Quelques conjurés de Marcoussis
De G à D : P. Affi Nguessan, D. de Villepin, G. Soro, G. Ouessenan Koné, P. Mazaud
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« Des accusations graves, des révélations à couper
le souffle, des noms cités,
des médias français [mis en cause] »…
Ainsi l’officieux Fraternité
Matin présentait, dans sa livraison du 03 septembre 2003, le scoop du
jour : la lettre de repentir d’un certain Padjofê Ibrahim, se disant d'ethnie
Dioula, ex-Fanci, et ex-rebelle en rupture de ban et fugitif. A l’occasion du
onzième anniversaire de la tentative de putsch du 19 septembre 2002, cette
lettre refait surface dans le Quotidien d’Abidjan
(19 septembre 2013), toujours avec la même lecture au premier degré et la même
absence de recul ; bref, avec la même naïveté…
Cette lettre n’est certes pas dénuée d’intérêt ;
elle foisonne d’informations qui, sans être précisément des scoops,
rafraichissent les souvenirs qu’il est bon d’avoir en mémoire pour ne pas être
surpris par les événements à venir. C’est pourquoi nous la reproduisons à notre
tour à l’intention de nos amis. Mais nous devons les avertir : « Padjofê »
n’apporte aucune vraie réponse aux nombreuses questions que nous nous posons
depuis le 19 septembre 2002. Aussi bien, ce serait une grave erreur
de s’en tenir à la superficie de ce texte, au risque de se priver de sa
« substantifique moelle »…
Notons d’abord que ce « Padjofê » nous demeure un vrai
mystère malgré qu’il prétend écrire sous sa véritable identité. Notamment, nous
ignorons son grade dans les Fanci ainsi que la position qui était la sienne
dans la « rébellion » avant qu’il ne se brouille avec elle. Pourquoi signer
de son vrai nom si on ne peut/veut pas indiquer son grade ou sa fonction ?
Surtout que, à en juger d’après le niveau de son français ou d’après la qualité
de son information quant aux affaires de la « rébellion », par
exemple, l’auteur de cette lettre semble être quelqu’un qui ne pouvait pas
ignorer qu’on ne croirait jamais qu’il n’était que l’un de ces sergents quasi-analphabètes
que Ouattara a fait officiers supérieurs dans son armée ; encore moins un simple
troupier de la rébellion.
Il n’est pas nécessaire d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que
nous avons affaire à un de ces astucieux bidonnages dont depuis vingt ans
certaines gens nous gavent pour nous « distraire » pendant que leurs
complices s’activent de différentes façons à nous déposséder de nos droits
naturels et constitutionnels.
Posons-nous la question rituelle : à qui donc profite le
crime ? A Alassane Ouattara [– et au passage notez que de toutes les
personnes citées par Padjofê, Ouattara est le seul qui a droit à un « M. » devant
son nom –] ? A Blaise Compaoré ? Certes ces deux-là y ont certainement
leur part ; mais quelque profit ou avantage personnel qu’ils aient tiré de
leur participation dans ce forfait, ils n’étaient que les déguisements dont le
vrai criminel se revêtait pour passer inaperçu. Notez combien
« Padjofê » est prolixe quand il parle d’eux, et combien il trouve
tout à coup si peu à dire quand il s’agit de la « France mère ». Il
est évidemment impossible de parler de ces choses sans y mêler le nom de la
France, et ce n’est pas seulement à cause de l’Opération
« Licorne » ! Mais « Padjofê » semble nous dire :
Ne vous fiez surtout pas aux apparences : oui, la France est dans le coup,
mais ce n’est pas une raison de croire que c’est elle qui a tout manigancé, ou
que c’est à elle que cela profite ! Admirez ce drôle d’argument,
véritable joyau de « faux-culisme » hexagonal : « Tout ce que je peux dire, c'est que
la France est coupable mais elle est prise dans l'étau entre les menaces de
dénonciation de la rébellion et la réaction du peuple ivoirien et des Français
de Côte d'Ivoire ». Et maintenant,
circulez ! Y a plus rien à voir de ce côté…
Eh ! bien, frères
résistants, non ! Nous, c’est très précisément de ce côté-là qu’il faut
qu’on regarde. Soyons vigilants ! Et aujourd’hui plus que jamais !
