Une libre opinion d’Ahoua
Don Mello
«La France et la Côte d’Ivoire ont signé
le 26 janvier 2012 à Paris un traité instituant un partenariat de défense.
Cette signature fait partie de la mise à jour de nos relations avec les huit
États avec lesquels nous sommes liés par des accords de défense signés
pour la
plupart au lendemain de leur indépendance. La révision des accords de défense
entre dans le cadre de la rénovation plus générale de la relation entre la
France et l’Afrique dont elle constitue un des éléments. » (Exposé des motifs
du projet de loi autorisant la ratification du traité instituant un partenariat
de défense entre la République française et la République de Côte d’Ivoire)
Ahoua Don Mello, ancien ministre |
Pour endormir
la vigilance des lecteurs du traité, l’exposé des motifs se dépêche d’insister
:
« Le présent traité ne prévoit pas de clause
d’assistance en cas d’exercice de la légitime défense par le principe d’un
concours à la République de Côte d’Ivoire en cas d’agression extérieure et
encore moins de crise interne, mais de simples échanges de vues sur les menaces
et les moyens d’y faire face ».
« C’est la fin
de la Françafrique ! », s’exclameront ceux qui attendaient cela depuis
longtemps. Malheureusement le plaisir sera de courte durée lorsqu’à la fin de
la lecture du traité, ils se rendront compte que la fin de la Françafrique
annonce l’aube de la France sans l’Afrique. C’est-à-dire une occupation de
l’Afrique par la France sans, évidemment, l’avis de l’Afrique, comme cela s’est
produit en Côte d’Ivoire lors de la crise post-électorale.
En effet, le
traité nous informe que le 43e BIMA (Bataillon d’Infanterie de Marine) est
dissout mais les forces interarmées restent pour l’«
Organisation, équipement et entraînement des forces, le cas échéant par un
soutien logistique et des exercices conjoints » (Article 4, alinéa
b).
En
mathématiques, cela s’appelle “une définition en extension” de l’assistanat
technique dont on nous a annoncé la fin dans l’exposé des motifs. C’est
exactement ce qui s’est passé, après l’échec de la tentative de prise de la RTI
(RadioTélévision Ivoirienne) par les rebelles et l’essoufflement des commandos
invisibles à Abobo, Alassane Dramane Ouattara prend directement la tête de la
rébellion, créant les FRCI, le 17 Mars 2011 par une « ordonnance ». L’armée
française avec l’appui de l’ONU organise alors les rebelles, les équipe et fait
des exercices conjoints avec les rebelles à l’Ouest dont le fameux Amandé Ouédraogo
dit Amandé Ouérémi et avec ceux de l’hôtel du Golf Hôtel d’Abidjan qui y
étaient retranchés après avoir été héliportés par les bons soins de l’ONUCI.
Evidemment
après avoir emprisonné ou contraint les Saint-Cyriens ivoiriens à l’exil, il
faudra certainement encore 50 ans pour que sortent des Saint-Cyriens des rangs
des chasseurs traditionnels recrutés par la Françafrique pour leurs sales
besognes en Côte d’Ivoire. Ainsi l’accord de défense a encore longue vie devant
lui ! Car pour arriver à ce nouvel accord, la France a tout d’abord détruit nos
aéronefs et autres matériels de guerre de marque russe, sous le prétexte
fallacieux qui consisterait à soutenir la thèse qui incrimine le président Gbagbo
pour avoir donné l’ordre de bombarder le camp militaire français de Bouaké. Ce
serait le moment de remettre ces preuves à Bensouda qui est prête à prendre
n’importe quoi mêmes les photos du Kenya pour incriminer Laurent Gbagbo. Au
lieu de cela la même France protège ses preuves en béton avec “le Secret
Défense” malgré l’insistance de l’avocat des familles des victimes de ce
bombardement.
Par la suite, les
forces françaises onusiennes et les rebelles ont décimé notre armée de métier
et désarmé le reste de la troupe.
