (Vidéo)

Selon un ancien aviateur de l’opération « Turquoise », lui et ses camarades se sont bien préparés à frapper le Front patriotique rwandais (FPR), à la fin du mois de juin 1994. Le caractère humanitaire devient plus net après cette mission annulée in extremis.

Il a une petite cinquantaine d’années. Le physique sec d’un homme qui n’a pas abandonné la pratique du sport. Il a fait toute sa carrière dans l’armée de l’air. En juin 1994, il a participé à l’opération « Turquoise » lancée par la France sous mandat de l’ONU : officiellement, une action armée humanitaire pour secourir les civils rwandais, deux mois après le déclenchement du génocide contre les Tutsis et l’assassinat des Hutus de l’opposition par le gouvernement intérimaire rwandais (GIR) et ses supplétifs.
Cet aviateur n’a jamais évoqué publiquement son rôle dans Turquoise. Pourtant, vingt-quatre ans après, il y pense toujours, seul. Lorsqu’il a découvert le témoignage de Guillaume Ancel sur la dimension offensive du début de l’opération, il a reconnu des éléments de son histoire. « Il n’est pas un affabulateur pour ce que j’ai vu de Turquoise. C’est pourquoi il m’est apparu juste d’apporter mon témoignage », explique-t-il. Il a posé deux conditions : rester anonyme pour ne pas s’attirer inutilement des ennuis, et relire son témoignage.

Pas de briefing sur la nature de la mission

Fin juin 1994, notre aviateur, prépositionné dans une base française en Afrique, débarque à Kisangani (au Zaïre) avec les premiers éléments de la chasse française. « Notre métier est d’apporter un appui feu aux opérations au sol. Nous sommes arrivés dans cet état d’esprit ». Avec ses camarades, ils n’ont pas reçu de briefing précis sur la nature de leur mission et le contexte de leur intervention. Ils se disent que l’Élysée est aux commandes. La seule chose dont ils sont quasiment sûrs, c’est qu’ils vont intervenir dans une zone de conflit où il y a les « hostiles » : « On les appelait les rebelles. Avec le recul, j’ai compris que nous parlions du FPR ». Ceux engagés dans l’opération « Amaryllis », l’opération d’évacuation des Français de Kigali, deux mois et demi plus tôt, retrouvent le même ressenti à Kisangani. « En avril, ils avaient clairement perçu la bienveillance de la France pour les dignitaires du régime et son hostilité envers le FPR ».
Quatre Jaguars, de Centrafrique, sont déployés à Kisangani dès le 26 juin. Ils assurent la jonction avec les avions venus de France. À leur côté, un ravitailleur C-135FR. Ils sont rejoints, le 29 juin, par quatre Mirage F1CT. Les équipages se préparent et s’attendent à être engagés dans la zone de conflit : au Rwanda donc.
Pour illustrer ses propos et montrer qu’il n’affabule pas, il présente des documents dont, sur l’écran de son smartphone, une photo d’une vieille carte dessinée à la main. On y reconnaît la zone géographique de l’opération avec des traits symbolisant les trajectoires pour les avions en fonction des options envisagées : l’une d’elles conduit à Kigali.

« Pour nous, nous étions là pour faire la guerre »

Y a-t-il eu à sa connaissance ou a-t-il reçu une directive, un ordre préparatoire pour intervenir sur Kigali ? « Non. Mais pour nous, nous étions là pour faire la guerre. Nous étions sur le point de frapper les rebelles : cela ne faisait, alors, aucun doute. L’armement qui arrivait sur la base nous confortait dans cette perspective ».
Le 30 juin, les équipages sont convoqués à la nuit tombée. « Vous allez intervenir au petit matin pour “bloquer” les rebelles, car la tension monte sur le terrain », leur dit-on. L’officier du renseignement les met en garde sur le professionnalisme et l’armement des « hostiles » : en particulier sur leurs missiles sol-air, du type de celui qui a abattu l’avion du président Habyarimana. « L’arme la plus dangereuse pour les chasseurs ».
La nuit est courte pour les équipages et les mécanos. « Au petit matin, les deux premiers Jaguars décollent pour la zone de conflit, “canons armés”. C’était évident. Ça allait chauffer. Ils s’étaient envolés pour faire leur métier : appuyer nos troupes au sol en frappant les rebelles », se souvient-il.

Une mission annulée sans aucune explication

Les Jaguars sont en liaison avec d’autres avions relais. En attendant les coordonnées de la cible, ils demandent l’autorisation d’ouvrir le feu : « Le protocole est très strict et peut-être long. Il est demandé en avance pour tester la chaîne de commandement. Mais ce jour-là, la procédure utilisée étant nouvelle dans ce contexte, elle a dû remonter directement aux plus hautes sphères de l’État. En 1994, engager la chasse dans une action de combat ne pouvait se faire que sous l’autorité du président de la République. Mais l’autorisation n’a pas été donnée. La mission est annulée, et les Jaguars rentrent à leur base ».