Marcel Amondji
La lettre de Padjofê
Monsieur Honorat Dé Yedagne,
Je voudrais vous demander de faire en sorte que cette lettre
soit publiée dans son entièreté. J'ai beaucoup hésité avant de l'envoyer à votre
journal car, il n'a pas de position tranchée et donc si ma lettre y est
publiée, on lui accordera toute la valeur qu'il lui faut plutôt que d'être considérée
comme suscitée si elle était publiée par le National ou Notre Voie. Cette lettre
ne vaut sans doute rien, venant de la part d'un assassin comme moi, mais, j'aime
mon pays comme vous et j'ai décidé de ne plus le tuer.
Publiez
ma lettre s'il vous plait !
Je m'appelle Padjofê Ibrahim. Je suis de l'ethnie Dioula
et je suis un déserteur de l'armée ivoirienne. Si je donne mon vrai nom, c'est
parce que je n'ai plus personne à protéger car, mes parents (mon père, mes deux
sœurs et mon frère étudiant en licence d'anglais à l'Université de Bouaké) ont
été exécutés dans la nuit du 8 au 9 février dernier. Je suis donc un rebelle fugitif
qui a décidé de ne plus participer à la destruction de mon pays. J'ai été au
cœur de la rébellion, j'ai participé à toutes les étapes de la préparation de
l'attaque jusqu'à son exécution. Je sais que les choses que je vais dire
aujourd'hui paraîtront aux yeux de certaines personnes comme une plaisanterie de
mauvais goût, mais je jure sur les cadavres de mes parents que ce qui va suivre
est la stricte vérité et même si cela arrive bien en retard, il n'empêche qu'il
peut permettre de comprendre beaucoup de choses et de prévenir bien d'autres
dangers qui guettent le contrôle gouvernemental pour réaliser à quel point les
Ivoiriens, avec les autorités à leur tête, ignorent les véritables dangers qui
planent sur le pays. Je voudrais préciser avant toute chose, qu'aucun des pays
qui entourent la Côte d'Ivoire n'aime la Côte d'Ivoire. Ils ont tous participé d'une
façon ou d'une autre à la destruction du pays. J'y reviendrai. Cela dit, je
voudrais demander pardon aux Ivoiriens et à toutes les victimes innocentes de
cette guerre atroce que nous avons provoquée dans notre propre pays. J'ai fait
du mal, beaucoup de mal en succombant à un certain discours, en pensant d'après
ce qu'on nous avait dit, que le Président Gbagbo était venu au pouvoir pour
organiser le génocide des gens du Nord et qu'il fallait tout mettre en œuvre
pour l'arrêter. Voilà pourquoi, la plupart de ceux qui ont pris les armes sont des
gens du Nord et qu'à la fin de cette guerre, on découvrira que 60% des jeunes
du Nord sont morts, tant les FANCI les massacrent sur les fronts de guerre. Quelqu'un a dit que « le jour où ceux qui financent les guerres se retrouveront sur
les fronts, il n'y aura plus de guerre dans le monde ». Je me
demande si ce monsieur se rendait compte de la véracité de ce qu'il disait. Je
voudrais dire ici qu'aucun des chefs de la rébellion qui endeuille le pays n'a jamais mis les pieds sur un front de
guerre, ni conduit une troupe au cours d'un combat. Le seul qui a eu le courage
de participer à un combat à la tête d'une unité de 227 personnes (tous des gamins
de 12 à 15 ans) a été abattu par les FANCI le jeudi 17 octobre 2002 à
M'Bahiakro et son unité a été totalement anéantie. Il s'agit d’Inza Karamoko.
Après cette guerre, le monde entier constatera le désastre. Cela dit, je
voudrais situer les choses que je vais dire à 11 niveaux :
1. La préparation de l'attaque ;
2. Le
recrutement ; 3. Les raisons de l'attaque ; 4. Les personnalités qu'il fallait
tuer ; 5. La mort de Balla Kéita ; 6. Les commanditaires du coup ;
7. Les
complicités internes et externes ; 8. L'élimination systématique des gendarmes ; 9. Le but assigné au MPIGO et au MJP ;
10. La
mission de l'escadron de la mort et des médias étrangers ; 11. Le rôle de la France et des
multinationales françaises.
Beaucoup de choses ont été dites sur l'attaque du 19 septembre
2002. Certaines de ces choses sont vraies, et d'autres sont très loin de la vérité.
Il a fallu que je sois au Burkina Faso du mardi 16 janvier 2001 au lundi 16 septembre
2002 pour comprendre à quel point la Côte d'Ivoire était haïe par les pays qui
l'entourent. J'y reviendrai dans le point 7.
1.- La préparation de
l'attaque
A mon arrivée à Somgandé au Burkina le 16 janvier 2001,
le noyau qui devrait diriger les opérations était déjà constitué ; il
s'agissait de Tuo Fozié, Massemba Koné, Omar Diarrassouba, Iréné Kablan et
Souleyman Diomandé. Il s'agit là de la phase 1.
2.- La deuxième phase a
consisté à recruter
C'est IB qui a été chargé de cette tâche, aidé par trois
officiers burkinabè qui agissaient pour le compte de leur pays. Le recrutement
a été fait dans trois pays: le Liberia, la Sierra Leone et le Burkina Faso.
Ainsi, au total, ce sont 417 personnes qui ont été recrutées en deux mois, dont
288 Burkinabè (125) soldats de l'armée burkinabé et 163 repris de justice
libérés des prisons et conduits au camp de formation de Pô. Quant aux Ivoiriens
qui ont participé à l'attaque, il a suffi de leur expliquer ce qui suit :
3.- Les raisons de l'attaque
Il y a trois raisons essentielles à l'attaque du 19
septembre.
- Il fallait sauver les peuples du Nord, et
principalement les Dioula, du génocide que préparait le Président Gbagbo.
- Pour convaincre chacun de cette idée, une photo
couleur agrandie était accrochée dans toutes les chambres des villas de
Somgandé et une autre (petite) était dans les poches de toutes les recrues, de
sorte que chacun se disait qu'il avait une mission noble à accomplir en faisant
la guerre en Côte d'Ivoire. Il s'agissait de sauver tout un peuple menacé d'extermination
totale par un régime supposé génocidaire.
- Il fallait ensuite permettre aux Burkinabè résidant en
Côte d'Ivoire d'avoir les mêmes droits que les Ivoiriens et de participer à toutes
les prises de décisions concernant l'avenir du pays. Pour convaincre les Burkinabè
de ce que les Ivoiriens partisans du régime étaient en train de massacrer leurs
compatriotes, le journal Sidwaya a utilisé les mêmes photos du charnier de
Yopougon qu'il a présenté comme étant constitué de ressortissants burkinabè. Cela
a provoqué une grande colère et a facilité le recrutement des Burkinabè avec l'accord
des autorités burkinabè. Pour que ce qui précède puisse se réaliser, il fallait
éliminer systématiquement un certain nombre de personnalités politiques et
militaires et permettre ainsi, par la chute du gouvernement, l'installation
d'un nordiste à la tête de l'Etat et en l'occurrence M. Alassane Ouattara,
après 6 mois de transition au cours de laquelle, par l'usage de la terreur, toutes
les personnes gênantes devraient être soit exécutées soit forcées à l'exil.
4.- Les personnalités
politiques et militaires qu'il fallait tuer
Je reviendrai de façon détaillée sur un certain nombre
de choses dans le point 6, mais il faut dire que si le coup d'Etat avait réussi,
il n'y aurait aujourd'hui d'hommes politiques en Côte d'Ivoire que ceux venant
du RDR tant la liste des personnes qu'il fallait exécuter était longue. Je ne
pourrai donc pas donner la composition de cette liste de façon exhaustive mais
voici quelques-uns des noms. 1. Emile Boga Doudou (à la demande de Blaise Compaoré) ; 2. Doué Mathias ; 3. Touvoli-Bi ; 4. Lida Kouassi ; 5. Henri Konan Bédié ; 6. Emile Constant
Bombet ; (l'ancien ministre) ; 7. Blé Goudé Charles ; 8. Tapé Koulou (à la demande de Shérif Ousmane) ; 9. Mamadou Koulibaly ; 10. Guéi Robert (à la demande d’Alassane
Ouattara). C'est ce dernier nom, celui du général, ajouté à la demande de
Alassane Ouattara qui a changé tout et donc a précipité les choses car, on ne
sait trop comment cela s'est passé mais quelqu'un a filé l'information à M.
Balla Kéita qui suivait le déroulement des préparatifs pour le compte du
général.
