mardi 17 septembre 2013

LE SYNDICALISTE ET LE JUGE

HOMMAGE A BASILE MAHAN GAHÉ 

Après son arrestation le 27 avril 2011, Mahan Gahé, le secrétaire général de Dignité subit son premier interrogatoire par un juge.  
Basile Mahan Gahé est décédé le 16 septembre 2013

Le juge : « Monsieur Mahan vous êtes accusé d’avoir lancé un contre-appel aux travailleurs pour leur demander de désobéir à l’ordre du président qui appelait à cesser de travailler… ».
Mahan Gahé : « Monsieur le juge, vous me faites peur ! Vous me faites peur parce que vous êtes censé appliquer la loi. Mais il me semble que vous ne la connaissez pas. J’ai donc peur que vous appliquez autre chose que la loi dans cette affaire qui me concerne. D’abord de quel président parlez-vous ? Si c’est du président Alassane Ouattara que vous parlez, ce que je devine aisément, il n’était pas encore président quand j’ai lancé mon appel. Je ne pouvais donc pas lui avoir désobéi avant qu’il n’ait été reconnu comme tel par le Conseil Constitutionnel qui avait déjà investi son adversaire ».  

Le juge : Il a été reconnu par la communauté internationale.  
Mahan Gahé : « Vous me faites encore plus peur. Mais soit, supposons que ce sont les Ivoiriens qui votent et c’est la communauté internationale qui proclame les résultats, le président élu n’est pas comme moi un leader syndical pour lancer des grèves et appeler à saboter l’économie du pays qu’il est appelé à diriger. Je comprends que mon crime est d’avoir souhaité que les Ivoiriens travaillent pour sortir leur pays du sous-développement… j’étais loin de penser qu’un chef d’Etat aurait pu prendre cela pour un crime gravissime ». 

Invariablement, le juge reprendra son refrain de la toute-puissance de la Communauté internationale devant un Mahan Gahé, serein, savourant ce moment où il se rend compte de la vacuité des accusations du régime Ouattara contre tous ses prisonniers politiques !  

Joseph Marat 

Source : Aujourd'hui 23 août 2012

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