Source : https://eburnienews.net 28 Juin 2018

jeudi 21 juin 2018

Guinée équatoriale, l’exemple d’une souveraineté bien assumée


Leader du continent africain en termes de revenu moyen par habitant, la Guinée équatoriale fait partie de ces pays africains qui ont pris depuis longtemps leur destin en main. Un exemple qui fait des jaloux, mais qui explique surtout pourquoi ce pays est si critiqué par l’establishment occidental.
Alors que la Russie et la Chine sont de plus en plus présentes en Afrique et font pièce à l'influence occidentale sur le continent, qui mine les souverainetés des pays africains, intéressons-nous à ces États qui ont misé sur la défense de leur indépendance jusqu'au bout. La Guinée équatoriale fait incontestablement partie de ces nations.
Lorsqu'on se trouve à Malabo, la capitale équato-guinéenne, plusieurs choses impressionnent : des infrastructures et des routes de qualité, la propreté, un niveau de vie décent, le tout allié à une population fière, mais aussi accueillante. Oui, on se trouve bel et bien en Afrique et non pas dans la capitale d'un pays occidental.
Et si la Guinée équatoriale est loin d'être la seule nation africaine disposant de ressources naturelles conséquentes – dans son cas, c'est principalement le pétrole (troisième producteur en Afrique subsaharienne) –, il s'agit néanmoins de l'un des pays à avoir préservé sa souveraineté sur ses ressources nationales, permettant à la population d'en ressentir les retombées et les avantages.
Autre caractéristique de ce pays : une population qui n'immigre pas, si ce n'est parfois des jeunes qui vont faire des études à l'étranger, mais au contraire un pays qui peut se permettre d'accueillir des migrants d'autres pays africains, mais aussi d'Asie et d'Europe, notamment en provenance d'Espagne.
Car, faut-il le rappeler, la Guinée équatoriale fut un temps une colonie espagnole. Et ce n'est d'ailleurs certainement pas grâce à cette dernière que l'on peut aujourd'hui parler de miracle équato-guinéen. À son accession à l'indépendance, le pays manquait de toute infrastructure digne de ce nom, à commencer par les routes. Et c'est justement durant la période qui a suivi que grâce à la manne pétrolière, le pays a pu se doter d'infrastructures dont beaucoup d'États africains ne disposent pas à ce jour, construites principalement par des entreprises chinoises, actives dans le pays.
Et tout comme l'Angola, dont les citoyens n'immigrent pas ou peu et qui accueille un grand nombre de citoyens de l'ex-métropole coloniale portugaise, la Guinée équatoriale, elle, en fait de même avec des ressortissants espagnols venant chercher une vie meilleure sur le continent africain. Pour autant, croire que Madrid serait un ami honnête de Malabo serait une erreur : critiques constantes du gouvernement équato-guinéen dans les médias, financement des « opposants », plusieurs tentatives de déstabilisation. Une attitude qui est loin de se limiter à l'Espagne, puisque Paris n'est pas en reste. Plusieurs sources bien informées affirment que le cerveau de la dernière tentative de coup d'État, heureusement ratée, se trouverait justement dans l'Hexagone.
Mais pourquoi un tel déferlement contre ce pays, pourtant pacifique, ouvert aux échanges dans différents domaines ? Au-delà d'avoir des ressources naturelles abondantes, le fait d'en préserver la souveraineté pose « problème ». En effet, la part des revenus du pétrole qui reste dans le pays est incomparablement plus conséquente que dans les États africains sous mainmise occidentale, dont ceux qui appartiennent encore à la fameuse « Françafrique ». Chez ces derniers, l'État en reçoit des miettes alors que l'establishment néocolonial continue de s'enrichir, avec toutes les conséquences qui en découlent pour les populations.
Faites un tour dans les pays de transit migratoire à destination de l'Europe, que ce soit le Maroc, l'Algérie ou la Tunisie, et demandez la nationalité des candidats à l'immigration – bien souvent au risque de leur vie – issus d'Afrique subsaharienne. Nombreux sont les Sénégalais, les Maliens, les Ivoiriens, les Guinéens de Conakry, mais vous n'y rencontrerez pas d'Équato-Guinéens ou d'Angolais. Libre à chacun d'en tirer les conclusions qu'il jugera les meilleures.
À ceux qui objecteront que la comparaison avec la Guinée équatoriale n'est pas tout à fait justifiée au vu de la taille relativement réduite de la population, rappelons que la superficie de ce pays d'à peine 28.051 km2, tout comme le volume de ses ressources naturelles, sont justement proportionnels à sa population. Et puisque l'on a également mentionné l'Angola, qui avait arraché en son temps et au prix de nombreux sacrifices sa pleine souveraineté avec l'aide cubaine et soviétique, il faudrait rappeler que sa population est quant à elle supérieure à celle des nombreux pays d'Afrique francophone sources de migrations, pourtant très riches eux aussi sur le plan des ressources naturelles. Il y a donc un sérieux problème de partenaires et de système établi. C'est d'ailleurs certainement ce qui fait si peur à la France et à d'autres, si mécontents de voir la Russie revenir sur ce beau continent africain.
Et, là encore, ce n'est pas tout. La Guinée équatoriale se positionne depuis plusieurs années comme le nouveau porte-flambeau du Panafricanisme, surtout après l'assassinat barbare de Mouammar Kadhafi et la destruction de la Jamahiriya libyenne par l'Otan et ses alliés salafistes. Une raison supplémentaire de s'attirer les foudres de ceux qui continuent de plaider pour un monde unipolaire totalement révolu et de faire avancer par la même occasion les intérêts néocolonialistes, une approche à laquelle s'opposent des pays comme la Russie et la Chine.
Pour finir et puisque l'on évoque la Russie, on retrouve plusieurs similitudes assez frappantes entre elle et la Guinée équatoriale. Les années sombres des deux pays ont été applaudies et célébrées par les Occidentaux, les années de relèvement pour l'un, de développement rapide pour l'autre, ont au contraire été largement diabolisées. C'est d'ailleurs le message qui transparaît lorsqu'on se trouve à Malabo et que l'on échange avec les représentants de cette belle nation.
Une chose est pourtant certaine : ni Moscou ni Malabo ne comptent perdre du temps à écouter les bavardages de ceux qui pratiquent depuis des siècles des politiques néocoloniales et qui s'autoproclament porte-parole d'une « communauté internationale » ne représentant pas plus de 10% de la population terrestre. Quant aux tentatives de déstabilisation, le temps de la duperie est bel et bien terminé. Et l'opinion publique africaine actuelle le confirme pleinement.


