dimanche 30 avril 2017

Quelle pourrait être la politique étrangère d’Emmanuel Macron ?


Ils étaient 11, il n’en reste plus que 2. Dans cette campagne présidentielle qui ressemble à un jeu de téléréalité, la politique internationale a été, une fois encore, le parent pauvre du débat. Pourtant, le monde est en proie à de grands tremblements ; le risque d’attaque nucléaire est sérieusement envisagé ; la catastrophe afghane est réactivée,[1] chaque jour des milliers de civils meurent dans les guerres d’Irak, de Syrie, du Yémen ou lors de conflits larvés comme en République démocratique du Congo, au Congo Brazzaville, dans le Sahel. Ce début de 21e siècle signe également la recrudescence de pratiques barbares lors de ces conflits.[2]
Face à cet état des lieux, que fera Emmanuel Macron s’il est élu le 7 mai 2017 ? Remettra-t-il en cause les grandes lignes suivies par le Quai d’Orsay depuis dix ans, qui ont conduit la France à être au mieux inefficace et inaudible, au pire, de se faire l’apôtre des va-t-en-guerre ? Sa dernière déclaration concernant la Syrie ne prédispose pas à penser qu’il opérera de changement. Le 28 avril, à Amiens, il a, en effet, déclaré : « Je condamne avec la plus grande fermeté l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad. Cela contrevient d’une part au droit international et d’autre part aux accords de 2013. Et donc, si je suis élu président de la République, je prendrais les dispositions en lien avec la coalition et, si possible sous mandat de l’ONU, mais même sans mandat de l’ONU, pour neutraliser les capacités chimiques du régime de Bachar al-Assad ».
Avec cette annonce, non seulement Emmanuel Macron inscrit ses pas dans les traces des deux derniers présidents de la République qui ont toujours privilégié les valeurs, « l’ingérence humanitaire », aux principes, le droit international mais, à l’instar de Donald Trump, il s’octroie la possibilité d’une intervention unilatérale. Cela étant, il faut rester prudent et ne pas prendre au pied de la lettre les déclarations d’un candidat en campagne.
Le pire n’est jamais certain ; il y a souvent des gaps abyssaux, heureux ou malheureux, entre les paroles et les actes. En revanche, le choix des hommes pressentis pour le conseiller dans ce domaine donne des indications plus crédibles que des bribes de discours déclamés sous les feux de l’actualité. Deux noms ont particulièrement attiré l’attention de l’IVERIS, ceux de Gérard Araud et de Justin Vaïsse.

« Gérard Araud, l’homme de la guerre en Libye »

Gérard Araud, actuel ambassadeur de France à Washington, est donné par plusieurs journaux comme le futur conseiller diplomatique à l’Elysée dans le cas où Emmanuel Macron succéderait à François Hollande. Ce diplomate a accédé récemment à la notoriété par un tweet commentant l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche : « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige ». Cette réaction, vécue par de nombreux observateurs comme un manquement à son devoir de réserve, a provoqué un tollé de chaque côté de l’Atlantique. Néanmoins, le 9 mars dernier, il réitérait en donnant son avis, par le même canal, sur l’élection présidentielle française.
S’il était inconnu de la grande majorité des Français jusqu’à ces tweets, les Libyens et les Ivoiriens, eux, ont gardé son nom en mémoire. Nommé par Nicolas Sarkozy comme ambassadeur de France aux Nations Unies en 2009, il s’est trouvé à l’avant-poste des guerres de 2011. Le 5 juin 2011, le JDD titrait : « Gérard Araud, l’homme de la guerre en Libye ». Il faut rappeler qu’à cette date, cet intitulé n’a rien de péjoratif puisque ce conflit contre la Jamahiriya de Muammar Kadhafi est encore salué comme un succès par presque toute la classe politique et médiatique. Et le JDD de poursuivre : « Le représentant de la France à l'ONU, fin tacticien et négociateur hors pair, a imposé de haute lutte deux textes majeurs sur la Libye et la Côte d'Ivoire. Ce diplomate sans langue de bois symbolise la renaissance du Quai d'Orsay ». Dans ce même article, Gérard Araud témoigne ouvertement de son implication : « Le mardi 15 mars au soir, nous nous sommes engueulés au téléphone, ma collègue américaine Susan Rice et moi. Je lui ai dit : « Susan, je te préviens, on va mettre ce projet de résolution au vote ! ». Elle m’a répondu : « Bullshit !, Foutaises ! ». Deux jours, plus tard, le 17 mars 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU votait la résolution 1973 instaurant une zone de non vol au-dessus de la Libye et autorisait une action militaire afin de « protéger les civils » contre l’armée de Muammar Kadhafi. Le 19 mars, avait lieu la première frappe française dans le cadre de l’opération Harmattan suivie par celle de l’opération britannique Ellamy.
Mais Gérard Araud a été également très actif en Côte d’Ivoire. En décembre 2010, avec Suzan Rice, ils sont soupçonnés d’avoir intimé l’ordre à Joung-Jin Choï, alors représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire, de proclamer Alassane Ouattara vainqueur avant la décision du Conseil constitutionnel. Ce qui fut fait le 3 décembre 2011. Cette proclamation signe le début de ce qui est appelée la « crise ivoirienne ».[3] Puis, tout comme pour la Libye, Gérard Araud a milité en faveur de la résolution 1975, adoptée le 30 mars 2011. Cette résolution signe le début de la guerre en Côte d’Ivoire. En effet, sous prétexte d’autoriser la destruction des armes lourdes pour « protéger les civils », elle a permis à la France et à l’ONU de larguer des bombes sur Abidjan dès le 4 avril 2011…
Ces deux conflits ont été à l’origine des tensions exacerbées entre le bloc occidental et les pays des BRICS.

Julien Vaïsse, ou l’alliance avec les djihadistes en Syrie...

Julien Vaïsse fait partie de ceux qui sont appelés à donner leur avis au sein de l’équipe diplomatique du candidat dirigée par Eric Lechevalier, ancien conseiller d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris. Cet historien a été propulsé par Laurent Fabius, en 2013, à la direction du Centre d’Analyse de Prospective et de Stratégie (CAPS), un centre de réflexion rattaché au Quai d’Orsay. A l’époque, cette nomination a surpris les diplomates, qui imaginaient que le poste serait attribué en interne. Il n’en fut rien ; le ministre des Affaires étrangères de l’époque a débauché Julien Vaïsse, qui travaillait alors à Washington comme chercheur à la Brooking institution. Sous sa direction, le CAPS est resté fidèle à la lettre et à l’esprit de la ligne politique de Laurent Fabius, notamment sur la Syrie. Ainsi dans un rapport daté du 3 janvier 2017, et intitulé : « Quelle place pour la France dans le conflit syrien au lendemain de la chute d’Alep ? », le CAPS préconise de s’opposer à Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, sur la reconstruction de la Syrie au prétexte que cela conforterait Bachar al-Assad. Les penseurs du Quai ont alors une idée de génie, ils proposent une autre solution à la France : aider et soutenir « les zones libérées », c’est-à-dire les zones sous contrôles des groupes armés tel que Fatah el Sham, ex-Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda ! Dans une analyse de ce rapport, Fabrice Balanche, chercheur invité au Washington Institute, écrit : « Le simple fait qu’il définisse les zones tenues par les djihadistes et les islamistes comme des « zones libérées » fait froid dans le dos. Les fiefs d’al-Qaïda en Afghanistan et le territoire d’AQMI au Sahel seraient ainsi également des « zones libérées ». Et Fabrice Balanche de s’interroger : « Pourquoi la politique française à l’égard de la Syrie est-elle aussi désastreuse ? Sans doute parce que le ministre des Affaires étrangères applique les recommandations du CAPS » !
Compte tenu des grands tremblements qui secouent le monde actuellement, compte tenu des tensions entre le bloc occidental et le reste du monde, cette élection présidentielle revêt une importance majeure. Or, à ce jour, le débat du deuxième tour reste essentiellement centré sur les enjeux européens, avec une vision binaire « pour ou contre l’Europe », et n’aborde que par bribes les grands enjeux stratégiques mondiaux. Selon le JDD, Emmanuel Macron « n’est pas encore très arrêté sur ces choix internationaux », il « prête une oreille très attentive aux conseils d’Hubert Védrine », l’ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand. Il ne reste que peu de jours pour que celui qui fait figure de favori à cette élection précise sa vision du monde, tendance Védrine ou tendance Fabius ? Il en va du sort des citoyens français mais également des Syriens, des Africains et plus généralement de tous les peuples qui aspirent à la paix.

Leslie Varenne
Source : https://www.iveris.eu 28 avril, 2017

[1] - Le titre est emprunté à l'article de Philippe Grasset consacré à l'Afghanistan : http://www.dedefensa.org/article/la-catastrophe-afghane-reactivee.
[2] - La guerre n'est jamais jolie, mais outre les derniers événements en Syrie, ce qui se déroule actuellement dans la région du Kasaï en République Démocratique du Congo est particulièrement insoutenable, plus de 17 charniers viennent d'être découverts. L'IVERIS reviendra prochainement sur ce sujet.
[3] - La guerre n'est jamais jolie, mais outre les derniers événements en Syrie, ce qui se déroule actuellement dans la région du Kasaï en République Démocratique du Congo est particulièrement insoutenable, plus de 17 charniers viennent d'être découverts. L'IVERIS reviendra prochainement sur ce sujet.

samedi 29 avril 2017

« Un pays en pleine désillusion… »

Interview de Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le Progrès et le Changement (UPC), à l’occasion du grand meeting de l’opposition qui s’est tenue à la Maison du Peuple de Ouagadougou, ce samedi 29 avril.
Comment va le Burkina Faso ?
Il va au rythme d’une insécurité grandissante, d’une économie en panne, du chômage des jeunes et des femmes, du retour de la corruption, de la politisation de l’administration, et de la persistance des difficultés d’accès aux services de base. Il est surtout un pays en pleine désillusion car ses citoyens sont déçus de la gouvernance qui leur est servie après les sacrifices qu’ils ont consentis au cours de l’insurrection, et à la lumière des promesses électorales dont ils ont été abreuvés. Ce constat n’est pas propre à l’opposition. On l’entend même au sein de la majorité présidentielle, dans des termes plus virulents, et de manière publique.
Comment appréciez-vous la réponse donnée par le parti au pouvoir à vos critiques relatives à « une année de gouvernance perdue » ?
Le pouvoir a perdu une occasion de faire preuve de modestie. Traiter des opposants républicains de « fils indignes » et de « putschistes » parce qu’ils critiquent votre gestion, révèle un trait de caractère qui ne peut pas mener au succès. La première qualité attendue d’un régime, c’est qu’il sache écouter. Hélas, l’arrogance que nous avons tant combattue hier, est de retour !
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous parlez de la calebasse tendue par le parti au pouvoir à l’égard de l’extérieur, alors que vous même vous êtes abreuvé dans la calebasse ? Ce qui explique selon eux votre silence.
On ne peut bien savourer ce débat que si l’on connaît l’histoire de notre pays. Comme vous le savez, je suis libéral. Je viens d’ailleurs d’être élu vice-président du Réseau Libéral Africain. Ici dans l’intelligentsia burkinabé, c’est presque une hérésie que de se proclamer libéral. La mode, c’est de se dire de gauche, voire révolutionnaire. Eh bien, moi, je crois en la force de l’économie de marché et en l’utilité des capitaux extérieurs. Donc pour moi, aller chercher de l’argent sur les marchés financiers internationaux est une démarche naturelle. Par contre, les gens qui sont au pouvoir se targuent d’être des révolutionnaires socio-démocrates. Tout au long de la campagne présidentielle de 2015, ils ont passé leur temps à tirer à boulets rouges sur mon projet qui prévoyait l’émission d’un « Eurobond » d’un milliard de dollars. Ils ont fustigé les institutions financières internationales et dit que je voulais endetter le Burkina, ce qu’eux ne feraient jamais. Ils m’ont traité d’ultra libéral qui voulait vendre le Burkina Faso à la Banque mondiale et au FMI, etc. Voilà, qu’à peine aux affaires, ils tendent leur sébile à ces mêmes institutions et font, frénétiquement, le tour du monde à la recherche de capitaux et d’investisseurs étrangers. L’occasion était trop belle, pour moi, de leur rappeler leurs contradictions. C’est ce que j’ai fait !
Actuellement le débat sur la nouvelle Constitution bat son plein ! Vos préoccupations ont-elles été prises en compte dans l’élaboration de l’avant-projet de la Constitution ?
Sur le fond, il n’y a plus de vrai débat sur la question de la Constitution. L’opposition était représentée au sein de la Commission constitutionnelle et la version de l’avant-projet qui en a résulté a été adoptée par consensus. La suite du processus ne devrait poser aucun problème…
Comment appréciez-vous l’intervention du Premier ministre Paul Kaba Tiéba à l’Assemblée nationale sur la situation socio-politique du Burkina ?
C’était un discours complètement décalé par rapport à la réalité que vivent les Burkinabè. Mais l’opposition n’a pas eu à sonner la charge parce que le président de l’Assemblée nationale, qui est aussi le président du parti au pouvoir, s’en est chargé de manière très brillante. Il a même menacé son Premier ministre en ces termes : « Si l’an prochain vous revenez ici sans nous dire où sont passés les 18.000 milliards de francs CFA que vous avez prétendu avoir récolté lors de la Conférence des bailleurs de fonds de Paris, l’hémicycle sera trop étroit pour vous ». La formule en vogue à Ouaga ces jours ci, c’est que le vrai discours sur l’état de la nation a été prononcé ce jour-là par le président de l’Assemblée nationale.
Quelles solutions envisagez-vous pour le retour des fonctionnaires qui ont fui les zones de la frontière visitées par les djihadistes ?
Il faut sécuriser ces zones et assurer la protection des agents de l’État.
Quelle appréciation faites-vous sur la création de la CODER et de leur voyage à Abidjan pour rencontrer l’ex-président Blaise Compaoré ?
La création de la Coder procède de cette liberté offerte aux partis se réclamant de l’Opposition de se regrouper en fonction de leurs affinités et autour des questions qui leur tiennent à cœur. À une exception près, les partis de la Coder sont liés à l’ancien régime. Ils ont choisi de mettre l’accent sur la question de la réconciliation. Cette question est aussi très importante pour mon parti et les partis membres de la Coalition des Forces Démocratiques pour un Vrai Changement (CFDC) que je préside. Pour nous, la réconciliation passe par la vérité et la justice, étant entendu que cette justice doit être indépendante, impartiale et équitable.
Pour ce qui est, spécifiquement, de la visite faite par la Coder au président Compaoré, c’est une visite qui s’inscrit dans la démarche logique de la Coder. Si on parle de réconciliation, forcément on s’adresse à tous les acteurs. Cette visite a été annoncée, longtemps à l’avance, sans susciter de commentaires négatifs. Mais le problème est venu des déclarations faites à la presse par un des participants à la rencontre, en l’occurrence l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ablassé Ouédraogo. Ces déclarations ont mis en émoi une grande partie de l’opinion, et les organisations de la société civile. Ces déclarations n’engagent pas l’opposition dans son ensemble puisque celle-ci, à commencer par le Chef de file de l’opposition que je suis, n’a pas été associée à la démarche de la Coder. À l’analyse, cette déclaration d’Ablassé Ouédraogo a beaucoup nui à la visite et à l’ensemble du débat sur la réconciliation. Il appartient, désormais, aux membres de la Coder de régler cette question.
Est-ce que certains comportements des chefs de l’opposition n’ont pas noirci l’objectif de l’insurrection ?
C’est un débat sur lequel je ne trouve pas utile de revenir. Dans tout processus politique, les objectifs affichés côtoient ceux qui sont cachés. Et le dénouement ne se fait pas toujours en faveurs des plus vertueux.
Quel sens donnez-vous à la manifestation que vous organisez demain à la « Maison du Peuple » de Ouagadougou ?
C’est un meeting d’interpellation du gouvernement, d’analyse de la situation nationale, de raffermissement de la foi militante, et de la présentation des perspectives de lutte. À l’occasion, l’Opposition va dévoiler une plateforme minimale.
Quel message voulez-vous adresser aux Burkinabé de l’extérieur en général et surtout aux Burkinabés résidents en Côte d’Ivoire ?
D’abord un message de fraternité. Même s’ils sont loin du sol national, je les considère comme partie intégrante de la Nation.
Ensuite un message d’encouragement, à trouver les voies et moyens pour vivre en harmonie avec les Ivoiriens qui les ont accueillis chez eux, et à porter haut l’image de notre pays dont ils sont les premiers ambassadeurs. Enfin une invitation à ne pas oublier la mère patrie, et à rester attentifs à son évolution, étant entendu qu’à partir de 2020, ils seront des décideurs de la destinée du Burkina. Je saisis cette occasion pour remercier chaleureusement le peuple ivoirien, les autorités ivoiriennes, en particulier le Président Alassane Ouattara, pour tous les efforts qui sont faits sous son impulsion, pour faciliter l’accueil et le séjour, en sécurité, de nos compatriotes en Côte d’Ivoire.

