Il a toujours été loyal envers son peuple
Amaya Fernandez Allende est la petite-fille du président assassiné lors du
coup
d’État militaire de Pinochet, soutenu par les États-Unis, le 11 septembre
1973. Elle avait deux ans lors du coup d’État de 1973 et elle a dû s’exiler à
Cuba avec sa mère. Membre de la direction du Parti socialiste du Chili, elle
est candidate aux législatives de l’automne prochain.
S. Allende dans son bureau de La Moneda, siège de la présidence du Chili |
Le coup d’État militaire a brisé l’élan de
l’Unité populaire que dirigeait Salvador Allende, votre grand-père. Quel
rapport entretenez-vous avec ces événements ?
Amaya Fernandez Allende. En premier lieu, c’est la démocratie que l’on a brisée avec des violations
des droits de l’homme systématiques. Mon grand-père est arrivé au pouvoir grâce
au débat d’idées et à la démocratie, par la voie des urnes. Il y est parvenu
grâce à l’appui des gens. Quarante ans plus tard, je crois qu’il faut soigner
la démocratie, la travailler sans pour autant taire les divergences. Car il
faut savoir exprimer les problématiques de la société. Nous sommes à un moment
clé de ce point de vue.
Que signifie être la petite-fille d’Allende,
engagée politiquement au sein du Parti socialiste, le même que votre
grand-père, et qui plus est candidate aux élections législatives de
novembre 2013 ?
Amaya Fernandez Allende. La figure de Salvador Allende est puissante. Cela n’a jamais été un
fardeau pour moi, mais plutôt un orgueil. Je viens d’une famille dont
l’histoire est très forte, où chacun respecte le chemin qu’a pris l’autre.
Salvador Allende et ma mère, Beatriz, sont des exemples pour moi-même si je
suis ma propre trajectoire. Je suis fière de mes origines. Je suis toujours
touchée par la réaction des gens, toujours prompts à me raconter une anecdote
sur mon grand-père. En dépit des quarante années passées, Allende est toujours
présent parmi le peuple.
Comment expliquez-vous que le Chili se trouve
toujours dans une phase de transition, pétrie par une Constitution héritée de
la dictature ?
Amaya Fernandez Allende. Pour nos parents, la perte de la démocratie a été très violente. Ils ont dû
récupérer la démocratie et la soigner. Aujourd’hui, celle-ci est plus solide.
Et l’heure est venue de faire de grands changements. Comme les jeunes
dirigeants étudiants, je crois que le Chili doit avoir sa propre Constitution,
démocratique et citoyenne. Une Constitution que nous sentions comme nôtre. Le
peuple est prêt.
Une nouvelle maturité politique
est-elle en train d’émerger ?
Amaya Fernandez Allende. Les enfants ou les petits-enfants de ceux qui ont vécu les événements
ressortent dans la rue. Ce que nos parents avaient cessé de faire. Arrive une
nouvelle génération qui veut reprendre la main mais en démocratie. Il reste
beaucoup à faire, notamment contre les inégalités. Il faut des transformations
en dépit d’un système politique binominal. C’est le signe d’une maturité
démocratique.
Un large spectre de la gauche
et du centre fait corps autour de la candidature
de l’ex-présidente socialiste Michelle Bachelet pour la présidentielle du
17 novembre. Comment l’analysez-vous ?
Amaya Fernandez Allende. Cela met en exergue le travail accompli lors des dernières élections,
lorsque la Concertation a gagné et que le Parti communiste l’a appuyée au
second tour. Une série de questions ont été travaillées au sein de l’Assemblée
nationale, comme la réforme fiscale. Nous avons des points de convergence. La
diversité est une richesse et nous devons y être attentifs, car la droite mène
encore ses campagnes anticommunistes. Il faut s’attaquer aux inégalités. D’où
la question des grandes transformations de l’éducation, de la santé, et du
système fiscal. Quatre ans de mandat, c’est court. Mais le pas doit être fait.
J’espère que la Concertation s’ouvrira à d’autres formations, comme la
Révolution démocratique. Car nous avons plus de points en commun que de
désaccords.
Est-ce là un legs de votre grand-père ?
Amaya Fernandez Allende. Le legs le plus important est la loyauté. On peut critiquer Chicho (surnom
de Salvador Allende – NDLR) pour certaines de ses décisions mais il a toujours été loyal envers
son peuple, sa façon de faire de la politique et de se
donner à son peuple. C’est une valeur qui fait défaut aujourd’hui en politique.
Titre
original : « Amaya Fernandez Allende. "Salvador Allende est
toujours présent dans le peuple" »
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