mercredi 12 juin 2013

Le bêtisier ultralibéral

Aujourd’hui, la parole à Mamadou Koulibaly…

« L’éthique, la morale et le droit font parfois bon ménage quand il faut que la justice soit juste. En revanche, je pense que ceux qui m’ont accusé ces derniers jours d’avoir enfoncé Gbagbo par mes propos dans la presse camerounaise vont se convaincre désormais que soit je l’ai sauvé d’un procès, soit ma voix n’a pas du tout été entendue. Mais en toute logique, ils ne peuvent plus dire que j’ai agi contre lui. Je pense sincèrement que depuis son arrestation en avril 2011, mes différentes déclarations demandant plus de justice à son égard sont en train de payer. Ceux qui m’ont condamné sans savoir comment fonctionne le droit international et la cour pénale internationale devraient maintenant me présenter des excuses.
Ceux qui n’ont jamais compris ce que c’est qu’une lutte méthodique doivent se poser bien des questions. Il ne sert à rien de hurler « libérez Gbagbo », il faut simplement demander justice. J’espère qu’ils ont reçu une belle leçon de procédure et de méthode de lutte. La voix de LIDER vient de sauver Laurent Gbagbo d’un procès inique Cpi. »
 
Source : CONNECTIONIVOIRIENNE.NET 5 JUIN 2013 

b 

Mamadou Koulibaly,
ou le cheval de Troie de l’ultralibéralisme…


M. Koulibaly assistant en grande tenue à l'investiture de Ouattara, à côté de G. Soro

Tel le chat à ce qu’on dit, d’où qu’il chute, ce type-là s’arrangera toujours pour retomber sur ses pieds… C’est le secret de sa réussite paradoxale. Néanmoins, il tombe de plus en plus souvent et toujours plus bas, comme le montre cette déclaration surréaliste boursoufflée de vanité… Mamadou Koulibaly serait-il le Trochu de notre histoire nationale ? « Trochu, rappelez-vous, participe passé du verbe trop choir » ! (V. Hugo)
De lui, on ne peut même pas dire que c’est un aveugle au pays des borgnes. Non ! S’agissant de son prétendu savoir, c’est tout juste Diafoirus doublé de Trissotin ; et quant au culot, quant à la truculence, il en aurait remontré à la fameuse « madame Sans-Gêne » elle-même !
Mais, pour n’être qu’un aimable bouffon qui a réussi, notamment grâce aux complaisances dont il a pu bénéficier parmi nous, Mamadou Koulibaly n’en est pas moins toxique, bien au contraire ! Encore que ce n’est sans doute pas tant lui-même qui est le plus à craindre, mais ceux qui se servent de lui comme d’un instrument à semer la confusion, et à l’entretenir, dans l’esprit des Ivoiriens déjà tout obnubilés par une situation politique qui s’apparente à ce que les marins appellent le pot-au-noir.
Mamadou Koulibaly n’est rien en lui-même ; il n’est que ce que les autres croient qu’il est. Encore aura-t-il fallu certaines circonstances propices pour qu’il pût leur en donner l’illusion. C’est ainsi que, dans les années 1990, porté par l’enthousiasme d’une jeunesse révoltée qu’il avait su séduire par son bagout passe-partout, et, surtout, aidé par la confusion des genres qui a toujours régné dans le Front populaire ivoirien (FPI), aussi bien que par l’inconséquence de la plupart des dirigeants de ce parti, cet ultralibéral mimétique a pu se hisser jusqu’à sa plus haute sphère ; puis, après l’élection de Laurent Gbagbo à la présidence de la République, jusqu’au sommet de l’Etat même… Imaginez que, entre le 22 octobre 2000 et le 20 septembre 2002, par exemple, pour une raison quelconque, le président Gbagbo se soit trouvé absolument empêché de remplir sa fonction, Mamadou Koulibaly se serait retrouvé ipso facto président de la République de Côte d’Ivoire à sa place ! Maintenant, allez sur www.audace-afrique.net/ jeter un coup d’œil sur le trombinoscope de l’équipe dirigeante de l’organisme répondant au nom bizarroïde d’« Audace Institut Afrique » (AIA), dont Mamadou Koulibaly serait le fondateur, et qu’il préside, un think tank soi-disant indépendant et à but non lucratif dont la vision (?) serait « la liberté remède contre la pauvreté ». Hormis Mamadou Koulibaly lui-même et une dame portant le même patronyme que lui (Saran Kebet-Koulibaly !), tous les autres membres de l’équipe d’AIA sont des …Caucasiens hexagonaux de l’espèce « Plus ultalibéral que moi, tu meurs ! ». Et pendant que vous y serez, profitez-en pour regarder et écouter la vidéo de présentation de cet organisme par son président… Attention !, c’est un rien fastidieux, mais ça en vaut la peine car l’imposteur s’y révèle dans toute sa falsitude. Après plus de vingt minutes d’écoute attentive de ce baratin décousu et répétitif, vous ne saurez toujours pas ce que Mamadou Koulibaly avait à dire de si important pour justifier cette prise de parole devant tant d’« éminents chercheurs », mais vous aurez fait le tour du personnage. Je vous assure que ça vaut le détour…