Source : https://fr.sputniknews.com 19 juin 2018

mardi 19 juin 2018

Jusqu’où ira le PDCI ?


Réunion du Bureau politique du PDCI-RDA (17 juin 2018)
Lors de l’inauguration du troisième pont qui porte son nom, Bédié, qui ne devient poète que quand il est rassasié, n’avait pas hésité à déclarer que « ce pont valait à lui seul un deuxième mandat ». Le pont en question, il est bon de le rappeler aux ignorants et naïfs qui décrètent hâtivement que, hormis Ouattara, aucun président n’a autant travaillé qu’Houphouët, faisait partie des 12 travaux de l’éléphant de Bédié et aurait été construit plusieurs années plus tôt si le PDCI n’avait pas été évincé du pouvoir, le 24 décembre 1999. Bédié appela alors les siens, militants et sympathisants, à voter, en octobre 2015, pour le candidat du RDR. Ouattara remporta le scrutin mais sans péril, doit-on ajouter, car il n’avait pas de candidats sérieux face à lui ; il triompha donc sans gloire et eut effectivement ce second mandat alors que, en 2010, il voulait juste 5 ans (2010-2015) pour, d’après lui, apporter des solutions aux problèmes des Ivoiriens. Aujourd’hui, le pays est si mal en point, tellement abîmé (cherté de la vie, insalubrité, insécurité, baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires et des paysans, détournement des deniers publics, réconciliation en panne, etc.), que l’on se demande si les fameuses solutions ne se sont pas transformées en problèmes ; si le sauveur auto-proclamé n’était pas un vrai imposteur.
Quoi qu’il en soit, Ouattara, qui a été élu en 2015 grâce au soutien du PDCI, était censé renvoyer l’ascenseur à Bédié, c’est-à-dire s’effacer au profit d’un candidat du PDCI. Les deux poids lourds du RHDP voyaient les choses de cette façon jusqu’au jour où Ouattara proposa la mise en place du parti unifié, synonyme, à notre avis, de retour au parti unique et par conséquent à la pensée unique. Ce parti unifié choisirait le meilleur candidat, le moment venu. Ouattara a récemment dévoilé son envie d’être ce candidat dans le seul but, explique-t-il, de sauvegarder la paix et la stabilité. En disant cela, il avoue implicitement que c’est lui qui a déstabilisé le pays et que celui-ci ne connaîtra jamais la tranquillité si lui n’est pas au pouvoir.
Oui ou non, le PDCI renoncera-t-il à présenter un candidat en 2020 ? Telle est la question que devait trancher Bédié, ce dimanche 17 juin 2018. Selon nos sources, le PDCI a décidé de ne plus se sacrifier. Autrement dit, il ne portera plus les valises du RDR mais aura son propre candidat en 2020 et ne parlera du parti unifié avec son allié qu’après la prochaine présidentielle. Cette décision, qui était le souhait de la majorité des militants de base du PDCI, est courageuse et doit être saluée. Elle ne sera pas pour autant suffisante car le PDCI devra se préparer à faire face, dans les semaines ou mois à venir, à des représailles de la part d’un parti dont la marque de fabrique a toujours été la violence et les assassinats. Avant cela, les ministres PDCI pourraient ne pas figurer dans le nouveau gouvernement qui sera formé. J’espère que le parti septuagénaire a pensé à toutes ces choses avant d’opposer une fin de non-recevoir à la proposition du RDR selon laquelle les deux partis devraient créer une seule formation politique avant 2020. Car le tout n’est pas de se rebeller. Encore faut-il assurer ses arrières et ne pas s’arrêter à mi-chemin. Plusieurs fois, le PDCI a affirmé s’être sacrifié pour le RDR. Est venu, pour lui, le moment de se sacrifier pour la Côte d’Ivoire qu’il a contribué à défigurer. S’il veut être absous de ses péchés, il n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de débarrasser les Ivoiriens d’un individu qui, en plus de ne pas respecter sa parole, a considérablement divisé et appauvri le pays.

Jean-Claude DJEREKE


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : Connectionivoirienne.net 18 Juin 2018

