2013
Par César Etou - Notre Voie
« La Côte d'Ivoire 2013
est en état de banqueroute et la faillite aux portes du pays ». Telle est la
terrible conclusion à laquelle viennent d’aboutir les études d’experts
américains sur l’économie des pays africains dits émergents. Selon les
conclusions de ces études, notre pays occupe le 24ème rang sur 48 en termes
d’indice d’«attractivité des investissements », juste après la Lybie (23ème) et
avant le Sénégal (25ème). L‘Afrique du Sud étant le 1er pays « attractif ». En
termes de « Risques pays pour les investisseurs », la Côte d’Ivoire s’octroie
12 points et occupe le 26ème rang sur 54, ce qui signifie un risque très élevé…
C’est sur la base des
données de l’année 2012 que ces experts américains de l’Economie mondiale ont
donné la catastrophique nouvelle sur la Côte d’Ivoire. Pour justifier cette
grave révélation pour l’économie ivoirienne, ces experts brandissent des
notations très techniques appliquées à notre pays. Ainsi, selon ces experts, en
termes « d’Attractivité d'investissements », la Côte d’Ivoire est notée CC.
Dans leur jargon, cette note équivaut à « une pauvre image » ; En termes de «
Risques d’investissement », la Côte d’Ivoire est sanctionnée de la notation
DDD, ce qui équivaut à « un risque élevé, voire « un état de banqueroute ».
Pour juger de
l’attractivité de l’économie, l’observation, par ces experts américains, a pris
en compte les facteurs suivants : « l'état de la liberté et de l'éthique
publique ; l'efficacité du gouvernement ; l’indépendance de la magistrature ;
l'éthique des affaires, les établissements publics de qualité ; l'éducation de
base et la santé des populations ; la qualité professionnelle du travail »,
etc. Enfin, pour juger du risque investissement, ils ont pris en compte les
facteurs d’indignité que sont « la Corruption ; la Division élite ; la cohésion
sociale ; la population de pression (sic) ; les antagonismes communautaires ;
l’insécurité ; la bureaucratie et l’inefficacité gouvernementales ; le taux de
chômage des jeunes », etc. Autant de boulets d’indignité que traînent le
gouvernement de « ADO-La Solution » à tous nos problèmes, depuis plus de deux
ans.
Les experts qui font ces
révélations sur l’économie de notre pays appartiennent, selon la note dont
Notre Voie a obtenu copie, à l’organisme américain dénommé Global Rating
Services. C’est une agence de notation basée aux Etats-Unis et qui vient de
publier le premier classement sur la perception de l’attractivité et du risque
d’investissement dans 48 des 54 pays que compte le continent africain (voir
tableaux joints). Toujours selon cette note, l'indice d'évaluation de Global
Rating Services dans le domaine de « l’attractivité des investissements directs
étrangers et des facteurs de risque des pays émergents africains » est une vue
perspicace opérée sur l’économie de ces pays par les investisseurs
internationaux. Le travail prendrait en compte une analyse approfondie et
objective des divers facteurs de risque et la confiance des investisseurs dans
l'économie de ces pays dits de l'Afrique émergente.
Ce qu’il convient d’en
retenir est que quand il s'agit de pays africains émergents, même s'ils offrent
un rendement élevé des investissements, la confiance des investisseurs
internationaux et les facteurs de risque sont principalement déterminants pour
une vision pré-analytique du système économique et politique de ces pays, ainsi
que pour la qualité à la fois de leur leadership politique et de leur
gouvernance pratique. Cette perception des Investissements étrangers directs en
rapport avec l’attractivité est d'une importance capitale dans le processus de
prise de décision par un investisseur étranger avant d'engager son argent dans
les affaires du pays concerné. Il en va de même pour les fonctionnaires
nationaux de pays chargés de la promotion des investissements afin de mieux
comprendre et de corriger les obstacles aux investissements directs étrangers
dans leurs économies émergentes respectives. Les indices publiés dans ce
rapport éclairent utilement sur ces défis à relever pour les décideurs des pays
épinglés.
Source : www.CIVOX. NET
1972
Un
rapport du FMI remet en question le “miracle ivoirien”
Par
Gilbert Comte - Le Monde diplomatique
mars 1972
POUR la première fois
depuis les “complots” ministériels de 1963 et les vagues d'arrestations qu'ils
entrainèrent jusque dans l'entourage immédiate du président Houphouët-Boigny,
la Côte d'Ivoire affrontera cette année des échéances particulièrement
redoutables. Dans le message traditionnel qu'il adresse à ses compatriotes
chaque 1er janvier, le chef de l'Etat troubla ainsi beaucoup d'entre eux par le
ton assez inhabituel de son discours. “L'image que nous offrons à l'Afrique et
au monde reste une image de santé et de confiance raisonnée dans le futur”,
assura-t-il sans doute. Mais, aussitôt après cette affirmation optimiste, il critiqua
violemment “la faible productivité de trop nombreux secteurs de notre économie,
l'irrationalité de certains réseaux de distribution, la mauvaise rentabilité
d'entreprises qui restent trop dépendantes des avantages accordés par l'Etat,
certaines tendances à la corruption qui paraissent gagner divers secteurs, un désir
de paraître, une soif de posséder”, gravement préjudiciables à la morale
publique.