Avec la
Françafrique rien n’est laissé au hasard et il est bien évident que les
matériels sur lesquels seront entraînés nos tristement célèbres analphabètes ne
seront ni de marque américaine, ni chinoise, ni russe, ni même anglaise ! Nous
aurons droit à une commande groupée : des armes françaises, une formation
française et un service après-vente bien français pour le bonheur des marchands
d’armes français !
Plus loin nous
lisons dans le traité :
« Les autorités de l’État d’origine exercent
une compétence exclusive en matière de discipline sur leurs forces et les
membres du personnel » (Article 11 du traité).
En effet, après
un entraînement intense des Ouédraogo Amandé à l’Ouest et des rebelles de
l’hôtel du Golf du 17 au 28 mars 2011, l’ordre a été donné aux forces
françaises par l’Elysée d’attaquer les différents fronts de l’Ouest, du Centre,
et de l’Est de la Côte d’Ivoire pour briser le dispositif des forces armées
nationales qui contenaient les rebelles dans la partie nord de la Côte d’Ivoire,
et permettre l’avancée des rebelles dans la zone gouvernementale en violation
du cessez-le-feu institué par l’ONU depuis 2003 et qui a justifié la présence
de l’ONUCI pour assurer sa protection.
En application
du cessez-le-feu, les forces armées nationales décident de ne pas répliquer et
de se replier sur Abidjan. Dans la journée du 28 mars 2011, Les Amandé Ouédraogo
Rémi surarmés et entraînés par la France et l’ONU, exterminent, à l’Ouest, près
de 1000 civils Wè supposés soutenir le président Gbagbo.
Malgré ces multiples appuis, les rebelles échouent à Abidjan face à nos militaires qui ont démontré qu’ils n’ont pas besoin d’un accord de coopération pour appliquer le droit encore moins pour assumer leur mission de défense des institutions de la République.
Face à cette audace, une réunion est tenue le 2 avril
2011 à l’Élysée à 10h précises, la décision est prise d’évacuer les
ressortissants européens au 43e BIMA et de préparer le bombardement des forces
armées nationales qui assumaient avec détermination et sans assistance
technique leurs missions.Malgré ces multiples appuis, les rebelles échouent à Abidjan face à nos militaires qui ont démontré qu’ils n’ont pas besoin d’un accord de coopération pour appliquer le droit encore moins pour assumer leur mission de défense des institutions de la République.
« La Partie ivoirienne autorise l’entrée du matériel et des
approvisionnements nécessaires aux activités et au fonctionnement courant des
forces françaises stationnées. » (Article 3, alinéa 1 de l’annexe)
Dans la nuit du 2 au 3 avril 2011, dix-sept cargos de
l’armée française débarquent un régiment de la Légion étrangère qui prend
possession de l’aéroport d’Abidjan privatisé depuis 1997 au profit d’une
société française dans un pays indépendant.
« Les membres du personnel de l’État d’origine peuvent revêtir l’uniforme
et les insignes militaires de leur force conformément à la réglementation en
vigueur dans leur armée, sauf lorsqu’ils participent pour une durée de plus de
six mois aux activités de formation mentionnées à l’article 4.1.d. Dans ce cas,
ils revêtent l’uniforme et les insignes militaires de l’État d’accueil, et se
conforment aux règlements et directives en vigueur dans les forces de celui-ci.
» (Article 8 du traité)
Devant le piétinement des rebelles qui ne parlent pas
le français mais qui ont été instruit en français, les combattants de la Légion
étrangère, forces spéciales françaises, ont décidé de tout faire eux-mêmes en
portant les habits des rebelles et en faisant la guerre à leur place. Les
Autorités françaises et l’ONU, les deux donneurs d’ordre, ont ignoré
délibérément l’Union Africaine qui avait décidé d’envoyer un négociateur pour
trouver une issue pacifique à la crise.
« Les forces françaises stationnées ont la faculté de circuler, par voie
terrestre, maritime ou aérienne, sur le territoire de la République de Côte
d’Ivoire. » (Article 4, alinéa 1 de l’annexe)
Ainsi, à partir du 4 avril 2011, la France remplace
les rebelles par ses mercenaires de la Légion étrangère qui occupent, terre,
lagune, mer et ciel en détruisant par bombardement tous les symboles de l’État
: La Présidence où était regroupés les jeunes patriotes, les camps militaires
où vivaient des familles, la télévision ivoirienne où travaillaient
journalistes et techniciens, les cités universitaires où habitaient les
étudiants, etc.