mercredi 6 juin 2018

En Syrie, l'Occident politico-économico-médiatique a montré toutes ses limites…

©Sputnik . Mikhail Voskresensky
Après des années de guerre, de pertes humaines et économiques, la Syrie commence à entrevoir le bout du tunnel. Soutenue par ses alliés et grâce aux victoires sur le terrain face aux groupes extrémistes, la Syrie aura joué un rôle crucial dans le changement des équilibres mondiaux. Le monde unipolaire s’est peut-être effondré aux portes de Damas.
Il fut un temps où les élites et les experts autoproclamés de l'Occident ne donnaient que quelques semaines, quelques mois tout au plus, à Bachar el-Assad. Pourtant, les années ont passé et au prix d'innombrables sacrifices, la République arabe syrienne a réussi à sauvegarder sa souveraineté. Évidemment, le soutien stratégique de ses alliés, au premier rang desquels la Russie, a été d'une importance cruciale dans cette équation, au grand dam des Occidentaux et de leurs acolytes.
Le constat est simple : l'armée gouvernementale syrienne a récupéré plus des 2/3 de son territoire national et ne compte aucunement s'arrêter en si bon chemin. Au fur et à mesure, les dernières poches « rebelles » sont résorbées. Et malgré toutes les tentatives étasuniennes, israéliennes, françaises, britanniques ou saoudiennes de faire perdurer le conflit et de tenter de repousser autant que possible la victoire finale, tout le monde se rend à l'évidence, y compris au sein du mainstream : Assad et ses alliés ont gagné.
Quant aux forces étrangères non invitées en Syrie, elles doivent également se rendre à l'évidence : leur présence ne saurait durer éternellement. Après avoir vu partir en fumée des sommes folles, la coalition occidentalo-golfiste sait dorénavant qu'elle investit à fonds perdu dans la déstabilisation en Syrie. Cette opération ne mènera à rien sur le moyen terme : il n'y aura pas de scénario irakien ou libyen en Syrie. Et c'est bien cela que représente la Syrie dans l'optique du monde nouveau. Un monde dans lequel des pays comme la Russie, la Chine, l'Iran et plusieurs autres joueront un rôle de plus en plus décisif.

Le cas syrien a définitivement démontré qu'il était possible de résister à l'arrogance néocoloniale occidentale, à condition d'y être déterminé et d'avoir des alliés fiables, qui respectent votre dignité et votre souveraineté.

Après cela, devrait-on s'étonner que de plus en plus de pays, ayant longtemps appartenu au bloc occidental, se rapprochent progressivement des principaux acteurs de la gestion multipolaire du monde ? Certes pas. C'est un processus qu'il sera désormais très difficile de stopper. L'Occident politico-économico-médiatique a, lui, montré toutes ses limites. Sous le couvercle de valeurs dites « universelles », cette partie du monde, qui ne représente pas plus de 10% de la planète, s'est autoproclamée « communauté internationale », dans la pure tradition coloniale. Elle ne cesse pourtant de perdre la confiance et le respect d'une large partie de la population planétaire non-occidentale.
Une chose est certaine. Il y a un avant et un après la crise syrienne. Le cas syrien a définitivement démontré qu'il était possible de résister à l'arrogance néocoloniale occidentale, à condition d'y être déterminé et d'avoir des alliés fiables, qui respectent votre dignité et votre souveraineté.
Il est très probable que l'Occident n'acceptera pas rapidement ce nouveau paradigme. Cela signifie que les tentatives de déstabilisation se poursuivront. Il faut y être prêt. Mais dans cette bataille, les élites occidentales n'ont plus la main. Et c'est pour cela que nous vivons une époque assez unique : celle d'un passage définitif à un ordre nouveau, plus juste et plus égalitaire.

Mikhail Gamandy-Egorov
Titre original : « Ordre mondial : l’avant et l’après crise syrienne ».

Source : Sputnik 05 juin 2018

lundi 4 juin 2018

L’ÉMERGENCE CAMDESSUS-DESSOUS

Michel Camdessus et son épouse ont posé leurs valises à Abidjan. Ils sont les hôtes du chef de l’état du 28 mai au 2 juin prochain, venu en personne les accueillir à leur descente d’avion.

