De la réception d’une délégation de rebelles au
Ministère des Affaires étrangères, le 22 novembre 2012, à la condamnation molle
de « l’épuration ethnique » entamée en ce début de juin 2013, en passant par
l’applaudissement de M. Juppé au massacre d’Aguel-Hoc, la France semble
accompagner le MNLA, même dans ses dérives ! Jusqu’où iront-ils, ensemble ?
Du massacre d’Aguel-Hoc à la chasse aux Noirs à Kidal…
C’est en janvier 2013 que le Mouvement national de
libération de l’Azawad a déclenché la guerre au Mali. Deux mois auparavant, en
novembre 2012, ses responsables avaient été reçus au Ministère français des
Affaires étrangères. On se doute bien que si les représentants du
MNLA n’avaient
pas eu la bénédiction et le feu vert de Paris, ils n’auraient pas déclenché la
guerre au Mali. Même si, entre-temps, ils avaient reçu le renfort des
« Libyens » et des islamo-terroristes.
Victimes du pogrom anti-Noirs d'Aguel-Hoc (25 janvier 2012) |
Vint ensuite la bourde d’Alain Juppé, ministre des
Affaires étrangères du président Sarkozy, saluant comme une victoire
l’assassinat, par le MNLA, de plusieurs dizaines de Maliens à Aguel-Hoc, avec
l’aide de la horde des islamo-terroristes. En apprenant l’extrême cruauté des
exécutions, la France tenta de rectifier le tir.
Enfin, après Bernard Kouchner, voici Élisabeth Guigou,
présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale,
qui demande l’autonomie pour le MNLA – qui ne représente pas grand-chose dans
le Nord du Mali. Nous signalons à Mme Guigou que c’est le MNLA qui avait amené
à Tombouctou et Gao les violeurs et les coupeurs de main et de pieds. Que Mme
Guigou veuille bien présenter d’abord aux Maliens, pour l’exemple, son plan
d’autonomie pour le Front de libération de la Corse, pour les Indépendantistes
de la Guadeloupe, de la
Nouvelle Calédonie, etc. !
Le syndrome rwandais ?
Toute cette complicité encourage le MNLA dans ses
dérives : après les crimes commis à Agel-Hoc, Tombouctou et Gao, avec l’aide
des alliés islamo-jihadistes, c’est maintenant « l’épuration
raciale », le « nettoyage ethnique » à Kidal. En effet, depuis
le 2 juin, les médias internationaux, comme l’Agence France Presse, et
nationaux rapportent des témoignages sur « la chasse aux Noirs à
Kidal », organisée par le MNLA. Ainsi, un premier groupe de « 24
jeunes noirs », chassés de Kidal, est arrivé à Gao le mardi 4 juin 2013.
Cela signifie clairement que ce mouvement met à exécution un « programme
d’épuration ethnique ». Que disent la France, la Cour pénale
internationale et les autres défenseurs des droits de l’homme ?
Le président F. Hollande, qui veut ménager la chèvre
et le chou, se dit « respectueux de la cause touarègue », tout en
exigeant le maintien de l’intégrité territoriale du Mali. Rien d’étonnant,
donc, si son ministère des Affaires étrangères ne condamne que du bout des
lèvres ce crime du MNLA.
Voici le communiqué : « des informations
font état d’arrestations et de violences, dans la localité de Kidal, contre des
personnes issues notamment des communautés songhaï, peul et bella, fondées sur
la couleur de leur peau… La France condamne ces violences et ces arrestations
extrajudiciaires et demande la libération des personnes concernées. Elle
rappelle son attachement à ce qu’une solution négociée soit trouvée sur la
situation à Kidal. Nous appelons toutes les parties à la retenue et au respect
des droits de l’homme », a déclaré Philippe Lalliot,
porte-parole du Quai d’Orsay. Quant à la CPI, on attend toujours sa réaction.
Sachant que le MNLA est aujourd’hui sous la protection
des troupes françaises basées à Kidal, il faut avoir le courage de dire que la
France est complice des agissements du MNLA. N’oublions pas comment la
situation s’était emballée au Rwanda ! Au Mali, le pire pourrait se
produire si la France ne met pas un frein aux agissements de son allié à Kidal.
