mercredi 5 juin 2013

L'armée malienne aux portes de Kidal

BAMAKO (Reuters) - L'armée malienne a dit mercredi s'être emparée de la localité d'Anefis à l'issue de combats acharnés avec les rebelles touaregs du MNLA et se dirige désormais vers Kidal, dernière place-forte des insurgés, à une centaine de km plus au nord.
Il s'agit des premiers affrontements entre le Mouvement national de libération de l'Azawad et l'armée depuis l'intervention française au Mali lancée en janvier pour chasser les islamistes armés du nord du pays.
Fantassins de l'armée malienne (forumhaiti.com)
L'opération "Serval" a permis de repousser les groupes armés liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui se seraient regroupés dans le sud de la Libye. Seule Kidal était toujours aux mains des hommes du MNLA.
Lundi, le gouvernement provisoire de Bamako a accusé les rebelles touaregs de se livrer à une chasse aux noirs à Kidal, que l'armée a promis de reprendre d'ici les élections législatives et présidentielle du 28 juillet.
« Nos soldats ont pris Anefis ce matin après de violents combats », a déclaré le porte-parole de l'armée, le colonel Souleymane Maïga, en précisant que les affrontements avaient débuté en début de journée.
Le porte-parole du MNLA à Paris, Moussa Ag Acharatoumane, s'est borné à reconnaître dans un communiqué l'existence de combats entre les forces gouvernementales et les combattants du MNLA à Anefis.
Un autre militaire malien a affirmé, sous le sceau de l'anonymat, que les combattants du MNLA avaient abandonné leurs véhicules et s'étaient enfuis en direction de Kidal.
Dans cette ville, un employé malien d'une ONG joint au téléphone a indiqué que Kidal était déserte et que les éléments armés du MNLA qui patrouillaient dans les rues avaient disparu à la nouvelle de la chute d'Anefis.
« On ne voit plus de gens du MNLA. Les boutiques, les entreprises, le marché, tout est fermé aujourd'hui. Nous restons tous à la maison », a-t-il dit.
Le MNLA, allié dans un premier temps avec les groupes djihadistes qui s'étaient emparés du nord du Mali avant d'être écartés par ces derniers, rejette les appels à déposer les armes lancés par Bamako. Les rebelles touaregs ont prévenu qu'ils s'opposeraient à toute tentative de reconquête de Kidal.
Ils disent être ouverts à des pourparlers avec le gouvernement dans l'hypothèse où le droit à l'autodétermination de l'Azawad ("Le pays de la transhumance", en langue tamachek) serait reconnu.
La France a fait savoir qu'elle appuyait les efforts du gouvernement malien pour rétablir son autorité sur l'ensemble du territoire national tout en insistant sur le caractère pacifique que doit revêtir une opération devant éviter, selon Paris, toute victime civile.
« Il ne peut et ne doit y avoir au Mali qu'une seule armée. Elle a vocation à se déployer sur l'ensemble du territoire. Nous soutenons aussi les efforts des autorités maliennes pour réinstaller leur administration au nord du pays », a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères lors de son point de presse de mercredi.
« C'est pourquoi nous appelons les groupes armés à déposer les armes et à poursuivre les discussions avec les autorités maliennes ».
La France, l'ancienne puissance coloniale, avait, lors de l'opération "Serval", évité de cibler le MNLA, qui a depuis pu reprendre certaines zones, dont la ville de Kidal, au pied de l'Adrar des Ifoghas. Cette situation a quelque peu tendu les relations entre Paris et le gouvernement provisoire malien.
 
 Par Tiémoko Diallo - Reuters ‎mercredi‎ ‎5‎ ‎juin‎ ‎2013. Avec Adama Diarra, Danielle Rouquié et Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire