Tout baigne en Côte d’Ivoire !
Tout est normal, la paix est revenue et les Ivoiriens, heureux, se sont
réconciliés. Bientôt, dans quelques petits mois, nous allons atteindre la
croissance à deux chiffres. Et dans quelques petites années, notre pays deviendra
émergent. Oui tout baigne, la preuve : cette effervescence diplomatique qui
fait la joie des journaux ouattaristes. Tel est le discours officiel qu’on sert
à la communauté internationale. Tel est le discours que les officines de
communication mises à la disposition de «l’oint de la communauté
internationale» s’acharnent à imposer au monde. Mon œil !
La
Côte d’Ivoire est toujours malade
Pourtant, derrière le voile des sourires, au-delà des éclats de rire et le lyrisme exalté des professions de foi, il existe des réalités tristes que tous les efforts pour sauver les apparences ne peuvent étouffer. Il y a des douleurs que la bonne volonté ne peut feindre d’ignorer. Comment peut-on demander à celui qui souffre de sourire, et pire, de clamer qu’il est heureux et en paix ? Notre pays n’a pas encore retrouvé sa sérénité. Un Etat est comme le corps humain. Si un
membre du corps est souffrant, tout le corps ressent la douleur.
Il se trouve que le corps de notre pays est malade. Son membre occidental est
pris de convulsion et ce malaise semble ne pas prendre fin de sitôt. L’Ouest
est malade. Et si l’Ouest est atteint, c’est le pays tout entier qui est
malade. L’Ouest a recommencé ses crises épileptiques. Des attaques meurtrières
ont eu lieu, il y a quelques jours ; des morts ont été enregistrés, des
populations ont encore déserté leurs domiciles pour d’autres destinations. La
réconciliation serait donc impossible ?
Pourtant, derrière le voile des sourires, au-delà des éclats de rire et le lyrisme exalté des professions de foi, il existe des réalités tristes que tous les efforts pour sauver les apparences ne peuvent étouffer. Il y a des douleurs que la bonne volonté ne peut feindre d’ignorer. Comment peut-on demander à celui qui souffre de sourire, et pire, de clamer qu’il est heureux et en paix ? Notre pays n’a pas encore retrouvé sa sérénité. Un Etat est comme le corps humain. Si un
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EXODUS - Sur les routes de l'Ouest |
Depuis
un moment, il était question de permettre aux populations de l’Ouest,
propriétaires terriens, chassés, réfugiés ou exilés, de retrouver leur sol et
leurs domiciles. Malheureusement, les voilà qui doivent, une fois encore
rejoindre leurs cachettes dans les entrailles des brousses, pour dormir sur le
sol nu, sous des arbres comme des animaux. Quel est le péché capital que les
Guéré ont pu commettre pour vivre comme des parias sur leur propre terre ? Tout
le monde connait la réponse. Ce peuple a eu le tort de soutenir Laurent Gbagbo.
Mais au-delà de cette raison connue de tous et rabâchée un peu partout, il y a
une autre raison dont on ne parle pas souvent. Le peuple wê a eu tort de naître
dans une région fertile, où la forêt est une promesse d’agriculture
florissante. Pour cette raison, ce peuple a connu un génocide, il a été
exterminé, chassé et spolié sans qu’un œil ne cille dans le monde. Faut-il que
les wê soient ceux qui doivent payer le prix du pacte que Ouattara a signé avec
les Burkinabè ?
Les mystères de l’Ouest
La question est grave, mais elle n’a jamais été traitée sérieusement. Et d’ailleurs,
Ouattara peut-il résoudre le problème ? Dans sa volonté de prendre à tout prix
le pouvoir, il ne s’est pas embarrassé à recruter tous les sanguinaires de la
sous-région pour former son armée de conquête. L’importance, du point de vue de
l’effectif, du supplétif burkinabé dans l’armée de Ouattara n’est plus à
démontrer. Ces hommes qui étaient installés depuis plusieurs années dans
l’Ouest et qui connaissent bien la richesse de la zone ont vu dans cette guerre
une occasion de s’accaparer des terres qu’ils convoitent depuis belle lurette.
