En marge du sommet de
l'Union africaine à Addis Abeba, le Président soudanais, sous le coup d’un
mandat d'arrêt international depuis le 4 mars 2009, a dénoncé au micro de
France 24, la légitimité de la Cpi à poursuivre les chefs d’Etat africains.
Le ton est posé, les mots bien choisis.
Dimanche 26 mai, le président soudanais Omar el-Béchir, lors
d'une interview
accordée à France 24 en marge du sommet de l'Union africaine (Ua) organisé à
Addis Abeba en Ethiopie, a demandé l’arrêt des poursuites de la Cour pénale internationale
(Cpi) contre le Président kényan Uhuru Kenyatta et son adjoint William Ruto.
Les deux hommes sont en effet poursuivis pour crimes contre l'humanité pour
leurs participations présumées aux violences postélectorales de 2007. Une
résolution en ce sens, déjà adoptée le 23 mai par les ministres des Affaires étrangères
de l'Ua, a été validée lundi «par consensus» – sans vote formel – par les
dirigeants de l'organisation. Le président de l'Ua dénonce une "chasse raciale"
contre les
Africains. Le président en exercice de l'Union africaine, le Premier ministre éthiopien
Hailemariam Desalegn, a accusé lundi, à Addis Abeba, la Cour pénale
internationale (Cpi) de mener «une sorte de chasse raciale» contre les Africains. Lors de
la création de la Cpi, «l'objectif était d'éviter toute sorte d'impunité, mais
désormais le processus a dégénéré en une sorte de chasse raciale. (...) La Cpi
doit bien voir qu'elle ne devrait pas pourchasser des Africains », a-t-il déclaré devant la presse.
«En
Afrique, il y a cette conviction que la Cour pénale internationale est le
nouveau visage de la colonisation pour terroriser les leaders africains, affirme
le Président Omar el-Béchir au micro de France 24. On observe d'ailleurs que
tous ceux qui sont poursuivis par la Cpi sont des Africains, et précisément ceux
qui rejettent et refusent la politique occidentale».
Le président Omar el-Béchir |
Dix-huit personnes, tous des
Africains, sont en effet actuellement inculpées par la Cpi pour des crimes
survenus dans huit pays du continent (république démocratique du Congo,
Centrafrique, Ouganda, Soudan (Darfour), Kenya, Libye, Côte d'Ivoire, Mali).
«Pourquoi n’y a-t-il que
des Africains qui sont jugés par cette cour ?». Depuis quelques années, cette
accusation est donc presque devenue un leitmotiv.
«On a l’impression que
la Cour pénale internationale ne vise que les Africains. Cela signifie-t-il que
rien ne se passe par exemple au Pakistan, en Afghanistan, à Gaza, en
Tchétchénie ? Ce n’est pas seulement en Afrique qu’il y a des problèmes. Alors
pourquoi n’y a-t-il que des Africains qui sont jugés par cette cour ?», avait lancé, en juin 2011, le
Gabonais Jean Ping, président de la commission de l’Ua entre 2008 et 2012. Une
position reprise ensuite par la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma qui lui a succédé
il y a environ un an. Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité
au Darfour en 2009, puis de génocide en 2010, Omar el-Béchir a été le premier
chef d'Etat en exercice poursuivi pour de tels actes par la Cour pénale
internationale (Cpi). Bien qu’il soit susceptible d’être interpellé en
franchissant les frontières soudanaises, el-Béchir continue à voyager
normalement lorsqu’il a l’assurance de ne pas être inquiété. Depuis l'émission
de son mandat d'arrêt le 4 mars 2009, le chef d’Etat a multiplié les
déplacements sur le continent africain : Égypte, Arabie saoudite, Libye,
Erythrée, Zimbabwe ou encore Ethiopie.
Deux présidents en exercice
poursuivis par la Cpi
«Les États-Unis sont les
premiers à faire pression sur les Africains alors qu'ils n'ont pas ratifié le Statut
de Rome qui signe la création de la Cpi. Maintenant, avec l'arrivée de Uhuru
Kenyatta au Kenya, il y a deux Présidents poursuivis par la Cour», insiste Omar el-Béchir.
Depuis 2009, l’Union africaine s’attache à défendre farouchement le Président soudanais
estimant que son arrestation pourrait mettre en péril les efforts de paix entre
le Soudan et le Soudan du Sud. Le Président kényan Uhuru Kenyatta vient
désormais s’ajouter à la liste des cas emblématiques de l’organisation. Son
procès doit débuter le 9 juillet à La Haye, siège de la Cpi. Les dirigeants africains
demandent la clôture de la procédure entamée par la Cour pénale internationale
et son renvoi devant les juridictions kényanes, en mettant en avant les réformes
du système judiciaire du Kenya. La Cour internationale a fait savoir à l'Afp
qu'elle «ne réagirait pas aux résolutions de l'Ua». En 2011, l’organisation panafricaine
avait déjà demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de suspendre les
poursuites engagées contre le président soudanais Omar el-Béchir. En vain.
La résolution de l'Ua n'aura
aucune force contraignante sur la CPI. Seul le Conseil de sécurité de l'Onu,
auquel elle est liée par un accord de coopération, peut simplement réclamer une
«suspension » des procédures.
Par Taoufik Mjaied - France24
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mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : Le Temps
4 JUIN 2013
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