Les
récents propos de Mamadou Koulibaly sur la Chaine de télévision camerounaise
STV2,
où il prétend avoir fait lire sa déclaration de reconnaissance d'Alassane
Ouattara comme président de la République par Justin Katinan Koné à Accra,
n'ont pas plu au porte-parole de Laurent Gbagbo. Dans cette réaction, il rétablit
la vérité des faits.
J. Katinan KONE, ancien ministre, porte-parole du président Gbagbo |
Le
jeudi 12 septembre 2013, le professeur Mamadou Koulibaly, ancien Président de
l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, ancien troisième Vice-Président du
Front Populaire Ivoirien (FPI), et actuel Président-fondateur du parti
politique LIDER, était l’invité de la Chaine de télévision camerounaise STV2,
dans une émission intitulée « Entretien avec… ».
Au
cours de cet entretien, le Professeur Mamadou Koulibaly a tenu les propos
suivants : « J’ai fait lire ma
déclaration de reconnaissance de Monsieur Ouattara comme Président de la
République par un Conseiller Spécial du Président Laurent GBAGBO, Kadet Bertin
et par KONE Katinan à Accra et par Miaka Ouretto à Abidjan ». Pour ma part,
je juge très graves et tendancieux ces propos, parce qu’ils sont de nature à
jeter un discrédit sur le sérieux avec lequel j’entends mener la mission que le
Président Laurent GBAGBO m’a fait l’insigne honneur de me confier (...).
Le
présent démenti s’organise autour d’une relation rigoureuse des faits (I),
suivie de quelques commentaires (II).
I/ Relation des
faits
Lorsque
le 11 avril 2011, l’armée française arrête illégalement le Président Laurent
GBAGBO pour parachever le coup d’Etat entamé depuis le 19 septembre 2002, deux
solutions s’offraient à moi. Me mettre sous la protection de l’ONUCI, ou aller
en exil pour sauver ma vie et celle de ma famille. C’est finalement cette
dernière option que j’ai prise en raison du rôle inadmissible qu’a joué l’ONU
dans le coup d’Etat perpétré contre le Président Laurent GBAGBO, et les tueries
qui l’ont aussi bien précédé que suivi. Cette option me donne, en outre,
l’opportunité de continuer la lutte politique pour le retour de l’ordre
constitutionnel en Côte d’Ivoire. Lorsque le 13 Avril 2011, je traverse la
frontière ghanéenne, je ne suis animé que d’une seule volonté. Rencontrer
immédiatement le Professeur Mamadou [Koulibaly], encore Président de
l’Assemblée nationale, qui vit pratiquement dans ce pays. Il est
constitutionnellement investi pour tirer profit de la vacance forcée du pouvoir
générée par le coup de force opéré contre le Président de la République. Pour
moi, il constitue le seul acteur sur lequel nous pouvions légitimement bâtir
une action légale pour revendiquer le retour de l’ordre constitutionnel en Côte
d’Ivoire, provisoirement avec lui, afin de préparer le retour immédiat du
Président de la République illégalement enlevé. J’en ai même la ferme
conviction malgré le fait que, dès l’arrestation du Président Laurent GBAGBO,
le Professeur Mamadou Koulibaly, en sa qualité de Président de l’Assemblée
nationale, se fût précipitamment rendu à l’Hôtel du Golf, pour rencontrer
Monsieur Ouattara. C’est donc en toute hâte, le lendemain de mon arrivée à
Accra, que je cherche à joindre le Professeur Mamadou Koulibaly au téléphone,
pour lui signifier mon arrivée et également lui exprimer toute ma volonté de me
mettre à sa disposition pour la suite du combat, tel que je l’imaginais. Le
lendemain 14 avril, j’appelle le Professeur sur son numéro GSM. Le téléphone
est décroché par le Docteur Claude Brissy, également député à l’Assemblée
nationale, qui m’informe que le Président Mamadou Koulibaly n’est pas
disponible, mais qu’il me rappellerait dès que possible. Une semaine après,
impatient d’attendre le coup de fil du Président Mamadou Koulibaly, et compte
tenu des rumeurs persistantes qui faisaient état de la volonté manifestée par
le Professeur Yao N'DRE, Président du Conseil Constitutionnel, de recevoir le
serment de Monsieur Ouattara comme Président de la République de Côte d’Ivoire,
je rappelle le Président Koulibaly. J’ai la chance de l’avoir finalement, ce
jour-là. J’en suis à la fois heureux et très enthousiaste. Après les civilités
d’usage, je lui pose frontalement la question :
« Président, qu’est-ce qu’on fait devant l’imposture en
Côte d’Ivoire ».
Voici
ce que me répond le Président Mamadou Koulibaly :
« Il n’y a rien à faire, Gbagbo est fini, le FPI est
mort, il n’y a plus de FPI, Ouattara nous a laminés. Les Ivoiriens n’ont pas
dit que jamais un Burkinabé ne les gouvernerait, et bien Ouattara va les
gouverner. Il est plus fort que nous. Il ne nous reste plus qu’à aller lui
faire allégeance. C’est la seule chose qui nous reste. Sinon il va nous écraser
définitivement ».
