« L’éthique, la
morale et le droit font parfois bon ménage quand il
faut que la justice soit juste. En revanche, je pense que ceux qui m’ont accusé
ces derniers jours d’avoir enfoncé Gbagbo par mes propos dans la presse
camerounaise vont se convaincre désormais que soit je l’ai sauvé d’un procès,
soit ma voix n’a pas du tout été entendue. Mais en toute logique, ils ne peuvent
plus dire que j’ai agi contre lui. Je pense sincèrement que depuis son
arrestation en avril 2011, mes différentes déclarations demandant plus de
justice à son égard sont en train de payer. Ceux qui m’ont condamné sans savoir
comment fonctionne le droit international et la cour pénale internationale
devraient maintenant me présenter des excuses.
Ceux
qui n’ont jamais compris ce que c’est qu’une lutte méthodique doivent se poser
bien des questions. Il ne sert à rien de hurler « libérez Gbagbo », il faut
simplement demander justice. J’espère qu’ils ont reçu une belle leçon de
procédure et de méthode de lutte. La voix de LIDER vient de sauver Laurent
Gbagbo d’un procès inique Cpi. »
Source : CONNECTIONIVOIRIENNE.NET 5 JUIN 2013
b
Mamadou Koulibaly,
ou le cheval de Troie de l’ultralibéralisme…
M. Koulibaly assistant en grande tenue à l'investiture de Ouattara, à côté de G. Soro |
Tel le chat à ce qu’on dit, d’où
qu’il chute, ce type-là s’arrangera toujours pour retomber sur ses pieds… C’est
le secret de sa réussite paradoxale. Néanmoins, il tombe de plus en plus
souvent et toujours plus bas, comme le montre cette déclaration surréaliste
boursoufflée de vanité… Mamadou Koulibaly serait-il le Trochu de notre histoire
nationale ? « Trochu,
rappelez-vous, participe passé du verbe
trop choir » ! (V. Hugo)
De lui, on ne peut même pas dire que
c’est un aveugle au pays des borgnes. Non ! S’agissant de son prétendu savoir,
c’est tout juste Diafoirus doublé de Trissotin ; et quant au culot, quant à
la truculence, il en aurait remontré à la fameuse « madame Sans-Gêne »
elle-même !
Mais, pour n’être qu’un aimable
bouffon qui a réussi, notamment grâce aux complaisances dont il a pu bénéficier
parmi nous, Mamadou Koulibaly n’en est pas moins toxique, bien au
contraire ! Encore que ce n’est sans doute pas tant lui-même qui est le
plus à craindre, mais ceux qui se servent de lui comme d’un instrument à semer
la confusion, et à l’entretenir, dans l’esprit des Ivoiriens déjà tout obnubilés
par une situation politique qui s’apparente à ce que les marins appellent le
pot-au-noir.
Mamadou Koulibaly n’est rien en
lui-même ; il n’est que ce que les autres croient qu’il est. Encore aura-t-il
fallu certaines circonstances propices pour qu’il pût leur en donner
l’illusion. C’est ainsi que, dans les années 1990, porté par l’enthousiasme
d’une jeunesse révoltée qu’il avait su séduire par son bagout passe-partout, et,
surtout, aidé par la confusion des genres qui a toujours régné dans le Front
populaire ivoirien (FPI), aussi bien que par l’inconséquence de la plupart des dirigeants
de ce parti, cet ultralibéral mimétique a pu se hisser jusqu’à sa plus haute
sphère ; puis, après l’élection de Laurent Gbagbo à la présidence de la
République, jusqu’au sommet de l’Etat même… Imaginez que, entre le 22 octobre
2000 et le 20 septembre 2002, par exemple, pour une raison quelconque, le
président Gbagbo se soit trouvé absolument empêché de remplir sa fonction,
Mamadou Koulibaly se serait retrouvé ipso
facto président de la République de Côte d’Ivoire à sa place !
