Avant
le second tour, celui qui vient de remporter la présidentielle malienne avec
plus de 77% des suffrages, s’était longuement confié au journal sénégalais Sud Quotidien.
Nous vous proposons cette interview en guise de portait du nouveau président de
la
République malienne.
I.B. KEITA Le nouveau président du Mali |
Vous excluez, à l’évidence tout scénario à la guinéenne. Qu’est-ce qui vous conduit à le juger non pertinent dans le cas du Mali alors qu’il a servi votre grand ami Alpha Condé ?
Il y a peut-être une grosse différence entre les deux cas. N’y voyez
aucune espèce de vanité. J’ai mené une campagne qui m’a conduit aux quatre
coins du Mali, laquelle était lancée par un grand meeting dans le stade du 26
Mars. Bien sûr, nous avons réussi à le remplir par une foule immense
d’électeurs, car la suite renseigne qu’il s’agissait là de votants. Vous savez,
dans une campagne, il y a des choses que l’on sent, que l’on tâte du doigt, qui
sont d’ordre fusionnel. Je n’ai jamais senti le peuple malien autant
euphorique, plein de ferveur et d’enthousiasme, et avec une espérance en
bandoulière, certes réconfortante, mais très lourde. Au point que jamais je
n’ai éprouvé un sentiment qui soit de l’ordre de l’euphorie. Je n’ai pas vu là
des gens contraints, mais plutôt pleins de volonté qui attendaient du matin et
jusque très tard dans la nuit au bord de la route. Quand je venais à Mopti,
avec l’escale de Djenné, me rendant à Pithiana, un gros village que je n’avais
pas prévu, un village que nous avons voulu, en réalité, zapper, quelqu’un, sur
la route, nous a conduit dans une assemblée nocturne. Ici, je n’ai pas vu de
jeunes gens, mais des personnes d’un certain âge qui m’ont fait un discours sur
leurs attentes, leur foi en l’homme d’Etat que j’étais et qui a occupé de
hautes fonctions. J’ai passé six années à la tête du gouvernement, cinq ans
comme président de l’Assemblée nationale du Mali. C’est quelque chose qui les
fondait à croire que je pouvais être aujourd’hui l’homme du redressement
national.
On parle du style gaullien d’IBK, est-ce que ce
sont des compliments ?
Oui, des gens
parlent du style gaullien d’IBK en référence aux urgences qui attendent le
prochain président. Le redressement national, tout le monde voit, à l’évidence,
que le Mali en a besoin. L’effondrement de l’Etat malien n’était un secret pour
personne. Les analystes en ont longuement parlé. Certains ont alerté dessus
devant la menace Jihadiste.
Quelle était la position d’IBK lors de la signature des accords d’Alger ?
Quand il y a eu
les accords d’Alger, j’ai donné mon sentiment. En toute amitié, l’Algérie
connaît mes sentiments vis-à-vis d’elle. J’ai dit que pour autant, une
mutinerie dans des garnisons d’un pays comme le Mali, ne sera jamais réglée
dans un autre pays, fut-il plus proche de vous, je veux parler de l’Algérie.
Ces accords traduisaient l’effondrement total, en tout cas, la déliquescence de
l’Etat malien. Et qu’au sortir de cela, qu’il y ait un accord qui nous
instruise de libérer notre zone nord, notre point de défense, et que dorénavant
nous ayons à gérer de manière tripartite la ville de Kidal, j’ai dit non à un
tel accord. Les compatriotes, ceux qui gèrent l’Algérie, me comprennent
sûrement de ce point de vue-là. Quelle que soit mon amitié pour un pays, le
Mali d’abord. Et dans cette affaire, le Mali n’était pas au mieux de sa forme.
Quand on dégarnit un front de défense de son pays, on en paie le prix et on a
payé le prix. Quand les bandes Jihadistes ont déferlé, nous ne pouvions que
faire le constat d’un échec total. Nos points d’appui étaient perdus les uns
après les autres. Le pays était en d’autres mains. Il y a eu un coup
d’Etat contre un président régulièrement élu, et je l’ai condamné de la manière
la plus rigoureuse.
Certains vous accusent d’être derrière tout cela,
qu’est-ce que vous répondez ?
