HOMMAGE A BASILE MAHAN GAHÉ
Après son arrestation le 27 avril 2011, Mahan
Gahé, le secrétaire général de Dignité subit son premier interrogatoire par un
juge.
Basile Mahan Gahé est décédé le 16 septembre 2013 |
Le juge : « Monsieur Mahan vous êtes accusé d’avoir
lancé un contre-appel aux travailleurs pour leur demander de désobéir à l’ordre
du président qui appelait à cesser de travailler… ».
Mahan Gahé : « Monsieur le juge, vous me faites peur ! Vous me faites
peur parce que vous êtes censé appliquer la loi. Mais il me semble que vous ne
la connaissez pas. J’ai donc peur que vous appliquez autre chose que la loi
dans cette affaire qui me concerne. D’abord de quel président parlez-vous ? Si
c’est du président Alassane Ouattara que vous parlez, ce que je devine
aisément, il n’était pas encore président quand j’ai lancé mon appel. Je ne
pouvais donc pas lui avoir désobéi avant qu’il n’ait été reconnu comme tel par
le Conseil Constitutionnel qui avait déjà investi son adversaire ».
Le juge : Il a été reconnu par la communauté
internationale.
Mahan Gahé : « Vous me faites encore plus peur. Mais soit, supposons
que ce sont les Ivoiriens qui votent et c’est la communauté internationale qui
proclame les résultats, le président élu n’est pas comme moi un leader syndical
pour lancer des grèves et appeler à saboter l’économie du pays qu’il est appelé
à diriger. Je comprends que mon crime est d’avoir souhaité que les Ivoiriens
travaillent pour sortir leur pays du sous-développement… j’étais loin de penser
qu’un chef d’Etat aurait pu prendre cela pour un crime gravissime ».
Invariablement, le juge
reprendra son refrain de la toute-puissance de la Communauté internationale
devant un Mahan Gahé, serein, savourant ce moment où il se rend compte de la
vacuité des accusations du régime Ouattara contre tous ses prisonniers
politiques !
Joseph Marat
Source : Aujourd'hui 23 août 2012
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