vendredi 29 mars 2013

Si ce n’est pas une chasse aux sorcières, ça y ressemble…
 
Vendredi 20 juillet 2012 à Douekué, dans le camp des réfugiés de Nahibly, des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) auraient perpétré une attaque, faisant officiellement 6 morts. Que s’est-il passé réellement ce jour-là ? Jusqu’à présent, un épais brouillard recouvre cette tragédie.

G. Soro, A. Ouattara et Rémy Ouédraogo, dit Ouérémi, complices?
Toujours est-il que le 11 octobre 2012, des indications d’un témoin ont permis aux droits-de-l’hommistes de retirer d’un puits de cette localité 6 corps en putréfaction. Le procureur de Man avait d’ailleurs ordonné leur inhumation.
Mais sous la bronca des ONG, ces corps ont été acheminés sur Abidjan où une autopsie devait être effectuée.
Plus tard, des ressortissants et cadres de la région avanceront le chiffre invérifiable de 200 tués par les FRCI. Une enquête avait alors été ouverte pour faire la lumière sur ce drame, mais elle tarde à livrer ses résultats. C’est dans cet attentisme que plusieurs questions turlipinent les Ivoiriens et la Communauté internationale :
- Est-ce vraiment les FRCI, aidées de dozos, qui ont massacré cette population wê de Nahibly, comme l’affirment certains ?
- Combien de victimes y a-t-il eu ?
- Pourquoi l’enquête n’a pas donné de résultats publics ?
Moins d’un an après ces évènements, alors que fusaient de partout des dénonciations contre la justice sélective en Côte d’Ivoire, que relativise le pouvoir en place, c’est la Fédération internationale des droits humains, partie civile dans cette affaire, qui accuse ouvertement les FRCI. Une évolution notable, si l’on se réfère aux dossiers pendants dans ce pays depuis le changement de régime.
En effet, depuis le 11 avril 2011, date de la chute du président Laurent Gbagbo, et le transfèrement à la CPI de ce dernier au mois de novembre de la même année, on a assisté à l’application d’une traditionnelle justice des vainqueurs, à tout le moins à l’arrestation des partisans du pouvoir déchu.
Si ce n’est pas une chasse aux sorcières, ça y ressemble. Alors que des fidèles de Laurent Gbagbo sont recherchés, alpagués de l’extérieur, notamment au Togo ou au Ghana, pour être extradés vers Abidjan, des proches ou plutôt certaines ex-forces nouvelles qui ont aidé le président Alassane Ouattara à accéder au pouvoir et sur lesquels pèsent de nombreux soupçons, oui, tous ces combattants, ne sont pas inquiétés.
Or, c’est connu ; dans toute guerre, et on n’a cessé de le répéter, il n’y a pas d’un côté des loups et de l’autre des agneaux.
En attendant que, peut-être, le glaive de la justice tombe, c’est la FIDH qui pointe du doigt les FRCI à propos des charniers de Nahibly. On ne peut que se féliciter de la relance de cette enquête qui, visiblement, était poussive. Un redémarrage qui, on l’espère, aboutira à des conclusions, car quoi qu’on dise, nul ne peut prétendre que Nahibly se réduit à un Timisoara  ivoirien.
On espère que cette bonne direction prise permettra au juge d’instruction d’accomplir correctement sa tâche. La réconciliation qu’appelle de tous ses vœux le peuple ivoirien passe par la vérité et la justice. Sinon la commission éponyme brassera inutilement du vent.
 
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Titre original : « Justice ivoirienne : Les FRCI enfin dans la ligne de mire ? » 

en maraude dans le web
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Source : L’Observateur Paalga (BF) 27 Mars 2013

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