Mais que n’ai-je
entendu ? J’entends : IBK putschiste ! Quel intérêt pour un homme comme
moi, étant convaincu de l’estime du peuple malien pour lui, pour simplement sa
probité, de faire pareille chose ? Je puis vous dire que si j’étais mêlé à
cette affaire, depuis le temps, mon sort serait scellé. Mon intérêt constant
pour les forces armées et de sécurité qui me virent à l’œuvre quand j’étais
chef de gouvernement du Mali, en février1994, n’est plus à démontrer. Ma première
sortie était pour les garnisons et au cours de laquelle j’ai pu faire un
constat désolant : l’extrême dénuement des forces armées et de sécurité du
Mali. J’ai convaincu Konaré de proposer à l’Assemblée nationale une loi
d’orientation et de programmation militaire. C’est là le fondement de l’estime
et de la réaction de l’armée, y compris pour moi. Je n’avais, moi,
aucune raison de faire la cour à des jeunes gens-là. Quand le coup d’Etat
a eu lieu, des chefs de parti ont défilé là-bas, et parmi eux, beaucoup de ceux
qui, à cor et à cris, me taxèrent de putschistes après. Ils ont réussi une
chose : la communication. Ils ont pu abuser, puis abuser…
Sur ce dossier, quels étaient vos rapports avec
Dioncounda ?
Nous avions
convenu avec le Président Dioncounda qu’il était nécessaire d’organiser un
conclave. Quand les militaires putschistes m’ont invité à Kati pour que je leur
donne des conseils, je leur ai dit : je suis aujourd’hui parmi vous, sachez que
vous ne m’impressionnez point. Je ne peux pas vous donner des conseils. Par
contre, ce que je puis vous dire, votre solution n’est pas heureuse et elle ne
peut point prospérer. Il n’y a aucun chef d’Etat dans ce monde qui pourra vous
dire qu’il est d’accord avec vous. Donc, puisque vous me l’avez demandé, je puis
vous dire que ce qui est bien pour vous et pour le Mali, c’est de faire revenir
dans les meilleurs délais l’ordre constitutionnel. Vous n’avez pas le choix.
Le Président Dioncounda, dit-on, a sollicité des conseils auprès de votre personne, est-ce vrai ?
Dioncounda m’a
appelé pour que je le conseille. Je lui ai dit que certains pourraient vous
faire croire, pour des jeux politiciens, qu’IBK est contre vous, qu’il veut
votre poste. Il serait stupide, cet IBK-là, d’aller à un intérim en sachant
qu’il (l’intérim, ndlr) ne lui permettait pas de mettre en œuvre son projet de
conduire les destinées du pays. Non, je ne suis pas dans ce petit jeu de
calculs. Mon aîné, je voudrais simplement vous dire que dans le cours de
l’intérim auquel vous ne pouvez échapper, faites en sorte de nous réunir dans
un conclave pour que nous nous parlions entre Maliens. Je ne souhaite pas que
demain on puisse vous faire un mauvais procès du genre : c’est par Dioncounda
que le malheur arrive. Revenus au Mali, à l’hôtel Salam, nous avons remis ça.
Dioncounda m’a dit : j’ai réfléchi à ton idée, je la partage désormais. En tous
les cas, il y a une chose sur laquelle tout le monde s’était mis d’accord : il
fallait une feuille de route. Il y a eu à Paris la réunion des protagonistes. A
une manifestation organisée à Paris se sont joints des ultras qui ont crié :
Dioncounda dehors et certains ont même dit : IBK. C’est par un coup de
téléphone que Mankeur, ministre des Affaires étrangères du Sénégal, qui m’a
appelé vers les coups de 23h, heure de Paris, m’a fait part de son émoi
et de celui de mon frère, le Président Macky. Je suis tombé des nues. On a dit
que c’est IBK, qu’il est en train de jouer. Il est parti à Paris pour revenir
maintenant, une fois que les choses sont mises en place.
Aujourd’hui, avec le recul, qui a conforté selon vous la division militaire au Mali ?
Quand la Cedeao
signe un accord cadre avec la junte, à l’exclusion de toutes les forces
politiques et sociales maliennes, et souhaite qu’une loi d’amnistie soit votée
pour régir cette junte-là, qui, selon vous, a conforté la junte ? En tout cas,
ce n’est pas IBK. Le reste, c’est la politique politicienne. Les Maliens savent
qui je suis, de même que mes amis dont l’amitié n’est pas de fraîche date.
Il semble que dans la sous-région, les chefs d’Etat ne veulent pas vous voir en photo, quelle est votre réaction ?