5.- La mort de Balla Kéita
M. Balla Kéita a été envoyé au Burkina Faso par le
général Guéi pour suivre l'évolution des préparatifs pour son compte. A son
arrivée au Burkina, M. Balla devrait avoir ses appartements à Somgandé, mais
pour éviter les soupçons, Blaise Compaoré a décidé de le loger personnellement.
Cette démarche n'a pas beaucoup plu au Général qui soupçonnait un mauvais coup
de la part d'Alassane, mais on a su le convaincre. En réalité, si on avait
éloigné Balla Kéita, c'était pour qu'il ne soit pas au courant de certains
détails, tels que la composition de la liste. Ainsi, lorsqu'il s'est agi de
dresser la liste, le Général n'a eu son mot à dire que sur le sort du Président
Gbagbo, car l'informateur qui se trouvait à la Présidence avait prévenu que le
Président devait s'absenter dans le courant de la 3e semaine du mois de
septembre 2002. Le Général a donc conseillé que le coup se fasse en son
absence, car cela permettrait d'épargner sa vie et donc d'éviter un certain
nombre de difficultés inutiles. Mais le Général ne savait pas qu'il était
lui-même sur la liste; normal, car le coup devait être fait pour lui, du moins
d'après ce que M. Ouattara lui avait promis. Ainsi, le Général en qualifiant le
Président de boulanger, ignorait que le vrai boulanger était celui à qui il téléphonait
3 fois par jour. Lorsque Balla Kéita, on ne sait par quel moyen, avait appris
que le nom de son patron était sur la liste des personnes qu'il fallait
exécuter, au lieu d'informer directement le Général, il a cru bon d'en parler
d'abord à Blaise Compaoré. Dès cet instant, il avait signé son arrêt de mort et
effectivement, on le retrouvera mort le lendemain. Nous étions alors fin
juillet-début août. La difficulté a été dès lors de convaincre le Général que
la mort de son agent n'avait rien à avoir avec un mauvais coup que l'on
préparerait dans son dos. Une tâche que les autorités burkinabè avec le
ministre de la Défense vont réussir à merveille, en retournant les soupçons sur
le gouvernement FPI au pouvoir à Abidjan et pour parachever la machination, Fabien
Coulibaly qui, à la demande du Général, s'était rendu au Burkina, avait été
chargé d'assassiner le Général, mais on ne sait pour quelles raisons, il n'a
jamais exécuté son contrat et donc jusqu'à ce qu'on déclenche l'attaque, on ne
savait pas si Fabien Coulibaly et le Général avaient un autre plan et dans le
doute, pour éviter les problèmes, son nom avait été ajouté sur la liste, de
même que celui de tous ceux qui se trouvaient dans l'environnement immédiat du
Général. Ceci explique ce qui s'est passé ou plus précisément, devrait
expliquer ce qui s'est passé car on saura plus tard que Fabien Coulibaly avait
vendu la mèche et que le Général avait concocté son propre plan, mais
malheureusement pour lui, certains éléments de la gendarmerie qui étaient dans
le coup et dont le Général avait les noms, avaient réussi à s'infiltrer dans
les patrouilles des gendarmes loyaux et donc pour éviter que le Général ne se
venge d’eux s'il prenait le pouvoir, ont réussi à créer la confusion, de sorte
que même au jour d'aujourd'hui, vu la façon dont les choses se sont passées, au
plus haut niveau de la rébellion, tout le monde a la trouille quand il s'agit
de savoir si ceux qui ont tué le Général sont tous morts ou vivants et
prisonniers ; mais on les préfère plutôt morts que vivants : suivez mon regard.
6.- Les commanditaires du coup
Il y a essentiellement trois commanditaires : Alassane Dramane Ouattara ; Guéi Robert ; Blaise Compaoré.
Alassane Ouattara a offert tous les moyens de
communication dont dispose le MPCI. Il a également corrompu tous les
correspondants-Afrique de tous les médias français à qui une mission précise a
été confiée. J'y reviendrai dans le point 10. C'est M. Alassane qui s'est
chargé de la rémunération de tous les chefs rebelles de Tuo Fozié à Dacoury-Tabley
en passant par Soro Guillaume. Même au niveau de la rébellion, on ignore où
Alassane Ouattara a tiré tout l'argent qu'il a investi dans cette guerre et c'est
sans doute ce qui constitue le plus grand danger pour la Côte d'Ivoire. Le rôle
de Guéi a consisté à créer au sein de l'armée, un environnement de suspicion propice
à un soulèvement général de l'armée. Mais il a échoué dans sa tâche car en dehors
des Bayefouè et des Zinzins et de quelques officiers dont Gueu Michel, pas grand
monde n'a mordu à son hameçon et c'est l'une des raisons qui explique l'échec
de la prise d'Abidjan.