Mr Camdessus et son épouse Brigitte d'Arcy, sont des gens simples, semble-t-il, bons chrétiens ; monsieur a même été conseiller financier du pape Jean-Paul II qui lui a aussi confié la mission de faire connaître la vision sociale de l'Église catholique. Madame, diplômée de l’Institut d’Études Politiques de Paris comme son époux, est également psychologue clinicienne et conseillère conjugale. Un couple uni et marié depuis plus de 61 ans. De quoi faire rougir plus d’un couple décomposé et recomposé, n’est-ce pas Messieurs et Mesdames Sarkozy et Ouattara ?
Ils connaissent bien la Côte d’Ivoire en mode Ouattara, puisque 6 mois après sa « prise de fonction », Alassane Ouattara invitait déjà son ancien patron à visiter son nouveau fief, la Côte d’Ivoire. Dès janvier 2012, le voilà décoré Grand officier de l'Ordre national de Côte d'Ivoire. Pour quels services rendus ? Certainement pas ceux rendus à son prédécesseur Laurent Gbagbo. Un mois plus tard, lors du Gala annuel de Children of Africa, le voilà qui est assis à côté de la très gracieuse Walkyrie Ira von Fürstenberg, la très chère amie de Frau Dominique, maîtresse de céans.
Le 11 avril 2016, soit 5 ans après le coup d’Etat français qui l’a porté sur les fonts dictatoriaux, Ouattara toute honte bue déclarait aux côtés de son ancien patron du FMI : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », reprenant le paragraphe 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme lors du "Forum des marchés émergents". Le chef d’Etat, notre premier Ivoirien Nouveau, n’était pas gêné en ce funeste 5ème anniversaire du 11 avril de parler de l’importance des Droits de l’Homme.
Aujourd’hui, 7 ans plus tard, ces droits sont toujours encore bafoués quotidiennement : droit des travailleurs, droits des locataires, droits des élèves, droits des malades, droits des prisonniers, droits des journalistes, droits des opposants politiques… Mais en langage vertueux du FMI et de la Com, retenez que le 11 avril 2011 a apporté la liberté, la prospérité, la réconciliation, l’opulence, la sécurité et la croissance à deux chiffres à la Côte d’Ivoire, grâce à un économiste tiré de sa condition pauvre, instruit, formé et formaté par le FMI, cette machine à broyer les peuples. Écouter Camdessus ou Ouattara, voire Christine Lagarde, l’actuel patron du FMI, c’est se nourrir du même langage, des mêmes codes, de la même approche.
De ce chaos qui a été imposé à la Côte d’Ivoire, de ce viol de la Constitution ivoirienne, doit jaillir l’émergence, un concept suffisamment vague, aux allures de carotte intouchable qui mène un âne martyrisé, devenu docile et obéissant, à travers des épreuves et des larmes, voire des sacrifices « nécessaires » pour enfin « émerger » un tant soit peu, en acceptant des P.A.S., ces fameux plans d’ajustements structurels, censés encadrer un retour à la prospérité après s’être serré la ceinture à l’excès. Telle la promesse faite à une personne anorexique au seuil de la mort, qu’elle pourra bientôt se goinfrer sans aucun problème !
« Là où M. Camdessus est passé, les économies émergentes ont trépassé », nous révèle le monde diplomatique de janvier 2005 sous la plume de Martine Bulard : « En treize ans de règne sur le FMI, il a pu appliquer son programme. Résultat : une dizaine de crises financières majeures ». Il semble que son adjoint de l’époque, maintenant à la veille de briguer un troisième mandat à la magistrature suprême de l’Etat souverain de Côte d’Ivoire, soit un disciple digne de son maître. D’ailleurs celui-ci avait aussi brigué un troisième mandat pour la direction du FMI, et s’était retiré au bout de trois ans sur les cinq…
Jean-Luc Mélenchon osera écrire en 2009, lorsque Nicolas Sarkozy confiera l’écriture d’un rapport sur la croissance à M. Camdessus, qu'il était « le Frankenstein du FMI » ; d'ailleurs ce rapport était tellement excellent que le chef d’Etat français a affirmé en avoir fait son livre de chevet.
Il suffit de regarder les photos des retrouvailles sur le tarmac de l’aéroport d’Abidjan pour vérifier le bonheur du fils à retrouver son père « spirituel » ou si vous préférez, « dans l’esprit du FMI ». Le Dr Maboule et son disciple Diafoirus pourront se pencher ensemble sur le malade Côte d’Ivoire à l’agonie et préconiser des purges, encore des purges, et ô surprise, s'étonner de ce que le malade est en train de trépasser ; mais qu’importe, même mort on s’acharnera encore avec le défibrillateur !
L’agenda de Michel Camdessus est chargé, et je n’ai pas toutes les informations. Imaginez : « reçu en audience, le 29 mai à Abidjan, par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly ». Puis une conférence le même jour sur le thème : « Champions nationaux et l’émergence ivoirienne », où l’ancien patron du Fmi loue les actions du « gouvernement ivoirien qui a contribué à faire du pays l’un des premiers, en termes de croissance économique, plaçant ainsi la Côte d’Ivoire sur une bonne trajectoire pour atteindre l’émergence ». Puis encore des entretiens avec plusieurs autres hautes personnalités ivoiriennes, et un déplacement à Yamoussoukro pour rencontrer les étudiants de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) avec une conférence sur le thème « défis de l’émergence pour la jeunesse africaine ». Ensuite visite et causerie à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Le 2 juin, enfin, visite de Grand-Bassam, « la ville balnéaire inscrite depuis 2012 sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’Unesco ». A noter que l’affiche de sa rencontre avec les chefs d’entreprises ou celle de la rencontre avec les étudiants de l’école polytechnique nous présentent un Camdessus plein de vigueur, un archange Michel combatif, plein de fougue, rajeuni, délivré du poids des ans ; celui qui se reposait au salon d’honneur de l’aéroport après un vol de 6 heures depuis Paris, paraissait fatigué et usé, il a maintenant 85 ans et son épouse aussi… 
Pourquoi l’ami de Ouattara a-t-il un agenda si chargé à cet âge-là ? Il s’était pourtant officiellement retiré de la vie active en février 2000, sans aller au terme de son troisième mandat à la direction du FMI. Pourquoi tant de rencontres quand il vient en Côte d’Ivoire, juste pour visiter son ancien collaborateur du département FMI/Afrique ? Certes, il n’est pas le député France insoumise Michel Larive qui vient constater les dérives du pseudo-démocrate Ouattara. Non, ce monsieur ne s'est jamais posé la question de savoir par quelle alchimie son assistant voltaïque – sans autre double nationalité – brusquement s'est retrouvé président de la Côte d’Ivoire… Il ne s’étonnera donc pas d’entendre la version soft d’une Côte d’Ivoire nouvelle, en pleine expansion, d’un Ivoirien nouveau, prospère et en bonne santé ; il se contentera d’une musique douce ; il n’ouvrira pas la fenêtre pour entendre le bruit des marteaux piqueurs et des clameurs, pleurs et grincements de dents : la réalité, loin des images bucoliques d’une Côte d’Ivoire florissante et réconciliée, est celle d’un vaste champ de ruines interrompu par quelques travaux d’infrastructure qui bénéficient aux seuls amis et sponsors occidentaux qui l’ont hissé sur le trône.
Mais la Côte d’Ivoire, tel un volcan qui couve, gronde et se manifeste bruyamment. Les rebelles insatisfaits ne sommeillent que d’un œil ; des voix s’élèvent pour rappeler que la catégorie « prisonniers politiques » existe bel et bien ; les déguerpis ne sont pas aussi silencieux qu’ils devraient l’être ; il y a même des articles de presse qui osent insinuer que la grande bénéficiaire de ces terrains rasés serait la première dame : « Des sources au sein du ministère de la Construction auraient affirmé que l'épouse du chef de l’Etat serait intéressée par plusieurs terrains de la capitale ayant acquis beaucoup de valeur, dont celui de Cocody-Danga où la SICOGI avait construit des habitations à vocation sociale. Elle l'aurait fait savoir aux différents ministres de la Construction ainsi qu’aux Directeurs qui se sont succédés à tête de la SICOGI, surtout que ces derniers lui sont redevables de leurs nominations », lit-on dans Les Échos confidentiels.
En fait – mais l’invité le sait-il ? –, Ouattara a grand besoin d’une brosse à reluire et Camdessus est cet homme miracle, providentiel, malgré son grand âge, qui doit booster l’économiste/président à défaut de booster l’économie ivoirienne ! Le grand journaliste Bally Ferro écrit au sujet du chef de l’Etat : « Il est reçu par lesdits grands de ce monde qui le félicitent, et il accueille nombreux chefs d’Etat africains et des décideurs comme Michel Camdessus, son ancien patron au FMI ». Je ne pense pas que Camdessus soit en Côte d’Ivoire comme « décideur », mais plutôt comme « ami personnel » dont la parole forte doit créer le buzz autour de Ouattara. Aujourd’hui les temps sont durs, et il faut absolument sauver le soldat Ouattara, qui n’est pas arrivé à démontrer que la page Gbagbo était définitivement tournée. Jamais encore l’anniversaire du Président Gbagbo n’a été fêté comme hier : 73 ans. Même Pascal Affi N’guessan a tenu à enregistrer une petite vidéo.
Tout le monde espérait que la CPI reprendrait ses activités en mai, mais cette dernière est comme bloquée. Face à ce tribunal qui ne se prononce pas sur le procès en cours, mais rappelle régulièrement que Madame Gbagbo est attendue à la Haye ; face à un juge président Cuno Tarfusser qui joue le « gentil juge » tout en se reposant confortablement sur les deux « méchants juges » ; face à une procureure embarrassée, accusée de n’avoir enquêté à charge durant 7 ans que sur le Président Gbagbo, tentant de se défendre en prétendant qu’elle aurait été induite en erreur par son supérieur de l’époque, Luis Ocampo, essayant vainement de faire tomber dans sa nasse quelques menus poissons, du type com’zones à défaut d’un Soro ou d’un Ouattara plus savoureux et plus charnus, la CPI est figée dans un profond sommeil. Et pourtant à l’intérieur c’est une vaste fourmilière : tout le temps il y a des allées et venues, des concertations avec les avocats, un ballet diplomatique ininterrompu entre politiciens français et ivoiriens. Tout cela pour nous prouver combien l’embarras est grand du côté de ceux qui ont manigancé dans l’ombre pour faire tomber le président Gbagbo, causer la mort à grande échelle et entraîner le déclin moral et physique de la Côte d’Ivoire.
Alors la visite d’un « ami », un économiste blanc qui plus est, proche de Nicolas Sarkozy, aux titres ronflants d’ancien gouverneur de la Banque de France et directeur général du FMI, est du pain béni pour l’économiste voltaïque qui selon la doxa immuable a sorti la Côte d’Ivoire de l’ornière Gbagbo pour la faire avancer …juste quelques mètres de plus vers l’émergence, qui mathématiquement tend plutôt vers l’infini. Cette émergence attendue en 2020, notre brave octogénaire, président honoraire du FMI, la promet juste un tout petit peu avant, tout en disant qu’elle ne doit pas être perçue « comme une ligne d’arrivée, mais plutôt comme une ligne de départ » ; En somme, la Côte d’Ivoire n’est pas encore sur la ligne de départ en juin 2018, mais elle aura progressé en 2020, car elle aura chaussé les bonnes baskets ! « Votre chemin a été ardu, mais celui qui vous attend sera marathonien », prévient-il. D’ailleurs les chefs d’entreprise l’ont bien compris : « Nous pouvons vous assurer de l’engagement du secteur privé ivoirien à être au rendez-vous de 2050. Nous avions écrit 2040 mais aujourd’hui, nous devons être dans une actualisation permanente. Et nous sommes sûrs qu’avec la qualité du partenariat qui existe avec le gouvernement, avec la qualité des échanges que nous avons, nous trouverons les voies et moyens pour une économie ivoirienne forte pouvant s’appuyer sur un secteur privé ivoirien solide et avec des champions qui seront au rendez-vous de 2050 », dira Jean-Marie Ackah, le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI).