On a dit qu’IBK
est désormais un paria et que dans la sous-région aucun chef d’Etat ne veut le
voir et le recevoir. L’appel de mon aîné, le Président Ouattara m’invitant à
aller auprès de lui, ce que j’ai fait, est suffisant comme preuve qu’il s’agit
là d’allégations qui ne reposent sur aucun fondement. Non seulement j’ai eu
l’assurance que ces choses-là n’étaient pas projetées à ce niveau, mais je me
suis rendu, dans la même foulée auprès d’autres chefs d’Etat qui avaient eu le
temps et la patience aussi de se faire une vérité sur le déroulement de ces
faits. Aujourd’hui nous sommes aux alentours de la présidentielle du Mali, je
pense que les faits parlent d’eux-mêmes.
Dans certains cercles d’intellectuels, l’on vous présente comme un candidat de la France, du Président Hollande, qu’en dites-vous ?
Certaines
personnes ont dit que la France pèse toujours de son poids dans les élections
des pays africains. On dit, dans le cas d’espèce, que je suis l’ami de François
Hollande. C’est un camarade que je connais depuis le congrès de Brest et qui
m’a été présenté par mon ami Jospin. Nous avons été vice-président de
l’internationale socialiste. Hollande est un homme d’Etat pour qui l’éthique et
la morale ne sont pas de vains mots. Je le dis : Hollande et moi, nous n’avons
jamais parlé de la présidentielle au Mali. Et l’homme que je suis, serait outré
qu’il en soit autrement. C’est le peuple malien qui élira son Président, pas
autrement. On me dit : oui, la France a des intérêts et le Mali est riche. Ça
aussi, c’est une injure. Lorsque nous fûmes sur le point d’être submergés par
ces hordes Jihadistes, le pays, l’homme d’Etat qui a eu le courage politique de
faire intervenir ses troupes, ne peut pas être éclaboussé de façon aussi
légère. Je récuse cela. Pour ce qui concerne l’Etat du Mali, que l’on me fasse
confiance pour le défendre.
Vos détracteurs vous présentent comme un candidat de l’armée et des religieux, n’ont-ils pas raison ?
Quel homme
d’Etat ne serait pas au mieux avec les Forces Armées de son pays et qui va
gérer en toute sécurité ce grand pays qu’est le Mali ? Cela est une très bonne
chose. On est allé jusqu’à me faire le procès comme quoi je suis fâché contre
les chrétiens et que j’ai décidé de leur faire le plus grand tort, en fermant
des églises, que sais-je encore. J’ai rappelé les relations d’échanges cultuel
et spirituel très féconds avec Monseigneur Jean Zerbo, Archevêque de
Bamako. Si vous me fouillez, vous allez sûrement trouver sur moi les
paroles de Saint François : paroles de paix, d’apaisement ; pourtant je
suis musulman convaincu. Je suis un homme de culture, d’ouverture. Je ne
bouderais pas mon plaisir d’être soutenu par l’armée malienne et les chefs religieux
du Mali. Je ne mens pas. Beaucoup voudraient avoir ce privilège. Moi j’en suis
l’heureux bénéficiaire et croyez-moi, ce plaisir je ne le boude pas.
Une fois élu, allez-vous prendre langue avec les rebelles du Mnla de Kidal pour permettre aux Maliens de se réconcilier, recoudre le tissu social ?
Pendant la
campagne électorale, dès que cela fut possible, je suis allé à Kidal, pas pour
faire le show, mais parce je suis intimement convaincu qu’un chef d’Etat du
Mali ne peut pas considérer cette question avec légèreté. Et puisque j’ai
eu le privilège d’avoir vécu dans cette région, pratiqué les hommes et les
femmes. Ces derniers ne sont pas pour moi des objets d’analyse, mais des
visages connus, des repas partagés et la plus grande fraternité. Ces hommes et
femmes ont contribué à construire ce pays, à le rendre un et indivisible. Qu’il
y ait eu des errements, nous avons le devoir de revoir tout cela, de corriger
ensemble, d’entreprendre ce qui doit l’être. Sans vouloir faire de la
démagogie, j’ai crié mon indignation et ma révolte, atterrissant à Kidal et me
rendant compte que cette ville n’avait pas bougé du tout. Il y a eu juste
quelques projets de l’Agence Française, de la Coopération luxembourgeoise. La
piste de l’aéroport de Kidal, nous avons eu 20 mn à la retrouver sous le sable,
au point que j’ai failli demander à mon pilote de rebrousser chemin avant de
mettre la vie des passagers en danger. Croyez-moi, ce sont des choses que nous
allons corriger et dans les meilleurs délais. Il y a aussi dans cette affaire
une question de confiance en l’homme qui respecte sa parole, qui sait prendre
les bonnes décisions. J’ai pris des engagements que j’honorerai, Inchallah.
Serez-vous intransigeant comme l’a été votre oncle, le Président Modibo Keïta ?
Oh, encore une
fois, autre temps, autres mœurs. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et ce
dossier a connu divers traitements. Il est souhaitable que nous reprenions tout
cela, que nous fassions les évaluations qui n’ont pas été faites. Et que nous
partions d’un très bon pied. Que l’accord global auquel nous pensons et que
nous avons envie d’atteindre, soit un accord véritable, pas un trompe-l’œil,
pas factice, et soit entouré de toute la confiance qui sied. Quand je dis cela,
je pense aux chefs militaires, à mes frères de l’autre côté. C’est pourquoi je
suis optimiste pour demain et ça sera le premier dossier sur la table. J’y
mettrai tout mon cœur et nous réussirons, entre fils du Mali, ces
retrouvailles, Inchallah.
Votre succès semble plus résulter de la mobilisation
du citoyen que des partis politiques. Avez-vous conscience des obligations
qui vous attendent ?
Pendant toute la
campagne et surtout cette phase finale, plus la chaleur montait en moi, plus je
me sentais d’une humilité obligée. Je suis dans une autre phase déjà, dans ma
tête. Je suis astreint à une obligation de résultats, tant l’assurance est
énorme. Ce n’est pas seulement en me rasant que je pense au Mali, c’est à
chaque seconde de ma vie.
Serez-vous un président de transition ou un Chef d’Etat qui, une fois installé pense à un second mandat ?
Serez-vous un président de transition ou un Chef d’Etat qui, une fois installé pense à un second mandat ?
Non, je suis un président
de transition. Il faut repartir, en associant tout le monde. Je ne suis pas
pour un gouvernement d’union nationale. Il y a eu des outrances, des amarres
qui ont été rompues. Si les faveurs des urnes m’ont été accordées, l’opposition
aura tout le respect qi lui est dû. Mais aucune espèce d’ambiguïté. Il y
aura une transition qui sera faite avec des femmes et des hommes qui vont nous
accompagner dans cette phase cruciale du destin de notre pays. Sans oublier le
grand intérêt que la communauté internationale a montré pour le Mali – j’en
parle avec émotion – à Bruxelles, sous l’égide de la France, avec un concours
financier conséquent. Tout cela ne peut pas être galvaudé. J’ai dit :
corruption, tolérance zéro. En le disant, je sais très bien que des haches ont
été déterrées. En disant ma détermination à combattre tous ces maux, je sais
que ma vie a été mise à prix. Pour autant, sans forfanterie, je poursuivrai ma
tâche. Je le ferai tranquillement, il n’y a pas d’autre choix. Je suis un homme
face à son destin aujourd’hui. Et en toute modestie, c’est une transition vers
laquelle nous allons.
Certains vous présentent comme un homme de l’ancien système qui s’est effondré. Quelle assurance pouvez-vous donner à la communauté internationale et aux Maliens, que ça ne va pas finir comme sous votre prédécesseur, si vous êtes élu ?
Certains vous présentent comme un homme de l’ancien système qui s’est effondré. Quelle assurance pouvez-vous donner à la communauté internationale et aux Maliens, que ça ne va pas finir comme sous votre prédécesseur, si vous êtes élu ?
Le Président
Senghor a dit une chose : l’Afrique, quand elle est entre des mains impropres,
d’hommes sans culture, est en insécurité. Je ne suis pas un homme inculte, je
le dis très clairement. Je ne suis pas un homme du passé, un homme de l’ancien.
On m’a entendu dénoncer dans ce pays des pratiques. J’ai parlé de l’Etat
patrimonial, le Président ATT a dit que j’ai insulté, j’ai dit non. Quand vous
inaugurez un tronçon routier, on dit que cela est dû à votre générosité. Mais
de quelle générosité parle-t-on ? C’est de votre poche que cet argent est sorti
? Je lui ai dit : voilà comment on vous trompe. Il ne faut pas que l’on vous
amène dans un culte de la personnalité qui vous fera du tort. Le système de
l’Etat patrimonial est le système le plus archaïque, le plus arriéré du monde.
