Ancien militant
vedette du PIT où il passait même pour un fils spirituel de son fondateur et
président Francis Wodié, Kabran Appiah avait quitté ce parti pour …des raisons
mystérieuses, et s’était rapproché du FPI, ou plutôt du président Laurent
Gbagbo dont, jusqu’au 11 avril 2011, il était apparemment l’un des fidèles.
Cette interview nous le montre sous les traits d’un fieffé opportuniste, doublé
d’un arriviste sans principes ; ce qu’il est depuis toujours sans doute, même
s’il avait l’art de le dissimuler sous les masques contradictoires de ses fidélités
successives.
Le Cercle Victor Biaka Boda - La Rédaction
Des partis d’opposition dont le Mouvement alternative citoyenne
prendront part aux élections municipales et régionales. A laquelle des
élections êtes-vous personnellement candidat ?
Je suis candidat aux municipales à Abengourou. Je conduis une
liste indépendante en personne, mais pas au titre de mon parti.
Quelle est la différence ?
La différence est que le parti ne parraine pas ma candidature. Le
vice-président du Mnc, Yapo Yapi (maire sortant, ndlr) conduit aussi une liste
indépendante à Yakassé-Attobrou. Un groupe de militants du parti sont inscrits
sur des listes indépendantes à Tanda. Nous avons une liste Mnc en cours de
dépôt à Transua. C’est la seule liste que nous avons en dépôt au titre du
parti.
Pourquoi si peu de candidatures ?
C’est ce que nous pouvons faire avec les moyens que nous avons.
Nous avions une vingtaine de candidatures annoncées, mais nous avons dû les
supprimer, parce que nous n’avons pas les moyens de les financer. Les deux
premiers dirigeants (le président et le vice-président, ndlr) de notre
formation politique se sont rabattus sur des listes indépendantes sur
lesquelles ils sont des têtes de liste.
Y a-t-il des raisons particulières à ce choix ?
Ces élections sont locales ; il y a donc des réalités locales
qui ne nécessitent pas un engagement militant.
N’est-ce pas plutôt une mesure de prudence que de présenter des
candidats indépendants et d’autres parrainés par le parti ?
Non, c’est une mesure que nous impose la réalité du terrain. Le
Mnc n’a pas les moyens d’aller seul à des élections à Abengourou et de les
gagner. Il est donc associé à des militants d’autres partis, mais sur une liste
indépendante. On aurait pu réclamer chacun le parrainage de leur parti, mais on
ne l’a pas fait. Pour nous, le plus important est que l’enjeu n’est pas
politique. Là où l’enjeu est politique, et que nous avons pu financer, c’est à
Transua.
A quoi faites-vous allusion concrètement, quand vous parlez
de réalité du terrain?
La réalité du terrain est liée à l’absence de financement, au
délabrement, à la situation des nombreux cadres qui ont perdu leurs revenus et
dont les maisons ont été pillées. Il y en a qui ont peur… Tout cela nous amène
à avoir un profil très bas.
A Abengourou, vous êtes alliés à quels partis politiques ?
Ils sont de tous les bords politiques. Ils sont issus du Pdci, du
Rdr, du Fpi… Mais ils ne sont pas inscrits sur les listes en tant que des
militants. Ils sont inscrits en tant qu’habitants de la ville ; parce que c’est
en citoyen que nous allons conquérir la ville d’Abengourou.
Vous résidez à Abidjan où vous êtes très souvent. Vous auriez pu y
briguer une mairie. Pourquoi avoir choisi la commune d’Abengourou ?
Ces élections sont locales. Puisque je suis chez moi, à Abengourou, j’ai préféré me présenter là-bas. J’aurai pu me présenter à Cocody, puisque je réside dans cette commune.
Ces élections sont locales. Puisque je suis chez moi, à Abengourou, j’ai préféré me présenter là-bas. J’aurai pu me présenter à Cocody, puisque je réside dans cette commune.
Des partis membres du Cpd ont décidé de ne pas aller à ces
élections. N’est-ce pas dommage, quand on sait qu’à l’origine, ils avaient
donné l’assurance d’y participer ?
C’est dommage pour tout le monde ; leurs positions sont fondées.
Je ne critique même pas leur option. C’est d’ailleurs pour cette raison que
nous avons opté pour une participation libre. Ils ne sont pas en contradiction
avec nous. Nous avons dit que chaque parti est libre d’aller aux élections en
son âme et conscience. Nous, nous avons préféré ne pas laisser le terrain
vacant. Mais nous comprenons parfaitement leurs critiques et leurs décisions,
puisque nous n’avons rien eu pratiquement.
Qu’entendez-vous par « nous n’avons rien eu pratiquement
» ?
Vous vous imaginez que le gouvernement ne nous a donné que vingt
millions de francs pour des élections nationales. Combien de régions et de
communes peut-on financer avec une telle somme ?
Vous semblez dire que l’enveloppe n’est pas suffisante, pourtant vous
l’avez acceptée. Pourquoi ?