Ainsi donc, l’émergence est une ligne d’horizon en perpétuelle fuite : 2020 pour l’ivoirien moyen ; 2040 puis 2050 pour les entrepreneurs. Mais qu’importe, ce mot est magique : il fait briller de mille feux tous les coins d’ombre et de tristesse. Il fait apparaître des pièces virtuelles d’or et d’argent dans les bourses dégarnies des Ivoiriens ; il fait pleuvoir des milliards de fliyers qui sont pour qui sait les regarder avec des verres colorés autant de billets de francs CFA tombés du ciel grâce au carnet d’adresses de l’économiste-président ; il fait apparaître des pluies d’étoiles filantes aux pauvres déguerpis qui dorment dans la rue. Dès qu’il est prononcé, ce mot miracle alourdit miraculeusement le panier de la ménagère transformant un minuscule bouillon cube au goût de viande en une énorme pièce de bœuf.
Face à la CPI qui honnêtement a beaucoup de mal à charger le Président Gbagbo, il s’agit pour le soldat Ouattara, son équipe et son épouse, de redorer leur blason auprès de la CPI et des États et lobbies qui ont voulu la peau du président Gbagbo. Nicolas Sarkozy aussi n’a pas vraiment envie d’un scandale supplémentaire pour allonger la liste de ses méfaits !
Tout de même la parenthèse Ouattara n’a été que du bonheur pour les Ivoiriens. Tous ceux qui sont à la rue à cause des déguerpissements bénéficient d’une pluie d’étoiles ; en cette saison pluvieuse, quel bonheur de vivre dehors, de fouiller dans les gravats pour trouver quelques affaires à sauver ! D’ailleurs, non content de n’avoir pu aller au bout de ses réformes, il serait même prêt à embrayer sur un nouveau mandat présidentiel pour, tel un Josué, enfin accompagner le peuple ivoirien dans la terre promise, la nouvelle Côte d’Ivoire, sans loi, sans terre, sans instruction, sans avenir, sans argent ; un pays de Com à défaut d’être de Cocagne, où la mort est juste une bonne régulation des naissances, pour atteindre les objectifs du FMI, l’ignorance, l’inculture et la violence, des moyens de « participation » du peuple au bien commun ; où la vie difficile et sans argent permet au peuple de ne pas perdre son temps dans des grèves et des contestations inutiles. 
Michel Camdessus est venu en Côte d’Ivoire pour dire que la Côte d’Ivoire va bien, le malade ne mourra pas, le malade est entre de bonnes mains, quelques saignées encore et ce sera le miracle. Le second miracle selon Christine Lagarde. Serrez-vous la ceinture ; regardez le rattrapage [ethnique] sans intervenir ; continuez de vous disputer ancienne majorité présidentielle ; contentez-vous de quelques ravalements de façades, de quelques promesses, de quelques réalisations pharaoniques du type métro aérien d'Abidjan, de quelques hôpitaux d’avant-garde, comme l’hôpital mère enfant de Bingerville que Dame Ouattara a fait visiter à Madame Camdessus, où les services proposés ne correspondent pas du tout au budget dont disposent les Ivoiriens, et où on propose 135 lits pour des milliers de malades, petits et grands ! Même Albert Schweitzer de retour au Gabon en 1924, a vite compris que les 150 lits de son second hôpital ne sont pas suffisants, et s’est dépêché de construire plus grand, tellement les besoins étaient immenses ! 
Il ne faut rien attendre de cette visite du vieil homme du FMI ; il ne fera de compte rendu de la situation grave dans laquelle se trouve la Côte d’Ivoire à personne, si ce n’est peut-être à Nicolas Sarkozy, le possible commanditaire du séjour ; Camdessus est venu pour rapporter des échos favorables à la CPI et aux décideurs, ceux qui doivent continuer d’être persuadés que Ouattara est, a été un « bon » président, et répondra encore présent pour un troisième mandat, sauf si d’ici 2020 les « décideurs » auront trouvé mieux et plus docile encore. La vraie mission de Camdessus, au-delà des encouragements « gratuits » aux entrepreneurs et aux étudiants, c’est de dire aux entrepreneurs étrangers que le climat est encore favorable aux bonnes affaires – c’est ça faire entrer le secteur privé dans la sphère de l’état –, que l’ère Ouattara va continuer, que Laurent Gbagbo est bien au chaud à la CPI et qu’il serait dommageable d’ouvrir une ère de turbulences. L’émergence est là, à portée de main, comme la lune pour l’enfant qui saute haut, toujours plus haut pour l’attraper.
Bonnes gens qui désirez sincèrement tourner la page Ouattara et la page de la France, de grâce sortez du temps de l’émergence pour rentrer dans le temps qui passe, qui a passé. Il n’a que trop duré ce temps de la mort, de l’échec et de la nuit ! Place au peuple debout, qui renaît de ces cendres ; place à des hommes et à des femmes qui veulent reconstruire la Côte d’Ivoire avant de se servir au passage ; place à des hommes et à des femmes intègres mais qui n’auront pas à cœur à se venger, car le mal ajouté au mal n’engendre que le malheur et la concupiscence. Le pays a trop souffert, les caisses sont trop vides pour imaginer et envisager des décaissements à des privilégiés. Aujourd’hui c’est une vraie révolution qu’il faut. Il faut instaurer une pyramide à l’envers pour ce qui est des compétences et des responsabilités, mais une base unie où tous les sachants comme les non sachants retrousseront leurs manches, conscients de travailler sans poches à garnir, parce que le temps de la récolte n’est pas arrivé. Place au défrichage des mauvaises herbes. Place à l’écobuage puis à la terre retournée, aux semailles, aux arrosages.
Le printemps s’annonce, ne le laissons pas passer. La CPI et ses pays bienfaiteurs doivent recevoir le cri-signal, celui d’un peuple debout qui ne craint plus ses tuteurs à des milliers de kilomètres et qui est prêt à sonner le glas des traîtres collaborateurs !