Il y avait là, entre autres croisés de l’ultralibéralisme pur et dur, Gérard Bramoullé et Pierre Garello, fils de Jacques Garello, le père spirituel – ou le Pygmalion – de Mamadou Koulibaly, celui qui le fit « docteur en science économique » et qui préfaça son maître livre, « le Libéralisme Nouveau départ Pour l’Afrique Noire », bref l’homme peut-être sans lequel ce brasseur de vents, ce moulin à paroles creuses, ce perroquet de Gobineau, de Lévy-Bruhl et des afropessimistes réunis, n’aurait jamais existé. Vous ne verrez pas leurs tronches – à part celle de la fameuse Gisèle Dutheuil, « membre fondateur et directrice d’Audace Institut Afrique », où se lit comme un désarroi peut-être provoqué par le vide abyssal du discours de son compère –, mais vous entendrez distinctement leur nom. Il est clair que ces types ne sont pas là seulement comme de simples auditeurs ; que ce sont eux les vrais maîtres d’œuvre de cette entreprise, mais qu’ils préfèrent rester dans l’ombre. Mamadou Koulibaly est leur masque. Mamadou Koulibaly, ou le cheval de Troie de l’ultralibéralisme à l’assaut de la Côte d’Ivoire… Tel ces germes qui, sans être eux-mêmes pathogènes pour l’organisme, l’affaiblissent et l’expose néanmoins à toutes sortes de maladies parce qu’ils mobilisent inutilement les ressources immunitaires dont il aurait besoin pour s’en protéger. Et c’est bien le rôle et la fonction qui lui sont assignés. Dans un premier temps, il s’en est acquitté à merveille. C’était d’ailleurs chose facile tant que c’étaient d’autres qui le portaient ! Dans le parti attrape-tout, peu regardant et triomphaliste qu’était le FPI, le « brillant économiste » à la parole mielleuse et à la plume prolixe en mettait plein la vue non seulement à une jeunesse inculte et sans expérience, mais même à un Harris Mémel Fotê ou trop confiant dans l’humanité en général – ou trop occupé de lui-même peut-être – pour pressentir la potentielle nocivité de celui qu’un jour de l’an 2000, sous nos yeux ébahis, il conduisit par la main pratiquement jusqu’au siège du président de l’Assemblée nationale.
Les difficultés vinrent quand, après le 11 avril 2011, il a bien fallu que Mamadou Koulibaly vole de ses propres ailes. Devenu par défaut président du FPI, il ne tarda pas à démontrer sa nullité. Même pas assez malin pour comprendre que pour réussir ce que ses employeurs attendaient de lui, il valait mieux temporiser que brusquer les choses. Or, sans attendre, il prétendit tout changer de fond en comble : le nom du parti, son orientation, son organisation… Bref il voulait tout de go en faire sa chose ou, plutôt, la chose de ses maîtres en ultralibéralisme. Mais, grâce à Dieu, on l’avait vu venir… En passe d’être dévoilé, il ravala précipitamment son projet de détournement du FPI. Mais il ne renonça pas pour autant à jouer les diversionnistes. Et ce fut, toute honte bue, la création de « Lider », acronyme de « Liberté et Démocratie pour la République »… Faut le faire ! De toute évidence, c’est de l’acronyme que dérive l’appellation du parti, et non l’inverse. Tout le personnage de Mamadou Koulibaly est dans ce renversement. Comme il est aussi dans ce qui nous fut présenté comme le manifeste de son parti, alors qu’il ne s’agissait que d’un simple « copier-coller » de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis de l’Amérique du Nord ! Pour Mamadou Koulibaly, faire de la politique, c’est seulement jongler avec des mots… Et il veut encore que ces mots n’aient pas le moindre rapport avec la réalité tragique de notre patrie, ni avec les aspirations légitimes de notre peuple ! Vous en voyez une preuve dans son discours de présentation de l’AIA, que, pour votre édification, j’ai pris le temps et la peine de transcrire intégralement ci-dessous. 