Quels seront les actes que vous allez poser dès les
premiers mois de votre magistère ?
Cette question
m’embarrasse. Il y a tellement de choses dans la tête. Mais ça va être dans
l’ordre de ce que j’ai indiqué comme priorité.
Pourquoi avez-vous refusé le débat télévisé auquel vous a invité votre adversaire ?
Au Mali ici, un
tel débat n’est pas d’exigence constitutionnelle ni légale. Ce sont des
convenances entre candidats. J’ai dit : quand on fait l’histoire, on ne fait
pas de faits divers. Dans un tel débat, suscité à grand renfort de publicité,
la forme aurait pris le pas sur le fond. A ce niveau, cela ne m’intéresse pas.
Vous partez favori à ce second tour, mais si d’aventure vous perdez, êtes-vous prêt à féliciter votre adversaire ?
Si cela est
régulier, logique. Si cela n’est pas de l’ordre de ce que j’ai déjà connu
dans ce pays, que les Maliens et les Africains savent, alors oui. Ce n’est pas
à mon âge que je vais quereller des décisions de justice et du juge électoral,
pourvu que les choses soient conformes à la logique et à la réalité. Il faut
que l’on respecte le peuple.
Quelle stratégie avez-vous utilisé dans le cadre des
jeux d’alliance pour ce second tour ? Ne craignez pas d’être envahi, une fois
au pouvoir, par vos soutiens ?
Je n’ai été à la
pêche d’aucune alliance, mais je suis respectueux des hommes. Beaucoup ont dit
que je les ai appelés, j’ai dit : OK. Je ne vais pas négocier et je n’ai
rien négocié. Je n’ai rien promis à qui que ce soit. Je ne suis pas allé à une
quête besogneuse de ralliements ou d’alliances, sans aucune espèce de vanité.
Dans cette élection, c’est le peuple malien qui est mobilisé.
Dans votre mandat de Premier ministre, vos critiques vous accusent d’avoir gaspillé de l’argent. Il existerait un rapport d’un inspecteur des finances qui fait état de cela, qu’est-ce que vous répondez ?
Dans votre mandat de Premier ministre, vos critiques vous accusent d’avoir gaspillé de l’argent. Il existerait un rapport d’un inspecteur des finances qui fait état de cela, qu’est-ce que vous répondez ?
J’aimerais voir
ce rapport. (Le confrère exhibe le journal d’où il a tiré ces informations). Ce
journal est connu ici au Mali pour me tirer dessus à boulets rouges depuis des
mois et des mois. Je vais vous dire ceci : si ces faits étaient avérés,
connaissant mes rapports avec certains de mes supérieurs d’alors, cela m’aurait
conduit en lieu où on n’a pas beaucoup de liberté. En politique, on dit
beaucoup de choses, mais la vérité profonde des hommes apparait toujours.
Comment avez-vous financé votre campagne ?
Comment avez-vous financé votre campagne ?
J’ai dit, dans
ma campagne, qu’il n’y a aucun argent dont je peux avoir honte demain et qui
pourrait surtout m’empêcher, à l’occasion, de prendre des décisions utiles à
mon pays. J’ai refusé des sommes dont la provenance ne me semblait pas très
claire. Cela également ne m’a pas mis en bonne posture dans certains cercles
qui savent désormais que les choses vont changer.
Quel sera le premier pays visité dès votre
installation ?
J’irai là où mes
pas me conduiront et j’aurai les meilleures relations avec les pays du champ
(Algérie, Mali, Mauritanie et Niger, ndlr). Et j’ai été dans tous ces pays,
sauf un rendez-vous manqué à Nouakchott, parce que le Président Aziz était en
déplacement.
L’intervention
de la France dans le Nord a mis en veilleuse ce cadre politique et sécuritaire
dans la sous-région, que comptez-vous faire ?
Nous cherchons
depuis longtemps à mutualiser nos forces ; qu’il y ait une gestion commune de
nos pays, mais les choses ne sont pas évidentes.
Propos recueillis par Bacary Domingo MANE
Titre
original : « IBK à propos des jeux d’alliances : "Je n’ai rien
promis à qui que ce soit". »
Source : Sud
Quotidien (Sénégal) 12/08/2013
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