François Hollande recevra mercredi le Prix Félix Houphouët-Boigny pour
la recherche de la paix. A travers ce prix de l’UNESCO, c’est un triple hommage
qui est rendu par la Françafrique à son parrain, feu le président kleptocrate Houphouët,
à la guerre comme moyen de résolution des conflits, et aux dictateurs
« amis de la France » qui parraineront le président français à cette
occasion.
Pour l'association Survie, la remise de ce prix au Président français est
révoltante à
plusieurs titres. En premier lieu, l’intitulé de ce prix, décerné
chaque année par l'UNESCO, et l'hommage ainsi rendu à Houphouët-Boigny
apparaissent tout à fait scandaleux si l'on se réfère au rôle joué par cet
ancien président ivoirien dans le sabotage des projets indépendantistes et souverainistes
en Afrique, la multiplication des conflits, la longévité des dictatures et dans
le pillage des ressources de son propre pays, dirigé d'une main de fer pendant
30 ans.
F. Hollande, chef de guerre (photo : lefigaro.fr) |
En second lieu, la remise de ce prix au Président français, dans le
contexte que connaissent le Mali et le Sahel sonne comme un étrange hommage à
la guerre. Le Président français est en effet le chef militaire d'une opération
massive, mobilisant un véritable arsenal offensif, lancée sans véritable mandat
international, au bilan humain (victimes, prisonniers) à ce jour inconnu et
dont les répercussions dans la sous-région (Niger, Algérie) et au-delà
(Cameroun, Nigeria, Libye, Tchad) s'avèrent fort préoccupantes. Est-il possible
à ce stade d'imaginer que cette guerre au Mali, instrumentalisée en
« guerre contre le terrorisme » pour dissimuler des ambitions de
puissance de la France en Afrique soit porteuse de valeurs de paix et de
stabilité susceptibles d'être célébrées à l'UNESCO ?
Survie demande à
l'UNESCO, de supprimer
le Prix
Félix Houphouët-Boigny
Félix Houphouët-Boigny
Enfin, au moment de recevoir ce prix, François Hollande sera entouré de
nombreuses personnalités africaines contestables, parmi lesquelles l'ancien
président ivoirien Konan Bédié, chantre de l'ivoirité et le sénégalais Abdou
Diouf, ex-garant de l'influence française au Sénégal et désormais dans tout
l'espace francophone. Il sera surtout entouré par plusieurs chefs d'Etat en
exercice dont la politique est marquée par la violence : Blaise
Compaoré, dictateur du Burkina Faso, indirectement impliqué dans les
conflits les plus sanglants d'Afrique de l'Ouest ; Alassane Ouattara,
président de la Côte d’Ivoire, imposé par les armes françaises ;
Mohamed Ould Abdel Aziz, président putschiste de la Mauritanie ; Idriss
Déby Itno, dictateur du Tchad, qui voit là une nouvelle marque de
reconnaissance suite à son intervention au Mali aux côtés des forces
françaises, malgré la nature de plus en plus répressive de son régime.
Devant ces chefs d'Etat « amis », François Hollande doit
prononcer un discours annoncé comme « important » qui s'apparentera à
un tour de chauffe, en prévision du Sommet sur la sécurité qui se tiendra à
Paris en décembre. Le premier sommet « France-Afrique » d'un
Président français qui a pris ses aises dans le décorum de la
Françafrique.
Survie demande à l'UNESCO, de supprimer le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, dont l'appellation est une insulte aux démocrates et pacifistes africains, et à François Hollande, peu digne de recevoir une décoration vu son passif en matière de politique africaine depuis son élection, de décliner ce prix.
Survie demande à l'UNESCO, de supprimer le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, dont l'appellation est une insulte aux démocrates et pacifistes africains, et à François Hollande, peu digne de recevoir une décoration vu son passif en matière de politique africaine depuis son élection, de décliner ce prix.
Danyel Dubreuil (Association Survie)
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous
vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, et
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : http://survie.org - 04 juin 13
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire