jeudi 27 juin 2013

Noël Mamère : « Il faut revoir ces accords de défense, afin d’en extraire tout ce qui a contribué à la Françafrique. »

Le texte du futur traité de Défense entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique Noire – notamment la Côte d’Ivoire –, doit être prochainement soumis au vote des parlementaires français, après avoir été discuté au sein des commissions de la Défense
SURIMPRESSION...
nationale et des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Si la Commission de la Défense nationale s’est montrée fort peu regardante, au sein de la Commission des Affaires étrangères, en revanche, certains élus ont manifesté plus que de la réticence… 
 

Il y a d’abord ceux qui désapprouvent, par principe, les bases militaires françaises à l’étranger, comme le député écologiste Noël Mamère, pourfendeur de l’intervention française au Mali. « La plupart des accords du passé ont surtout servi à maintenir en place des régimes peu démocratiques et à préserver notre pré carré en obtenant la mise à disposition de bases. (…) Il faut changer de pratiques. Il vaut mieux soutenir la démocratisation que d’aider au maintien de quarterons de putschistes ou de dirigeants qui spolient leurs propres peuples (…) Il faut donc revoir ces accords de défense, afin d’en extraire tout ce qui a contribué à la Françafrique », a-t-il déclaré, sans dire clairement s’il comptait voter en faveur des textes qui étaient présentés.
Le député socialiste de la deuxième circonscription des Landes, Jean-Pierre Dufau, a quant à lui décidé de voter en faveur du texte autorisant la ratification du traité portant « partenariat de défense » entre Paris et Abidjan, tout en exprimant sa perplexité. « Ces trois accords importants témoignent de la volonté de la France de rester présente en Afrique. Ceux avec le Sénégal et Djibouti ne posent pas de difficultés. Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, l’appréciation est plus complexe. Je vois que les négociations ont été commencées avec l’ancien président Laurent Gbagbo, puis interrompues, puis reprises et conclues avec Alassane Ouattara. La situation sécuritaire est-elle maintenant bien claire en Côte d’Ivoire ? La question mérite d’être posée. »
Ce n’est pas le cas de Serge Janquin, député socialiste du Pas-de-Calais, qui s’abstiendra sur les trois textes, parce qu’il désapprouve la démarche solitaire de la France sur le terrain de la sécurité collective en Afrique. « Nous réglons les difficultés au fil de l’eau, en l’absence de toute réflexion de fond sur les coopérations possibles pour que les problèmes puissent être traités par les pays africains eux-mêmes, en collaboration avec l’Union européenne (…) Il faudrait associer davantage les pays concernés à leurs propres responsabilités », s’est-il expliqué. Député du Front de Gauche, François Asensi s’abstiendra lui aussi lors du vote en plénière.
Quant à François Loncle, député PS de la quatrième circonscription de l’Eure, ancien président de la Commission des Affaires étrangères, qui s’est exprimé avec franchise sur la crise ivoirienne à plusieurs reprises, notamment lors d’une interview avec la documentariste italienne Nicoletta Fagiolo, il a lui aussi choisi de s’abstenir, mais uniquement sur la Côte d’Ivoire, au nom du respect des droits de l’Homme. « Même si je ne suis pas toujours d’accord avec les recommandations d’Amnesty International, je conseille la lecture de son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire : il n’y a aucune perspective de réconciliation, malgré les demandes unanimes de la communauté internationale. Par esprit de responsabilité, je ne voterai pas contre le projet de loi relatif à ce pays, mais je m’abstiendrai. »
En dépit de la chape de plomb médiatique qui entoure les graves dérives du régime Ouattara, certains députés français, y compris quand ils appartiennent à l’actuelle majorité, ne sont pas dupes. Le vote en plénière du nouveau traité de défense entre Paris et Abidjan n’est pas encore programmé. S’il est a priori évident que ce texte sera validé, l’exécutif dirigé par François Hollande sera sous pression si un nombre significatif d’élus, à l’Assemblée nationale et au Sénat, lui rappellent, durant toute la période des débats, les rudes réalités du régime autoritaire et violent qui sévit en Côte d’Ivoire. 

Théophile Kouamouo - Le Nouveau Courrier 14 juin 2013
Titre original : « Le futur traité de défense avec le régime Ouattara inquiète des députés français. »
 

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