Blaise Compaoré est ce qu'il convient d'appeler le plus grand
danger pour la Côte d'Ivoire. Ce Monsieur a juré que tant qu’Alassane ne sera
pas à la tête de la Côte d’Ivoire, ce pays ne connaîtra jamais la paix. Blaise Compaoré
a fourni à lui seul et cela grâce à ses propres réseaux de trafic d'armes dont
les sièges se trouvent en Libye et au Liberia, toutes les armes dont dispose
actuellement le MPCI. C'est lui qui a fourni tous les instructeurs, c'est
également lui qui a fourni 125 soldats burkinabè dont 38 officiers qui sont
répartis comme suit : 13 à Korhogo, 15 à Bouaké et 10 à Odienné. Ce sont eux
qui forment actuellement sur le terrain, toutes les recrues. Blaise Compaoré a
investi au bas mot, plus de 4 milliards dans cette guerre, de l'argent qu'il
compte récupérer une fois que les Burkinabè résidant en Côte d'Ivoire et Alassane
seront parvenus au pouvoir.
7.- Les complicités internes
et externes
Tous les dirigeants du RDR, des plus modérés aux plus durs,
savaient plus ou moins que leur mentor préparait un coup fumant. Certains comme
Ali Coulibaly, Gon Coulibaly, Ali Kéita, ont parcouru nuitamment pendant des
semaines les villes du Nord avec des photos du charnier de Yopougon. Je dois
avouer qu'ils ont fait un travail remarquable, car aujourd'hui, pour convaincre
un jeune du Nord de tuer un gendarme et de boire son sang, il suffit de lui
montrer une de ces photos et de lui dire que c'est le sort que Gbagbo et ses
gendarmes lui réservent s'il ne réagit pas.
Alassane lui-même leur avait expliqué cela pendant sa tournée
d'avant les élections des conseils généraux. Au niveau interne, il faut
souligner que même dans l'entourage du Chef de l'Etat, certaines personnes
étaient au courant du coup. Aujourd'hui, un travail a été fait pour éloigner
ces traitres qui mangeaient avec le Président et qui savaient pourtant qu'on
allait le tuer. Au niveau interne toujours, il faut dire que dans toutes les
villes occupées et non occupées, se trouve quelqu'un qui est chargé d'organiser
avec l'aide de quelques personnes, la chute de la ville et à dresser la liste
des personnes qu'il fallait systématiquement exécuter à notre arrivée. Ainsi
par exemple à Bouaké, le maire a joué ce rôle, à Béoumi, le chef de canton a
aidé à la prise de la ville. La liste complète de tous ces gens qui tapis dans l'ombre
aident les rebelles est actuellement au domicile du préfet de Bouaké qui est la
maison de Soro Guillaume.
La plupart des gens qui sont sur cette liste sont des
Burkinabè qui connaissent très bien les villes dans lesquelles ils vivent.
Ainsi à Agboville, il y a un certain Ouédraogo Binaté, à Divo, un certain
Sampoudou Dramane, à Tiassalé, un certain Savadogo Ladji dit « Sabari Kagni », ce
dernier est actuellement à Bouaké et joue un grand rôle dans le rapatriement des
corps des gendarmes exécutés au Burkina Faso par le biais de gros camions qui
semblent lui appartenir. J'y reviendrai dans le point 8. A Daloa, Kafando Compaoré
(tué par les loyalistes pendant la libération de la ville, à Sakassou, Boureïma
Sylla, à Bouna, IIboudo Assimi (c'est lui qui a exigé et obtenu l'exécution du commandant
de brigade de Bouna devant sa femme et ses enfants). Il y a donc actuellement, dans
presque toutes les villes de Côte d'Ivoire, des gens dont le rôle est de
préparer l'arrivée des rebelles en donnant journellement des informations précises
sur les mouvements des gendarmes.
