dimanche 27 janvier 2019

Le RHDP et la Côte d’Ivoire de demain : Quelles perspectives ?

Dans quelques heures, le RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) sera porté sur les fonts baptismaux comme parti politique. Il est, certes, une machine redoutable mais les moyens pour se construire comme telle laissent à désirer et font présager un avenir sombre pour la Côte d’Ivoire, un recul démocratique et social sans précédent qu’il faut interroger dans sa dimension factuelle.
On constate, depuis quelques temps, qu’une frange de la classe politique est gagnée par une ruée sans précédent, de mémoire d’Ivoirien, vers le parti au pouvoir. Cette ruée actuelle vers le RHDP pour aller manger à la table du roi ne présage rien de bon pour la Côte d’Ivoire en termes de renforcement de la démocratie et de développement économique et social. Elle va tuer le dynamisme politique, diviser davantage les partis et faire revenir en Côte d’Ivoire le règne de la très rétrograde pensée unique si dommageable pour l’enracinement de la démocratie. L’interventionnisme enrobé de légalité pour s’arroger la tête de certaines communes-symboles tel que nous l’avons constaté à l’issue des municipales ne garantit pas en 2020 des élections libres, transparentes et démocratiques, et même inclusives parce qu’on peut vouloir éliminer tel ou tel adversaire jugé gênant.
La volonté des dirigeants du RHDP de contrôler, vaille que vaille, les partis politiques et, surtout, les plus représentatifs, pose problème en termes d’éthique démocratique. A-t-on besoin de forcer ou tordre les bras des partis politiques pour des épousailles dont ils ne veulent bas ? Du jamais vu lorsque l’on est sûr de ses forces. C’est aussi du jamais vu en démocratie lorsque des membres d’un parti tiers s’arrogent le droit de décider de qui doit diriger les autres partis, surtout s’ils sont dans l’opposition. Ces manœuvres préparent le lit d’un règne absolu que beaucoup feignent de ne pas voir. La Côte d’Ivoire démocratique ne pourra jamais se construire avec de telles pratiques qui rappellent les pages sombres du parti unique, avec sa négation des libertés politiques les plus fondamentales : liberté d’association et liberté d’opinion. On perdra, pour sûr, les acquis démocratiques pour lesquels les Zadi Zaourou, Laurent Gbagbo, Bamba Moriféré, Francis Wodié, Marcel Etté et leurs compagnons se sont battus pendant près de trois décennies avant que l’année 1990 ne vienne récompenser leurs efforts et ouvrir les pages du renouveau démocratique en Côte d’Ivoire.
Il faut une nouvelle classe dirigeante à la Côte d’Ivoire parce que celle qui est au commande du bateau ramène les Ivoiriens aux luttes qu’ils ont déjà menées et remportées alors qu’eux étaient justement du côté de ceux qui ne voulaient pas des avancées démocratiques réclamées par les autres et dont ils jouissent pourtant actuellement.

Pascal Eblin FOBAH

 EN MARAUDE DANS LE WEB

Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».

Source : https://www.connectionivoirienne.net 26 janvier 2019

samedi 26 janvier 2019

2002-2011 en Côte d’Ivoire : Les ombres de la guerre française par Luigi Elongui. À propos de Un pompier pyromane de R. Granvaud et D. Mauger.


Pendant neuf ans, la France a œuvré à la reconquête de la Côte d’Ivoire, où le président Gbagbo était considéré comme une menace pour ses intérêts. Pour le renverser et face à une résistance populaire inattendue, Paris a eu recours aux opérations secrètes et à l’action psychologique, piliers de la doctrine anti-insurrectionnelle de son Ecole militaire.

L’ouvrage s’inscrit dans les « grands travaux » de rétablissement des faits offusqués ou transfigurés par la vulgate officielle. Une tâche titanesque – si l’on considère les dix ans d’une désinformation bien orchestrée et structurée – à laquelle se sont déjà attelées Fanny Pigeaud avec France Côte d’Ivoire. Une histoire tronquée, paru en 2015, et, en moindre mesure, Leslie Varenne avec Abobo la guerre, en 2012.
L’ouvrage de Granvaud et Mauger est une véritable summa rédigée avec rigueur historienne. Du lourd dans la confrontation méticuleuse des sources et la recherche en profondeur de documentation. Un pompier pyromane est une base indispensable à la reconstruction des événements brouillés par les spécialistes de la manipulation. Les autorités françaises et le journalisme « embedded », mobilisés au soutien des communicateurs de l’armée, ont élaboré un grand récit que les auteurs démontent pièce par pièce.