Maintenant, allez sur www.audace-afrique.net/ jeter un coup
d’œil sur le trombinoscope de l’équipe dirigeante de l’organisme répondant au
nom bizarroïde d’« Audace Institut Afrique »
(AIA), dont Mamadou Koulibaly serait le fondateur, et qu’il préside, un think
tank soi-disant indépendant et à but non lucratif dont la vision (?) serait
« la liberté remède contre la pauvreté ». Hormis Mamadou Koulibaly
lui-même et une dame portant le même patronyme que lui (Saran
Kebet-Koulibaly !), tous les autres membres de l’équipe d’AIA sont
des …Caucasiens hexagonaux de l’espèce « Plus ultalibéral que moi, tu
meurs ! ». Et pendant que vous y serez, profitez-en pour regarder et
écouter la vidéo de présentation de cet organisme par son président… Attention !,
c’est un rien fastidieux, mais ça en vaut la peine car l’imposteur s’y révèle
dans toute sa falsitude. Après plus de vingt minutes d’écoute attentive de ce
baratin décousu et répétitif, vous ne saurez toujours pas ce que Mamadou
Koulibaly avait à dire de si important pour justifier cette prise de parole devant
tant d’« éminents chercheurs », mais vous aurez fait le tour du
personnage. Je vous assure que ça vaut le détour…
Il y avait là, entre
autres croisés de l’ultralibéralisme pur et dur, Gérard Bramoullé et Pierre
Garello, fils de Jacques Garello, le père spirituel – ou le Pygmalion – de
Mamadou Koulibaly, celui qui le fit « docteur en science économique »
et qui préfaça son maître livre, « le
Libéralisme Nouveau départ Pour l’Afrique Noire », bref l’homme
peut-être sans lequel ce brasseur de vents, ce moulin à paroles creuses, ce
perroquet de Gobineau, de Lévy-Bruhl et des afropessimistes réunis, n’aurait
jamais existé. Vous ne verrez pas leurs tronches – à part celle de la fameuse Gisèle Dutheuil,
« membre fondateur et
directrice d’Audace Institut Afrique », où se lit comme un
désarroi peut-être provoqué par le vide abyssal du discours de son compère –,
mais vous entendrez distinctement leur nom. Il est clair que ces types ne sont
pas là seulement comme de simples auditeurs ; que ce sont eux les vrais
maîtres d’œuvre de cette entreprise, mais qu’ils préfèrent rester dans l’ombre.
Mamadou Koulibaly est leur masque. Mamadou Koulibaly, ou le cheval de Troie de
l’ultralibéralisme à l’assaut de la Côte d’Ivoire… Tel ces germes qui, sans
être eux-mêmes pathogènes pour l’organisme, l’affaiblissent et l’expose
néanmoins à toutes sortes de maladies parce qu’ils mobilisent inutilement les
ressources immunitaires dont il aurait besoin pour s’en protéger. Et c’est bien
le rôle et la fonction qui lui sont assignés. Dans un premier temps, il s’en
est acquitté à merveille. C’était d’ailleurs chose facile tant que c’étaient
d’autres qui le portaient ! Dans le parti attrape-tout, peu regardant et
triomphaliste qu’était le FPI, le « brillant économiste » à la parole
mielleuse et à la plume prolixe en mettait plein la vue non seulement à une
jeunesse inculte et sans expérience, mais même à un Harris Mémel Fotê ou trop
confiant dans l’humanité en général – ou trop occupé de lui-même peut-être – pour
pressentir la potentielle nocivité de celui qu’un jour de l’an 2000, sous nos
yeux ébahis, il conduisit par la main pratiquement jusqu’au siège du président
de l’Assemblée nationale.
Les difficultés vinrent
quand, après le 11 avril 2011, il a bien fallu que Mamadou Koulibaly vole de
ses propres ailes. Devenu par défaut président du FPI, il ne tarda pas à
démontrer sa nullité. Même pas assez malin pour comprendre que pour réussir ce
que ses employeurs attendaient de lui, il valait mieux temporiser que brusquer
les choses. Or, sans attendre, il prétendit tout changer de fond en comble :
le nom du parti, son orientation, son organisation… Bref il voulait tout de go en
faire sa chose ou, plutôt, la chose de ses maîtres en ultralibéralisme. Mais,
grâce à Dieu, on l’avait vu venir… En passe d’être dévoilé, il ravala précipitamment
son projet de détournement du FPI. Mais il ne renonça pas pour autant à jouer
les diversionnistes. Et ce fut, toute honte bue, la création de « Lider »,
acronyme de « Liberté et Démocratie pour la République »… Faut le faire ! De toute évidence, c’est de
l’acronyme que dérive l’appellation du parti, et non l’inverse. Tout le
personnage de Mamadou Koulibaly est dans ce renversement. Comme il est aussi dans
ce qui nous fut présenté comme le manifeste de son parti, alors qu’il ne s’agissait
que d’un simple « copier-coller » de la déclaration d’indépendance
des Etats-Unis de l’Amérique du Nord ! Pour Mamadou Koulibaly, faire de la
politique, c’est seulement jongler avec des mots… Et il veut encore que ces
mots n’aient pas le moindre rapport avec la réalité tragique de notre patrie,
ni avec les aspirations légitimes de notre peuple ! Vous en voyez une
preuve dans son discours de présentation de l’AIA, que, pour votre édification,
j’ai pris le temps et la peine de transcrire intégralement ci-dessous.