Le pire pourrait se produire et les premiers signaux sont même déjà
apparus : le 30 mai, des milliers de jeunes et de femmes ont manifesté à
Gao contre la liaison dangereuse entre Paris et le MNLA. Comment réagira cette
foule (à Gao, Tombouctou, Bamako, etc.) en voyant arriver des flots de
« Noirs » expulsés de Kidal par le MNLA ? Expulsions qui auront
été organisées sous les yeux des troupes françaises basées à Kidal !
Ce chaos annoncé correspond et répond aux souhaits du
MNLA : créer une psychose qui amènerait ou obligerait les Touaregs à aller
se mettre sous sa protection à Kidal, crier au « génocide contre les
Touaregs et demander des « Troupes d’interposition de l’ONU », des
enquêteurs de la CPI, etc. Cette chronique annoncée ne fera l’affaire de
personnes !
Qu’est-ce qui motive la France ? Paris a cru se
servir du MNLA pour retrouver ses otages. A ce jour, aucun résultat !
Traquer et mettre hors d’état de nuire les islamo-terroristes au Nord ? Là
aussi, espoir déçu ! Heureusement qu’il y a eu les troupes
tchadiennes ! Le mouvement s’était survendu : il n’a pas pu aider les
troupes françaises à retrouver les otages, sa puissance n’est que médiatique,
et sa connaissance du terrain toute relative. Et pour cause : la majorité
de ses troupes est composée de « Libyens », des
Touaregs-anciens-mercenaires du Colonel Kadhafi. Et qui ne connaissent que
très peu le Mali. Son soutien au sein des communautés touarègues est
insignifiant.
De fait, le MNLA doit aujourd’hui sa survie à la
protection de la France : protection des troupes françaises à Kidal,
espace public des médias et du lobby pro-touareg français). La France a plus à
gagner avec le Mali refondé qu’avec une bande d’aventuriers ! Une base
militaire à Tessalit ? Des intérêts dans l’exploitation des ressources
potentielles ? Une force armée capable de sécuriser la zone et connaissant
le terrain ? Seul le peuple malien ayant retrouvé sa dignité dans un Mali
refondé dans son intégralité territoriale, avec une armée républicaine, peut
offrir des garanties sur ces questions. Toute autre option – courtermiste
– relève de l’aventure, et porte en elle les germes de graves conflits :
intercommunautaires et politiques (rupture de confiance entre l’armée et les
dirigeants) !
Faut-il écraser le MNLA sous les bombes ?
La posture du MNLA est un défi aux résolutions des
Nations Unies, de l’Union africaine, de la CEDEAO et de la France concernant le
respect de l’intégrité territoriale du Mali ! Avec la campagne de
« nettoyage ethnique » à Kidal, le MNLA a franchi la ligne rouge. Des
dirigeants serbes ont été traduits devant la Cour pénale internationale pour
« épuration ethnique » ! Cette même Cour, ainsi que les autres
organisations de défense des droits de l’homme, prompts à dénoncer les
exactions, réelles ou supposées, de l’armée malienne ferment les yeux sur la
« chasse aux Noirs à Kidal » organisée par le MNLA.
Il revient aux troupes maliennes et africaines de
mettre un terme à cette situation insultante pour l’Afrique, en mettant hors
d’état de nuire ce groupuscule fasciste. Et cela par tous les moyens
possibles ! A coup de bombes, s’il le faut ! Toute compromission
imposée, à Ouagadougou, à un Etat malien aujourd’hui affaibli, aura des
conséquences fâcheuses. Car l’armée malienne et la grande majorité des Maliens,
surtout les populations du Nord, y compris les Touaregs, sont hostiles au MNLA.
En effet, les Maliens n’ont pas oublié que ce mouvement, qui cherche
l’éclatement du Mali, s’est ligué avec les djihadistes et Aqmi pour mettre le
pays à feu et à sang !
Yaya Togora, du Collectif pour la Paix et le Développement au Mali (COPADEM)-France
1991
Source : Le Flambeau 12 juin
2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire