samedi 9 mars 2013

L’homme qui a redoré la dignité de son peuple


Le président Hugo Chavez à Porto Alegre
Hugo Rafael Chavez Frías, né le 28 juillet 1954, est mort après 14 ans de règne à la tête de la République bolivarienne du Venezuela. « El Comandante », c’est ainsi que l’appelaient certains de ses compatriotes, n’a pas pu hélas gagner la bataille qu’il avait engagée depuis 2011 contre le cancer. Interrompant ainsi son autre combat contre la pauvreté qu’il avait lancé depuis sa première élection à la tête du Venezuela en 1998. En effet, tous les idéologues de la gauche s’accordent à dire que, grâce au président Hugo Chavez, le socialisme compris comme un système de lutte contre l’injustice a retrouvé des couleurs dans ce pays de l’Amérique latine dont l’un des plus grands leaders, Simon Bolivar (c’est lui qui a mené la guerre avec d’autres pour l’indépendance de l’Amérique latine sous le joug du colon espagnol au 19e siècle), est d’ailleurs l’inspirateur d’Hugo Chavez.
Selon les spécialistes du Venezuela, dès son plus jeune âge, Hugo Chavez s'intéresse à la vie, à l'idéologie, ainsi qu'aux écrits de Simon Bolívar. Toujours selon ces mêmes spécialistes, la famille Chavez est d’origine principalement indienne-indigène, espagnole et afro-vénézuélienne. Il est donc issu d’une famille modeste. L’histoire raconte, comme pour expliquer l’esprit de conquérant d’Hugo Chavez, qu’il est l'arrière-petit-fils du rebelle Pedro Perez Delgado, plus connu sous le nom de « Maisanta ». Maisanta fut un leader rebelle toute sa vie. Il soutint une insurrection qui, avant sa capture en 1922, mena à la mort à la fois un ex-président vénézuélien et un gouverneur d’État.

Son combat contre la pauvreté
Fort de son ascendance et suivant les traces de son inspirateur pour son combat politique, Hugo Chavez opte pour ce qu’il a appelé la « Révolution bolivarienne », en référence au combat de Simon Bolivar. Il veut un Venezuela et une Amérique latine libres et indépendants des Etats-Unis d’Amérique. L’application concrète de cette politique appelée aussi « Socialisme du 21e siècle » va se traduire par d’importantes réformes dans son pays. Les points les plus importants de ces réformes sont : des investissements sociaux massifs dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'alimentaire, la nationalisation (qui va avec l'expropriation des groupes privés) des secteurs pétroliers, les télécommunications, l’électricité, le commerce de détail (chaînes de supermarchés), les politiques fortes de logement social et de quatre réformes constitutionnelles en faveur de la démocratie participative. 
Mais, ce qui a permis au président Chavez d’asseoir sa politique de redistribution des richesses à son peuple, c’est le contrôle des ressources de la manne financière issue de la vente du pétrole. Le Venezuela est, en effet, selon un rapport annuel de l'Organisation mondiale du pétrole (Opep), produit en 2011, la première réserve mondiale de pétrole exploitable avec 296,50 milliards de barils d'or noir pouvant être exploités contre 211,2 milliards un an plus tôt. Il surpasse ainsi le royaume saoudien dont les réserves prouvées sont restées stables à 264,5 milliards. Alors, avec l’argent du pétrole qu’il a nationalisé au détriment de sociétés américaines, Hugo Chavez va consacrer 43% de son budget à la lutte contre la pauvreté. Il a installé partout des «missions» d'éducation ou de santé dans les quartiers miséreux du Venezuela. Le nombre des professeurs a été multiplié par cinq sous sa présidence. Des milliers de médecins cubains soignent gratuitement dans les quartiers les plus déshérités. Les prix des produits de première nécessité ont été totalement encadrés. Le secteur public a offert massivement des emplois. Conséquence, le Venezuela affiche, selon les spécialistes, des indicateurs sociaux brillants. Il est le pays le moins inégalitaire d'Amérique latine. Le taux de pauvreté (moins de 2,5 dollars, soit 1,9 euro, par jour de revenu) est tombé de 49 % en 1998 à 27 % aujourd'hui. La mortalité infantile y a été divisée par deux. Il a augmenté successivement de 25% le salaire minimum en 2011, de 15% en mai 2012 et de 17,25% avant les dernières élections qu’il a remportées. Ce qui fait du Venezuela, affirment encore les spécialistes, le pays d’Amérique latine possédant le salaire minimum le plus élevé : 2047 bolivars, soit l'équivalent de 476 dollars américains, salaire complété par les bons alimentaires d'état, permettant, en réalité, à 4 millions de Vénézuéliens touchant le salaire minimum de bénéficier mensuellement de 3000 bolivars (soit 698 dollars américains).

L’Occident séduit
Les actions de la révolution bolivarienne en faveur de la réduction des inégalités sont bien résumées et ont séduit même l’Occident malgré les critiques dénonçant une dérive autoritaire d’Hugo Chavez. Le site de la diplomatie française fait le constat de la réussite de la politique sociale du président vénézuélien. « S’appuyant sur d’importantes réserves pétrolières (les premières de la planète), le régime a mis en place une importante politique de redistribution en vue de lutter contre la pauvreté et les inégalités au travers des Misiones.
Ces vastes programmes sociaux (on en dénombre aujourd’hui une vingtaine) visent à améliorer l’accès des plus démunis à la santé, à l’éducation, à l’alimentation, voire à l’emploi grâce aux multiples recrutements dans la fonction et les entreprises publiques, ainsi que dans de nombreuses institutions parapubliques, des coopératives ou des "entreprises de production socialistes". Ils sont mis en œuvre avec l’aide de 40000 coopérants cubains environ, dont une majorité concerne les professions de santé. Près de la moitié des dépenses totales de ces programmes (45,7% du budget 2010) est destinée à réduire la pauvreté qui, selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), a reculé de 54% à 23,8% de 2003 à 2009, avec un chômage qui a chuté sous la barre des 10% et un pouvoir d’achat qui s’est accru.
 
Zié Oumar COULIBALY
 

Source : Notre Voie 08/3/2013

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