8.- L'élimination systématique
des gendarmes
Si tout le monde a constaté que la Gendarmerie a payé le
plus lourd tribut à cette guerre, eh bien ! C’est parce que cela fait partie
d'un plan bien précis. MM. Ouattara et Blaise Compaoré ont une grande colère
contre la Gendarmerie de Côte d'Ivoire et pour cause, ils considèrent que les
gendarmes sont la cause de tous les malheurs des militants du RDR et des Burkinabè
et par conséquent, il fallait les éliminer jusqu'au dernier, du moins, ceux qui
ne sont pas avec eux, c'est-à- dire la quasi-totalité car au jour
d'aujourd'hui, il y a exactement 113 militaires et gendarmes qui sont avec la
rébellion en dehors des Bayéfoué et des Zinzins. La consigne qui a donc été
donnée était de tuer systématiquement tous les « corps habillés » des
villes prises et principalement les gendarmes, mais comme il était impossible
de cacher les corps d'autant de personnes, avec l'accord des autorités, plutôt
sur proposition de ces autorités, les cadavres de la plupart des corps habillés
ont été convoyés au Burkina dans des camions et même les corps de beaucoup de
civils tués, environ 2000 personnes, se trouvent au Burkina ; ce qui advient de
ces corps une fois au Burkina, seuls Alassane, Blaise Compaoré et Soro le
savent. C'est un moyen efficace d'éviter les charniers. Quant aux gendarmes qui
ont réussi à fuir pour se retrouver au Burkina, s'ils n'ont pas été abattus à
la frontière, ils sont dans une prison quelque part au Burkina. Je sais par exemple
qu'il y a environ 47 gendarmes ivoiriens qui se trouvent actuellement dans les
prisons de Blaise Compaoré.
9.- Le but assigné au MPIGO et
au MJP
A la date du 23 octobre, tout le monde était unanime
pour reconnaître que le coup avait capoté et que ou bien on fuyait tous le pays
ou bien on restait et alors, il fallait poser des actes de nature à ébranler le
pouvoir et à obtenir par les massacres et la terreur, ce que nous n'avions pas
été capables d'obtenir par l'attaque du 19 septembre. Il fallait d'un côté
chercher à gagner du temps en bluffant, le temps que les commanditaires
trouvent des soutiens et apportent la logistique nécessaire pour mener une
guerre sur un long terme car nous n'étions absolument pas préparés pour cela.
Il n'a pas été facile de trouver des soutiens et je dois avouer qu'il y a eu un
moment de flottement au cours duquel si les FANCI avaient tenté leur chance, elles
auraient fait de nous une bouchée mais il y avait une telle crise de confiance au
sein de l'armée que personne n'osait tourner le dos à son voisin. Le premier
soutien trouvé fut le Liberia de Charles Taylor qui devrait ouvrir un front à
partir de l'Ouest, mais ce dernier a posé tellement de conditions que les
choses ont traîné. Finalement, Alassane et Compaoré ont dû lui vendre tout l'Ouest
y compris ses habitants pour que Charles Taylor se décide. C'est ainsi que le
MPIGO et le MJP ont été créées à partir du MPCI avec pour mission farfelue de venger
le général Guéi. Le 2ème soutien a été le Sénégal à qui il a été confié la
mission de faire accepter la rébellion à une table de négociation. Le 3ème
soutien a été le Gabon dont le Président a été chargé de convaincre les
autorités françaises que Gbagbo n'a que ce qu'il mérite et que tout le monde l'avait
prévenu qu'il ne ferait pas de vieux os au pouvoir et qu'il fallait aider les
rebelles à régler une fois pour toutes, tous les problèmes créés par Gbagbo
depuis son arrivée au pouvoir. Le 4ème soutien a été celui des multinationales françaises
installées en Côte d'Ivoire, soutien obtenu par MM. Ouattara et l'Ambassadeur Renaud
Vignal qui ont quasiment vendu le pays. Au jour d'aujourd'hui, la Côte d'Ivoire
n'appartient aux Ivoiriens que parce que Gbagbo est encore au pouvoir, sinon
Alassane Ouattara a vendu le pays au Burkina Faso et aux sociétés françaises.
10.- L'escadron de la mort
Effectivement, il y a un escadron de la mort en Côte d'Ivoire.