« L’idée
d’Audace Institut Afrique est venue du fait que très souvent en Afrique et plus
souvent en Côte d’Ivoire, on se retrouve devant une sorte de fatalisme. Chaque
fois qu’un problème se pose, on dit : « Bon, ça va aller ! Ça
ira ! On n’a même plus la volonté du « V »… Ça va aller… ça a
aller… L’Ivoirien important, formé, dynamique, qu’il soit paysan ou cadre,
ingénieur ou ouvrier, tous veulent quelque chose, mais le résultat global, c’est
que le continent reste dernier-dernier, individuellement comme collectivement.
Et pendant ces trois jours, nous allons essayer avec vous de discuter d’idées
neuves, d’idées novatrices, pour voir comment on peut faire le grand saut,
arrêter de nous comporter comme ce prisonnier qui est dans une prison ; il
se débat, il passe le mur, et puis il se met juste derrière la clôture parce
que devant lui il y a une forêt vierge ou un grand désert. Ne sachant comment
affronter le désert ou la forêt vierge, il retape à la porte e la prison et il
dit au geôlier : « Je suis là. Tu vois, j’aurais pu partir, hein… Je
voulais juste te montrer que je peux partir, mais tu as vu… Donc ça y
est… ». Et puis le geôlier lui remet les fers aux pieds. Retour dans la
prison, et la situation pourrit, pourrit.
L’exercice que nous
faisons ou que nous allons faire avec cet institut, c’est son but, c’est
progressivement d’amener des petits groupes de toutes les générations, de tous
les niveaux à affronter le désert-là, à affronter cette forêt vierge. Une fois
qu’on va sortir de la prison, faut même pas qu’on hésite, l’avenir est ouvert
et on se jette, on race les sillons nous-mêmes, c’est pas déjà tracé par
quelqu’un et puis on va passer là-dessus. C’est à nous de tracer ce sillon.
D’où l’idée de créer cet institut qui est un « think tank » au sens
anglo-saxon du terme. C’est plus habituel chez les Américains et les Britanniques.
« Tank », c’est réservoir ; « think », c’est la
pensée ; c’est un réservoir de pensées. Faire en sorte que ensemble nous
produisions des idées ou que nous collections des idées déjà produites, qu’on
les mette en valeur et qu’on leur donne un contenu pour sortir de la fiction.
Si vous regardez partout en Afrique on utilise les mêmes mots que partout
ailleurs dans le monde : liberté, droit, démocratie, concurrence, marché.
Mais quand vous ouvrez, vous tirez sur la fermeture éclair du mot, en Amérique,
vous trouvez un contenu. Et puis quand vous prenez la version africaine du même
mot, vous ouvrez, y a rien là-dedans ou alors, c’est un contenu qui n’a rien à
voir avec l’appellation contrôlée qu’il y a en général derrière ce mot. Ce que
nous allons essayer de faire avec vous, et ce que l’institut tentera de faire,
c’est pour chaque notion, chaque idée, chaque concept, lui donner le contenu
standard qu’il y a partout ailleurs dans le monde pour que nous assumions nous
aussi complètement notre rôle d’hommes, d’humains.
Voilà le
premier, le but, ce qui a incité la création d’Audace Institut Afrique. L’année
dernière nous avons eu une première séance… Les amis arrivent… C’est un
exercice qu’on fait un peu partout. Pendant de longues années, on l’a fait pour
l’Europe de l’Est, dans les pays qui étaient communistes avant… par petits
groupes former les gens, les initier aux idées de liberté, d’économie de
marché, de concurrence et de droit… – le Pr Pierre Garello, il faut trouver une
place. Il reste plus que Pr Gérard Bramoullé. Bienvenue, Pierre – et partout
ailleurs, progressivement, les populations s’habituent à ces concepts et puis à
un moment donné les transformations se font, et c’est un défi que nous nous
lançons pour que nous puissions en Afrique nous aussi en profiter… Afrique francophone. Dans les pays anglophones, il y
a quelques éléments… Alors si vous suivez les « think tanks », c’est
vraiment des laboratoires d’idée : des gens qui vont s’asseoir et puis qui
ne font que produire des idées, développer des idées, voir comment les idées
peuvent être utilisées, comment les idées s’agencent les unes aux autres pour
conduire aux transformations les plus fondamentales. En Afrique on pense que
les idées n’ont aucune valeur : « Ha lui-là c’est un idéaliste, hou
là-là… » ; hou là, vous savez, c’est illusoire ! ».