A
cette réponse du Président Koulibaly, mes bras m’en tombent. Je m’effondre
quasiment. Mais je reprends mes esprits et je reviens à la charge en ces termes
:
« Mais Président, tu ne peux pas faire ça. Dieu a voulu
que dans la hiérarchie à la fois de l’Etat et du parti, tu sois celui qui a
échappé aux arrestations, il faut réorganiser immédiatement ce qui reste du
parti et de la LMP, pour poursuivre le combat jusqu’au retour du Président
Laurent GBAGBO. Mon problème n’est pas la nationalité de celui qui va gouverner
les Ivoiriens. Qu’il soit un extra-terrestre ou un des dieux de la mythologie
grecque, cela est moins grave que le viol de la Constitution et la méprise du
vote des Ivoiriens opérés par les promoteurs et les artisans du coup d’Etat
perpétré contre le Président Laurent GBAGBO, et de sa conséquence sur la
cohésion nationale. N’oublie surtout pas que dans la conscience populaire, le
Président Laurent GBAGBO a été évincé du pouvoir par une coalition des gens du
Nord de la Côte d’Ivoire. La position que tu avances pourrait bien renforcer
cette opinion. Ne fais pas ça, sinon, ce sera très mal vu ».
Le
Professeur Mamadou Koulibaly me rétorqua :
« La seule chose qui nous reste, c’est d’aider Ouattara
à entrer dans la légalité, afin que nous-mêmes, nous puissions exercer
librement notre rôle d’opposition ».
Je
lui réponds :
« Mais Président, quelle garantie Ouattara te
donne-t-il quant à la libération du Président Laurent GBAGBO et au respect du
jeu démocratique. A mon avis, nous devons nous battre pour imposer le respect
de la Constitution de notre pays. Elle est notre meilleure arme ».
Ce
à quoi le Président Mamadou me répond :
« Je n’ai aucune garantie, et d’ailleurs, nous ne
sommes pas en situation de d’exiger quoi que ce soit. Nous sommes laminés.
Parler maintenant de la libération de Gbagbo est une question qui fâche, il
faut laisser ces questions au temps. Je vais aux USA dès le lundi prochain
(lundi 18 avril). A mon retour on se verra ».
Notre
conversation a duré ce jour-là au moins 45 minutes. Mon insistance n’a pas
infléchi la position du Président Mamadou Koulibaly. Cette nuit a été l’une des
plus difficiles de ma vie. Je suis sorti totalement démobilisé par le discours
de celui qui constituait pour moi le dernier recours. Ma peine sera d’autant
plus grande que juste quelques jours après, le Président Affi N'Guessan sera
arrêté. Je ne recevrai plus de nouvelles du Président Mamadou Koulibaly jusqu’à
ce qu’une réunion soit convoquée par lui, deux semaines après, à laquelle je
suis convié. La réunion qui se tient dans une salle non loin de la nouvelle
Présidence de la République du Ghana, enregistre la présence des personnes
suivantes : Madame Akissi DODO, MM. Mamadou Koulibaly, Claude Brissy,
Assoa Adou, Bertin Kadet, Benjamin Djédjé, Hubert Oulaye, Justin Katinan KONE,
Richard SECRE, Koffi AKA.
A
cette réunion, le Président Mamadou Koulibaly réaffirme sa position qui
consiste à reconnaître Monsieur Ouattara comme Président de la République, avec
pour souci selon ses propres dires, de le faire rentrer dans la légalité. Ce
jour-là encore, j’ai réaffirmé de façon claire et nette mon opposition à cette
démarche. J’ai dit que je trouvais une telle démarche de notre parti indécente
au moment où le Président Laurent GBAGBO et les principaux dirigeants du FPI
étaient en prison. J’ai même demandé que Mamadou Koulibaly nous explique ce que
le Président AFFI avait dit de mauvais dans sa conférence de presse, qui du
reste a été empêchée, pour qu’il fût arrêté et jeté en prison. L’opinion
majoritaire qui s’était dégagée de cette réunion s’opposait à l’entreprise de
Mamadou Koulibaly. Malgré cela, il s’est rendu en Côte d’Ivoire, il y a
rencontré certains des responsables de l’Etat et du parti aussi bien détenus à
la Pergola que dans les instances du parti, pour affirmer que nous étions
convenus avec lui de ce qu’il devait faire. Il a présenté la liste de présence que
certaines personnes présentes à la réunion avaient refusé de signer, comme
pièce à conviction de notre agrément à sa démarche.
La
relation des faits ci-dessus faite, ramenée aux propos de Mamadou Koulibaly,
appelle de ma part les commentaires suivants :
II/ Commentaires
Depuis
mon arrivée à Accra, je n’ai eu contact avec le Président Koulibaly qu’à deux
reprises seulement. Une fois au téléphone et une seconde fois à la réunion
publique que je viens de relater ci-dessus. J’ai mentionné le nom de tous les
participants à cette réunion pour les prendre publiquement à témoin de mes
propos. En dehors de ces deux occasions, je n’ai plus jamais eu de contact avec
lui. Donc, quand le Président Mamadou Koulibaly affirme m’avoir lu sa
déclaration de reconnaissance de Ouattara comme Président de la République, il
dit une contrevérité pour ne pas dire, par respect pour lui, autre chose. Non
je n’ai jamais entendu ni vu la déclaration écrite par le Président Mamadou
Koulibaly pour reconnaître la qualité de président de la République à l’actuel chef
de l’Etat Ivoirien. Mon centre d’intérêt s’en trouve encore très loin
actuellement.
Justin
Katinan KONE, Porte-parole du Président Laurent GBAGBO
Titre original : « Koné Katinan
répond à Mamadou Koulibaly et fait de graves révélations »
en maraude
dans le web
Sous cette
rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne
seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et
des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la
« crise ivoirienne ».
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