La foule le 28 juillet à Ouagadougou (© Amidou Kabré) |
OUGADOUGOU
(© GLOBAL VOICES) – Dimanche 28 juillet, c’était le premier tour de l’élection
présidentielle au Mali, mais c’était aussi la quatrième manifestation au
Burkina Faso en un mois. L’opposition avait fait deux démonstrations de force
le 29 juin et le 20 juillet. Le parti du président Blaise Compaoré avait
répliqué par une manifestation de soutien de ses partisans le 6 juillet.
Pourquoi ces
manifestations ? Sur Diktacratie, Nico Ramirez raconte dans « Burkina Faso. Au pays de l’homme qui
désintègre » [Burkina Faso signifie « Pays des hommes intègres »] :
« C’est la mise en place d’un Sénat, la dernière trouvaille du régime pour
assurer sa survie, qui a enflammé les esprits. Plus d’élus pour plus de
démocratie, un bon gros mensonge pour nourrir des estomacs vides ! À côté des
39 représentants des collectivités territoriales, élus au suffrage indirect, et
d’une douzaine de représentants de la société civile, le Sénat comptera
également 29 sénateurs nommés par Blaise soi-même. Comme ça c’est plus simple.
»
Cela n’est
pas l’unique raison, comme l’explique Justin Yarga, journaliste web sur Burkina 24 et blogueur, dans sa note
intitulée « Burkina Faso. Quand la présidentielle de 2015 se prépare déjà
dans la rue », sur le blog Noise from Africa : « Pour le parti au pouvoir, cette chambre de sages participe du
renforcement de la démocratie. Mais l’opposition y voit le moyen pour le parti
au pouvoir et ses alliés de s’assurer une majorité qualifiée qui lui permette,
en l’absence de son allié de poids l’ADF-RDA, de modifier l’article 37 et
donner ainsi la possibilité d’un second mandat au président Blaise Compaoré. »
L’ONG
internationale de prévention et de résolution des conflits, International
Crisis Group (ICG), écrit dans son rapport « Avec ou sans Compaoré, le temps
des incertitudes :
« Pour la première fois depuis 1987, la question de la succession du
président burkinabè est ouvertement posée. La Constitution interdit en effet à
Blaise Compaoré, au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, de briguer un
nouveau mandat en 2015. Sa marge de manœuvre est très étroite. S’il respecte la
loi fondamentale, sa succession risque d’être difficile tant il a dominé la vie
politique et fermé les possibilités d’alternance. S’il modifie la Constitution
et se porte candidat à un cinquième mandat consécutif, il prend le risque de
déclencher un soulèvement populaire comme celui qui a fait vaciller son régime
au premier semestre de l’année 2011. Les partenaires internationaux doivent l’inciter
à respecter la loi fondamentale et permettre une transition démocratique en
douceur. »
Cette
contestation a vu l’émergence du mouvement « Le balai citoyen », initiative de
deux musiciens : Smockey, rappeur, et Sams K Le Jah qui, lui, fait du reggae.
Ils présentent ainsi le mouvement sur leur page Facebook : « Une Force citoyenne nouvelle résiste et s’organise pour une “VRAIE
DÉMOCRATIE”, une “BONNE GOUVERNANCE” et un “MEILLEUR VIVRE-ENSEMBLE” au Faso. »
Le site
eburnienews nous dit que le gouvernement a fait fi des manifestations et que
finalement, les sénatoriales ont eu lieu : «
Malgré la marche de l’opposition, sa puissance de mobilisation, les "non
au sénat" n’ont pas troublé outre mesure le déroulement des élections
sénatoriales ce 28 juillet. Les manifestants qui ont essayé de les empêcher ont
été … "victimes" de la rapidité du scrutin ! Les 29 sénateurs
représentants les collectivités territoriales seront donc bientôt connus et
installés. La conclusion qu’on est en droit de tirer est qu’inexorablement, le
sénat sera installé. Le sénat passera donc, à moins d’un revirement
spectaculaire du Président du Faso et est bien parti pour participer à
l’ouverture de la prochaine session ordinaire du Parlement. »
Sur son blog,
Rues d’Afriques, Sabine Cessou écrit
dans « Burkina Faso, l’insurrection qui vient », que comme le
Sénégalais Abdoulaye Wade avant lui, «
Blaise Compaoré envisage lui aussi une succession dynastique, en poussant son
frère cadet, l’impopulaire François Compaoré. Surnommé "petit président",
l’homme est soupçonné d’être impliqué dans le meurtre d’un journaliste, Norbert
Zongo, qui enquêtait sur la disparition de son chauffeur. »
Justin Yarga
rappelle dans sa note de blog, « Burkina Faso. Quand la présidentielle de
2015 se prépare déjà dans la rue », déjà citée, que « Blaise Compaoré, a pris le pouvoir en 1987 [par un coup d’Etat] qui a
éteint la plus lumineuse expérience de changement de l’Afrique postcoloniale,
celle de Thomas Sankara. »
Source :
Connectionivoirienne.net 1 août,
2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire