J. Kakou Diagou, le "patron des
patrons" ivoirien.
(ph : economie.jeuneafrique.com)
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Que ferez-vous de cette prorogation qui fait de vous un président, de manière
exceptionnelle, à trois mandats ?
La priorité sera de renforcer la cohésion au sein de notre communauté
des affaires. Pour ce faire, la Cgeci, dans un exercice démocratique, va se
doter de nouveaux textes régissant l’organisation. Celle-ci consolidera, au
cours de cette année, le partenariat secteur-public, secteur privé. Ce
partenariat est un puissant levier d’investissement dans l’atteinte des
objectifs du Programme national de développement (Pnd) élaboré par le Président
Alassane Ouattara. C’est ce partenariat fort qui a permis l’amélioration
sensible du climat des affaires en Côte d’Ivoire. Nous continuerons sur cette
lancée. Le patronat ivoirien mènera aussi des actions auprès des femmes et des
jeunes afin de susciter la création de nouvelles entreprises. Ce qui favorisera
la création de richesses et d’emplois. Avec le gouvernement, nous allons voir
comment mettre en place des procédures visant à susciter et promouvoir des
entreprises qu’on pourrait appeler les « Champions nationaux et de la sous-région»
capables de rivaliser avec les grands groupes étrangers. Car c’est à cette
condition que nous pourrons avoir une économie émergente inclusive. Comme
préalable à ces objectifs, notre organisation continuera de travailler à lever
les freins aux développements des entreprises, tels que l’accès au financement,
l’amélioration de l’environnement judiciaire, l’instauration d’une fiscalité de
développement etc., en participant activement aux réformes en cours pour
améliorer aussi notre rang dans le Doing Business.
Vos propositions sont-elles prises en compte ?
Oui, dans l’ensemble, nos propositions sont prises en compte. Nous
avons la chance formidable d’avoir un Président de la République très au fait
de la chose économique et un Premier ministre très compétent, tous les deux
sont très attentifs aux souhaits et positions du secteur privé.
Parlant du Pnd, où en êtes-vous avec Côte d’Ivoire 2040 qui se voulait,
lui aussi, un plan stratégique de développement de la Côte d’Ivoire ?
Côte d’Ivoire 2040 a été présentée au Président Alassane Ouattara qui
l’a accueillie avec beaucoup d’intérêt. Une présentation technique de notre
étude a été ensuite faite au Premier ministre qui, après examen, nous a fait
ses observations par écrit. Les points de convergence entre les deux études
sont extrêmement forts. La mise en œuvre des actions de notre plan stratégique
de développement, pour le volet qui concerne le secteur privé ivoirien, s’en
verra donc facilitée.
Pourquoi ne vous limiteriez-vous pas à l’horizon 2020 ?
On aurait pu. Mais qui peut le plus, peut le moins. 2040 n’est pas si
loin que ça, c’est seulement dans 27 ans. Nous avons fait le choix de l’horizon
2040 parce que nous croyons que la naissance de l’Ivoirien nouveau est le
résultat d’actions menées sur plusieurs générations. Trente années permettront
à nos enfants de devenir les adultes qui seront les véritables acteurs de
l’édification d’un Ivoirien nouveau et d’une Côte d’Ivoire où il fait bon
vivre. Notre souci est de transformer la mentalité des jeunes d’aujourd’hui qui
sont appelés à être les acteurs économiques, politiques et sociaux de demain.
Et c’est maintenant qu’il faut y penser et mettre en place les actions
stratégiques nécessaires.
Comment se porte, aujourd’hui, le patronat ivoirien ?
Nous sommes sortis de l’assemblée générale plus unis et plus forts et
prêts à affronter les défis du développement.
Quels sont ces défis ?
L’objectif ultime du secteur privé ivoirien est de créer, autant que
faire se peut, la richesse et les emplois, dans un environnement attractif.
Pour ce faire, l’amélioration permanente du cadre de fonctionnement des
entreprises reste le défi à relever. La Cgeci, par des actions fortes,
favorisera la création d’entreprises dans tous les secteurs d’activité. Plus
nous serons nombreux, et moins difficile sera la lutte contre le chômage des
jeunes ivoiriens. Plus les entreprises seront nombreuses, plus facile sera la
lutte contre la pauvreté. Nous mènerons des actions de renforcement des
capacités des chefs d’entreprise, ainsi que de nos cadres, afin d’avoir des
dirigeants performants faisant parti, des meilleurs de la sous-région et,
pourquoi pas, du monde.
Ce message, vous l’avez fait passer à la Cgeci Académie. Où en
êtes-vous avec la concrétisation de tout ce qui a été dit et fait ?
L’engouement des Ivoiriens pour la « Cgeci Académie «nous a démontré
que la population ivoirienne veut se prendre en charge. Des actions éclatées et
de proximité seront menées tout le long de l’année, afin de mettre en œuvre
toutes les recommandations du forum.
M. le président, quel regard portez-vous sur les entreprises en Afrique
et, en particulier, dans la sous-région ?
Depuis une quinzaine d’années, ce que je ressens, c’est que les
entreprises ivoiriennes et africaines ont pris une nouvelle dimension. Nos
entreprises sont gérées avec des outils encore plus modernes et son capables de
rivaliser avec d’autres. Par le passé, la présence de l’Etat se faisait
beaucoup sentir. Il n’y avait ni objectifs de gestion, ni vrais contrôles de
l’action du top management. L’on observait un monopole de fait ou de droit qui
endormait parfois les cadres les plus compétents et annihilait toute
innovation. Aujourd’hui, nous avons plutôt des entreprises africaines qui sont
créées dans l’adversité et la concurrence, souvent sans soutien spécial de leur
gouvernement. Je suis heureux que cela se multiplie car il y a une dizaine
d’années, on pouvait difficilement voir trois ou quatre sociétés émerger avec
des entrepreneurs africains. De plus en plus, de nos jours, on trouve des
sociétés ivoiriennes ou africaines de taille moyenne et même des groupes, comme
le groupe Nsia que je dirige, qui ont pignon sur rue. Et parfois, ceux-ci sont
plus performants que ceux qui viennent d’ailleurs. Nous n’avons plus de
complexe face aux entrepreneurs européens, américains ou asiatiques. Il n’y a
plus de domaines dans lesquels les Africains ne sont pas capables de rivaliser
avec les autres. Je suis convaincu que l’ère de l’Afrique a sonné. Celle de
l’Africain est en train de sonner. Il faut que l’Afrique prenne son destin en
main. Les pionniers qui ont tracé le chemin doivent montrer aux Africains
qu’ils peuvent avoir des entreprises performantes.
(…)
En 2014, il y aura le Forum Investir en Côte d’Ivoire (Ici). Quel sera le rôle du patronat ivoirien dans cet évènement?
En 2014, il y aura le Forum Investir en Côte d’Ivoire (Ici). Quel sera le rôle du patronat ivoirien dans cet évènement?
Nous participons déjà aux réflexions, à l’organisation d’Investir en
Côte d’Ivoire. Nous sommes présents aux assises. Nous ferons la promotion de
cet événement, aussi bien auprès de nos membres qu’auprès de nos partenaires
extérieurs. Nous serons les ambassadeurs d’Investir en Côte d’Ivoire partout où
nous irons.
Le Président de la République veut une Côte d’Ivoire émergente à
l’horizon 2020, le secteur privé est-il prêt à jouer ce rôle?
La question ne se pose même pas. La mise en œuvre du Pnd est, en grande
partie, la mission du secteur privé ivoirien. Nous n’avons pas d’autre choix
que d’être prêts. Et je peux vous dire que notre motivation est forte. Nous
nous organiserons, nous tisserons des partenariats entre entreprises
ivoiriennes nous permettant de ne pas manquer ce rendez-vous. Nous parviendrons
à mutualiser les expertises des Pme issues d’un même secteur et à en faire de
grandes entreprises capables de soumissionner à des appels d’offres pour la
réalisation des grands projets contenus dans le Pnd. Notre objectif est de
faire en sorte qu’émergent de grandes entreprises compétentes dans le pays,
capables de relever les défis.
en maraude dans le web
Sous
cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui
ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et
des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la
« crise ivoirienne ».
Source : Fraternité Matin 18 septembre 2013
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