Kouadio Konan Bertin, dit KKB, est
député et président des jeunes du Parti démocratique de Côte d'Ivoire.
RFI : Que pensez-vous des déclarations d'Henri Konan
Bédié ?
KKB en 2010 (photo afp/Sia Kambou) |
Kouadio Konan Bertin :
Marcoussis ne fait pas partie des organes du PDCI-RDA [Parti démocratique de
Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain, ndlr]. Monsieur Bédié est
connu en Côte d’Ivoire comme un homme de parole. Lui-même, en succédant à
Houphouët [Félix Houphouët-Boigny, ndlr], a été président de la République de
Côte d’Ivoire, en application de l’article 1 de la Constitution ivoirienne. Et
les dispositions sont claires, qui disent que pour être président du parti il
faut avoir un âge compris entre 40 et 75 ans.
Donc il doit partir ?
Eh bien ce n’est pas moi qui demande qu’il parte !
Et quelle est la personnalité la mieux placée pour lui
succéder ?
Ce sera un congrès ouvert et c’est le congrès, lui,
qui décidera de qui sera le président du PDCI-RDA, bien sûr par la voie
démocratique.
Est-ce que vous serez candidat ?
Pour le moment je ne l’ai pas encore envisagé.
Est-ce que vous songez à soutenir un autre candidat ?
Tout dépendra de la situation sur le terrain.
Est-ce que vous ne vous sentez pas proche de Charles
Konan Banny, l’ancien Premier ministre ?
Proche, forcément ! En tant que président des jeunes,
je me suis fait fort de ne jamais être l'instrument d’un aîné contre un autre
aîné. Donc je suis ouvert, je suis proche de tout le monde.
Vous vous voyez plus comme un futur candidat ou comme
un futur faiseur de roi ?
Je pense que le prochain congrès du PDCI-RDA sera le
rendez-vous des jeunes. Ça veut dire, ou bien les jeunes prennent le pouvoir,
ou bien alors ils font un roi ! Parce que presque tous les secrétaires
généraux, du moins la moitié des secrétaires généraux, ont mon âge ! Donc, il y
a un besoin de rajeunissement du PDCI-RDA.
Depuis au moins un an le torchon brûle entre le
président du PDCI et son secrétaire général. Est-ce qu’on n’est pas un peu
injuste avec le docteur Djédjé Mady en ce moment dans votre parti ?
Le secrétaire général du PDCI-RDA est jusqu’à présent
le président du directoire RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la
démocratie et la paix, ndlr]. Il a participé à tous les combats dans un
environnement que Bédié a qualifié lui-même d’ingrat. Car n’oubliez pas que
Djédjé Mady est d’origine Bété. En Côte d’Ivoire ce n’est pas rien face à
Laurent Gbagbo. Deux ans après, je constate comme tout le monde qu’il est
simple député à l’Assemblée nationale.
Vous vous étonnez qu’on ne lui ait pas confié un
ministère voire la primature ?
Pas forcément la primature, mais je pense que pour ce
qu’il est et pour ce qu’il fait au sein du PDCI-RDA, il méritait mieux que la
situation actuelle.
Donc il est, à votre avis, traité de façon un peu
injuste ?
C’est tout comme.
Et s’il est candidat à la présidence en octobre
prochain, vous le soutiendrez ?
Encore faut-il qu’il soit candidat !
Alors la grande question c’est de savoir s’il y aura
un candidat PDCI face au candidat Alassane Ouattara à la présidentielle de
2015. Vous dites oui, mais d’autres disent : « Attention ! Il y a une alliance
PDCI-RDA, c’est le RHDP. Il ne faut pas la casser ».
En quoi la candidature du PDCI-RDA casserait-elle
l’alliance ? L’alliance stipule clairement qu’au premier tour, chaque parti
membre de l’alliance présente son candidat. C’est seulement au deuxième tour
que les trois autres soutiennent celui qui est le mieux placé. Pourquoi ce qui
a été possible en 2010 ne peut pas l’être en 2015 ? Bédié lui-même dit que le PDCI doit vivre ! Qu’il ne
mourra pas ! Eh bien, la meilleure façon pour un parti politique d’assurer sa
survie, c’est de participer à une élection présidentielle. Et je pense que
c’est la meilleure de toutes les batailles en politique. Et c’est pourquoi, de
mon point de vue, il n’y a même pas à hésiter. Si le PDCI ne prend pas des
candidats, alors il est parti pour mourir !
Est-ce qu’il y a un tentation hégémonique chez vos
partenaires du RDR ?
Je refuse de croire en cela.
Mais vous vous interrogez ?
J’observe et je constate. Mais je pense que chaque
membre de l’alliance doit pouvoir respecter l’autonomie de son voisin.
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Sur cette question, candidature ou pas, le président
du PDCI hésite. « Je ne dis pas qu’il n’y aura pas de candidat »,
affirme Henri Konan Bédié. Est-ce que cela vous rassure ?
Ça m’inquiète que le président d’un parti politique
comme le PDCI-RDA en Côte d’Ivoire hésite à dire que son parti doit avoir un
candidat. Ça ne fait qu’amplifier le doute qui nous traverse. Eh bien moi, je
dis que ça ne fait l’ombre d’aucun doute. Le PDCI-RDA aura son candidat en 2015
!
Pensez-vous qu’Alassane Ouattara ait pu demander
personnellement à Henri Konan Bédié de ne pas présenter de candidat PDCI ?
Je refuse de croire en cela.
Il y a quelques mois, Henri Konan Bédié était plutôt
hostile à une candidature PDCI. Aujourd’hui, il s’en remet au choix du congrès
en octobre prochain. Est-ce qu’il n’évolue pas dans le bon sens à vos yeux ?
Ça veut dire que personne n’est au-dessus du parti. Et
je peux vous dire que la conscience du PDCI-RDA milite en faveur de ce que nous
ayons un candidat en 2015. Et personne ne peut se mettre en travers.
Dans sa dernière interview Henri Konan Bédié refuse de
vous citer nommément et dit que vos propos sont excessifs. Est-ce la rupture
entre vous ?
Bédié demeure mon père ! Je l’ai librement choisi
comme tel. Seulement, je demande à mon père d’accepter de voir ses enfants
grandir !
Pensez-vous comme certains que le RDR [Rassemblement
des républicains] au pouvoir privilégie une ethnie par rapport aux autres à la
tête de l’administration et des sociétés d’Etat ?
J’entends comme tout le monde, ces angoisses autour de
la question en Côte d’Ivoire.
Le Premier ministre est PDCI, plusieurs ministres du
gouvernement le sont aussi. Est-ce que ça ne rééquilibre pas les choses ?
Eh bien en théorie oui. En pratique, il faut voir.
Plusieurs dizaines de personnalités du camp Laurent
Gbagbo sont inculpées. Aucune dans le camp Alassane Ouattara. Est-ce que ça
vous pose un problème ou pas ?
Moi, je m’en tiens aux déclarations du président de la
République Alassane Ouattara, quand il disait que la justice sera équitable et
que dans tous les camps, tous ceux qui ont été coupables de quelque chose
seront poursuivis. Donc, je pense que la justice devrait être équitable, parce
que les Ivoiriens ont besoin de savoir la vérité.
Il n’y a pas de justice des vainqueurs ?
Si pour l’instant on ne note pas d’arrestation dans
notre camp, ça peut laisser entrevoir une justice de vainqueur, mais c’est un
processus. Attendons de voir les choses.
en maraude
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nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
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aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
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ivoirienne ».
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