« L’idée d’Audace Institut Afrique est venue du fait que très souvent en Afrique et plus souvent en Côte d’Ivoire, on se retrouve devant une sorte de fatalisme. Chaque fois qu’un problème se pose, on dit : « Bon, ça va aller ! Ça ira ! On n’a même plus la volonté du « V »… Ça va aller… ça a aller… L’Ivoirien important, formé, dynamique, qu’il soit paysan ou cadre, ingénieur ou ouvrier, tous veulent quelque chose, mais le résultat global, c’est que le continent reste dernier-dernier, individuellement comme collectivement. Et pendant ces trois jours, nous allons essayer avec vous de discuter d’idées neuves, d’idées novatrices, pour voir comment on peut faire le grand saut, arrêter de nous comporter comme ce prisonnier qui est dans une prison ; il se débat, il passe le mur, et puis il se met juste derrière la clôture parce que devant lui il y a une forêt vierge ou un grand désert. Ne sachant comment affronter le désert ou la forêt vierge, il retape à la porte e la prison et il dit au geôlier : « Je suis là. Tu vois, j’aurais pu partir, hein… Je voulais juste te montrer que je peux partir, mais tu as vu… Donc ça y est… ». Et puis le geôlier lui remet les fers aux pieds. Retour dans la prison, et la situation pourrit, pourrit.
L’exercice que nous faisons ou que nous allons faire avec cet institut, c’est son but, c’est progressivement d’amener des petits groupes de toutes les générations, de tous les niveaux à affronter le désert-là, à affronter cette forêt vierge. Une fois qu’on va sortir de la prison, faut même pas qu’on hésite, l’avenir est ouvert et on se jette, on race les sillons nous-mêmes, c’est pas déjà tracé par quelqu’un et puis on va passer là-dessus. C’est à nous de tracer ce sillon. D’où l’idée de créer cet institut qui est un « think tank » au sens anglo-saxon du terme. C’est plus habituel chez les Américains et les Britanniques. « Tank », c’est réservoir ; « think », c’est la pensée ; c’est un réservoir de pensées. Faire en sorte que ensemble nous produisions des idées ou que nous collections des idées déjà produites, qu’on les mette en valeur et qu’on leur donne un contenu pour sortir de la fiction. Si vous regardez partout en Afrique on utilise les mêmes mots que partout ailleurs dans le monde : liberté, droit, démocratie, concurrence, marché. Mais quand vous ouvrez, vous tirez sur la fermeture éclair du mot, en Amérique, vous trouvez un contenu. Et puis quand vous prenez la version africaine du même mot, vous ouvrez, y a rien là-dedans ou alors, c’est un contenu qui n’a rien à voir avec l’appellation contrôlée qu’il y a en général derrière ce mot. Ce que nous allons essayer de faire avec vous, et ce que l’institut tentera de faire, c’est pour chaque notion, chaque idée, chaque concept, lui donner le contenu standard qu’il y a partout ailleurs dans le monde pour que nous assumions nous aussi complètement notre rôle d’hommes, d’humains.
Voilà le premier, le but, ce qui a incité la création d’Audace Institut Afrique. L’année dernière nous avons eu une première séance… Les amis arrivent… C’est un exercice qu’on fait un peu partout. Pendant de longues années, on l’a fait pour l’Europe de l’Est, dans les pays qui étaient communistes avant… par petits groupes former les gens, les initier aux idées de liberté, d’économie de marché, de concurrence et de droit… – le Pr Pierre Garello, il faut trouver une place. Il reste plus que Pr Gérard Bramoullé. Bienvenue, Pierre – et partout ailleurs, progressivement, les populations s’habituent à ces concepts et puis à un moment donné les transformations se font, et c’est un défi que nous nous lançons pour que nous puissions en Afrique nous aussi en profiter… Afrique francophone. Dans les pays anglophones, il y a quelques éléments… Alors si vous suivez les « think tanks », c’est vraiment des laboratoires d’idée : des gens qui vont s’asseoir et puis qui ne font que produire des idées, développer des idées, voir comment les idées peuvent être utilisées, comment les idées s’agencent les unes aux autres pour conduire aux transformations les plus fondamentales. En Afrique on pense que les idées n’ont aucune valeur : « Ha lui-là c’est un idéaliste, hou là-là… » ; hou là, vous savez, c’est illusoire ! ».
Les peuples qui sont les plus en avance sont les peuples qui ont des idées. Si vous n’avez jamais conçu, si vous ne savez pas concevoir, si vous n’avez même pas idée de quelque chose, comment pouvez-vous… Si vous regardez nos voitures, on les achète, on met des écritures dessus : « Allah ka bon… » C’est ce que nous savons faire. Mais l’idée de la voiture, du moteur, de la dynamique, de l’énergie, ça fait encore société magique… Le « think tank » essaiera de nous aider à sortir de ce type de société magique. Avec bien sûr la production d’idées qui seraient mises à la disposition de tout le monde, des entreprises, des particuliers et bien entendu avec un choix a priori idéologique : c’est la promotion des libertés individuelles. Pourquoi les libertés individuelles ? Parce qu’il me semble que ce soient les libertés fondamentales. Si vous vivez dans