La fin de la semaine dernière a été
marquée par ce qui est encore pour moi une rumeur persistante : le projet d’entrée
du Fpi au gouvernement. La donne semble même très intéressante. Cohabitation,
reconfiguration du paysage politique en Rhdp/Lmp ou Cnrd. La primature à Affi
n’Guessan pour un gouvernement de 30 personnes. 15 ministres de part et
d’autres. Ministères de souveraineté identifiés et occupés à part égale. Nous
en sommes donc là à vouloir reproduire un mode de gestion politique obsolète.
Parce que celui que la communauté internationale avait pris pour un démocrate s’est
révélé, au pied du mur, un dictateur incompétent. Pour cette raison, le pays
est bloqué. Malgré toute l’armada d’énergies mise en œuvre pour lui assurer une
gouvernance paisible, le manque de vision politique a enrayé la machine prédatrice.
Et cela change tout. Car on s’est rendu compte que le casting est mauvais et
qu’il faut lui sauver la mise. En attendant, l’homme de la communauté
internationale est aujourd’hui réduit, tel un robot, à exécuter un programme de
réparation. Tout un symbole. Affi N’Guessan n’est plus enfermé à la Pergola. Il
fait des tournées, encadré par les Frci. Qui l’eût cru ? Et son discours est plus
acéré que celui qui le conduisit dans le goulag de Bouna. Apparemment, Ouattara
semble ne plus voir et entendre tout ce qui se fait et se dit. Il y a peu, il
suffisait d’un millième de tout cela pour être au minimum écroué. A-t-il été
édenté ? En tout cas il semble que l’homme s’est souvenu de certaines vertus
démocratiques. Ce sont l’inénarrable Joël N’Guessan et d’ex-tolards comme Tapé
Doh, qu’il envoie désormais pour répondre au président du Fpi. Contre vents et
marées, la répression systématique a cédé la place au débat démocratique même
si la télé est toujours confinée à la ouattarandie. On a subitement compris que
le peuple ivoirien était suffisamment mûr pour se parler rationnellement. Même
si, pour Tapé Doh, désormais plus flatteur que planteur, le discours rationnel
est un discours injurieux. Il faut donc saluer le vent de la démocratie qui
revient, comme un boomerang, souffler sur la Côte d’Ivoire.
Mais, est-ce que cela n’est pas un peu
trop facile ? Oui les Ivoiriens souffrent énormément du régime rétrograde d’Alassane
Ouattara. Oui nous avons énormément envie de renouer avec les valeurs
républicaines, seules gages de notre développement. Mais à quel prix ? Cette
question mérite qu’on se la pose parce que ceux qui donnent l’impression de
s’être trompés ne sont pas à leur dernier coup de ruse politique. Le sage de
Scheveningen s’y trouve aujourd’hui parce qu’il avait les yeux suffisamment
ouverts sur notre souveraineté. Car c’est bien parce qu’ils n’ont pas réussi à
le prendre au piège de la ruse qu’ils en sont venus aux bombardements pour
installer leur homme lige.
Alors, ont-ils vraiment renoncé à leur
projet initial, celui de continuer à sucer ce pays pour soutenir leur économie
? Ne faut-il pas nourrir une certaine suspicion légitime devant la pirouette de
ceux qui ont délibérément, pendant longtemps, fermé les yeux sur les actes de
dictature de Ouattara ?
Ma petite idée sur la question me vient
de la réaction d’un internaute sur cette ouverture subite du gouvernement de
Ouattara à l’opposition. Pour lui, le fait que la ouattarandie soit perçue
comme une parenthèse constitutionnelle ne manque pas de faire peur aux
puissances impérialistes. Le régime s’est endetté plus que de raison et c’est
un investissement énorme qu’il faut craindre de perdre si on laissait un régime
de rupture s’installer. Alors, un régime de transition dans la forme d’un
gouvernement d’union est certainement la meilleure parade pour faire endosser à
la continuité de l’Etat tous les engagements de Ouattara.
D'où mon conseil : il faut peut-être y aller, mais il ne faut surtout pas éviter de garder les yeux ouverts.
Joseph
Marat
en maraude
dans le web
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nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source : Aujourd’hui 16 Septembre 2013
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