La chute de Gbagbo ne devait donc pas seulement ouvrir la porte de palais au
«brave tchê», elle devait lever aussi tous les obstacles qui les empêchaient
d’arracher les terres cultivables aux wê connus comme un peuple téméraire, qui
ne se laisse pas faire facilement. Ouattara connaissant les ententes et les
rêves des Burkinabè a, en effet, promis de fermer les yeux sur la colonisation
de l’Ouest. C’était un pacte non écrit bien connue de tous. Ouattara
actuellement ne peut rien faire pour les nationaux de l’Ouest. Si ce n’est de
fermer les oreilles et les yeux devant ce qui s’y passe. Il s’agit de laisser
occuper la zone jusqu’au port de San Pedro pour faire du Burkina, un pays
désenclavé avec pour port celui de San Pedro. Aujourd’hui encore, pour des
raisons politiciennes, il y a certains Ivoiriens qui continuent de soutenir
l’idée selon laquelle, les Wê auraient vendu leurs terres aux Burkinabé. Un tel
raisonnement porte les germes d’une guerre. La Côte d’Ivoire, avant l’indépendance,
avait déjà grandement ouvert ses portes aux Burkinabè. Nul n’ignore qu’il
existe de gros campements de Burkinabè un peu partout dans ce pays. Mais est-ce
vraiment la même situation à l’Ouest. Il ne faut pas être méchant. Il y a des
populations d’origine burkinabé dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. Mais
à l’Ouest, de Duekoué à Toulépleu en passant par Blolequin, des Burkinabé, par
hordes et par grappes, armées et saignants de pauvreté, ont été déversés pour
investir le massif forestier de tout le secteur ouest. Quelle autorité
ivoirienne ignore-t-elle la présence de la milice burkinabé dirigée par Ouéremi
dans le mont Péko ? Il est difficile de concevoir que des citoyens ivoiriens
soient marginalisés, exclus de leurs villages au profit de non-nationaux sans
que le pouvoir ivoirien ne puisse lever le petit doigt.
Le pire reste à venir
Lors des derniers affrontements à l’Ouest, d’après les informations qui nous
sont parvenues, il y a eu des tués du côté des éléments des Frci. Ces derniers
n’ayant pas pu définir l’identité des assaillants, projetteraient, comme
d’habitude, de procéder à un nettoyage qui aura pour conséquence
l’extermination des pauvres populations ivoiriennes. Pourtant, ces soldats des
Frci sont impuissants quand il s’agit de protéger les wê, victimes d’exaction
de la part des Dozo ou des miliciens burkinabé.
N’oublions
pas qu’en juillet 2012, près de mille personnes ont été massacrées par des
miliciens descendus du pays de Compaoré. En complicité avec des soldats des
Frci, ceux-ci ont souillé la terre ivoirienne par le sang des Ivoiriens
refugiés au camp de Nahibly. Que s’est-il passé par la suite ? Rien du tout !
Malgré le cri d’alarme des organisations internationales des Droits de l’Homme,
aucune enquête sérieuse n’a été menée pour arrêter et punir les coupables. Au
regard de ce repère sanglant, force est de s’inquiéter sur ce qui risque de se
passer dans les jours à venir à l’Ouest. Des populations ivoiriennes seront
massacrées sous prétexte de combattre les assaillants. Nous connaissons les
méthodes et les justifications des hommes de Ouattara.
C’est
ici le lieu d’interpeller tous les cadres de l’Ouest qui «mangent» avec
Ouattara. Occuper un portefeuille ministériel ou un poste juteux dans
l’administration n’est pas une raison pour se taire face à la souffrance des
parents. Anne Ouloto, cadre du Rdr, aurait accusé les Burkinabè de mener une
guerre contre les Ivoiriens de l’Ouest pour occuper les terres cultivables.
Nous voudrions espérer que son accusation ne soit pas simplement une parole
proférée dans un contexte de l’effervescence des élections régionales. Dans le
même élan, il faudrait que Mabri Toikeusse, Banzio, Denis Kah Zion et tous les
autres cadres originaires de l’Ouest transcendent leurs intérêts égoïstes, pour
dénoncer, à l’unisson, l’extermination tranquille de leurs parents. Demain, les
Ivoiriens leur en seront reconnaissants.
Salomon Akonda in LG Infos
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous
cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui
ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source : La
Dépêche d'Abidjan 20 Mars 2013
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