une société et que vous en tant qu’individu, vous n’êtes rien, la société globalement ne sera rien du tout. Si vous vivez comme juste un troupeau avec le chef de troupeau qui délimite sa zone chez les animaux par l’urine ou bien par autre chose, et puis tous ceux qui sont dans cette zone-là sont sa chose, les économies ne bougeront pas du tout (…) responsable et que chacune des vies créées par la providence est une vie importante et que chacun a ce souffle de vie, chacun est propriétaire de sa vie et fait ce qu’il veut de cette vie, entre en relation avec les autres, en société avec les autres, et c’est dans cette interrelation que la société se crée. Si vous partez de ce raisonnement, vous comprendrez que vous ne pouvez pas commencer à construire une nation, à construire une société, à construire un pays, si vous niez à l’origine les droits et les libertés des individus. Ça c’est un des paris de Audace. Bien sûr je vous ai dit que nous allons produire et diffuser des idées, des idées surprenantes, vous verrez dans la semaine quand vous écouterez les intervenants, vous allez pour certains découvrir les mêmes idées que vous connaissiez avant, mais présentées autrement. Des idées qui vous faisaient peur seront positivées. Des idées auxquelles vous adhériez sans calcul vont être remises en cause… Ce qui importe, c’est d’abord vous-mêmes ; c’est pas quelqu’un d’autre ; c’est chacun de vous. Vous êtes important, vous êtes la ressource nécessaire. Et puis, si vous êtes convaincu de cela, que c’est vous qui êtes important et que l’autre aussi est convaincu, quand vous rencontrez, vous êtes plus aptes à créer une société. Mais si vous pensez que vous n’êtes rien, que tout vous tombe et que, bon ça va aller, chacun s’assoit, Dieu le pousse, Dieu est grand, je crains fort que nous ne soyons loin des résultats. C’est enfin d’éveiller les consciences. Personne ne doute que chacun d’entre nous ait une conscience. Mais l’exercice, c’est que nous puissions utiliser cette conscience-là à bon escient. Ne pas la laisser dormir, et en Afrique, malheureusement, cette conscience-là dort. Fatalement on se dit que ce n’est pas nous, c’est la tribu qui va décider, c’est le village qui décide – « Vous savez chez nous c’est comme ça » –, ou bien c’est l’Etat – « Bon, l’Etat va décider » – et parfois même on pense que l’Etat, c’est tout en même temps. C’est tout. Quand on dit l’Etat du bénin, on pense que c’est le peuple du Bénin, c’est la République du Bénin, c’est la population du Bénin, alors qu’en réalité ce n’est pas du tout le cas. L’Etat, c’est juste un organisme dans l’ensemble du pays ; c’est là où il y a le gouvernement, le parlement, la Justice. A côté de l’Etat, y a tout le reste du pays qui est beaucoup plus important que l’Etat. La famille, votre famille à la maison, c’est pas l’Etat. Les papa, maman, les enfants, c’est pas l’Etat. Quand vous décidez, c’est pas par vote ; y a le chef de famille… L’entreprise, c’est pas l’Etat ; quand vous créez votre PME, quand vous avez votre entreprise, ce n’est pas l’Etat. Votre église, ce n‘est pas l’Etat ; votre mosquée, ce n’est pas l’Etat ; votre association de quartier, l’association du village, ce n’est pas l’Etat. Et malheureusement en Afrique, quand on dit : « Ah ! oui, mais il faut que l’Etat décide, l’Etat est d’accord », chacun pense que l’Etat, c’est l’ensemble du pays. C’est juste un organisme. (…) Et des chercheurs, inviter des chercheurs, faire collaborer des chercheurs, ceux qui sont arrivés-là sont des chercheurs, moi-même, chercheur ; plusieurs d’entre vous… Et puis faire en sorte que les résultats de ces recherches soient mis à la disposition du grand public. En tout cas, pour ce qui concerne les idées les plus novatrices, que vous sachiez, que nous sachions comment le monde fonctionne et que nous sortions de la société magique.
Favoriser les échanges intellectuels, c’est rendre moins complexes, réduire le complexe des intellectuels. En Afrique, quand on dit de quelqu’un : « c’est un intellectuel », c’est péjoratif, ça veut dire que lui-là, bon, il ne sait travailler qu’avec sa tête. Par contre, nous on n’est pas des intellectuels, on est pragmatiques, nous on résout les problèmes qui se posent, nous… Et malheureusement, c’est à coups de pragmatismes que l’Afrique regorge de diamants, d’or, ce que l’année dernière, Pierre appelait la malédiction, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la malédiction du cacao, par ailleurs c’est la malédiction du diamant. Comme on n’a aucune idée de ce que c’est que le progrès, de ce que c’est que le diamant, de ce que c’est que l’argent, la monnaie, de ce que c’est que l’économie, pour nous, on a quelques tonnes de diamants, on est riche. Alors que la richesse, c’est pas le diamant, c’est l’esprit humain, et l’une des conférences portera là-dessus – il n’y a de richesse que d’hommes. Ce sont les hommes qui sont les premières richesses. Vous écouterez la dissertation là-dessus –. Et donc le produit intellectuel, les échanges intellectuels apportent ce qu’il y a de mieux dans les pays.
En économie, y a une théorie qui s’appelle la théorie de la croissance endogène, et les maîtres de cette théorie disent que lorsque deux ingénieurs se rencontrent quelque part à Chicago et prennent un café, les 25 minutes qu’ils passent ensemble à prendre le café apportent beaucoup plus à l’Amérique que plusieurs heures de travaux par ailleurs. Ils échangent, ils se parlent et puis les expériences sont partagées, le contact qu’il y a, le génie qui se passe entre eux-là, apporte beaucoup plus à un pays. Chez nous, dans les économies africaines, ça ne se fait presque pas – « Ha c’est les intellectuels, vous savez, eux, c’est les intellectuels, faut les laisser dans leur coin » –. Et puis eux aussi s’enferment dans leur coin, se font un complexe. AIA essaiera de décomplexer ces intellectuels. Et puis évidemment communiquer pour convaincre le grand public que l’avenir est ouvert et qu’on peut faire beaucoup, beaucoup de choses, qu’on n’est pas obligé de se morfondre dans notre coin et savoir que la vie continue, que la pauvreté n’est pas fatale, que en Asie des millions de gens sortent de la pauvreté chaque jour, au moment où en Afrique des millions de gens s’enfoncent dans la pauvreté chaque jour au vu aussi de tout le monde. On est sur la même planète, on ouvre la télé, on voit, on le sait, mais en même temps, fatalement, on ne sait rien. Il va falloir communiquer, parler aux gens, et c’est l’un des défis de Audace. AIA sera un acteur clé du débat public. Maîtriser la production des idées, avoir une bonne capacité de diffusion de ces idées, et puis bien sûr être très professionnel, ce n’est pas un parti politique, ce n’est pas un groupe politique, c’est un laboratoire d’idées, d’idées de liberté, d’idées libérales, d’idées pour faire la promotion de l’économie de marché, de l’entreprise privée, du secteur privé, des libertés et des droits des individus, des populations, de la propriété privée, parce que il faut savoir, les pays qui sont en avance sont les pays qui ont fait la promotion de ces valeurs-là, de ces grands principes. Ce sont pas les pays qui ont les plus grands hommes politiques, ce sont les pays qui ont les plus grandes libertés. Et AIA essayera de semer cette idée de liberté pour que en Afrique l’entreprise se sente libre, se sente respectée, et les entreprises créer des emplois et ce sont ces emplois qui permettront de sortir les jeunes de la désespérance, d’assurer la retraite des plus anciens et puis de faire en sorte que nous cessions de nous battre pour les mines de diamants, d’or, de pétrole, de cacao, de café, pour faire autre chose avec nos têtes. Sinon malgré tous les diamants du continent, si nous ne sommes pas forts dans la tête, nous resterons toujours pauvres. Le Gabon a beaucoup plus de forêts, beaucoup plus de ressources naturelles que la France, mais c’est la France qui contrôle le Gabon. Toute l’Afrique francophone est aussi riche en toutes sortes de ressources naturelles ; mais bon, il suffit d’un ministre du Quai d’Orsay ou de l’Elysée pour mettre tout le monde au pas. Simplement parce que nous n’avons même pas idée de ce que c’est que la liberté. On est convaincu que seuls les Etats peuvent nous aider et de grandes discussions entre les hommes de l’Etat, et puis les populations attendent au bord de routes à côté des eaux pourries avec les moustiques, avec les mouches, qu’à 45 ans nous mourions tous, l’espérance de vie à la naissance, là où ailleurs les gens ont 70 ans, 85 ans d’espérance de vie à la naissance. S’il est vrai que Dieu rappelle à lui les gens qu’il aime, on sera obligé de reconnaître qu’il aime beaucoup les Africains et qu’il nous rappelle très jeunes à lui, c’est un amour un peu bizarre pour le Seigneur. Pourquoi il n’aime pas les Occidentaux, pourtant il leur permet de vivre très longtemps, d’avoir des vies épanouies, riches, et puis nous, il nous aime, on est dans la misère, on meurt tôt, et puis peut-être que quelque part on n’a pas encore fait usage du libre arbitre dont il nous a dotés. Peut-être que maintenant il faut faire usage de ce libre arbitre, en insistant sur le mot « libre », et la liberté.
Une petite équipe est mise en place. Y en a… tous ceux que vous connaissez peut-être ou pas… Gisèle est là… Et puis ce sont pas des partis politiques qui financent Audace, ce sont des individus privés… Nous ne sommes à la solde d’aucun parti politique, d’aucun pays particulier. L’esprit libre, l’esprit indépendant, mais nous croyons en des choses, nous croyons à la liberté fermement, et nous sommes convaincus que on ne cherche pas la liberté simplement parce qu’on veut atteindre un objectif, on cherche la liberté parce que c’est cela notre objectif. On ne cherche pas la liberté pour devenir ministre ou député ou président, on cherche la liberté parce que c’est elle qui donne un sens complet à notre vie. D’où cette pensée de lord Acton : "La liberté n'est pas un moyen pour une fin politique plus haute. C’est la fin politique la plus haute. Une fois qu’on l’a, le reste est ouvert. Chaque fois qu’on se bat pour, on donne un sens à sa vie". »
 
« En Afrique, affirme tout de go Mamadou Koulibaly, on pense que les idées n’ont aucune valeur. (…). Les peuples qui sont les plus en avance sont les peuples qui ont des idées. Si vous n’avez jamais conçu, si vous ne savez pas concevoir, si vous n’avez même pas idée de quelque chose, comment pouvez-vous… » !
 
Aujourd’hui, aucun Blanc, si imbu soit-il de vanité raciale, n’oserait tenir un tel discours, et surtout pas devant un public composé majoritairement d’Africains et de Noirs. On n’a pas encore oublié le scandale soulevé par Nicolas Sarkozy pour avoir dit, à Dakar, que « l’homme africain n’était pas encore suffisamment entré dans l’histoire »… Mamadou Koulibaly dit ici exactement la même chose sous une forme à peine voilée ; mais lui le peut car venant d’un Africain et d’un Noir, ça ne risque pas d’être pris pour du racisme… C’est pour cela que ses « amis » d’Audace Institut Afrique lui ont délégué la tâche de recycler à l’usage de la jeunesse ivoirienne, et sous prétexte de lui inculquer l’amour de la liberté et du travail, les clichés gobiniens ou lévy-bruhliens dont eux-mêmes ne peuvent plus se targuer en public.  

Marcel Amondji

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