« Chaque Partie renonce à tout recours qu’elle pourrait avoir contre
l’autre Partie, les forces, ou un membre du personnel de cette Partie pour les
dommages causés à ses biens ou à son personnel, y compris ceux ayant entraîné
la mort, en raison d’actes ou de négligences dans l’exercice des fonctions
officielles qui découlent du présent Traité » (Article 16 du traité).
Exit le génocide Wè et le massacre des jeunes
patriotes regroupés à la résidence du chef de l’Etat. Évidemment tous ces
massacres et destructions resteront impunis par Bensouda et sa « justice ». Sa
fameuse « enquête complémentaire » s’arrêtera là, sans autre forme de procès au
nom :
«Des liens d’amitié anciens et profonds unissant la République française et
la République de Côte d’Ivoire » (Préambule du traité)
C’est donc un traité qui met bas les masques de la
Françafrique pour une occupation systématique du pays par la France qui servira
de « bras avancé » de l’impérialisme sur le théâtre Africain à partir d’Abidjan
au mépris des armées africaines qu’elle remplacera partout par des analphabètes
pour justifier la nécessité d’une formation de 50 ans :
« Par le présent Traité, et dans le respect de leurs engagements
internationaux, les Parties s’engagent dans un partenariat de défense afin de
concourir à une paix et une sécurité durables sur leur territoire ainsi que
dans leur environnement régional respectif. » (Article 2 du traité)
« Le matériel et les approvisionnements nécessaires aux activités et au fonctionnement courant des forces françaises stationnées qui entrent sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire, transitent par ce territoire ou en sortent sont exemptés de tous documents douaniers ainsi que de toute inspection » (Article 3 alinéa 2)
« Le matériel et les approvisionnements nécessaires aux activités et au fonctionnement courant des forces françaises stationnées qui entrent sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire, transitent par ce territoire ou en sortent sont exemptés de tous documents douaniers ainsi que de toute inspection » (Article 3 alinéa 2)
C’est effectivement Abidjan qui a servi de point de
transit pour aller installer d’autres analphabètes dans le Nord Mali qui auront
aussi besoin de 50 ans de formation pour en sortir des « Saint-Cyriens ».
En cette période où les députés français sont
sensibles en ce qui concerne les dépenses publiques, une étude d’impact a été
faites pour arracher leur vote en démontrant que tout ceci ne coûtera pas un
sous à l’État français. Nous vous proposerons, très prochainement notre étude
d’impact sur l’économie
ivoirienne.
En France, les députés ont voté cet accord. Ouattara,
sentant lui-même la pilule amère pour le peuple de Côte d’Ivoire, et pour mieux
cacher sa forfaiture, a obtenu de l’Assemblée « nationale » l’autorisation de
légiférer par ordonnance.
Ainsi s’accomplit la prophétie de François Hollande
annonçant la fin de l’ancienne Françafrique en prenant la précaution de ne pas
dévoiler le visage hideux de la nouvelle Françafrique.L’armée ivoirienne a démontré qu’elle n’a pas besoin de formation « spéciale » pour assumer ses responsabilités et le régime de GBAGBO en pleine crise de 2002 à 2011 avec un pays coupé en deux, a montré clairement que l’Afrique n’a pas besoin d’aide « spéciale » de l’Occident mais qu’elle a plutôt besoin d’entraide entre Africains et d’ouverture sur le reste du monde pour assumer ses responsabilités face aux défis du développement. Ces leçons-là, la Françafrique refuse d’en tirer les conséquences et court ainsi inéluctablement à sa propre perte car : « L’Africain fera l’Afrique, elle trouvera en son sein des hommes et des femmes, aptes à libérer leur vertu de héros collectifs pour redresser le destin tordu de la mère Afrique et recoudre son beau pagne déchiré » (de Joseph KI-ZERBO dans Histoire Générale de l’Afrique).
Dr Ahoua DON MELLO
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
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