Désinformation massive et journalisme embedded

Avec un argumentaire solide et preuves à l’appui, Granvaud et Mauger démontrent par exemple, que la nuit du 19 au 20 septembre 2002 c’est bien une tentative de putsch qui a eu lieu et non une mutinerie ; que les manifestants des journées de novembre 2004 ne brandissaient pas des kalashnikov, comme l’on a voulu faire croire ; que ceux qui ont juré sur les charniers, pas vraiment avérés, attribués à Gbagbo, ont rendu invisibles ceux, plus certains, de ses adversaires ; qu’en avril 2011, les hélicoptères de combat de la France larguaient les bombes sur les civils, alors que sa diplomatie affirmait protéger la population des armes du camp gouvernemental.
L’évidence des faits se manifeste pendant que l’écran de fumée se délite. Les lecteurs suivront la succession des événements qui balisent les étapes de la reconquête non avouée : de septembre 2002 à la capture de Gbagbo, le 11 avril 2011, suivie par le retour en pompe de la Françafrique triomphante et en passant par le déploiement de la force française Licorne, les « Accords » de Marcoussis en 2003, le novembre noir de 2004, le ballet diplomatique…

La « guerre révolutionnaire »

La lecture d’Un pompier pyromane est stimulante et suggère des pistes de recherche et de réflexion.
On peut en énumérer les plus importantes.
Primo : la France a mené en Côte d’Ivoire une guerre globale dont la bataille médiatique a été un aspect déterminant. Elle a rythmé l’alternance de la paix armée et de la belligérance. Ce qui est prescrit dans la doctrine de guerre française, où l’action d’influence via l’embrigadement des médias « sert avant tout la force militaire dans la poursuite de ses objectifs, soit en appui, soit en alternative à la violence et à la menace »[i].
Secundo : dans la conduite de cette guerre contre le pouvoir incarné par Laurent Gbagbo, la France s’est trouvée face à la résistance populaire qui s’est invitée dans la crise : la « foule comme acteur public », pour partager une expression employée par Achille Mbembe dans la description des événements de septembre 1945 à Douala (Cameroun).Une variable inattendue et qui a souvent grippé le dispositif communicationnel français. Visiblement en difficulté pour cacher, puis minimiser, le premier massacre des militaires de Licorne contre les manifestants désarmés des journées du 6 au 10 novembre 2004, la ministre de la Défense Alliot-Marie se justifiera en évoquant « une situation insurrectionnelle ». Granvaud et Mauger commentent ainsi : « Le terme d’"insurrection", également prisé par certains média français pour décrire la situation, paraît singulièrement inapproprié, les manifestants ne cherchant pas à renverser mais au contraire à défendre le pouvoir ivoirien en place. A moins que l’armée française et l’ancienne métropole ne se considèrent toujours comme l’autorité légitime »[ii].
Ce qui était évidemment le cas. Or, à toute insurrection, toute contre-insurrection…
Tertio : la guerre menée par la France en Côte d’Ivoire a été par conséquent, une « guerre révolutionnaire », anti-insurrectionnelle. Dans son déroulement, on détecte les mises à jour des paramètres théoriques et méthodologiques de cette Doctrine élaborée une première fois par le colonel Lacheroy pendant la guerre d’Indochine. Après l’Algérie, le Cameroun et le Rwanda, la Côte d’Ivoire a fait ainsi son entrée dans les cas de figure éminents de ces guerres noires qui changent de peau pour renouer avec une tradition datant de la période coloniale. Le général Lecerf, commandant de la Licorne de juin 2006 à juillet 2007, décrira l’opération Licorne comme un « laboratoire ». On le lit dans la revue trimestrielle des forces terrestres : « C’est surtout dans le domaine du renseignement et des opérations militaires d’influence… que les expérimentations ont été les plus nombreuses »[iii]. Elève de l’Ecole supérieure de guerre à Paris et professeur au Collège interarmées de Défense, cet ancien patron de la Force terrestre décédé en 2011 était un théoricien de la Doctrine. A propos des massacres des civils en novembre 2004, il expliquera, sans état d’âme, qu’il vaut mieux que « l’emploi de l’arme de guerre sur une foule advienne le plus tard possible. Mais nous ne nous posons aucune question métaphysique ; nous employons nos armes dès que cela est nécessaire »[iv].

Un novembre noir

Suivant la reconstruction des faits de Granvaud et Mauger, on voit s’éclaircir les points obscurs confirmant le caractère occulte de la guerre. Cela même si les auteurs lèvent plus d’un coin du voile posé par le récit officiel.
Toutes les ombres n’ont pas encore été dissipées sur le cours des événements, à partir du début – le putsch raté du 19 septembre 2002, où les interrogations persistent sur sa dynamique, le rôle de certains acteurs ivoiriens ou régionaux et les raisons de son échec – et jusqu’à l’offensive finale contre le camp Gbagbo, avec la capture de ce dernier, où on aura du mal à compter les victimes de l’armée française pendant sa progression et les bombardements sur Abidjan.
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Si on se focalise sur le « novembre noir » 2004, où les événements s’enchaînent jusqu’à l’embrasement, on est dans l’épicentre des manœuvres secrètes et des stratégies opaques. Et cela, paradoxalement, permettra de voir plus clair dans les développements de la crise.
En mai 2004, le commandement de l’opération Licorne, géré à rotation annuelle, est confié au général Henri Poncet, un officier au profil et à l’expérience de politique et à la fois de théoricien, qui influencera le cours de cette histoire avec sa personnalité et son mode opératoire.
Ancien professeur aux Etudes opérationnels de l’Ecole de guerre, ce parachutiste issu des troupes d’infanterie de marine héritières de l’armée coloniale a été conseiller Afrique du ministre de la Défense Million et, suite au changement de majorité, de son successeur Alain Richard. En 1992, le fleuron des forces spéciales françaises, le Commandements des opérations spéciales (COS) voit le jour. Au boulevard St Germain (siège de l’EM de l’armée de terre), personne ne fait mystère du nom de son concepteur… Le général est un idéologue féru de la Doctrine et de sa manière de « faire la guerre autrement », ce qui nécessite, selon ses dires, « la désinformation, la manipulation, tout en restant dans des limites acceptables »[v]. Officiellement chargé de l’évacuation des ressortissants français à la tête de l’opération Amaryllis en 1994 au Rwanda, en plein génocide, le général remplit de génocidaires les avions affrétés. La mission a été plus tard considérée comme un feu vert donné aux exécutants de l’extermination qui agissaient sous les yeux de ses soldats. Ceux-ci ne bronchaient pas tout en « conseillant » aux Casques bleus belges de la MINUAR, qui voulaient intervenir, de ne pas se mêler de ces « conflits interethniques ». Poncet assurera le commandement du COS, son bébé, de 2001 à 2004, juste avant de s’embarquer pour Abidjan avec les « meilleurs éléments » des trois armées[vi]. Quelques dizaines de ses commandos arriveront aussi dans ses valises et joueront, on le verra, un rôle important.

Le premier massacre

Au début de ce novembre noir, Laurent Gbagbo lance son armée, les FANCI, à la reconquête du Nord occupé par la rébellion de Forces Nouvelles (FN), qui est à l’origine du coup d’Etat raté de septembre 2002. Poncet veut empêcher l’offensive gouvernementale en bloquant avec ses camions les pistes de décollage de l’aéroport d’Abidjan. Il demande à l’Elysée un feu vert qui n’arrivera pas… L’offensive des FANCI progresse et au soir du 5 novembre, les autorités françaises sont informées que le lendemain les FANCI seront à Bouaké, fief d’une rébellion en train d’être défaite ! Gbagbo lui, il est en train de gagner la guerre quand, ce jour-là, le 6 novembre, des avions Sukhoï de son armée de l’air bombardent une base française à Bouaké en tuant neuf soldats. La réaction de Poncet est immédiate : tous les appareils des FANCI sont vite détruits. L’Elysée, cette fois-ci, n’a reçu aucun coup de fil de sa part. Poncet a agi sans rien demander. Seul ?
L’offensive gouvernementale de facto est arrêtée, mais les Ivoiriens sont outrés par la violence de la riposte française et, à la tombée de la nuit, des milliers de manifestants convergent sur les ponts menant à la base française. Poncet ne se pose alors, lui non plus, « aucune question métaphysique » et ordonne de tirer sur la foule. On comptera environ 70 victimes et des centaines de blessés. Quelques heures auparavant, il avait déclaré : « Je veux des morts ivoiriens ». Il les avait.
Quid des pilotes biélorusses des Soukoï responsables du bombardement de Bouaké disparus dans la nature ? Mystère d’autant plus troublant que tous, (y compris Poncet), s’accordent à nier que l’initiative meurtrière soit venue de Gbagbo. Alors, qui a donné l’ordre ?
On sait, des années après et suite à des nombreuses enquêtes judiciaires et de presse, qu’à leur rentrée à l’aéroport de Yamoussoukro, les pilotes ont été pris en charge par les hommes du COS, gardés pendant quatre jours et exfiltrés au Togo, où leurs traces ont été perdues. En 2016, la juge d’instruction française Sabine Kheris demande le renvoi devant la Cour de justice des anciens ministres Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie et Michel Barnier, considérés parmi les responsables de l’exfiltration. Selon Maître Balan, avocat des familles des soldats français tués à Bouaké, le contenu du dossier pourrait justifier le « renvoi devant une cour d’assises pour être jugés en tant qu’auteurs, co-auteurs ou complices de l’assassinat des soldats français ». D’après lui, le bombardement de Bouaké est « une tentative ratée de coup d’Etat » : une provocation à attribuer à Gbagbo pour arrêter son offensive dans le Nord et préliminaire à son renversement[vii].
L’ombre du crime d’Etat sur fond de machination se profile. S’agit-il du genre de la manipulation évoquée par Poncet dans sa plaidoirie pour la guerre autrement ? Un lobby militaire avec des « protecteurs » au sommet de l’Etat, aurait-il sacrifié neuf des siens pour barrer la route à un Gbagbo en train de rebondir ?

Les mystères des Soukoï

Ce qui est sûr, c’est qu’une main noire opère en ce novembre 2004, au sein de l’une de ces « hiérarchies parallèles » si chères à la Doctrine de la « guerre révolutionnaire » (DGR).
Il est maintenant acquis que Chirac n’as pas donné à Poncet l’ordre de détruire la flotte aérienne de Gbagbo. Le journalisme embedded n’étant pas exempt de fissures, cinq semaines après les faits Le Nouvel Observateur relate une fuite au ministère de la Défense, une source faisant filtrer que « quand le président a appris la riposte, elle était déjà en train de se faire ». Puis, comme avec le temps les langues se délient, Libération confirmera, en 2014, que l’initiative fut prise par le général Poncet[viii]. Qui aurait agi sous « conseil » du général Georgelin, chef d’Etat-major de Jacques Chirac, selon l’une des plumes de la Grande Muette, Jean-Christophe Notin, qui l’écrit dans son ouvrage Le crocodile et le scorpion, parue en 2013.
Les deux officiers ont-ils court-circuité le chef de l’Etat, dont la conduite ambiguë agaçait les cercles militaires résolus à en finir avec Gbagbo ?
Quoi qu’il en soit, une proximité de sensibilité entre Poncet et Georgelin est attestée dans leurs CV : les deux officiers se succédant, entre 1997 et 1999, dans la structure de commandement de la 11ème Division Parachutiste (DP), où sont recrutés les soldats des missions spéciales, notamment les forces opérationnelles du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Les mêmes qui, entre 1990 et 1993, ont formé les cadres de l’armée rwandaise responsable du génocide de 1994 au pays des mille collines[ix]. Des adeptes des guerres secrètes les deux généraux, l’un et l’autre avec une étoffe de politiciens et d’« inspirateurs ». De Poncet, on a parlé plus haut. Georgelin, lui, a été chef du cabinet militaire du 1er ministre de 1994 à 1997 et a fréquenté le Centre des hautes études militaires (CHEM) ainsi que l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN).
Quant au bombardement, difficile de croire que les commanditaires ne soient pas en « hiérarchie » avec ceux qui en ont réceptionné les auteurs pour les mettre sous leur protection, les exfiltrer au Togo, puis les faire disparaître. Les hommes du COS aux ordres de Poncet, comme on a vu…
Si dans le récit de Granvaud et Mauger, on privilégie une autre piste, celle de la cellule Afrique de l’Elysée sous la direction de Michel de Bonnecorse, on met aussi et bien en évidence le rôle de Dominique de Villepin comme l’un des cerveaux moteurs de l’opération. Qui pourrait l’être autant dans la première hypothèse (Poncet et le COS) que dans celle des auteurs.

La victoire aux mains nues

Après le carnage du 6 au 7 novembre, les troupes de l’ombre continuent à agir. Pendant la nuit du 7 au 8, une colonne de blindés de l’opération Licorne s’arrête devant la résidence de Laurent Gbagbo, les canons pointés contre les fenêtres. Le scénario du coup d’Etat est en acte lorsqu’un nouveau mouvement de milliers de gens s’interpose comme un bouclier humain à protection du président. La foule s’oppose aux soldats français dans toute la zone de la résidence du chef de l’Etat jusqu’à l’Hôtel Ivoire, où le gros des forces de Paris est stationné. Ici, le face à face avec les militaires vire à une nouvelle tuerie, avec un bilan de 63 morts et de centaines de blessés. Sur le terrain, les scènes sont impressionnantes. Des corps déchiquetés, mêmes décapités. Selon un témoignage reporté par Granvaud et Mauger, « ça ne peut pas être une balle de fusil d’assaut Famas (en dotation à l’armée de terre, ndr). Le calibre est trop mince. Un seul type de munitions est capable de faire autant de dégâts : le 12,7 millimètres. De celles qui équipent certaines fusils de snipers »[x] : ceux des tireurs d’élite du COS positionnés au sixième étage de l’Hôtel Ivoire[xi] !
Les victimes ne plient pas la résistance et la résidence de Gbagbo reste protégée par la foule. Paris se désiste -ou se « dégonfle », selon une expression utilisée par Poncet quelque temps après. La victoire aux mains nues, intitulera le reportage tourné sur les lieux le cinéaste ivoirien Sidiki Bakaba, témoin d’exception des événements[xii]. « … La foule avait entouré le palais présidentiel. Le coup d’Etat n’a pas pu avoir lieu », déclarera également Maître Balan[xiii].