Cet escadron a été créé pour une mission précise. L'escadron de la mort a été
créé le vendredi 20 avril 2001 à Abobo par des responsables du RDR qui
voulaient laver l'image de M. Alassane Ouattara en éliminant toutes les
personnes qui s'attaqueraient ou dénonceraient son imposture. La 2ème mission
de l'escadron était d'éliminer tous les gendarmes qui avaient été jugés dans le
procès du charnier de Yopougon. Il est inutile de préciser que M. Ouattara
avait donné toute sa caution. A l'origine, l'escadron était constitué de 7
personnes (3 membres de la garde rapprochée de M. Ouattara, 2 Burkinabé (des anciens
gendarmes), un chauffeur ; [jusqu’en 2001,] le chef du groupe était Shérif
Ousmane. Après cette date, compte tenu de l’opération actuelle qui était en
préparation au Burkina, l'escadron de la mort avait été dissous mais en dehors
de Shérif, les autres sont restés en Côte d'Ivoire et ont travaillé dans la
sécurité de M. Ouattara et depuis le 18 octobre 2002, l'escadron de la mort a
été reconstitué avec les mêmes éléments mais le chef est désormais un Burkinabé
et ses missions sont : salir le gouvernement et provoquer une guerre
musulmans-chrétiens. En dehors de Benoît
Dacoury-Tabley dont la mort a été une erreur, les autres sont bien sur la liste
et ceux qui restent sont les suivants : Maurice
Guikahué ; K. K. Bertin
(Jeunesse PDCI) ; Blé Goudé
(rayé-contradiction) ; Tapé Koulou
(rayé-contraction) ; Thierry Legré
(rayé-contraction) ; trois Imams
(non déterminés) ; trois évêques
(rayés-contradiction) ; le maire
d'Adjamé (à sacrifier pour la cause) ; Le directeur de l'AFP Abidjan.
P.S. Les personnes doivent être exécutées selon
l'actualité.
11.- Le rôle des médias
Tous les médias étrangers qui couvrent la guerre en Côte
d'Ivoire ont été achetés. Ainsi, dès le 15 septembre 2002, tous les médias
français ou presque étaient déjà à Bouaké. Le rôle à eux assigné est de faire
en sorte que les agresseurs passent pour les victimes auxquelles les armes se
sont imposées, d'où les déclarations de Soro du genre
: « les armes se sont imposées à nous ». Les Médias français se sont tus sur
les massacres commis en zone occupée et je dois avouer que beaucoup de
massacres ont été commis sous les yeux des journalistes français. Comme je l'ai
dit plus haut, environ 2000 personnes ont été massacrées mais les journaux
français n'en ont jamais parlé, normal, ils font leur travail, il faut avoir
été bien payé pour fermer les yeux sur l'exécution de 70 gendarmes après
l'entrée et la sortie des FANCI dans Bouaké. Il faut avoir été bien payé pour
fermer les yeux sur le viol public de 37 filles baoulé dont le sang a été par la
suite distribué aux dozos après les avoir égorgées. Il faut avoir été bien payé
pour être capable de fermer les yeux sur le fait que toutes les filles qui se
trouvent dans les zones sous contrôle rebelles sont violées journellement depuis.
En fait, le rôle de la presse française en Côte d'Ivoire est de faire en sorte que
Gbagbo se retrouve devant le TPI ou la CPI.
12.- Le rôle de la France mère
Tout ce que je peux dire, c'est que
la France est coupable mais elle est prise dans l'étau entre les menaces de
dénonciation de la rébellion et la réaction du peuple ivoirien et des Français
de Côte d'Ivoire.
En réalité, aucun pays n'aime la Côte d'Ivoire, tous les
voisins de la Côte d'Ivoire sont contre elle et principalement le Burkina qui a
déclaré la guerre à la Côte d'Ivoire. Des indignes fils comme moi ont pris les armes
pour détruire la Côte d'Ivoire, la mère patrie, mais je sais que je me suis lourdement
égaré, trompé et je veux faire marche arrière. Pourra-t-on me pardonner un jour
?
Source :
Lettre d’un certain Padjofê Ibrahim,
se disant « ancien rebelle et en rupture de ban », parue dans Fraternité-Matin
du 03/09/2003 ; reprise par Le Quotidien d’Abidjan du 19 Septembre 2013.
Titre original : « Les crimes oubliés de la rébellion.
Padjofê Ibrahim (ancien
rebelle) : "Pourquoi nous avons tué Robert Guéi ?" ».
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
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