G. Bissainthe |
Parmi ces
structures deux ont une importance majeure:
1.- la
Francophonie
2.- l’Union
Européenne
1.-
L’ambition de la Francophonie(2) est de regrouper tous les Etats,
nations, organisations et entités liées d’une manière ou d’une autre à la
langue française dans le monde.
2.- L’Union
Européenne(3), de son côté, se donne pour objectifs d'établir
les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens,
de sauvegarder la paix et de rechercher l'unité politique et d'assurer par une
action commune, le progrès économique et social : création d'un marché
intérieur européen et renforcement de la cohésion sociale.
A la vérité,
ces deux organisations contiennent toute l’histoire, toutes les ambitions et
toute la géopolitique de la France. En effet, lorsqu’on les regarde de près on
constate que
1.-la
Francophonie regroupe avant tout ou veut regrouper toutes les anciennes
colonies de la France aujourd’hui décolonisées, donc tout ce qui formait
autrefois un “grand ensemble ou un bloc politico-économique français”. On lui a
donné, entre autres, selon les époques, les noms d’Empire Français et de
“Communauté Française”.
2.- L’Union
Européenne regroupe ou veut regrouper les nations et Etats d’un grand ensemble
ou bloc qui s’est appelé autrefois l’Empire Romain, disloqué en 476, ressuscité
par Charlemagne en l’an 800, remis sur pied pendant quelque temps par Napoléon
et que Hitler voulait aussi remettre sur pied.
Si le ciment
de la Francophonie c’est la langue et le fait d’avoir fait partie à un moment
du même “grand ensemble ou un bloc politico-économique français”, le ciment de
l’Union Européenne c’est la proximité géographique et le fait d’avoir fait
partie à un moment du grand ensemble ou bloc de l’Empire Romain.
Après la
dernière guerre mondiale, la France a dû faire face à un problème: quelle forme
de rapports va-t-elle garder avec ses anciennes colonies aujourd’hui
décolonisées ? La France devait choisir entre deux options:
a.- Option A
Créer avec
ses anciennes colonies un nouveau bloc ou grand ensemble économico-politique(4)
sur un pied de parfaite égalité, selon une formule connue aujourd’hui sous le
nom de “Partenariat Egalitaire” (en anglais “Full and Equal
Parternership”)
b.- Option B
Créer avec
ses anciennes colonies un nouveau bloc ou grand ensemble économico-politique
sur un pied d’inégalité, selon une formule de tutelle-protectorat et dont
l’outil est “l’assistance”.
La France
préféra l’Option B et instaura avec ses anciennes colonies ce qu’on a appelé la
“néocolonisation” dont les conséquences vont bientôt être l’appauvrissement des
anciennes colonies, ce qui va entrainer en France une immigration galopante
totalement incontrôlable.
Cette Option
B (néocolonisation s’appuyant sur des leaders locaux à la dévotion de la France
et des intérêts non du peuple français, mais de l’Establishment de la France)
va faire le malheur de l’économie globale de la France, une France qui
petit à petit tombe au rang de petite nation secondaire incapable de survivre
par ses propres moyens pour faire face à la compétition mondiale et obligée de
recourir à une alliance souvent humiliante avec d’autres nations puisque
aujourd’hui Bruxelles dicte souvent à la France ce qu’elle doit faire
Si la France
avait choisi l’Option A (le Partenariat avec les anciennes colonies, devenu
très à la mode aujourd’hui), elle n’aurait logiquement pas eu besoin de lancer
l’Union Européenne, car au lieu de l’assistance qui crée le parasitisme et
encourage la mendicité, les Français auraient eu des “joint-ventures” avec des
entrepreneurs locaux, ce qui aurait dynamisé les économies locales au lieu d’en
faire des économies assistées, souvent grabataires.
L’échec de l’Europe
La dernière
conférence de presse du chef d’Etat de la France a été comme un coup de grâce
donné à l’Union Européenne. Elle a, en effet, montré un Président Hollande dans
la posture du roi Kanut d’Angleterre qui d’après la légende s’était installé
sur son trône en face de la mer et commandait à la mer de reculer. Evidemment
la mer ne recula pas. Son intention réelle étant de prouver aux siens et aux
autres qu’il est en face d’une mission impossible et qu’il ne pouvait pas
faire de miracle. Le message de la conférence de presse du président Hollande
était identique : étant donné que nous avons choisi l’Europe — et nous l’avons
bel et bien choisie, n’est-ce pas ? — nous ne pourrons pas sortir de
notre croissance boiteuse, tant que l’Europe elle-même ne sortira pas de
sa croissance boiteuse.
Vous n’avez pas d’emplois?
Ne tirez pas sur moi.
Si le bateau prend eau,
C’est la faute à l’Euro.
Alors les
Français doivent attendre que l’Europe soit sauvée pour être eux-mêmes sauvés.
Or le salut
de l’Europe se présente plutôt mal. Pour le réaliser il faudrait que l’Europe
implémente tous les points de son programme: il faudrait, par exemple, que la
main-d’œuvre européenne, de quelque pays d’Europe qu’elle vienne, puisse aller
travailler partout en Europe. Or en France on a une peur bleue du “plombier
polonais”. Il faudrait aussi que tous les produits européens, de quelque pays
d’Europe qu’ils viennent, puisent se vendre partout en Europe; or on exalte en
France aujourd’hui le patriotisme économique et on fait même la guerre aux
produits non-français. Les Français pro-Europe ont beaucoup de plaisir à penser
Europe, mais ils se rendent compte que dans la réalité ce rêve est impossible.
Plus tôt la
France sortira de l’Europe mieux cela vaudra.
Pour faire
quoi ?
Il n’y a
qu’une issue: faire la Francophonie. Non point celle virtuelle et cosmétique
d’aujourd’hui, mais la vraie.
Il est quand
même assez étonnant et assez paradoxal que ce soit un étranger comme votre
serviteur, très lié et attaché à deux pays non-français, à savoir Haïti et les
Etats-Unis, qui se fasse aujourd’hui l’avocat de la Francophonie. C’est
que je suis conscient qu’un échec de la France peut coûter cher à Haïti et cher
aussi à l’Amérique. Si la France disparaît, absorbée par l’Union
Européenne, la France ne sera plus bientôt qu’un souvenir et un jour
on n’entendra même plus parler de “ce bruit qu’aura été la France”. La France
ne sera plus qu’un wagon d’un train dont la locomotive sera inévitablement
l’Allemagne. L’Aventure française sera terminée. La Geste française sera
terminée. Le Triangle Révolutionnaire Atlantique aura vécu.
Car il y a
un Triangle Révolutionnaire Atlantique avec la Révolution Américaine de 1776,
la Révolution Française de1879 et la Révolution haïtienne 1804 dont les
idées et les gestes ont marqué et imprégné le monde entier.
Mais,
dira-t-on, “toutes les civilisations sont mortelles”; une mort de plus, so what
? Et après ? C’est que pour moi, si la France ce sont des colons d’hier et des
colons d’aujourd’hui qui n’avaient ou n’ont ni cœur ni esprit, elle est aussi
pour moi un pays où j’ai passé mes années de jeunesse et de nombreuses années
de mon âge mûr, entouré d’amis et d’êtres chers; elle est aussi pour moi des
éducateurs, des écrivains et des penseurs qui m’ont aidé à modeler ma pensée et
mes sentiments; des ancêtres dont je porte en moi le sang associé au sang de
mes ancêtres africains. Je n’arrive pas à me résoudre de voir tout cela se
dissoudre dans un magma européen qui sera bientôt balayé par d’autres magmas
plus forts. Je n’arrive pas à comprendre les Français qui rendent les armes, en
disant peut-être ce que me disait un de mes élèves en classe de Terminale au
Vésinet, près de Paris, en 1965: “Nous sommes des fins de race.” On est une fin
de race, lorsqu’on accepte d’être une fin de race.
Pour moi il
faut renoncer non sans doute à l’Europe tout court, mais à l’Europe miroir aux
alouettes, dernier refuge, dernière citadelle, dernier carré de l’Homme Blanc,
qui ne peut déboucher sur rien. Il faut lancer la Francophonie(5)
mais sur une base vraiment égalitaire. En faire une union économico-politique
intercontinentale structurée ou l’on joue pleinement le jeu de
l’égalité. Et cela la main dans la main avec l’Amérique pour faire du
Triangle Révolutionnaire Atlantique la locomotive spirituelle, économique et
politique de l’Occident.
Gérard
Bissainthe*
Titre original : "Union Européenne et Organisation Internationale
de la Francophonie"
*Le Professeur Gérard Bissainthe est ancien opposant à la dictature des
Duvalier, ancien Recteur de l’Université d’Etat d’Haïti, ancien ministre
de la Culture et de l’Information, président international du Forum
francophone (FFI).
NOTES
2.- http://www.francophonie.org Qui sommes-nous ?
La Francophonie est le dispositif institutionnel qui organise les relations politiques et de coopération entre les 77 États et gouvernements de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : plus de 890 millions de femmes et d’hommes ayant en partage l’usage de la langue française et le respect des valeurs universelles.
Ce dispositif comprend des instances politiques décisionnelles dont la plus haute est le Sommet des chefs d’État et de gouvernement qui se réunit tous les deux ans, et le Secrétaire général de la Francophonie, clé de voûte de ce système. Depuis 2003, le Secrétaire général de la Francophonie est Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal.
La coopération multilatérale francophone est mise en œuvre par l’Organisation internationale de la Francophonie et quatre opérateurs spécialisés.
L’OIF a été fondée en 1970 sur la base du Traité de Niamey (Niger). Elle mène des actions politiques et de coopération multilatérale pour donner corps à une solidarité active au bénéfice des populations de ses Etats et gouvernements membres. Elle agit dans le respect de la diversité culturelle et linguistique et au service de la promotion de la langue française, de la paix et du développement durable.
La Francophonie dispose d’un organe consultatif, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF).