Interview réalisée par Traoré Abdul, correspondant à Ouagadougou
Titre original : « Hélas, l’arrogance que nous avons tant combattue hier, est de retour ».

Source : Afrikipresse 28 avril 2017

vendredi 28 avril 2017

Présidentielle 2017 en France : Le coup d’État

Propos liminaires.
Une fois de plus, cet article est long. Prenez le temps de le lire tranquillement, mais lisez-le. Il révèle comment certains acteurs ont préparé minutieusement ce qu’il faut bien appeler un coup d’État. Il s’agit pour eux de pérenniser, coûte que coûte, la politique engagée par François Hollande. Alors qu’ils se persuadent de servir les desseins heureux de la France, ces putschistes sont en passe de réussir leur ultime objectif, celui de faire perdre à notre pays son libre arbitre, en soumettant son peuple et en violant la démocratie. L’heure est grave.
Avant-propos.
En 2005, vous avez, pour certains d’entre vous, participé au referendum du TCE (Traité pour une Constitution Européenne) vous avez détesté le battage médiatique outrancier pour le « oui » ? Vous avez applaudi son rejet par 55% des Français ? Vous avez protesté contre la transformation du TCE en Traité de Lisbonne adopté par le Parlement réuni en Congrès en 2012 ? Vous avez hurlé au déni de démocratie ? Un coup porté à la voix du peuple…un véritable coup d’État ?
Eh bien c’est, à peu de chose près, ce qui se passe aujourd’hui pour faire élire un candidat choisi par la même oligarchie, par les mêmes élus de gauche et de droite, par les mêmes media et pour les mêmes objectifs. Exactement les mêmes. De VGE à Cohn Bendit en passant par Hollande et Bayrou, de TF1 à Libération, du Monde au journal Les Échos, les Pineau, Arnault, Bolloré, tous participent à la promotion d’un seul et même vœu… le « oui » pour Emmanuel Macron.
Dans « Macron ciblé par la CIA », publié sur ce même blog (que je vous conseille de lire avant cette publication), il a été démontré comment ce jeune banquier-énarque a été porté au cœur de l’appareil d’État par des apparatchiks européistes et atlantistes.
Aujourd’hui, il est l’heure pour ces gens-là de passer à la phase opérationnelle. Ce qui se prépare en France à l’occasion de ces élections présidentielles peut être qualifié de coup d’État, tant les séquences collent exactement à la définition qu’en font des spécialistes.
Par la manipulation de l’opinion publique et la maitrise des structures de l’État, des hauts fonctionnaires, des hommes politiques, des élus et des journalistes, véritables mercenaires au service des patrons de grandes entreprises multinationales et de la finance internationale, tentent de soumettre le peuple français à un destin qu’il ne s’est pas choisi. De gauche à droite, du PS au Centre, contre le restant de l’échiquier politique une minorité s’apprête à prendre le pouvoir en France.
Lisez attentivement ce qui est écrit. C’est édifiant !

EN GUISE D’INTRODUCTION
La candidature de Macron : un « 18 Brumaire de la bienveillance » ?
Un article signé Bruno Roger Petit, dans le numéro de « Challenges » du 15 mars 2017 et titré « Mélenchon et sa constituante : l’inquiétante promesse d’un coup d’État permanent… », raconte : « Depuis des mois, sous prétexte de renouveau démocratique, Jean-Luc Mélenchon promet une assemblée constituante pour aller à la VIe République. En apparence, c’est démocratique, mais si l’on y regarde de plus près, ce projet du futur Mélenchon s’apparente à un coup d’État populiste ».
Cet article est, en vérité, un contre feu. Il est l’arbre qui cache la forêt.
Après s’en être pris, sur le même registre, à Fillon et à Le Pen, Bruno Roger Petit qualifie, avec une mansuétude consternante, la candidature de Macron de « 18 Brumaire de la bienveillance ». Mansuétude ? Pas tant que ça. L’employeur de ce journaliste n’est autre que Claude Perdriel, patron de presse et… soutien actif de Macron.
L’observation est cocasse dans la mesure où c’est en France, à l’occasion du 18 Brumaire, que nait l’expression « coup d’État », celui de Bonaparte…
Ce journaliste serait-il assez pervers pour nous suggérer de façon subliminale ce qui est en train de se tramer dans cette élection ? Après l’analyse, pour le moins farfelue, de la constituante de Mélenchon (que dire alors de la Constitution de 1958 !?!), voyons si la candidature de Macron est un « 18 Brumaire de la bienveillance » ?

AUTOPSIE D’UN COUP D’ÉTAT
D’un point de vue historique – y compris dans l’époque contemporaine – le coup d’État a été l’un des moyens les plus fréquemment utilisés pour accéder au pouvoir. D’ailleurs selon les spécialistes, plus de la moitié des gouvernements du monde le seraient devenus grâce à ce procédé. On peut décrire de manière assez précise les techniques opératoires, violentes ou non, de la prise de pouvoir. Ainsi, on observe qu’il s’agit d’abord, pour les auteurs, de s’emparer des structures de l’État, de s’assurer de la maitrise de l’opinion publique, de veiller à une synergie avec le contexte international avant de légitimer le processus, soit par la force, soit par des élections.
Ils font, assez tôt, le constat qui s’impose : il faut à tout prix poursuivre la politique économique engagée depuis plus de 5 ans et continuer l’intégration du pays dans l’Europe et dans l’économie mondiale. Mais ni François Hollande, ni Manuel Valls ne sont en capacité de le faire. Ils sont, l’un et l’autre, rejetés par l’opinion publique. Pour eux, ils agissent dans l’intérêt du pays et c’est dans l’intérêt du pays qu’ils doivent s’effacer pour pérenniser « l’œuvre » qu’ils ont entreprise.
Nous allons dans cette publication analyser tous ces points, un par un, en cherchant, à chaque fois, à valider l’hypothèse avant de conclure sur la dangerosité de l’avènement de ce pouvoir en France.

1. S’emparer de l’appareil d’État
La technique de base du coup d’État consiste à s’emparer des organes centraux de l’administration et en l’occurrence, des institutions de la République. Les auteurs, nous disent les spécialistes, appartiennent le plus souvent eux-mêmes, aux structures étatiques. Nous y sommes.
Qui sont les commanditaires ?
Il ne fait plus de doute maintenant que c’est François Hollande et son homme de confiance, Jean Pierre Jouyet, le Secrétaire Général de l’Élysée, qui sont à l’origine du projet qu’il faut bien définir comme un véritable coup d’État.
Hollande et Jouyet sont amis depuis 35 ans, des bancs de l’ENA jusqu’à l’Élysée. Les deux hommes se rencontrent à 23 ans. Ils viennent de réussir le concours de l’École Nationale d’Administration et doivent effectuer leur service militaire ensemble, à Coëtquidan, où ils partagent leur chambre avec Michel Sapin. Les trois jeunes hommes se lient d’une forte amitié qu’ils entretiennent sur les bancs de l’ENA (la promotion Voltaire). Hollande déborde d’initiatives, et souvent, Jouyet accepte de le seconder dans ses projets. À la sortie de l’ENA, lors des affectations, François Hollande, classé 8e, laisse le dernier poste accessible à l’Inspection générale des Finances à Jean-Pierre Jouyet.
Leur amitié n’a jamais été mise à mal. Quand en 2014, Jouyet prend les fonctions de secrétaire général de l’Élysée, il déclare : « C’est l’aboutissement de ma vie publique et d’une vie avec lui ». Et de préciser : « Pendant les réunions, je suis secrétaire général, après je redeviens le copain, on sépare ce qui est public et privé de façon plus simple que ce que je croyais ». Il promettait alors pour conclure : « Je suis là pour le servir, pas pour le gêner. Je l’ai gêné une fois, cela n’arrivera plus ».
La gêne dont parle Jouyet, c’est quand il a accepté d’entrer dans le gouvernement de François Fillon, au poste de secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. François Hollande l’aurait très mal pris. « Mal pris » étant sans doute un peu fort…
Pour quel scénario ?
Hollande et Jouyet sont loin d’être des tendres, il faut que ce soit bien clair pour tous les lecteurs. Ce sont de fins observateurs – et acteurs – de la vie politique. Ils en connaissent les rouages, les stratégies, les us et coutumes, les trahisons et les fidélités.
Media et journalistes sont les instruments de leurs stratégies politiques et ils ont fait l’objet de manipulations constantes qu’ils ont parfois du mal à déjouer, tant leur connivence est forte et parfois incestueuse avec le pouvoir. C’est un jeu que maitrisent parfaitement les deux amis.
Pour Hollande et Jouyet (et d’autres qui leurs sont proches), ce n’est pas l’économie qui est en crise, mais le système politique.
Chez nos concitoyens, la rancœur est à son comble. « Cela fait plus de 40 ans que le libéralisme est au pouvoir, plus de 40 ans qu’on leurs demande de se serrer la ceinture, ceux-là promettant des jours enchanteurs sans jamais qu’ils arrivent. 1000 milliards de déficit public en 10 ans (Sarkozy/Hollande cumulé) disent-il, 10 millions de chômeurs et précaires, des pauvres de plus en plus pauvres, des riches de plus en plus riches ». Ils sont au bord de l’explosion et ne trouvent leur salut que dans des discours qui consistent à tirer un grand trait sur le passé. Force est de constater que nous sommes arrivés, aujourd’hui, à un point de rupture.
Les deux amis en sont, évidemment, conscients et pour eux, l’heure est grave. Il apparait, dès lors, trop dangereux de ne pas intervenir sous peine de laisser les « populismes renverser la table ». Il faut agir vite, trouver l’antidote et résoudre la crise.
Ils font, assez tôt, le constat qui s’impose : il faut à tout prix poursuivre la politique économique engagée depuis plus de 5 ans et continuer l’intégration du pays dans l’Europe et dans l’économie mondiale. Mais ni François Hollande, ni Manuel Valls ne sont en capacité de le faire. Ils sont, l’un et l’autre, rejetés par l’opinion publique. Pour eux, ils agissent dans l’intérêt du pays et c’est dans l’intérêt du pays qu’ils doivent s’effacer pour pérenniser « l’œuvre » qu’ils ont entreprise.
La solution, c’est Jouyet qui l’a dans sa manche depuis un certain temps : c’est Emmanuel Macron ! Hollande n’est pas chaud. Il doute de la fiabilité du jeune banquier.
Jeune et avenant, une tête bien faite, cursus parfait, bien conditionné sous la férule de Jouyet et d’Attali, faisant consensus chez les patrons des multinationales et de la finance mondiale, adoubé par les Américains, les Anglais et les Allemands, inculte politiquement et donc facilement contrôlable, un tantinet imbu de sa personne, il est le candidat idéal pour ce coup de force. Sa feuille de route est rédigée : appliquer une politique européenne libérale et atlantiste en matérialisant une alliance gauche/droite, poursuivre la politique économique engagée et l’inscrire durablement dans l’avenir du pays en créant un grand parti démocrate et « progressiste », à l’issue des élections. Gageons qu’il n’a pas fallu longtemps pour convaincre Macron.
Ce fut un peu plus difficile pour Hollande. Mais après l’avoir rassuré, Jouyet met Macron sur les rails très vite afin d’éviter qu’il ne soit contraint de se présenter à la primaire de la gauche. Il lui conseille de créer un mouvement plutôt qu’un parti car « compte tenu de l’ambiance, c’est préférable »…
Et Valls ?
Tout comme Hollande, Valls est, pour l’instant, mort politiquement. Il le sait, les sondages ont parlé. Sa désignation comme candidat ferait perdre le camp libéral. Sa mission est alors de représenter le courant libéral à la primaire de la gauche. Pourquoi ? Simplement pour calmer les libéraux du parti et éviter qu’on fasse pression sur Macron pour qu’il participe à la compétition. Car si ce dernier se présentait à la primaire, il serait battu et anéantirait, du même coup, les chances de réussite du projet. Mais pas seulement. La présence de Valls va aussi permettre d’estimer la force du camp libéral du parti et donc celle de la solidité de la colonne vertébrale du futur « mouvement centriste », car sans eux, le nouveau parti ne serait qu’une coquille vide.
Hollande et son ami sont parfaitement informés de l’état d’esprit de la majorité des militants socialistes, et du désamour profond qu’il règne à l’égard de la politique gouvernementale. Ils sont quasiment certains du résultat de la primaire et de l’éviction de Valls. Mais, dans le doute, ils vont miser sur Hamon. Pourquoi ? Encore une fois, l’élection de Valls serait contreproductive. Hamon est celui qui cristallise l’aile gauche du PS et qui peut empêcher le « populisme » (cf. les objectifs de la NED) de gauche de progresser en le divisant. En langage clair : il s’agit de contenir Mélenchon dans son pré carré.
Comme prévu, c’est ce qui va se passer.
Hamon est élu candidat. Les soutiens de Valls rejoignent, officiellement ou pas, un à un, le camp Macron et Valls lui-même ne tardera pas. Le PS sera réduit à sa plus simple expression et ne servira, à l’avenir, qu’à entretenir la division parmi les tenants de la gauche de transformation sociale, laissant ainsi le champ libre aux centristes pour mener à bien leurs desseins.
Le scénario à gauche et au centre est donc réglé. Il faut maintenant s’occuper des conservateurs. La primaire de droite est incertaine. Une confrontation Sarkozy/Juppé est pour Hollande et Jouyet du pain béni. Il y a des arguments pour les discréditer aux yeux de l’opinion publique. Et au besoin, on peut en fournir d’autres. Mais le destin leur sourira. C’est Fillon qui sort vainqueur. Il suffit de lui porter l’estocade. Une « bonne âme » téléphone au Canard Enchainé. On connaît la suite. L’Histoire nous dira qui était à l’origine de cette affaire. Mais, avec un peu de perspicacité, si ce ne sont pas les deux dont il est question ici, puisqu’ils démentent, il ne fait nul doute qu’un de leurs aficionados, ayant compris le sens de l’Histoire, s’est chargé de la basse besogne.
L’affaire est réglée. Les conservateurs sont hors champs.
Reste l’extrême droite. Rien de plus simple. Depuis Mitterrand, les socialistes savent s’en servir. Il faut tout faire pour que Marine Le Pen atteigne des sommets. « On » fait ce qu’il faut pour minimiser ce qui peut l’atteindre (cf. les affaires financières) et « on » dose savamment sa diabolisation. C’est Hollande qui sera le chantre de la lutte contre le FN dans cette séquence.
Les socialistes et les «populistes » de gauche neutralisés, les conservateurs anesthésiés, une confrontation Le Pen/Macron est donc probable. Une fois encore, le réflexe républicain écartera l’extrême droite …c’est donc boulevard et tapis rouge pour Macron.
Hollande et Jouyet ont dû discrètement échafauder ce scénario, un soir, autour d’un verre de champagne (Taittinger, épouse de Jouyet oblige) au cours de leurs vacances d’été car depuis de nombreuses années les couples Hollande et Jouyet se fréquentent régulièrement et partent en vacances ensemble. Petite précision qui n’est pas sans intérêt parce qu’elle situe bien la proximité de ces deux personnages. On ne part pas en vacances avec n’importe qui.
Vous pensez que ce sont des élucubrations ? La réponse est contenue dans une autre question : peut-on naïvement penser que ces deux-là n’ont pas mis en commun leurs cerveaux pour monter cette opération ? Pour ceux qui sont éloignés de ce milieu peut-être, mais pour les autres, les acteurs et observateurs politiques avisés, eux, savent qu’ils en sont parfaitement capables et qu’ils l’ont fait.
Et pour ceux d’entre vous qui en doutent encore, la lecture des faits, présents et à venir, devra suffire à attester, à peu de chose près, la véracité du propos.
Les théoriciens. Qui sont-ils ?
C’est Aquilino Morelle qui va dévoiler le pot aux roses. C’était en avril 2014, cet ex-conseiller de François Hollande (il était l’une des plumes des discours présidentiels) venait de quitter l’Élysée après la révélation de ses liens présumés avec l’industrie pharmaceutique et de sa passion pour les chaussures bien cirées. Dans la presse, il accusait l’entourage du chef de l’État d’avoir monté toute l’affaire pour l’éliminer politiquement parce qu’il était trop à gauche. « Les Français ont voté pour le discours du Bourget, pas pour le programme des Gracques, dit-il, ce sont leurs idées qui sont aux commandes tout simplement! Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée, en est membre. Emmanuel Macron, je n’en sais rien, peut-être. Mais il n’a pas besoin d’y adhérer; il est totalement en symbiose avec eux ». Et de conclure : « Oui, cest bien leur programme qui est appliqué aujourdhui. Un programme pour lequel les Français n’ont pas voté ».
Mais qui sont ces gens dont parle Aquilino Morelle ?
Le nom « Gracques » a été donné à deux frères et hommes d’État romains Tiberius et Gaius Gracchus renommés pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain (espérons que leurs contemporains aient le même succès !).
« Les Gracques » d’aujourd’hui, c’est un petit groupe d’hommes d’affaires, de hauts fonctionnaires et d’intellectuels qui s’activent depuis 2007 dans les coulisses du pouvoir pour convertir la gauche française au libéralisme. Pour la plupart, ils occupent des postes hauts placés, souvent dans des banques, des compagnies d’assurances, des fonds d’investissement. Tous ont fait au moins l’ENA ou HEC. Anciens du PS, pour beaucoup d’entre eux, ils ont peuplé les cabinets ministériels des années 1980 et 1990, servant les socialistes « modernes », Rocard surtout mais aussi Jospin, Fabius, Bérégovoy ou Strauss-Kahn. Quand la droite est revenue au pouvoir, ils ont déserté le service de l’État pour rejoindre (ah ! le pantouflage !) le monde de l’entreprise. Ils y ont gagné beaucoup d’argent mais sans jamais abandonner tout à fait la politique. Aujourd’hui, ils sont dans les coulisses du pouvoir et ils ont des ramifications qui vont jusqu’au plus haut sommet de l’État.
Il est quasiment certain que c’est Jean-Pierre Jouyet qui a cofondé ce groupe semi-clandestin. L’ASPEN et la NED ont déterminé son cadre idéologique (lire « Macron ciblé par la CIA ? »). Voici ce qu’il dit à propos de l’action des Gracques à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012 et ensuite. Lisez bien, car c’est tout simplement époustouflant : « L’approche des Gracques entre les deux tours, celle d’un rapprochement des réformistes et des sociaux-démocrates, était préconisée aussi par Ségolène Royal. Elle n’a pas fait l’unanimité au PS. J’en ai pris acte. Nicolas Sarkozy m’a demandé de m’occuper de l’Europe. J’ai constaté que ce n’est un enjeu ni de droite ni de gauche, mais qu’il répond à un impératif national. J’observe qu’il s’est lancé dans une politique de réforme que les Gracques appelaient de leurs vœux. (!!!) Je remarque que l’homme a l’énergie nécessaire pour les mener à bien et qu’il est loin de la caricature de l’ultralibéral qu’on avait dessinée de lui ». Jouyet laudateur de Sarkozy ! Et maintenant Valls qui propose ses services à Fillon… No comment.
On y trouve des gens comme Roger Godino, Guillaume Hannezo, Gilles de Margerie, Ariane Obolenski, François Villeroy de Galha, Erik Orsena, Denis Olivennes directeur général d’Europe 1 et Lagardère Active (« Paris-Match », « JDD », « Newsweb »), Matthieu Pigasse, responsable monde des fusions acquisitions (fusac) et du conseil aux gouvernements de la Banque Lazard dont il est directeur général délégué en France. Il est propriétaire et président des Nouvelles Editions Indépendantes qui contrôle le magazine « Les Inrockuptibles » et « Radio Nova » et actionnaire du Groupe Le Monde et du « Huffington Post ». Bernard Spitz, président de la Fédération Française de l’Assurance regroupant la Fédération française des sociétés d’assurance et le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance. Il préside également le Pôle International et Europe du MEDEF. Mathilde Lemoine, macro économiste Group Chief Economist chez Edmond de Rothschild Group et membre du Haut Conseil des Finances Publiques… et il y en a d’autres du même calibre. Et qui participe aux travaux des Gracques ? Cohn Bendit et. …Macron !
Les économistes. Ce sont les mêmes que ceux de François Hollande !
Les économistes qui conseillent Macron aujourd’hui, sont les mêmes, exactement les mêmes, que ceux qui conseillaient Hollande en 2012. Ils faisaient partie du premier cercle et se nommaient le « groupe de la Rotonde ». Il y avait Jean Pisani-Ferry, le boss, Philippe Aghion, Elie Cohen, Gilbert Cette, Jean-Hervé Lorenzi, les porte-flingues et. …Emmanuel Macron.
On ne change pas une équipe qui gagne. C’est tout naturellement que l’Elysée demande à Pisani-Ferry, en janvier 2017, de prendre en charge le programme et les idées du mouvement de Macron. Et ce sont les mêmes fantassins qui vont l’épauler : Cohen, Cette, Lorenzi, Aghion.
Mais, arrêtons-nous, un instant, sur Pisani-Ferry, l’alpha du groupe, pour bien comprendre la doctrine et les enjeux.
Jean Pisani-Ferry n’est pas n’importe qui et son influence sociale-libérale-européiste est grande dans le milieu. Il est un fervent défenseur d’un gouvernement mondial de l’économie au même titre que Jacques Attali. Il a été commissaire général de France Stratégie (ex-commissariat au Plan) de mai 2013 à janvier 2017. Auparavant il a été directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, conseiller économique de Dominique Strauss-Kahn et de Christian Sautter au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, président délégué du Conseil d’analyse économique mis en place par Jospin, expert pour la Commission européenne et …le FMI. Autant dire qu’il est calibré.
Cependant, on ne peut cerner correctement cet économiste sans citer le cercle de réflexion « Bruegel » qu’il a cofondé il y a quelques années…
Le think tank Bruegel (sis à Bruxelles) est un centre de recherche qui couvre l’ensemble du champ des politiques économiques. Il est dirigé et financé sur la base d’un système de gouvernance associant des États membres de l’Union Européenne et des multinationales dont Areva, Deutsche Bank, Deutsche Telekom, EDF, Ernst & Young, Erste Bank Group, GDF Suez, Goldman Sachs, Google, Microsoft, Novartis, Pfizer, Renault, Samsung, Syngenta, etc.
Président actuel Jean-Claude Trichet ex-président de la BCE. Membre d’honneur d’Aspen France (Jouyet en est le président d’honneur), membre du comité de direction du groupe Bilderberg et président en exercice du groupe européen de la commission Trilatérale. Il est membre du conseil d’administration de EADS où il représente… les actionnaires. Pour l’universitaire Frédéric Lebaron, Jean-Claude Trichet « est le plus célèbre et le plus influent d’entre tous » les experts issus de l’Inspection des finances, le vivier de Jouyet.
Président d’Honneur Mario Monti, ex-commissaire européen et ex-président du groupe européen de la Commission Trilatérale.
La boucle est bouclée. Nous sommes ici au cœur du réacteur des idées que Hollande et Macron ont puisé pour définir leur politique économique.
Les soutiens. Les grandes fortunes de France choisissent Macron.
« Je lui ai fait rencontrer des milieux d’affaires, on a eu des réunions en Angleterre et il y aura des contacts directs entre Emmanuel Macron et la présidence des États-Unis », disait son mentor, le richissime rocardien feu Henry Hermand.
Mais Macron va aussi être présenté au « Tout Paris » par Jean-Pierre Jouyet, son parrain, qui dispose d’un carnet d’adresse aussi gros qu’un Larousse.
Jouyet a épousé en seconde noce Brigitte Taittinger (le champagne), ex-PDG des parfums Annick Goutal et actuellement directrice de la stratégie de Sciences Po. Les témoins du mariage furent François Hollande et feu Christophe de Margerie, le PDG de Total. 12e patron du CAC 40. Quand on saura que Jouyet a été nommé en 2008, par Sarkozy, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et que tous les patrons du CAC 40 sont venus le voir dans son bureau, on aura tout dit…
Parmi les dix personnes les plus riches de France, quatre soutiennent officiellement Macron : Bernard Arnaud (1e fortune de France), François Pinault (4e), Patrick Drahi (5e), Xavier Niel (9e). Seul Serge Dassault (3e) ne s’est pas prononcé officiellement mais il encense Macron et Le Drian, ministre de la Défense. Et pour cause. Il a un business à faire tourner. A ceux-là, il faut ajouter Martin Bouygues, Vincent Bolloré, Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Arnault Lagardère et ceux dont on ne connaît pas le nom car Macron ne souhaite pas publier la liste de ses donateurs. On comprend pourquoi.
Le choix du candidat
« Macron, c’est entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie – il sait ce qu’il me doit – mais une question de loyauté personnelle et politique ». François Hollande – avril 2016.
Dans une publication précédente (« Macron ciblé par la CIA »), il est décrit avec précision comment cet homme a été choisi et porté au cœur de l’appareil d’État par des membres de l’oligarchie politique et affairiste en moins d’une dizaine d’années. Mois après mois, il a été façonné pour répondre exactement au calibrage des idées politiques de ses parrains, des « sociaux libéraux internationalistes », disent-ils avec pudeur…en fait des néoconservateurs mondialistes conformes à l’idée que se font les Etats-Unis de ce que doivent être les démocraties occidentales.
Macron a été amené à devenir secrétaire général adjoint de l’Élysée, l’un des plus proches conseillers du Chef de l’État. Puis ministre de l’Économie. Son recruteur et mentor politique, Jean-Pierre Jouyet est aujourd’hui Secrétaire Général de l’Élysée, autant dire le cœur de l’appareil d’État. Cette ascension, pour le moins épique, rappelle étrangement la pièce de théâtre « La Résistible Ascension d’Arturo Ui » de Bertolt Brecht… (à voir ou à lire impérativement).
Macron, intelligent mais immature…
Le profil psychologique et physique du candidat est très important pour ce projet. Il faut qu’il soit présentable, malléable et qu’il reste sous influence. Une forte personnalité aurait été contreproductive et impossible à gérer.
Feu Henry Hermand, son mentor (lire « Macron ciblé par la CIA »), le connaît bien. C’est lui qui lui a mis le pied à l’étrier en politique. Voici ce qu’il en dit en septembre 2016, il y a donc 6 mois : « Il n’a jamais pris une décision importante sans m’en parler. Sur le plan politique, Emmanuel est trop jeune, il a besoin d’être recadré sur des connaissances historiques. Son épouse est très présente à ses côtés. Elle a orienté ses lectures, joué un rôle dans ses cercles d’amis, veillé à ce qu’il ne se disperse pas ».
Hermand l’infantilise, et de façon anecdotique, il raconte un peu agacé : « Ce désir qu’il a de serrer toutes les mains qui se présentent à lui, même de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, est regrettable. Avec sa femme, on veut freiner ses tentatives de trop convaincre, on lui dit de se calmer ! ». Et il conclut en soulignant sa dépendance financière et psychologique (?!).
C’est ce qu’en pense aussi l’entourage de Hollande qui le connaît bien ; « Macron apparaît comme un homme sous influences multiples », disent-ils. Espérons qu’il ne se perde pas…
La description psychologique qu’en font ses proches correspond exactement à l’objectif de ses traitants. Ce qui prouve, s’il en est encore nécessaire, que Macron est un personnage créé de toute pièce pour servir des intérêts puissants. Cette personnalité ne pouvait pas habiter un physique ingrat. Dents blanches, bien coiffé, « tête de premier de la classe », dirait Coluche, costumes de bonne facture, séducteur et charmeur, Macron est l’image même du quarantenaire qui a réussi. Il a sa « Rolex » au poignet.
Pour conclure ce chapitre, écoutons encore une fois ce que dit Henry Hermand : « Il incarne une tendance, il ne faut pas que ce soit personnalisé, il ne faut pas que ce soit M. Macron, il n’a pas d’expérience politique. Je demande qu’on mette en place un comité politique et non pas un comité de parrainage. Macron ne sera candidat que s’il a un mouvement d’opinion suffisamment fort avec des appuis politiques important et il ne fera déclaration de candidature que s’il dispose d’appui suffisant ».

2. Le contrôle des media.
Justement. Le candidat dispose maintenant d’un bon encadrement politico-économique, il faut susciter un mouvement d’opinion autour de lui. D’aucuns vont s’attacher à le provoquer.
Si la quasi-totalité des media est acquise à la cause, c’est bien sûr parce que la dizaine de milliardaires qui soutient Macron en est propriétaire à 90%.
Voici ce qu’en dit Daniel Schneidermann (Arrêt sur Image) : « S’agissant de Macron (…) Xavier Niel et Pierre Bergé, copropriétaires du groupe le Monde, lui ont plus ou moins publiquement déclaré leur flamme. Rien, dans ce que l’on sait de lui, et du peu que l’on sait de son programme, n’est de nature à effaroucher MM. Dassault, Arnault, Pinault, Lagardère, Bolloré ou Drahi. Ce qui ne signifie pas que les oligarques français soient pendus au téléphone chaque matin pour commanditer des unes, des éditos, ou des sondages favorables. Simplement, par capillarité intellectuelle, ils ont nommé à la tête des rédactions de «leurs» médias des journalistes macrono-compatibles, éventuellement macrono-indifférents, en tout cas jamais macrono-opposés, encore moins macrono-hostiles ».
Macron ne laisse rien au hasard. Il a organisé sa communication privée.
« Les politiques sont devenus un bon filon pour la presse people », analyse Marion Alombert, rédactrice en chef de « Voici ». « En ce moment, les Macron ont le vent en poupe. Leur couple intrigue, accroche. Et ils ont compris qu’une exposition bien gérée est une publicité efficace ».
Et Sylvain Fort, un porte-parole « d’En Marche ! », de rajouter : « Il y a un contrat d’exclusivité moral avec « Bestimage » (agence people des stars). Cela permet de mieux maîtriser leur image, le choix des photos qui circulent sur eux. Quand ils sont victimes de paparazzi, ils font appel à un photographe de l’agence, ils sont sûrs, ainsi, d’avoir des clichés plus avantageux ».
Résultat : en un an, dix couvertures de « VSD », quatre de « Paris Match », deux de « Closer », une de « Voici ». Quand on constate un tel matraquage médiatique autour de ce candidat, il n’y a plus rien à ajouter. Petite précision : Michèle Marchand, la directrice de « Bestimage », fait partie du staff communication de la campagne….

