jeudi 13 juin 2013

France et Mnla : Les liaisons dangereuses…

De la réception d’une délégation de rebelles au Ministère des Affaires étrangères, le 22 novembre 2012, à la condamnation molle de « l’épuration ethnique » entamée en ce début de juin 2013, en passant par l’applaudissement de M. Juppé au massacre d’Aguel-Hoc, la France semble accompagner le MNLA, même dans ses dérives ! Jusqu’où iront-ils, ensemble ?
Du massacre d’Aguel-Hoc à la chasse aux Noirs à Kidal…
C’est en janvier 2013 que le Mouvement national de libération de l’Azawad a déclenché la guerre au Mali. Deux mois auparavant, en novembre 2012, ses responsables avaient été reçus au Ministère français des Affaires étrangères. On se doute bien que si les représentants du 
Victimes du pogrom anti-Noirs d'Aguel-Hoc
(25 janvier 2012)
MNLA n’avaient pas eu la bénédiction et le feu vert de Paris, ils n’auraient pas déclenché la guerre au Mali. Même si, entre-temps, ils avaient reçu le renfort des « Libyens » et des islamo-terroristes. 
Vint ensuite la bourde d’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères du président Sarkozy, saluant comme une victoire l’assassinat, par le MNLA, de plusieurs dizaines de Maliens à Aguel-Hoc, avec l’aide de la horde des islamo-terroristes. En apprenant l’extrême cruauté des exécutions, la France tenta de rectifier le tir. 
Enfin, après Bernard Kouchner, voici Élisabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, qui demande l’autonomie pour le MNLA – qui ne représente pas grand-chose dans le Nord du Mali. Nous signalons à Mme Guigou que c’est le MNLA qui avait amené à Tombouctou et Gao les violeurs et les coupeurs de main et de pieds. Que Mme Guigou veuille bien présenter d’abord aux Maliens, pour l’exemple, son plan d’autonomie pour le Front de libération de la Corse, pour les Indépendantistes de la Guadeloupe, de la Nouvelle Calédonie, etc. !
Le syndrome rwandais ?
Toute cette complicité encourage le MNLA dans ses dérives : après les crimes commis à Agel-Hoc, Tombouctou et Gao, avec l’aide des alliés islamo-jihadistes, c’est maintenant « l’épuration raciale », le « nettoyage ethnique » à Kidal. En effet, depuis le 2 juin, les médias internationaux, comme l’Agence France Presse, et nationaux rapportent des témoignages sur « la chasse aux Noirs à Kidal », organisée par le MNLA. Ainsi, un premier groupe de « 24 jeunes noirs », chassés de Kidal, est arrivé à Gao le mardi 4 juin 2013. Cela signifie clairement que ce mouvement met à exécution un « programme d’épuration ethnique ». Que disent la France, la Cour pénale internationale et les autres défenseurs des droits de l’homme ? 
Le président F. Hollande, qui veut ménager la chèvre et le chou, se dit « respectueux de la cause touarègue », tout en exigeant le maintien de l’intégrité territoriale du Mali. Rien d’étonnant, donc, si son ministère des Affaires étrangères ne condamne que du bout des lèvres ce crime du MNLA.
Voici le communiqué : « des informations font état d’arrestations et de violences, dans la localité de Kidal, contre des personnes issues notamment des communautés songhaï, peul et bella, fondées sur la couleur de leur peau… La France condamne ces violences et ces arrestations extrajudiciaires et demande la libération des personnes concernées. Elle rappelle son attachement à ce qu’une solution négociée soit trouvée sur la situation à Kidal. Nous appelons toutes les parties à la retenue et au respect des droits de l’homme  », a déclaré Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d’Orsay. Quant à la CPI, on attend toujours sa réaction. 
Sachant que le MNLA est aujourd’hui sous la protection des troupes françaises basées à Kidal, il faut avoir le courage de dire que la France est complice des agissements du MNLA. N’oublions pas comment la situation s’était emballée au Rwanda ! Au Mali, le pire pourrait se produire si la France ne met pas un frein aux agissements de son allié à Kidal. Le pire pourrait se produire et les premiers signaux sont même déjà apparus : le 30 mai, des milliers de jeunes et de femmes ont manifesté à Gao contre la liaison dangereuse entre Paris et le MNLA. Comment réagira cette foule (à Gao, Tombouctou, Bamako, etc.) en voyant arriver des flots de « Noirs » expulsés de Kidal par le MNLA ? Expulsions qui auront été organisées sous les yeux des troupes françaises basées à Kidal ! 
Ce chaos annoncé correspond et répond aux souhaits du MNLA : créer une psychose qui amènerait ou obligerait les Touaregs à aller se mettre sous sa protection à Kidal, crier au « génocide contre les Touaregs et demander des « Troupes d’interposition de l’ONU », des enquêteurs de la CPI, etc. Cette chronique annoncée ne fera l’affaire de personnes !
Qu’est-ce qui motive la France ? Paris a cru se servir du MNLA pour retrouver ses otages. A ce jour, aucun résultat ! Traquer et mettre hors d’état de nuire les islamo-terroristes au Nord ? Là aussi, espoir déçu ! Heureusement qu’il y a eu les troupes tchadiennes ! Le mouvement s’était survendu : il n’a pas pu aider les troupes françaises à retrouver les otages, sa puissance n’est que médiatique, et sa connaissance du terrain toute relative. Et pour cause : la majorité de ses troupes est composée de « Libyens », des Touaregs-anciens-mercenaires du Colonel Kadhafi. Et qui ne connaissent que très peu le Mali. Son soutien au sein des communautés touarègues est insignifiant. 
De fait, le MNLA doit aujourd’hui sa survie à la protection de la France : protection des troupes françaises à Kidal, espace public des médias et du lobby pro-touareg français). La France a plus à gagner avec le Mali refondé qu’avec une bande d’aventuriers ! Une base militaire à Tessalit ? Des intérêts dans l’exploitation des ressources potentielles ? Une force armée capable de sécuriser la zone et connaissant le terrain ? Seul le peuple malien ayant retrouvé sa dignité dans un Mali refondé dans son intégralité territoriale, avec une armée républicaine, peut offrir des garanties sur ces questions. Toute autre option – courtermiste – relève de l’aventure, et porte en elle les germes de graves conflits : intercommunautaires et politiques (rupture de confiance entre l’armée et les dirigeants) ! 
Faut-il écraser le MNLA sous les bombes ?
La posture du MNLA est un défi aux résolutions des Nations Unies, de l’Union africaine, de la CEDEAO et de la France concernant le respect de l’intégrité territoriale du Mali ! Avec la campagne de « nettoyage ethnique » à Kidal, le MNLA a franchi la ligne rouge. Des dirigeants serbes ont été traduits devant la Cour pénale internationale pour « épuration ethnique » ! Cette même Cour, ainsi que les autres organisations de défense des droits de l’homme, prompts à dénoncer les exactions, réelles ou supposées, de l’armée malienne ferment les yeux sur la « chasse aux Noirs à Kidal » organisée par le MNLA. 
Il revient aux troupes maliennes et africaines de mettre un terme à cette situation insultante pour l’Afrique, en mettant hors d’état de nuire ce groupuscule fasciste. Et cela par tous les moyens possibles ! A coup de bombes, s’il le faut ! Toute compromission imposée, à Ouagadougou, à un Etat malien aujourd’hui affaibli, aura des conséquences fâcheuses. Car l’armée malienne et la grande majorité des Maliens, surtout les populations du Nord, y compris les Touaregs, sont hostiles au MNLA. En effet, les Maliens n’ont pas oublié que ce mouvement, qui cherche l’éclatement du Mali, s’est ligué avec les djihadistes et Aqmi pour mettre le pays à feu et à sang !

Yaya Togora, du Collectif pour la Paix et le Développement au Mali (COPADEM)-France 1991

Source : Le Flambeau 12 juin 2013

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