Les quatre opérateurs spécialisés sont : l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), la chaîne internationale de télévision TV5, l’Association internationale des maires francophones (AIMF) et l’Université Senghor.
Objectifs
Les objectifs de la Francophonie sont consignés dans sa Charte adoptée en 1997 au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Hanoi (Vietnam) et révisée par la Conférence ministérielle en 2005 à Antananarivo (Madagascar) :
· l’instauration et le développement de la démocratie ;
· la prévention, la gestion et le règlement des conflits, et le soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme ;
· l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations ;
· le rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle ;
· le renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de leurs économies ;
· la promotion de l’éducation et de la formation.
Missions
Les missions de la Francophonie sont définies dans un Cadre stratégique de dix ans adopté par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement en 2004 à Ouagadougou (Burkina Faso) pour la période 2005 – 2014 :
· Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique ;
· Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ;
· Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ;
· Développer la coopération au service du développement durable.
Une attention particulière est accordée aux jeunes et aux femmes, ainsi qu’à l’accès aux technologies de l’information et de la communication
3.- http://europa.eu/index_fr.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne
L'Union
européenne (UE)Note 3 est une association sui generis de vingt-sept États européens qui délèguent par traité
l'exercice de certaines compétences à des organes
communs. Elle s'étend sur un territoire de
4 376 780 km2, est peuplée de 503,7 millions
d'habitants et est la première puissance économique mondiale4.
L'Union
européenne est régie par le Traité sur
l'Union européenne (TUE) et le Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
(TFUE), dans leurs versions actuelles, depuis le 1er décembre 2009
et l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne.
Sa structure institutionnelle est en partie supranationale, en partie
intergouvernementale : le Parlement européen
est élu au suffrage universel direct,
tandis que le Conseil européen
et le Conseil des
ministres sont composés de représentants des États membres ; la
Commission européenne
est élue par le Parlement sur proposition du Conseil européen. La Cour de
justice est chargée de veiller à l'application du droit de l'UE.
L'acte
fondateur de l'Union européenne est la déclaration du 9 mai
1950 de Robert Schuman,
ministre français des Affaires étrangères. Sous l'impulsion de personnalités
politiques surnommées « Pères de l'Europe »,
comme Konrad Adenauer, Jean Monnet et Alcide de Gasperi, six États créent en 1951 la Communauté
européenne du charbon et de l'acier. Après l'échec d'une Communauté
européenne de défense en 1954, une Communauté
économique européenne est instaurée en 1957
par le traité de Rome. La coopération économique est
approfondie par l'Acte unique européen
en 1986.
En 1992,
le traité de Maastricht
institue une union politique qui prend le nom d'Union européenne et qui prévoit
la création d'une union économique et monétaire (la zone euro), dotée d'une monnaie unique, l'euro.
Instituée en 1999, elle compte dix-sept États en 2011.
De nouvelles réformes institutionnelles sont introduites en 1997, en 2001.
Suite au refus d'un projet de Constitution
européenne, les institutions sont à nouveau réformées en 2009 par le
traité de Lisbonne.
Les membres
fondateurs de l'Union européenne (1957) sont l'AllemagneNote 4, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les
Pays-Bas. Ils sont rejoints en 1973
par trois membres de l'Association
européenne de libre-échange : le Danemark, l'Irlande et le Royaume-Uni. L'Union s'élargit vers le sud avec
l'adhésion de la Grèce en 1981, puis de l'Espagne et du Portugal en 1986.
Entre temps, le Groenland a décidé de se retirer
(1985). Après la fin de la Guerre froide, elle
est rejointe en 1995 par des États neutres : l'Autriche, la Finlande et la Suède. L'Union européenne intègre en 2004
dix
nouveaux États, en majorité issus du bloc de l'Est : Chypre, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte,
la Pologne, la République tchèque,
la Slovaquie et la Slovénie ; puis en 2007 la Bulgarie et la Roumanie. L'adhésion de la Croatie est prévue le 1er juillet 20135
L’Union
européenne (UE) a pour objectifs :
-d'établir
les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens,
de sauvegarder la paix et de rechercher l'unité politique
-d'assurer, par une action commune, le progrès économique et social : création d'un marché intérieur européen et renforcement de la cohésion sociale.
-d'assurer, par une action commune, le progrès économique et social : création d'un marché intérieur européen et renforcement de la cohésion sociale.
4.- Cette option A est celle qui a été
autrefois en 1801 proposée par Toussaint Louverture, que Napoléon refusa et
qu’il regretta plus tard amèrement à Sainte-Hélène d’avoir refusée. Tenant
compte de ces regrets d’un homme de génie, la France aurait dû plus tard tout
faire pour implémenter cette option A. Mais elle ne le fit pas.
5.- J’ai proposé en 1989 le mot
“Francosphère” pour remplacer le mot “Francophonie”. Il a été accepté et il est
aujourd’hui d’usage courant, mais il n’a pas détrôné le mot Francophonie. Les
deux vocables Francophonie et Francosphère sont deux concepts différents et les
deux mots aujourd’hui coexistent pacifiquement.
Source : Politique-actu.com
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire