vendredi 21 juin 2013

KKB sur RFI ce jeudi 20 juin 2013

Kouadio Konan Bertin, dit KKB, est député et président des jeunes du Parti démocratique de Côte d'Ivoire. 
 
RFI : Que pensez-vous des déclarations d'Henri Konan Bédié ?
KKB en 2010 (photo afp/Sia Kambou)
Kouadio Konan Bertin : Marcoussis ne fait pas partie des organes du PDCI-RDA [Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain, ndlr]. Monsieur Bédié est connu en Côte d’Ivoire comme un homme de parole. Lui-même, en succédant à Houphouët [Félix Houphouët-Boigny, ndlr], a été président de la République de Côte d’Ivoire, en application de l’article 1 de la Constitution ivoirienne. Et les dispositions sont claires, qui disent que pour être président du parti il faut avoir un âge compris entre 40 et 75 ans. 
Donc il doit partir ?
Eh bien ce n’est pas moi qui demande qu’il parte ! 
Et quelle est la personnalité la mieux placée pour lui succéder ?
Ce sera un congrès ouvert et c’est le congrès, lui, qui décidera de qui sera le président du PDCI-RDA, bien sûr par la voie démocratique. 
Est-ce que vous serez candidat ?
Pour le moment je ne l’ai pas encore envisagé. 
Est-ce que vous songez à soutenir un autre candidat ?
Tout dépendra de la situation sur le terrain.
Est-ce que vous ne vous sentez pas proche de Charles Konan Banny, l’ancien Premier ministre ?
Proche, forcément ! En tant que président des jeunes, je me suis fait fort de ne jamais être l'instrument d’un aîné contre un autre aîné. Donc je suis ouvert, je suis proche de tout le monde. 
Vous vous voyez plus comme un futur candidat ou comme un futur faiseur de roi ?
Je pense que le prochain congrès du PDCI-RDA sera le rendez-vous des jeunes. Ça veut dire, ou bien les jeunes prennent le pouvoir, ou bien alors ils font un roi ! Parce que presque tous les secrétaires généraux, du moins la moitié des secrétaires généraux, ont mon âge ! Donc, il y a un besoin de rajeunissement du PDCI-RDA. 
Depuis au moins un an le torchon brûle entre le président du PDCI et son secrétaire général. Est-ce qu’on n’est pas un peu injuste avec le docteur Djédjé Mady en ce moment dans votre parti ?
Le secrétaire général du PDCI-RDA est jusqu’à présent le président du directoire RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, ndlr]. Il a participé à tous les combats dans un environnement que Bédié a qualifié lui-même d’ingrat. Car n’oubliez pas que Djédjé Mady est d’origine Bété. En Côte d’Ivoire ce n’est pas rien face à Laurent Gbagbo. Deux ans après, je constate comme tout le monde qu’il est simple député à l’Assemblée nationale. 
Vous vous étonnez qu’on ne lui ait pas confié un ministère voire la primature ?
Pas forcément la primature, mais je pense que pour ce qu’il est et pour ce qu’il fait au sein du PDCI-RDA, il méritait mieux que la situation actuelle. 
Donc il est, à votre avis, traité de façon un peu injuste ?
C’est tout comme. 
Et s’il est candidat à la présidence en octobre prochain, vous le soutiendrez ?
Encore faut-il qu’il soit candidat ! 
Alors la grande question c’est de savoir s’il y aura un candidat PDCI face au candidat Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015. Vous dites oui, mais d’autres disent : « Attention ! Il y a une alliance PDCI-RDA, c’est le RHDP. Il ne faut pas la casser ».
En quoi la candidature du PDCI-RDA casserait-elle l’alliance ? L’alliance stipule clairement qu’au premier tour, chaque parti membre de l’alliance présente son candidat. C’est seulement au deuxième tour que les trois autres soutiennent celui qui est le mieux placé. Pourquoi ce qui a été possible en 2010 ne peut pas l’être en 2015 ? Bédié lui-même dit que le PDCI doit vivre ! Qu’il ne mourra pas ! Eh bien, la meilleure façon pour un parti politique d’assurer sa survie, c’est de participer à une élection présidentielle. Et je pense que c’est la meilleure de toutes les batailles en politique. Et c’est pourquoi, de mon point de vue, il n’y a même pas à hésiter. Si le PDCI ne prend pas des candidats, alors il est parti pour mourir ! 
Est-ce qu’il y a un tentation hégémonique chez vos partenaires du RDR ?
Je refuse de croire en cela.
 
Mais vous vous interrogez ?
J’observe et je constate. Mais je pense que chaque membre de l’alliance doit pouvoir respecter l’autonomie de son voisin.
 
Sur cette question, candidature ou pas, le président du PDCI hésite. « Je ne dis pas qu’il n’y aura pas de candidat », affirme Henri Konan Bédié. Est-ce que cela vous rassure ?
Ça m’inquiète que le président d’un parti politique comme le PDCI-RDA en Côte d’Ivoire hésite à dire que son parti doit avoir un candidat. Ça ne fait qu’amplifier le doute qui nous traverse. Eh bien moi, je dis que ça ne fait l’ombre d’aucun doute. Le PDCI-RDA aura son candidat en 2015 ! 
Pensez-vous qu’Alassane Ouattara ait pu demander personnellement à Henri Konan Bédié de ne pas présenter de candidat PDCI ?
Je refuse de croire en cela. 
Il y a quelques mois, Henri Konan Bédié était plutôt hostile à une candidature PDCI. Aujourd’hui, il s’en remet au choix du congrès en octobre prochain. Est-ce qu’il n’évolue pas dans le bon sens à vos yeux ?
Ça veut dire que personne n’est au-dessus du parti. Et je peux vous dire que la conscience du PDCI-RDA milite en faveur de ce que nous ayons un candidat en 2015. Et personne ne peut se mettre en travers. 
Dans sa dernière interview Henri Konan Bédié refuse de vous citer nommément et dit que vos propos sont excessifs. Est-ce la rupture entre vous ?
Bédié demeure mon père ! Je l’ai librement choisi comme tel. Seulement, je demande à mon père d’accepter de voir ses enfants grandir ! 
Pensez-vous comme certains que le RDR [Rassemblement des républicains] au pouvoir privilégie une ethnie par rapport aux autres à la tête de l’administration et des sociétés d’Etat ?
J’entends comme tout le monde, ces angoisses autour de la question en Côte d’Ivoire.
Le Premier ministre est PDCI, plusieurs ministres du gouvernement le sont aussi. Est-ce que ça ne rééquilibre pas les choses ?
Eh bien en théorie oui. En pratique, il faut voir.
Plusieurs dizaines de personnalités du camp Laurent Gbagbo sont inculpées. Aucune dans le camp Alassane Ouattara. Est-ce que ça vous pose un problème ou pas ?
Moi, je m’en tiens aux déclarations du président de la République Alassane Ouattara, quand il disait que la justice sera équitable et que dans tous les camps, tous ceux qui ont été coupables de quelque chose seront poursuivis. Donc, je pense que la justice devrait être équitable, parce que les Ivoiriens ont besoin de savoir la vérité.
Il n’y a pas de justice des vainqueurs ?
Si pour l’instant on ne note pas d’arrestation dans notre camp, ça peut laisser entrevoir une justice de vainqueur, mais c’est un processus. Attendons de voir les choses.
 

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 Source : Par RFI 20 juin 2013

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