3. Contrôle de l’opinion publique.
Il est utile de rappeler ici les recherches du sociologue Patrick Champagne sur les sondages. Son travail s’est articulé autour du problème central, en science politique, de l’analyse des formes de légitimation de la représentation politique.
D’une critique des logiques qui sont au principe de la mesure de l’opinion publique par les sondages, on est passé à une réflexion qui tente d’appréhender les effets, sur le champ politique, de la croyance en ces instruments. Cette évolution, qui se veut proche de l’évolution même de l’influence des sondages d’opinion sur les pratiques politiques, constitue le centre de la problématique du sociologue qui prend au sérieux les professionnels des sondages, même ceux qui sont peu sérieux scientifiquement, en les prenant au moins comme objet.
Champagne démontre que la croyance dans l’efficacité des sondages à exprimer « l’opinion publique » est indissociable d’une transformation des règles du jeu politique et particulièrement de l’importance croissante qu’on prit les journalistes et les spécialistes en communication. Ainsi, s’est mise en place la croyance selon laquelle « faire de la politique » c’est, notamment grâce à « une bonne communication », se situer le plus haut possible dans les cotes de popularités ».
On y est quand Macron ne déclare avoir nul besoin d’expérience politique et encore moins de programme pour être candidat. Il suffira pour lui d’avoir une bonne côte de popularité. Jouyet et Hollande l’ont bien compris. Ce sont eux et les économistes qui réfléchissent pour lui. Seule l’image compte, car si on entre dans le dur du programme, on s’apercevra rapidement de quels ventriloques Macron est le nom.
Et en voici la parfaite illustration : Macron est intégré pour la première fois dans un sondage pour les élections présidentielles en janvier 2016. « Le Monde » titre : « Sondage : Emmanuel Macron préféré à Manuel Valls ou François Hollande pour 2017 » et en sous-titre « Un sondage Odoxa pour « Le Parisien/Aujourd’hui en France » estime que le ministre de l’économie pourrait devancer le premier ministre et même le président ». Il est placé d’entrée de jeu à 22%.
Mais qui sont les commanditaires de ce sondage-test ? Sans aucun doute le staff de Bernard Arnault, patron de LVMH et propriétaire du « Parisien/Aujourd’hui en France ». Signalons que Nicolas Bazire, proche de Sarkozy, est l’un des administrateurs de LVMH en même temps que l’un de ceux de l’institut de sondage IPSOS. Mais ce qui est le plus intéressant ici, c’est qu’il est gérant associé de la Banque Rothschild… Il connaît très bien Macron avec qui il a travaillé dans la même banque. Quant à Odoxa, les deux fondateurs sont d’anciens de l’institut de sondage BVA dont Vincent Bolloré et… le fond d’investissement Rothschild ont été actionnaires.
Ce sont donc des proches de Macron qui l’ont mis en selle. On se doute bien à la demande de qui. Curieusement sa cote moyenne était de 17% dans les sondages tout au long de l’année 2016. Elle a bondi de 7 points en janvier 2017, à 24% pour arriver à 26% des intentions de vote en mars, le plaçant en tête de tous les sondages. Et comme on sait que les élections se jouent dans les trois mois qui précédent les élections, on comprend mieux ces scores…
Il en sera de même, bien sûr, pour Marine Le Pen, challenger indispensable à la réussite du coup d’État. Elle est créditée de 25% des intentions de vote. Normal.
Dans un article de l’inénarrable « Décodeur » du quotidien le « Monde », soutien inconditionnel de Macron, des journalistes dénoncent les accusations qui sont portées à l’encontre de Macron quant à sa proximité avec les instituts de sondage. Selon eux, les informations publiées sur le sujet sont fausses, erronées ou ne sont plus d’actualité. C’est possible, mais la majorité des instituts de sondage appartient à des milieux financiers (fonds d’investissement, grandes entreprises, publicitaires etc…) dont est issu Macron et dont la proximité politique, elle, ne fait pas de doute.
En cherchant un peu on constate que plus de 80% des instituts de sondage appartiennent à la sphère d’influence qui soutient Macron. Son conseiller en la matière n’est autre que Denis Delmas, ancien président de TNS Sofres. Autant vous dire que, celui-là, il connaît la musique.