Voici encore
quelques mois, nul ne pouvait exposer les mêmes constatations sans devenir, pour les responsables d'Abidjan, un dangereux saboteur de la prospérité nationale. Aux réserves comme aux inquiétudes, ils opposaient avec dédain l'incontestable expansion de leur capitale ; l'aisance de ses habitants, sans rivale dans les territoires voisins ; l'afflux jamais ralenti de capitaux étrangers ; une balance commerciale régulièrement exédentaire ; le dynamisme d'une économie capable de soutenir à la fois la construction d'un gigantesque barrage hydro-électrique à Kossou, dans le fief personnel du fondateur de la République, en pays baoulé, et celle d'un port moderne à San-Pedro, à l'ouest du pays. Convaincus par leur analyse, diplomates et hommes d'affaires, venus d'Europe occidentale ou des Etats-Unis, célébraient volontiers le "miracle ivoirien", obtenu par les ressources et grâce aux mécanismes de la libre entreprise.
Jusqu'à la récente
présentation au gouvernement d'un rapport confidentiel établi par le Fonds
monétaire international – F.M.I. – cette euphorie, entretenue par des intérêts
politiques et financiers considérables, triompha de tous les avertissements.
Encore aujourd'hui, M. Houphouët-Boigny hésite à tirer vraiment la conséquence
des renseignements dont il dispose, par peur d'avoir à remettre en cause les
principes mêmes, les grandes orientations économiques imposées depuis 1967 à
son ministre des finances, M. Konan Bédié. En dehors d'appels vagues à
l'austérité, son discours du Nouvel An ne contenait ainsi aucune directive
capable de répondre aux inquiétudes du F.M.I.
Certes, il recommanda
l'austérité, une sélection plus rigoureuse des investissements, “des limitations
à certaines dépenses de subventions"· Quelques jours plus tard, le
président de l'Assemblée nationale, M. Philippe Yacé, annonçait devant le
bureau politique du parti démocrate de la Côte d'Ivoire (P.D.C.I.) des réformes
surtout significatives du train de vie exagérément somptueux qu'elles supposent
dans la caste dirigeante. Elles suppriment, en effet, les bourses scolaires
généreusement accordées aux enfants des ministres, députés, hauts
fonctionnaires et chefs d'entreprise. Elles réduisent aux tout premiers
dirigeants le droit de voyager par avion en première classe, la participation
aux conférences internationales à des effectifs moins nombreux.
Des
mesures d'austérité
STRICTEMENT appliquées,
ces mesures gêneront certainement les habitudes opulentes de tout un personnel.
Mais les 500 millions ou le milliard de francs C.F.A. d'économies qu'elles
permettront de réaliser n'apporteront qu'un médiocre remède au gouffre creusé
dans les finances publiques par des opérations trop coûteuses, comme celles de
Kossou et de San-Pedro, respectivement évaluées à 92 et 146 millions de
dollars. “Les dépensas affectées à ces deux projets atteindront leur maximum en
1971-1973”, note avec inquiétude le bilan du FMI : “pour assurer le financement
de ces deux projets et de quelques autres, l’Etat a accepté d’emprunter des
fonds à l’extérieur à des conditions beaucoup plus rigoureuses que ne le
justifie la capacité d’endettement du pays.”
"La prolifération
d'entreprises et d'organismes publics autonomes soulève, par ailleurs, des
problèmes. Au nombre d'environ vingt-cinq, l'Etat leur a assigné des tâches
précises de développement. Il leur accorde des fonds sans que leur situation
financière et leur programme fassent l'objet d'un examen approfondi. C'est
ainsi qu'une grande partie des investissements publics ne répond pas à des
critères d'investissements rationnels. "
Entre 1960 et 1966, la
République assura ses investissements par ses propres ressources, dans
l'honorable proportion de 75 %. Les grands travaux exigés par le chef de l'Etat
l'obligèrent à contracter des emprunts au dehors pour environ 110 millions de
francs C.F.A., soit à peu près l'équivalent de son budget annuel. Cette improvisation
hasardeuse ramène aujourd'hui à 60 % la participation nationale au développement.
D'abord lents, puis progressivement de plus en plus rapides, ses effets
entraînent, depuis 1965, un accroissement annuel de la dette publique
extérieure estimé à 30 %.
“Dans ces conditions, le
coefficient du service de la dette passera de 8,5 % en 1975, et atteindre
environ 20 % en 1980", concluent les spécialistes du FMI. “Par rapport à
l’épargne publique, le service de la dette passerait de 45 % en 1971 à 96 % en
1980. Cette situation entraînerait manifestement des difficultés très graves, tant
dans le domaine des finances publiques qu’en ce qui concerne la gestion de la
dette extérieure. A la fin de ta présente décennie, les pouvoirs publics
auraient ainsi cessé de contribuer à leurs propres ressources au financement
des investissements publics et pourraient se trouver alors dans une position
très difficile, en ce qui concerne les projets ne bénéficiant pas
habituellement d'un concours extérieur. La situation n'est guère plus favorable
pour la balance des paiements, d'autant que l’augmentation des recettes d’exportations
doit se ressentir et qu'elles demeureront soumises à de larges fluctuations en
raison des incertitudes du marché mondial et des récoltes.”
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