Une erreur de Doctrine

Malgré les tentatives maladroites de la communication de l’armée – qui en un premier temps avait nié les tirs sur les manifestants et expliqué le positionnement des blindés devant la maison présidentielle par… une erreur d’itinéraire –, la vérité se fait jour. Les images du carnage apparaissent sur la télévision ivoirienne et dans un reportage diffusé en France par Canal +.
Visiblement, une erreur de stratégie se dessine. « Poncet n’a pas su anticiper la crise », écrira Libération le 5 janvier 2006. Cette erreur est, comme on l’a vu, à l’origine de l’échec du coup d’Etat, le troisième depuis que Gbagbo est au pouvoir. Si le raz-de-marée populaire et le manque de peur des gens qui ont occupé la rue entre les 6 et 10 novembre démontrent que les armes ne sont pas si toutes-puissantes face à une très forte résistance de masse, les forces à la manœuvre au sein de Licorne et à Paris n’auraient pas prévu l’ampleur de la riposte populaire. Un problème de doctrine, dont ses concepteurs tiendront compte par la suite.
Car les masses, leur contrôle et la régulation de leurs comportements, l’occupation des esprits, doivent rester au centre de la Doctrine, ce qui n’avait pas été fait, avec les conséquences que l’on a vues.
La réputation de l’armée ayant été ternie, le commandement de Licorne se met au travail pour réorganiser le consensus sur les agissements de la Grande muette. Il se dote d’un « bureau d’études », chargé de promouvoir des « actions indirectes » qui doivent demeurer secrètes : « Jamais personne ne doit pouvoir identifier la véritable source… que les informations soient fausses ou non »[xiv]. Cette initiative a été prise hors de la chaîne de commandement officielle : « J’ai eu à m’interroger sur l’utilité de ma présence (au sein de la force Licorne, ndlr) dans la mesure où le général Poncet s’appuyait sur des services qui m’échappaient, à savoir les forces spéciales, un bureau d’études et d’autres "fidèles du renseignement" », dira l’adjoint de Poncet à l’époque, le général Renaud de Malaussène, aux fonctionnaires de la Brigade criminelle qui enquêtaient sur l’affaire Mahé, ce jeune ivoirien suspecté d’être un coupeur de route et tué par une patrouille de Licorne sur ordre de Poncet. Un autre dossier chaud et qui fera de ce dernier, pendant un certain temps, « le général le plus controversé de France ».
Mais, avec cette campagne de rectification structurelle, la prise en charge de l’arme médiatique par les forces d’élite de l’armée est une réalité qui donnera ses fruits plus tard : le militaire et sa logique sont au cœur de l’information, de toute l’information, celle des médias et l’autre, plus subtile, qui circule dans l’action psychologique.

La terreur

Six ans et demi après, quand l’épilogue de cette histoire se consomme avec d’autres protagonistes et par la capture de Gbagbo par les forces spéciales françaises, la stratégie de la « guerre révolutionnaire », avait été assumée dans tous ses dispositifs, y compris la terreur : « "Les bombardements ont porté la peur à son paroxysme" dans une capitale déjà meurtrie par les effets de l’embargo, et …. "la terreur des habitants …. est renforcée par les nouvelles éparses" qui leur parviennent au sujet des massacres commis par les troupes de Ouattara[xv](16) ». En reprenant et en complétant, dans l’avant dernier chapitre d’Un pompier pyromane, des extraits du quotidien bruxellois Le Soir du 4 avril 2011, les auteurs soulignent que cette guerre, soutenue par la manipulation médiatique et une diplomatie active dans toutes les institutions de la gouvernance mondiale, a été conduite aussi contre les populations civiles révoltées face à l’interventionnisme violent de l’ancienne puissance coloniale.
A partir de 4 avril, les bombardements des hélicoptères français sont de plus en plus intenses. Les camps de l’armée ivoirienne sont ciblés, mais l’hôpital et le supermarché de Cocody, le beau quartier d’Abidjan, ne sont pas épargnés. Et le nombre de victimes civiles demeure inconnu. A guerre noire, info occulté…
Dans le quartier populaire d’Abobo, à Abidjan, les forces françaises supportées par celles de l’Onuci appuient la guérilla du Commando invisible, un électron libre au sein des Forces Nouvelles. Pendant les affrontements précédant la chute de Gbagbo, les corps de sept légionnaires français seront récupérés sur les lieux. Cette mini-insurrection faisait partie d’un plan de « propagande armée » : il s’agissait d’évoquer une sorte de « printemps ivoirien », anti-Gbagbo évidemment et selon la mode politique de l’époque.

Les masses au cœur de la Doctrine

La présence de tous ces ingrédients de la guerre psychologique marque un tournant dans l’application de la Doctrine (DGR) en Côte d’Ivoire et comble les lacunes du dispositif militaire qui s’étaient manifestées au cours du novembre noir 2004.
Cette fois-ci, la crise – dans le sens des manifestations de masse anti-françaises imprévues et « ingérables » – a été bien « anticipée ». En 2004, pour ne pas avoir su prévenir le mouvement, le prix à payer, non des dizaines, mais des centaines, voire de milliers de victimes ivoiriennes, aurait été trop élevé. En 2010-2011, la diffusion généralisée de la peur dans l’ensemble du territoire, plus un maquis instrumentalisé et la manipulation systématique de l’information ont fonctionné pour bloquer toute initiative populaire.
Les populations sont au cœur de la Doctrine de la « guerre révolutionnaire » et leur « gestion » est vitale pour son application. La leçon de 2004 a été bien entendue en 2011 et la stratégie de la terreur a été actée avec succès. Y compris dans le silence sépulcral qui a occulté les morts des bombardements sur Cocody et les 800 (!!) victimes du massacre de Duékoué, dans l’ouest du pays, œuvre des partisans d’Ouattara, et dont les informations ont néanmoins circulé parmi les populations civiles.

Le stratège de l’Elysée

Blindés du corps expéditionnaire français (nom de code : Opération Licorne)
dans un quartier résidentiel d'Abidjan le 2 avril 2011 (REUTERS/ECPAD).
Laurent Gbagbo fut ainsi renversé et, quelques mois après, expédié à la Cour pénale internationale (CPI). Les stratèges de la « guerre révolutionnaire », eux, font preuve d’une longévité politique majeure. Le général Henri Poncet, suspendu et même « blâmé » pour l’affaire Mahé – du jamais vu pour un haut gradé de l’armée depuis la guerre d’Algérie – (« Le général Poncet est tombé ! », avait crié alors et un peu hâtivement la presse), avait été en réalité muté à la tête des renseignements militaires (DRM). Tout, sauf une mise au placard. En 2007, il prend sa retraite et continue à faire parler de lui quand il prône l’intervention de l’armée en territoire urbain critiquant au passage la gestion médiatique « antimusulmane » des attentats djihadistes !! En 2017, il adhère à La république en marche (LRM) et devient conseiller pour le Programme Défense et Sécurité du président Macron.
Le stratège est au sommet de l’Etat, avec ses théories à appliquer au Moyen Orient, en Afrique, sur le territoire national et… dans le Vieux Continent. L’« Europe de la Défense», cette amorce d’une nouvelle doctrine antiatlantique qui a fait grincer les dents à Trump, c’est lui.
Avec lui, les fantômes de l’Algérie, du Cameroun, du Rwanda et de la Côte d’Ivoire hantent les hautes sphères de la Vème République. Où se confirme qu’aujourd’hui comme hier la « guerre révolutionnaire », forme moderne de la guerre française est le guide de l’action politique en externe et en interne de Paris.

L. Elongui (Afrique-asie.fr 20 décembre 2018)

Source : Connectionivoirienne.net 31 Déc 2018


[i] - Défense et Sécurité Internationale (DSI), hors-série n° 41. Souligné dans le texte.
[ii] - Un pompier pyromane, page 205.
[iii] - Doctrine, n° 12 mai 2007. Cité par les auteurs à page 216 d’Un pompier pyromane.
[iv] - Défense et Sécurité nationale. Le livre blanc. Les débats sur La Documentation française. Cité par les auteurs, pages 205-206.
[v] - Extraits d’une Tribune publiée sur Le Monde et cités par Alexandre François, Le général Poncet, l’adepte de « la guerre autrement » en Côte d’Ivoire, Slate Afrique, 3 décembre 2012.
[vi] - Slate Afrique, article cité.
[vii] - Un pompier pyromane, pages 238 et 40.
[viii] - Un pompier pyromane, page 200.
[ix] - Patrick de Saint-Exupéry, L’inavouable, page 2001.
[x] - Un pompier pyromane, pages 214-215.
[xi] - Idem, pages 212-213.
[xii] - Afrique Asie, décembre 2016.
[xiii] - Un pompier pyromane, page 209.
[xiv] - Idem, page 216.
[xv] - Alassane Dramane Ouattara (ADO) est l’un des protagonistes de cette longue crise. Soutenu par la France et son allié de l’époque, le président burkinabè Blaise Comparé, ADO est l’adversaire de Gbagbo à la présidentielle qui se joue fin 2010. Ses résultats contestés ouvriront la voie à la solution militaire de la crise, pendant laquelle l’armée de la rébellion (FAFN), qui se manifeste au lendemain du coup d’Etat raté de septembre 2002, appuyée par la France, la force des NU (ONUCI) et le Burkina Faso, interviendra à soutien du « candidat » Ouattara et se rendra responsables de nombreuses exactions.

vendredi 25 janvier 2019

Pourquoi la France ne peut-elle pas laisser l’Afrique tranquille ? Par Aidan O’Brien

« Sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au XXIe siècle » François Mitterrand, 1957.
 « Sans l’Afrique, la France descendra au rang de puissance du tiers [monde] » Jacques Chirac, 2008.
« La France, avec l’Europe, aimerait être encore plus impliquée dans la destinée [de l’Afrique]… » François Hollande, 2013.
« Je suis d’une génération qui ne dit pas aux Africains ce qu’ils doivent faire. » Emmanuel Macron, 2017.
Le grand espoir blanc de la France – Emmanuel Macron – se vendait récemment en Afrique. Il était plein de plaisanteries et de sourires. Cependant, tandis qu’était écrit « l’innocence de la jeunesse »  partout sur le paquet, le produit qu’il contenait était la « démence sénile ». Peu importe l’âge de l’homme – la tentative française de diriger l’Afrique est une histoire éculée et stupide. Et l’homme – Macron – est un nouveau masque français éculé et stupide.
Le masque est tombé lors d’un forum public au Burkina Faso, lorsque l’armée française et sa présence en Afrique ont été mises en question par une jeune fille. En réponse, Macron a hystériquement dit à l’assistance locale qu’ils devraient applaudir les soldats français dans les rues africaines.
Le problème était que la veille, un habitant local – au lieu d’applaudir – avait lancé une grenade à main sur des soldats français. Le lendemain, quelques autres locaux ont appelé en criant à la fin du colonialisme. La militarisation de la politique française en Afrique commence à sentir l’occupation pourrie.
Mais quand en a-t-il été autrement ? Depuis qu’elle a commencé à occuper l’Afrique au XIXe siècle, la France n’a pas attendu autre chose que des applaudissements. Le paquet, au commencement de cette longue guerre d’Afrique, contenait la « civilisation ». Mais cela n’a jamais masqué le vil racisme et le capitalisme de base qui conduisaient l’armée française à travers le Sahara.
Dans un immense mouvement de tenailles, qui a commencé vers 1830 et s’est terminé à la veille de la Première Guerre mondiale, la France a conquis, lentement mais sûrement, la plus grande partie de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. Partant vers l’est de Dakar et vers le sud depuis l’Algérie, l’armée française a probablement volé 40% du continent.
Cependant, alors que la « France » était en route pour terroriser l’Afrique, Paris a rencontré sa Nemesis : Berlin. La puissance teutonne s’est réveillée et a, ironie de l’histoire, commencé à faire à la France ce que la France était en train de faire à l’Afrique. Dans une série de guerres et d’occupations (1871, 1914 et 1940), l’Allemagne a écrasé sans pitié la place de la France dans le monde. Et en 1960, plus ou moins, la France était hors d’Afrique. Et mûre pour la révolution. Ou la contre-révolution.
La Cinquième République ne pouvait dissimuler l’échec de la France bourgeoise. Mai 1968 l’a exposé aux yeux de tous et l’a contrainte à choisir une voie ou une autre. Elle pouvait suivre l’exemple de l’Afrique et tenter de se libérer de la culture, de l’économie et de la politique de l’impérialisme. Ou elle pouvait tenter de restaurer l’impérialisme. Et reconquérir l’Afrique.
La Cinquième République a choisi la deuxième solution. Et cela a été, depuis lors, un mouvement descendant. L’important Parti communiste français a été rejeté (le Parti socialiste aussi, pour finir). Comme l’a été Jean-Paul Sartre. La médiocrité bourgeoise est devenue la règle. Et dans les années 2000, des politiciens comme Nicolas Sarkozy et des « philosophes » comme Bernard-Henri Lévy étaient prêts à ramener la France dans les bras de l’OTAN (De Gaulle avait fait sortir la France de l’OTAN en 1966) et de son impérialisme sans voile.
La France n’était plus une force européenne mais une farce européenne. Le néolibéralisme allemand dominait le nouveau siècle européen. La France ne pouvait rien faire d’autre que de se prosterner devant Berlin et sa religion diabolique : l’austérité (le travail bon marché). Il y avait cependant un endroit où la France pouvait agir comme la « France », un endroit où elle pouvait échapper à la « volonté de puissance » de l’Allemagne : l’Afrique.
La « volonté de pouvoir » de la France avait encore un sale tour dans sa manche : son armée en Afrique. Lorsqu’elle s’est retirée du continent africain dans les années 1950 et 1960, elle a laissé derrière elle des bases militaires actives qui ont continué à lui donner du poids en Afrique. En effet, selon le site Stratfor : « Après leur indépendance, 12 pays [africains] ont signé des accords secrets de défense nationale avec la France. Les accords, qui n’ont jamais été rendus publics, permettent à la France de maintenir une présence physique dans les pays, en échange de la défense de leur souveraineté nationale [sic]… ».