4. Le contexte international
L’important, pour s’assurer de la réussite d’une prise de pouvoir c’est de ne pas froisser ses alliés. En tous les cas, il faut leur donner des gages de non-agression. Dans le cas contraire les auteurs s’exposent à une déstabilisation. Il faut donc que les planètes soient alignées. Pour Macron, ses parrains ont rassuré tout le monde. Le candidat reste bien dans l’orbite assignée : atlantiste et européiste, deux points d’un équilibre indispensable.

5. La régularisation du coup d’État
Enfin, il s’agira de valider la démarche par les élections. Ce sera relativement simple. Si le scénario arrive à son terme, Marine Le Pen sera en face d’Emmanuel Macron. Les commanditaires joueront sur la fibre républicaine et rafleront la mise.

CONCLUSION PROVISOIRE
En analysant chaque phase, nous pouvons dire maintenant, sans l’ombre d’une hésitation, si l’on s’appuie sur les paramètres donnés par les experts, qu’il s’agit bien d’un coup d’État ou, pour l’heure, d’une tentative de Coup d’État… Dans l’intérêt de nos concitoyens et celui de notre pays, il vaut mieux qu’elle n’arrive pas à son terme…
Il est essentiel de laisser la parole à Hervé Kempf, le rédacteur en chef de Reporterre qui est l’auteur d’un ouvrage remarquable sur l’oligarchie et qui connaît donc bien le sujet.
« Les conditions d’un bon exercice de la démocratie sont largement altérées. La délibération libre est viciée par le fait que les médias sont massivement contrôlés par l’oligarchie. Le choix majoritaire est tronqué par le poids des lobbies, voire, parfois, par le déni pur et simple du choix populaire, comme lors du référendum de 2005 sur l’Europe. Mais aujourd’hui, le capitalisme ne considère plus la démocratie comme indispensable à son existence ; il la rejette même de plus en plus nettement, puisqu’elle conduit logiquement à la remise en cause des pouvoirs en place.
Le respect des droits de l’homme et des libertés publiques est bafoué au nom des politiques antimigratoires.
Le pouvoir politique est subordonné aux puissances financières.
En fait, les classes dirigeantes nous font entrer dans un régime oligarchique, où un groupe de personnes contrôlant les pouvoirs politique, économique et médiatique, délibèrent entre eux puis imposent leurs choix à la société.
Or l’oligarchie actuelle cherche avant tout à maintenir sa position privilégiée. A cette fin, elle maintient obstinément le système de valeurs organisé autour de la croissance matérielle et de la surconsommation – un système qui accélère notre entrée dans la crise écologique ».
L’heure du choix de société a sonné…


Références :
• « L’opinion publique n’existe pas », Pierre Bourdieu, Les Temps modernes n°318, 1973.
• « Faire l’opinion. Le nouveau jeu politique », Patrick Champagne, Paris, Minuit, coll. « Le sens commun », 1990.
• « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie », Hervé Kempf, Paris, Seuil, 2011.
• « Le Coup d’État : manuel pratique », Edward Luttwak, Paris, Éd. Robert Laffont, 1969.
• « Droit de Cité », Louis Calaferte, Paris, Ed. Gallimard 1999.



Source : https://changera.blogspot.fr 24 avril 2017