OUAGADOUGOU (Région du Centre) - L’opposition du Burkina
Faso a annoncé vendredi avoir rejeté de nouvelles propositions du président
Blaise Compaoré sur la mise en place d’un Sénat, soupçonnant le dirigeant au
pouvoir depuis 1987 de chercher ainsi à se succéder à lui-même malgré la
Constitution.
A l’issue de plusieurs jours de concertations, le Comité de
suivi et d’évaluation des réformes politiques qui regroupe des représentants de
partis au pouvoir, de l’opposition modérée et la société civile a proposé de
réduire le nombre de sénateurs de 89 à 71 et de ramener l’âge minimum requis de
45 à 35 ou 30 ans.
Ce comité institué par M. Compaoré suite au tollé général
soulevé après l’adoption en mai de la loi sur la mise en place du Sénat a
également proposé de réduire le quota des sénateurs nommés par le chef de
l’Etat qui, dans la loi, est fixé à 29. Le Comité demande également au pouvoir
de « prendre des mesures en vue de minimiser le coût de fonctionnement du
Sénat ».
Réagissant à ces propositions, l’opposition a affirmé dans
une déclaration représentant plusieurs partis à l’AFP qu’elle « ne se sent
nullement concernée par des discussions sur la recomposition, la modification
ou le réaménagement du Sénat ».
« Depuis le début, la position de l’opposition est
connue : le Sénat est inutile, inopportun et budgétivore au regard des besoins
actuels de notre pays », souligne le texte.
L’opposition et les syndicats ont plusieurs fois manifesté
contre l’installation de ce Sénat. Ils accusent le pouvoir de vouloir réviser,
par l’entremise de cette chambre haute, l’article 37 de la Constitution
limitant le nombre de mandats présidentiels, pour permettre à M. Compaoré de
briguer à nouveau sa succession en 2015.
Ce sénat dont la mise en place est normalement attendue en
septembre doit être composé de 89 membres dont 29 nommés par le Chef de l’Etat,
39 élus par les collectivités territoriales, le reste provenant des religieux
et chefs coutumiers, des syndicats, du patronat et de la diaspora.
Au pouvoir depuis un putsch en 1987, M. Compaoré dont le
régime a failli être renversé en 2011 par une vague de mutineries, entretient
le flou sur ses intentions pour 2015.
Source : AFP 6 septembre 2013
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