Shlomit Abel
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : La Dépêche d'Abidjan 3 Juin 2018

dimanche 3 juin 2018

RENAISSANCE DES FORCES ARMÉES CENTRAFRICAINES



31 mars 2018-30 mai 2018. Deux mois jour pour jour après être venu assister à la cérémonie de sortie de 200 éléments de l’armée nationale formés par les instructeurs russes, le président Faustin Archange Touadéra a effectué hier dans la matinée un nouveau déplacement dans le village de Bérengo situé à 75 KM au sud de Bangui. Déterminé à faire renaitre les Forces armées centrafricaines de leurs cendres, le président de la République a rehaussé de sa présence la cérémonie de fin de formation de la deuxième promotion de 400 soldats formés au maniement d’armes et aux techniques de combat.
Cet évènement capital pour la RCA a vu la participation du Premier ministre, chef du gouvernement, M. Simplice Mathieu Sarandji, du vice-président de l'Assemblée nationale, M. Symphorien Mapenzi, des présidents des institutions républicaines, de quelques membres du gouvernement, de plusieurs diplomates dont l’ambassadeur de la Russie en Centrafrique, Sergei Loubanov, l’ambassadeur de la Chine Chen Dong, de nombreux officiers centrafricains et hommes de rang des FACA.
Pour le chef d’état-major de l’Armée centrafricaine, le général de brigade Ludovic Ngaiféï, c’est désormais devenu une tradition pour les autorités centrafricaines de se retrouver à Bérengo pour accueillir les soldats des FACA :
« il est de coutume au terme de chaque entrainement de se retrouver dans cette enceinte historique pour mesurer à sa juste valeur les efforts et le travail accompli des mois d’une intense et rigoureuse formation militaire. Par cette formation, les Forces Armées Centrafricaines renouent avec les fondamentaux des armées dont l’entrainement en fait partie, avec l’accoutumance au feu et l’utilisation réelle des outils de travail, ce que nous n’avons pas connu depuis fort longtemps ».
Ému par cette poursuite de la renaissance de ses troupes, le chef d’état-major des FACA s’est exprimé en ces termes :
« C’est pour nous un insigne honneur d’être présent à la deuxième phase de cette cérémonie sur le site de Bérengo, surtout au regard des engagements de nos hommes et de leur accompagnement par les instructeurs russes. Monsieur le président de la République, cette deuxième phase qui vient de s’achever a regroupé près de 400 soldats des Forces Armées Centrafricaines composés comme suit : 100 éléments restant du premier bataillon d’infanterie numéro 3, les 300 autres proviennent du 1er bataillon numéro 1. Ceci donne un effectif de 400 éléments rassemblés pour cette cérémonie. Ceci, est justement la suite à la logique de l’ordre de formation entamé par l’EUTM depuis bientôt 2 ans. Excellence, Monsieur le président de la République, chef de l’État, cet entrainement pointu a permis à nos soldats de développer leur sens d’aguerrissement et la maitrise de leurs outils de travail. Toutes ces formes ont été le souci de la hiérarchie militaire pour qu’enfin notre pays puisse retrouver son armée. Certes les efforts restent à faire mais dans toute chose, il faut un commencement. Quand j’ai pris ma fonction de chef d’état-major des armées il y a bientôt deux ans sous les directives du président de la République, chef suprême des armées, personne ne croyait plus à l’armée qu’on qualifiait de tous les noms. Si aujourd’hui, nos partenaires reviennent à reconsidérer leur position et même nous demander de mener à leur côté la lourde tâche de la protection de nos populations, je m’en réjouis et je reconnais que le peu de travail abattu n’est pas vain même si rien n’est encore parfait, mais nous devons continuer, car cette lourde tâche dont je faisais allusion n’est pas le travail des autres mais plutôt le nôtre ».
Pour l’Ambassadeur de la Russie en Centrafrique, Son Excellence Monsieur Sergei Lobanov, c’est une fierté pour son pays de contribuer au retour des FACA :
« Nous sommes fiers d’avoir apporté notre contribution dans la reconstruction de l’armée centrafricaine et de renforcer les structures de défense et de sécurité nationale en vue de leur transmettre une pleine responsabilité dans la sauvegarde de la sécurité nationale et le maintien de l’ordre public dans la résolution et de la stabilité des conflits armés qui n’a que trop duré ».
Enfin, le Président Touadera loua ce retour progressif des FACA et salua au passage la Communauté internationale et tous les partenaires qui appuient l’État centrafricain dans cette lourde tâche :
« Je voudrais saluer la communauté internationale et les partenaires internationaux qui nous appuient dans cette tâche de la reconstruction de l’armée. Vous savez qu’il y a plusieurs partenaires aujourd’hui qui interviennent auprès de la République Centrafricaine pour la reconstruction de l’armée nationale. Vous avez d’abord la Communauté internationale, la Minusca qui est là et qui est un partenaire parce que ceux qui sont formés vont être déployés de manière conjointe avec la Minusca. L’EUTM qui est la faitière de la formation, assure un certain nombre de normes et d’unification de notre armée. Et ensuite, il faut des équipements militaires, il faut des moyens létaux pour permettre à nos forces de défense d’avoir les moyens de leur mission. C’est ce que nos partenaires de la fédération de Russie nous aident à faire dans la restructuration de l’armée nationale ».

Palais Renaissance
Titre original : « Fin de formation de 400 soldats formés par les instructeurs russes a Bérengo ».

Source : http://www.centrafrique-presse.info 31 Mai 2018