Les peuples qui
sont les plus en avance sont les peuples qui ont des idées. Si vous n’avez
jamais conçu, si vous ne savez pas concevoir, si vous n’avez même pas idée de
quelque chose, comment pouvez-vous… Si vous
regardez nos voitures, on les achète, on met des écritures dessus :
« Allah ka bon… » C’est ce que nous savons faire. Mais l’idée de la voiture,
du moteur, de la dynamique, de l’énergie, ça fait encore société magique… Le « think
tank » essaiera de nous aider à sortir de ce type de société magique. Avec
bien sûr la production d’idées qui seraient mises à la disposition de tout le
monde, des entreprises, des particuliers et bien entendu avec un choix a priori
idéologique : c’est la promotion des libertés individuelles. Pourquoi les
libertés individuelles ? Parce qu’il me semble que ce soient les libertés
fondamentales. Si vous vivez dans une société et que vous en tant qu’individu,
vous n’êtes rien, la société globalement ne sera rien du tout. Si vous vivez
comme juste un troupeau avec le chef de troupeau qui délimite sa zone chez les
animaux par l’urine ou bien par autre chose, et puis tous ceux qui sont dans
cette zone-là sont sa chose, les économies ne bougeront pas du tout (…)
responsable et que chacune des vies créées par la providence est une vie
importante et que chacun a ce souffle de vie, chacun est propriétaire de sa vie
et fait ce qu’il veut de cette vie, entre en relation avec les autres, en
société avec les autres, et c’est dans cette interrelation que la société se
crée. Si vous partez de ce raisonnement, vous comprendrez que vous ne pouvez
pas commencer à construire une nation, à construire une société, à construire
un pays, si vous niez à l’origine les droits et les libertés des individus. Ça
c’est un des paris de Audace. Bien sûr je vous ai dit que nous allons produire
et diffuser des idées, des idées surprenantes, vous verrez dans la semaine
quand vous écouterez les intervenants, vous allez pour certains découvrir les
mêmes idées que vous connaissiez avant, mais présentées autrement. Des idées
qui vous faisaient peur seront positivées. Des idées auxquelles vous adhériez
sans calcul vont être remises en cause… Ce qui importe, c’est d’abord
vous-mêmes ; c’est pas quelqu’un d’autre ; c’est chacun de vous. Vous
êtes important, vous êtes la ressource nécessaire. Et puis, si vous êtes
convaincu de cela, que c’est vous qui êtes important et que l’autre aussi est
convaincu, quand vous rencontrez, vous êtes plus aptes à créer une société.
Mais si vous pensez que vous n’êtes rien, que tout vous tombe et que, bon ça va
aller, chacun s’assoit, Dieu le pousse, Dieu est grand, je crains fort que nous
ne soyons loin des résultats. C’est enfin d’éveiller les consciences. Personne
ne doute que chacun d’entre nous ait une conscience. Mais l’exercice, c’est que
nous puissions utiliser cette conscience-là à bon escient. Ne pas la laisser
dormir, et en Afrique, malheureusement, cette conscience-là dort. Fatalement on
se dit que ce n’est pas nous, c’est la tribu qui va décider, c’est le village qui
décide – « Vous savez chez nous c’est comme ça » –, ou bien c’est
l’Etat – « Bon, l’Etat va décider » – et parfois même on pense que
l’Etat, c’est tout en même temps. C’est tout. Quand on dit l’Etat du bénin, on
pense que c’est le peuple du Bénin, c’est la République du Bénin, c’est la
population du Bénin, alors qu’en réalité ce n’est pas du tout le cas. L’Etat,
c’est juste un organisme dans l’ensemble du pays ; c’est là où il y a le gouvernement,
le parlement, la Justice. A côté de l’Etat, y a tout le reste du pays qui est
beaucoup plus important que l’Etat. La famille, votre famille à la maison,
c’est pas l’Etat. Les papa, maman, les enfants, c’est pas l’Etat. Quand vous
décidez, c’est pas par vote ; y a le chef de famille… L’entreprise, c’est
pas l’Etat ; quand vous créez votre PME, quand vous avez votre entreprise,
ce n’est pas l’Etat. Votre église, ce n‘est pas l’Etat ; votre mosquée, ce
n’est pas l’Etat ; votre association de quartier, l’association du
village, ce n’est pas l’Etat. Et malheureusement en Afrique, quand on dit :
« Ah ! oui, mais il faut que l’Etat décide, l’Etat est
d’accord », chacun pense que l’Etat, c’est l’ensemble du pays. C’est juste
un organisme. (…) Et des
chercheurs, inviter des chercheurs, faire collaborer des chercheurs, ceux qui
sont arrivés-là sont des chercheurs, moi-même, chercheur ; plusieurs
d’entre vous… Et puis faire en sorte que les résultats de ces recherches soient
mis à la disposition du grand public. En tout cas, pour ce qui concerne les
idées les plus novatrices, que vous sachiez, que nous sachions comment le monde
fonctionne et que nous sortions de la société magique.
