mercredi 11 septembre 2013

Interview d’Amaya Fernandez, petite-fille de Salvador Allende


 
Il a toujours été loyal envers son peuple
 
Amaya Fernandez Allende est la petite-fille du président assassiné lors du coup
S. Allende dans son bureau de La Moneda,
siège de la présidence du Chili
d’État militaire de Pinochet, soutenu par les États-Unis, le 11 septembre 1973. Elle avait deux ans lors du coup d’État de 1973 et elle a dû s’exiler à Cuba avec sa mère. Membre de la direction du Parti socialiste du Chili, elle est candidate aux législatives de l’automne prochain.
 
 
 Le coup d’État militaire a brisé l’élan de l’Unité populaire que dirigeait Salvador Allende, votre grand-père. Quel rapport entretenez-vous avec ces événements ?
Amaya Fernandez Allende. En premier lieu, c’est la démocratie que l’on a brisée avec des violations des droits de l’homme systématiques. Mon grand-père est arrivé au pouvoir grâce au débat d’idées et à la démocratie, par la voie des urnes. Il y est parvenu grâce à l’appui des gens. Quarante ans plus tard, je crois qu’il faut soigner la démocratie, la travailler sans pour autant taire les divergences. Car il faut savoir exprimer les problématiques de la société. Nous sommes à un moment clé de ce point de vue.  
Que signifie être la petite-fille d’Allende, engagée politiquement au sein du Parti socialiste, le même que votre grand-père, et qui plus est candidate aux élections législatives de novembre 2013 ?
Amaya Fernandez Allende. La figure de Salvador Allende est puissante. Cela n’a jamais été un fardeau pour moi, mais plutôt un orgueil. Je viens d’une famille dont l’histoire est très forte, où chacun respecte le chemin qu’a pris l’autre. Salvador Allende et ma mère, Beatriz, sont des exemples pour moi-même si je suis ma propre trajectoire. Je suis fière de mes origines. Je suis toujours touchée par la réaction des gens, toujours prompts à me raconter une anecdote sur mon grand-père. En dépit des quarante années passées, Allende est toujours présent parmi le peuple.  
Comment expliquez-vous que le Chili se trouve toujours dans une phase de transition, pétrie par une Constitution héritée de la dictature ?
Amaya Fernandez Allende. Pour nos parents, la perte de la démocratie a été très violente. Ils ont dû récupérer la démocratie et la soigner. Aujourd’hui, celle-ci est plus solide. Et l’heure est venue de faire de grands changements. Comme les jeunes dirigeants étudiants, je crois que le Chili doit avoir sa propre Constitution, démocratique et citoyenne. Une Constitution que nous sentions comme nôtre. Le peuple est prêt. 
Une nouvelle maturité politique est-elle en train d’émerger ?
Amaya Fernandez Allende. Les enfants ou les petits-enfants de ceux qui ont vécu les événements ressortent dans la rue. Ce que nos parents avaient cessé de faire. Arrive une nouvelle génération qui veut reprendre la main mais en démocratie. Il reste beaucoup à faire, notamment contre les inégalités. Il faut des transformations en dépit d’un système politique binominal. C’est le signe d’une maturité démocratique.  
Un large spectre de la gauche et du centre fait corps autour de la candidature de l’ex-présidente socialiste Michelle Bachelet pour la présidentielle du 17 novembre. Comment lanalysez-vous ?
Amaya Fernandez Allende. Cela met en exergue le travail accompli lors des dernières élections, lorsque la Concertation a gagné et que le Parti communiste l’a appuyée au second tour. Une série de questions ont été travaillées au sein de l’Assemblée nationale, comme la réforme fiscale. Nous avons des points de convergence. La diversité est une richesse et nous devons y être attentifs, car la droite mène encore ses campagnes anticommunistes. Il faut s’attaquer aux inégalités. D’où la question des grandes transformations de l’éducation, de la santé, et du système fiscal. Quatre ans de mandat, c’est court. Mais le pas doit être fait. J’espère que la Concertation s’ouvrira à d’autres formations, comme la Révolution démocratique. Car nous avons plus de points en commun que de désaccords. 
Est-ce là un legs de votre grand-père ?
Amaya Fernandez Allende. Le legs le plus important est la loyauté. On peut critiquer Chicho (surnom de Salvador Allende  NDLR) pour certaines de ses décisions mais il a toujours été loyal envers son peuple, sa façon de faire de la politique et de se donner à son peuple. Cest une valeur qui fait défaut aujourdhui en politique.
 
Source : http://www.humanite.fr 5 Septembre 2013
Titre original : « Amaya Fernandez Allende. "Salvador Allende est toujours présent dans le peuple" »

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