Quelqu’un peut-il figurer parmi les invités dans sa
propre maison ? C’est la question que soulève l’invitation express adressée au
secteur privé ivoirien au forum « Investir en Côte d’Ivoire 2014 », dénommé « ICI
2014 ».C’est la première fois qu’on voit ça en Côte d’Ivoire ! Lors des
éditions de 1995, 1997 et 1999, c’est plutôt le secteur privé national qui
était au-devant des manifestations (en 1995, 1500 participants pour 400
investisseurs étrangers ; en 1997, 2246 participants pour 524 investisseurs
étrangers ; en 1999, 2500 participants pour 406 investisseurs internationaux).
Les propos du Premier ministre Kablan Duncan, au lancement officiel de
l’événement qui s’est tenu le 16 septembre dernier à l’hôtel Ivoire, traduisent
bien le désintérêt du régime Ouattara vis-à-vis du secteur privé ivoirien. « Je voudrais spécialement me réjouir de la
présence du secteur privé national ce matin. Comme je l’ai rappelé au cours de
la dernière réunion du Conseil de concertation entre l’Etat et le secteur
privé, ce forum n’est pas destiné uniquement aux investisseurs internationaux.
Ce forum concerne, bien évidemment, les investisseurs nationaux à qui le
gouvernement entend offrir une nouvelle opportunité de nouer des partenariats
mutuellement bénéfiques avec les hommes d’affaires du monde entier. L’objectif
pour le gouvernement est d’en faire le principal moteur de la croissance
économique de notre pays, le plus grand pourvoyeur d’emplois pour nos jeunes
diplômés ».
Les observateurs de la vie socio-économique
ivoirienne ne sont pas surpris de cette invitation. Il y a la vieille antienne
du « secteur privé moteur de la croissance économique » déblatérée à longueur
de discours par le gouvernement. Et il y a la réalité : le secteur privé local
n’a jamais fait partie des plans économiques de l’économiste-banquier Alassane
Ouattara. Toute sa politique économique étant bâtie sur le privé étranger. Que
ce soit les gros investissements ou les travaux de moindre importance, priorité
est systématiquement accordée au secteur privé étranger.
Le privé local, la cinquième roue du carrosse
Pour Alassane Ouattara, l’importance du secteur
privé ivoirien se limite aux présences dans la délégation officielle lors des
voyages. Le plus grand déshonneur a été la tribune offerte au patronat ivoirien
lors de la réunion du groupe consultatif qui s’est tenue du 4 au 5 décembre
dernier, à Paris. On a fait lire au président de la Confédération générale des
entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), Jean Kacou Diagou, un discours invitant
les opérateurs économiques étrangers à venir en Côte d’Ivoire. Comme pour
prendre à témoin l’opinion internationale que le secteur privé ivoirien n’est
pas capable de réaliser les investissements prévus. Comment le secteur privé
local peut-il intervenir avec ces deux handicaps majeurs qu’il traîne : outils
de production insuffisamment fonctionnels suite à la crise post-électorale et
faible financement de l’économie. Ce que réclament les opérateurs économiques
ivoiriens depuis la fin de la crise post-électorale, c’est d’abord l’indemnisation
de leurs outils de production pour leur permettre d’être compétitifs. Le
gouvernement ne fait que leur promettre réparation. Le ministre d’Etat, Dosso
Moussa, alors aux affaires à l’Industrie, avait annoncé une indemnisation
imminente parce que, selon lui, le Bnetd avait achevé les audits. Jusqu’à ce
jour, rien n’a été fait en faveur des intéressés. Le secteur privé local
réclame également et légitimement une part des gros marchés publics afin qu’il
contribue effectivement à la richesse nationale. Car, on ne gère pas sa popote
dans la poche de son voisin. « Combien
d’entreprises ivoiriennes ont pu se relever de la crise ? On attend toujours
les indemnisations promises. Honnêtement, nous ne sommes pas en capacité de
faire face à la concurrence internationale. Je souris quand le Premier ministre
indique que les intentions du secteur privé local ne sont pas suffisamment
manifestes depuis la réunion du groupe consultatif. C’est au gouvernement de
nous donner les moyens de les traduire dans les faits. On ne quémande pas de
l’aide, on veut simplement prendre notre place », souligne un membre
influent du patronat. Les projets en présence au cours de ICI 2014 ne sont pas
à la portée du privé local. Sauf si le gouvernement consent cette fois-ci et
résolument à aider les nationaux. Sinon l’invitation n’aurait servi à rien.
J.-S. Lia
Titre original : « Forum investir en Côte
d’Ivoire 2014 : ce que réclame le privé ivoirien »
en maraude
dans le web
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provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre
ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou
l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu
informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des
mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : Notre Voie
23/09/2013
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