Favoriser les échanges intellectuels, c’est rendre moins
complexes, réduire le complexe des intellectuels. En Afrique, quand on dit de
quelqu’un : « c’est un intellectuel », c’est péjoratif, ça veut
dire que lui-là, bon, il ne sait travailler qu’avec sa tête. Par contre, nous
on n’est pas des intellectuels, on est pragmatiques, nous on résout les
problèmes qui se posent, nous… Et malheureusement, c’est à coups de
pragmatismes que l’Afrique regorge de diamants, d’or, ce que l’année dernière,
Pierre appelait la malédiction, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la malédiction
du cacao, par ailleurs c’est la malédiction du diamant. Comme on n’a aucune
idée de ce que c’est que le progrès, de ce que c’est que le diamant, de ce que c’est
que l’argent, la monnaie, de ce que c’est que l’économie, pour nous, on a
quelques tonnes de diamants, on est riche. Alors que la richesse, c’est pas le
diamant, c’est l’esprit humain, et l’une des conférences portera là-dessus – il
n’y a de richesse que d’hommes. Ce sont les hommes qui sont les premières
richesses. Vous écouterez la dissertation là-dessus –. Et donc le produit intellectuel, les échanges
intellectuels apportent ce qu’il y a de mieux dans les pays.
En économie, y a une théorie qui s’appelle la théorie de
la croissance endogène, et les maîtres de cette théorie disent que lorsque deux
ingénieurs se rencontrent quelque part à Chicago et prennent un café, les 25
minutes qu’ils passent ensemble à prendre le café apportent beaucoup plus à
l’Amérique que plusieurs heures de travaux par ailleurs. Ils échangent, ils se
parlent et puis les expériences sont partagées, le contact qu’il y a, le génie
qui se passe entre eux-là, apporte beaucoup plus à un pays. Chez nous, dans les
économies africaines, ça ne se fait presque pas – « Ha c’est les
intellectuels, vous savez, eux, c’est les intellectuels, faut les laisser dans
leur coin » –. Et puis eux aussi s’enferment dans leur coin, se font un
complexe. AIA essaiera de décomplexer ces intellectuels. Et puis évidemment communiquer pour convaincre le grand public que
l’avenir est ouvert et qu’on peut faire beaucoup, beaucoup de choses, qu’on
n’est pas obligé de se morfondre dans notre coin et savoir que la vie continue,
que la pauvreté n’est pas fatale, que en Asie des millions de gens sortent de
la pauvreté chaque jour, au moment où en Afrique des millions de gens
s’enfoncent dans la pauvreté chaque jour au vu aussi de tout le monde. On est
sur la même planète, on ouvre la télé, on voit, on le sait, mais en même temps,
fatalement, on ne sait rien. Il va falloir communiquer, parler aux gens, et
c’est l’un des défis de Audace. AIA sera un acteur clé du débat public.
Maîtriser la production des idées, avoir une bonne capacité de diffusion de ces
idées, et puis bien sûr être très professionnel, ce n’est pas un parti
politique, ce n’est pas un groupe politique, c’est un laboratoire d’idées, d’idées
de liberté, d’idées libérales, d’idées pour faire la promotion de l’économie de
marché, de l’entreprise privée, du secteur privé, des libertés et des droits
des individus, des populations, de la propriété privée, parce que il faut
savoir, les pays qui sont en avance sont les pays qui ont fait la promotion de
ces valeurs-là, de ces grands principes. Ce sont pas les pays qui ont les plus
grands hommes politiques, ce sont les pays qui ont les plus grandes libertés.