Nous pouvons deviner quels sont les pays qui ont signé ces accords néfastes : le Maroc, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Tunisie, le Tchad, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, le Gabon et Djibouti. Quelques autres – selon ceux qui savent – ont été ajoutés plus tard à la liste : le Rwanda, le Burundi et le Zaïre (la République démocratique du Congo). En tout cas, la photo était assez claire : avant de quitter l’Afrique (et même après), la France a, telle une araignée, tissé sa toile autour de l’Afrique.
Que signifient ces arrangements en réalité ? En 2007, le New York Times écrivait que « la France est intervenue militairement en Afrique dix-neuf fois entre 1962 et 1995 ». Et en 2016, Stratfor a recensé 42 interventions françaises entre 1968 et 2013.
Le New York Times fixe significativement la date butoir en 1995, parce qu’en 1994 la France a perdu face aux États-Unis dans la bataille stratégique pour le Rwanda (un million ou plus de Hutus et de Tutsis sont morts dans cette bataille – et des millions ont été tués dans les batailles qui ont suivi au Congo, etc.). Au cours des années qui ont suivi ce tournant dans la géopolitique africaine, la puissance de la France en Afrique a décru de manière décisive – non seulement à cause de la puissance militaire des États-Unis (AFRICOM) mais également à cause de la nouvelle puissance économique chinoise.
Les temps ont changé dans les années 1990. La France perdait les « batailles » pour l’Europe et l’Afrique. Elle devenait une puissance de deuxième ordre. Elle a néanmoins gardé ce tour dans sa manche : les arrangements militaires manifestes et cachés qu’elle avait passés en Afrique. Le doigt de la France était toujours sur la gâchette. La contre-révolution avait désespérément besoin d’un nouveau départ. Et le « Printemps arabe » l’a donné.
Lorsque la Tunisie a commencé à protester en 2010, la France a répondu en offrant sa « puissance militaire » (c’est-à-dire « du soutien technique et du savoir-faire policier ») à son agent en Tunisie : Ben Ali. Et lorsque cette tentative de réprimer l’indépendance africaine a échoué, la France a mené les guerres contre l’indépendance de la Libye en 2011 (Opération Harmattan) et la revendication d’indépendance de l’Azawad (Opération Serval au nord du Mali, etc.) en 2013.
En 2014, la situation était telle que Newsweek a affirmé que « la France est lentement en train de récupérer son ancien Empire africain ». Et en 2015, Business Insider rapportait que « l’armée française est partout en Afrique ». Des milliers de soldats français ont été dispersés dans tout le Sahara et au-delà (Opération Barkhane). Mais le fait est qu’ils ne luttaient pas pour sauver l’Afrique, mais la « France ».
La pathétique tentative de restaurer la France bourgeoise (osons dire la France des Bourbons – parce qu’elle est si mal en Europe en ce moment) a atteint le stade où l’armée français est non seulement partout en Afrique mais également partout en France (Opération Sentinelle). En 2015 – après des attaques à main armée à Paris – l’armée française a commencé à occuper les rues. Puis en 2017, le président Macron (le dauphin ? – le prince ?) est monté sur un « tank » pour son investiture.
Dans l’économie française non compétitive (en termes bourgeois), le seul concurrent semblait être l’armée française. Elle occupait et occupe les deux côtés de la Méditerranée francophone. Et Macron applaudissait et applaudit. Et il offre des baisses d’impôts et du travail bon marché à la bourgeoisie décrépite ; il offre aux militaires la liberté des rues. Et la liberté de l’Afrique.
Macron prétend ne pas dire aux Africains ce qu’ils doivent faire. Mais l’État français, c’est une autre affaire. Il a institutionnalisé les relations entre la France et l’Afrique (la Françafrique). Et il refuse de renoncer à ses délires de grandeur. Ces dernières années, il a dit à l’Afrique, en termes très clairs, ce qu’elle doit faire avec la Libye et l’Azawad (le Nord-Mali et ses environs). Et, aujourd’hui, il rassemble les forces africaines (G5 Sahel) alors qu’elles poursuivent des ombres au Sahara.
Pour Macron, l’histoire, c’est les « djihadistes » et les « trafiquants d’êtres humains ». Mais le néocolonialisme est le but ultime. Ou la véritable histoire, c’est que les Français tentent de recréer le néocolonialisme. Les militaires français sont les serres de l’État français. Et tandis que la France bourgeoise s’éteint, ou glisse dans le trou de mémoire de l’histoire, ses serres vont creuser profondément dans tout le matériau à portée de main, dans un effort désespéré d’éviter l’inévitable. L’Afrique est ce matériau, le matériau du futur. Alors que la France, en dépit de ses machinations, n’est qu’une épave.
Le peuple du Burkina Faso a raison de remettre en question la présence de l’armée française en Afrique. Il en sait plus que l’infantile président français. Et il a un plus grand sens des réalités que le sénile État français. Les grenades à main ont plus de sens que les applaudissements.

Aidan O’Brien

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Source : https://eburnienews.net 24 Janvier 2019