Ces familles qui se partagent le pays



Les Bédié et les Ouattara

se sont littéralement partagé le pays

«La Côte d’Ivoire va étonner le monde entier», avait déclaré Alassane Ouattara, à l’occasion d’un de ses interminables déplacements en France en seulement 24 mois de pouvoir. En effet, avec ce régime, quelques familles, notamment celles d’Alassane Ouattara et d’Henri Konan Bédié, «administrent» la Côte d’Ivoire avec le contrôle de plusieurs domaines d’activités, «collectant» à satiété les marchés. Ainsi va la nouvelle Côte d’Ivoire promise aux Ivoiriens.

Alassane Ouattara, tout au long de la campagne présidentielle de 2010, s’était fait passer pour «Monsieur propre », pour l’homme-providence, abonné à la bonne gouvernance et tutti quanti. Au pouvoir depuis le 11 avril 2011, Ouattara n’a pas tardé à révéler sa vraie nature. Puisque sous lui, les marchés de gré à gré foisonnent à souhait, la corruption a atteint des proportions très inquiétantes. Comme si cela ne suffisait pas, les Bédié et les Ouattara se sont littéralement partagé le pays. Chaque famille règne sur une surface d’activités bien définie et distincte plus ou moins de l’autre. D’où cette complicité soudaine entre les frères ennemis d’hier.

On comprend aisément pourquoi Henri Konan Bédié veut coûte que coûte s’accrocher au «pouvoir» à la tête du Pdci et surtout la fougue avec laquelle il s’acharne à «vendre» Ouattara auprès du parti sexagénaire. Son premier fils, Jean-Luc Bédié, est conseiller spécial du chef de l’Etat, chargé de l’économie et des finances ; quant à sa fille, Lucette Bédié, elle a atterri à la Société des palaces de Cocody (Sdpc), qui gère les complexes hôteliers de l’Etat, où elle occupe le poste de directrice générale adjointe. L’autre fils d’Henri Konan Bédié, Patrick Bédié, selon La Lettre du continent n° 664 du 31 juillet 2013, «fait carrière dans le négoce du café-cacao. Patron de la division Afrique du trader suisse Novel Commodities, il a récemment étendu ses activités au riz». Comme quoi, l’ex-«monopolard» du riz en Côte d’Ivoire sous le règne de son père Bédié, est revenu à son ancien business, avec Ouattara au pouvoir, l’allié de cœur de son paternel. Le beau-frère de Bédié, Guy Koizan, frère de Henriette Koizan Bomo avait été nommé directeur général de Versus Bank, dans les premières heures de la prise du pouvoir.

Mais cette «promotion» particulière des Bédié n’est que la partie visible de l’iceberg que constitue la famille Ouattara et alliés (les Nouvian, ndlr). Ces secteurs qu’ils contrôlent «La famille d’Alassane Ouattara n’est pas en reste depuis son arrivée au pouvoir. Le frère cadet, Ibrahima Ouattara dit Photocopie, cumule ses fonctions d’élu avec celles de ministre chargé des affaires présidentielles au Palais d’Abidjan. Nièce du chef de l’Etat, Masseré Touré gère pour sa part la communication de ce dernier. Dans le sillage de son époux, Dominique Ouattara, a également placé ses enfants et frères. Son fils Loïc Folloroux pilote le département Afrique du trader Armajaro. Le frère Marc Nouvian a fondé la Société négoce internationale de Côte d’Ivoire (Soneici), qu’il dirige avec sa soeur Noëlle Nouvian. Autre frère de la première dame, Philippe Nouvian dirige le cabinet Gemco (maitrise d’ouvrage, gestion immobilière, intermédiation financière) et possède plusieurs marchés en Côte d’Ivoire», écrit la Lettre du continent dans son édition du 31 juillet 2013. Et la liste des membres de la famille Ouattara qui se partagent le pays dans divers domaines, n’est pas exhaustive. On note également qu’une autre de ses nièces, Baudin Sarrahn Ouattara, fille de son défunt aîné Gaoussou Ouattara, a été nommée directrice de l’Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur), depuis octobre 2011. C’est aussi cela, la nouvelle Côte d’Ivoire promise et qui devrait étonner l’ensemble des Ivoiriens. Un pays où des dirigeants fort de l’exécutif qu’ils détiennent, partagent à leurs familles, sans sourciller, plusieurs secteurs clés de l’économie nationale ou nomment à des hauts postes de responsabilité différents membres de leurs familles. Voilà comment ce régime «administre » le pays, à travers les clans et familles. Vous avez dit bonne gouvernance ? Repassez plus tard. 

Par Frank Toti

 

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Source : Le Nouveau Courrier 03 au 04 Août 2013