Et AIA essayera de semer cette idée de liberté pour que en Afrique l’entreprise
se sente libre, se sente respectée, et les entreprises créer des emplois et ce
sont ces emplois qui permettront de sortir les jeunes de la désespérance,
d’assurer la retraite des plus anciens et puis de faire en sorte que nous cessions
de nous battre pour les mines de diamants, d’or, de pétrole, de cacao, de café,
pour faire autre chose avec nos têtes. Sinon malgré tous les diamants du
continent, si nous ne sommes pas forts dans la tête, nous resterons toujours
pauvres. Le Gabon a beaucoup plus de forêts, beaucoup plus de ressources
naturelles que la France, mais c’est la France qui contrôle le Gabon. Toute
l’Afrique francophone est aussi riche en toutes sortes de ressources naturelles ;
mais bon, il suffit d’un ministre du Quai d’Orsay ou de l’Elysée pour mettre
tout le monde au pas. Simplement parce que nous n’avons même pas idée de ce que
c’est que la liberté. On est convaincu que seuls les Etats peuvent nous aider
et de grandes discussions entre les hommes de l’Etat, et puis les populations
attendent au bord de routes à côté des eaux pourries avec les moustiques, avec
les mouches, qu’à 45 ans nous mourions tous, l’espérance de vie à la naissance,
là où ailleurs les gens ont 70 ans, 85 ans d’espérance de vie à la naissance.
S’il est vrai que Dieu rappelle à lui les gens qu’il aime, on sera obligé de
reconnaître qu’il aime beaucoup les Africains et qu’il nous rappelle très
jeunes à lui, c’est un amour un peu bizarre pour le Seigneur. Pourquoi il
n’aime pas les Occidentaux, pourtant il leur permet de vivre très longtemps,
d’avoir des vies épanouies, riches, et puis nous, il nous aime, on est dans la
misère, on meurt tôt, et puis peut-être que quelque part on n’a pas encore fait
usage du libre arbitre dont il nous a dotés. Peut-être que maintenant il faut
faire usage de ce libre arbitre, en insistant sur le mot « libre »,
et la liberté.
Une petite
équipe est mise en place. Y en a… tous ceux que vous connaissez peut-être ou
pas… Gisèle est là… Et puis ce sont pas des partis politiques qui financent
Audace, ce sont des individus privés… Nous ne sommes à la solde d’aucun parti
politique, d’aucun pays particulier. L’esprit libre, l’esprit indépendant, mais
nous croyons en des choses, nous croyons à la liberté fermement, et nous sommes
convaincus que on ne cherche pas la liberté simplement parce qu’on veut
atteindre un objectif, on cherche la liberté parce que c’est cela notre
objectif. On ne cherche pas la liberté pour devenir ministre ou député ou
président, on cherche la liberté parce que c’est elle qui donne un sens complet
à notre vie. D’où cette pensée de lord Acton : "La liberté n'est pas
un moyen pour une fin politique plus haute. C’est la fin politique la plus
haute. Une fois qu’on l’a, le reste est ouvert. Chaque fois qu’on se bat pour,
on donne un sens à sa vie". »
« En Afrique, affirme tout de go Mamadou Koulibaly,
on pense que les idées n’ont aucune valeur. (…). Les peuples qui sont les
plus en avance sont les peuples qui ont des idées. Si vous n’avez jamais conçu,
si vous ne savez pas concevoir, si vous n’avez même pas idée de quelque chose,
comment pouvez-vous… » !
Aujourd’hui, aucun Blanc, si imbu soit-il de vanité raciale, n’oserait
tenir un tel discours, et surtout pas devant un public composé majoritairement d’Africains
et de Noirs. On n’a pas encore oublié le scandale soulevé par Nicolas Sarkozy pour
avoir dit, à Dakar, que « l’homme africain n’était pas encore suffisamment
entré dans l’histoire »… Mamadou Koulibaly dit ici exactement la même
chose sous une forme à peine voilée ; mais lui le peut car venant d’un
Africain et d’un Noir, ça ne risque pas d’être pris pour du racisme… C’est pour
cela que ses « amis » d’Audace Institut Afrique lui ont délégué la tâche
de recycler à l’usage de la jeunesse ivoirienne, et sous prétexte de lui
inculquer l’amour de la liberté et du travail, les clichés gobiniens ou
lévy-bruhliens dont eux-mêmes ne peuvent plus se targuer en public.
Marcel Amondji
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