On ne fait pas ce qu’on veut en politique. La politique est l’art
du raisonnable. Les élections auxquelles je me suis engagé sont d’abord
locales. Donc j’ai un engagement d’abord de citoyen d’Abengourou, de l’Indénié.
Quand mes concitoyens m’ont demandé de diriger cette liste, ce n’est pas pour
des raisons politiques. Ceux qui me l’ont demandé ne sont même pas du Mnc, ce
sont mes concitoyens qui m’ont appelé en tant que cadre de la région et qui
m’ont demandé de venir les aider à sauver Abengourou. C’est donc une motivation
qui n’est pas du tout politique.
A vous écouter, le Mnc n’a pas d’appréhension sur les prochaines
élections !
La politique de la chaise vide n’est pas une option qui nous a beaucoup rendu service. Il sera temps d’en discuter. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord avec les conditions dans lesquelles les élections se tiennent. Ces choses continuent d’être discutées. Les vraies élections, ce sont les législatives et les présidentielles de 2015. Celles-là (les toutes prochaines, ndlr) sont alternatives. Nous espérons qu’elles nous ouvrirons de vraies alternatives politiques. Si elles sont bloquées et caporalisées comme les précédentes, cela veut dire que les élections ne servent à rien dans ce pays. Et tout le monde pourra en tirer les conséquences.
La politique de la chaise vide n’est pas une option qui nous a beaucoup rendu service. Il sera temps d’en discuter. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord avec les conditions dans lesquelles les élections se tiennent. Ces choses continuent d’être discutées. Les vraies élections, ce sont les législatives et les présidentielles de 2015. Celles-là (les toutes prochaines, ndlr) sont alternatives. Nous espérons qu’elles nous ouvrirons de vraies alternatives politiques. Si elles sont bloquées et caporalisées comme les précédentes, cela veut dire que les élections ne servent à rien dans ce pays. Et tout le monde pourra en tirer les conséquences.
Quelle est votre conviction intime concernant ces
échéances électorales ?
Nous faisons confiance à la capacité des Ivoiriens à comprendre
que la démocratie est un exutoire. Nous sommes des démocrates ; et quand
on est un démocrate, on croit que la démocratie peut aider à trouver une porte
de sortie pour nos contradictions. C’est pour cette raison que nous avons
toujours combattu toutes les solutions militaires qui n’ont aucun sens. Je n’ai
aucun respect et aucune excuse à la rébellion, parce que rien ne justifie de
prendre les armes pour faire valoir un point de vue politique.
Comment expliquez-vous alors que des politiques qui disent être
démocrates s’abstiennent, par exemple, à prendre part à des élections, moyen
par lequel ils peuvent obtenir des changements qu’ils réclament ?
Ils n’ont pas décidé au hasard de ne pas y aller. Ils considèrent
que les conditions d’organisation de ces élections ne sont pas réunies. On ne
peut pas aller à une réunion ou à une compétition qui ne sert à rien. Si c’est
le cas, on analyse et on observe. S’il ne sert à rien d’y aller, alors ce n’est
pas la peine de perdre le temps. Je prends un exemple : On donne vingt
millions de francs à nous qui avons décidé d’aller aux élections. Je ne vais
pas aller saupoudrer en donnant un million à chacun pour avoir vingt
candidatures. Ce serait juste pour témoigner ou pour dire que nous sommes
présents. Cela n’a aucun sens. Nous avons financé les seuls endroits où nous
sommes sûrs de gagner. Maintenant, si notre analyse est que – et ce cas peut
arriver – dans cinq ans, les élections ne servent à rien, alors nous n’irons
pas aux élections.
Alors quel jugement portez-vous sur les décisions prises par les
uns et les autres de ne pas aller aux élections ?
Une décision ne doit pas être d’émotion, mais de raison. Il ne
faut jamais agir par émotion en politique. Une situation peut plaire ou ne pas
plaire. Mais quand le terrain indique une orientation, il faut la suivre.
Est-ce à croire que la recomposition de la Cei, le statut et le
financement de l’opposition que réclament d’autres opposants ne sont pas des
conditions à votre participation aux élections ?
Il n’y a personne qui dit des choses différentes dans
l’opposition. La libération des prisonniers, la recomposition de la CEI… tout
le monde dit la même chose.
Pour vous, la priorité est ailleurs ?
Ce n’est pas une affaire de priorité, c’est une affaire de
réalité. Aujourd’hui, est-ce qu’on a même des priorités ? La réalité
commande certaines choses. Soit on est un parti ou on n’en est pas un. C’est
pourquoi nous ne faisons pas comme les autres qui traitent leurs camarades de
traîtres. Chaque position peut se comprendre ; il suffit d’être attentif.
Maintenant, quand on dit qu’il n’y a pas d’explications recevables, il faut en
discuter. Alors, je comprends ceux qui disent qu’ils ne vont pas aux
élections ; de cette même manière, ils doivent comprendre que moi je vais
aux élections.
Qu’elles sont vos conditions auxquelles le gouvernement a donné
une suite favorable pour que vous soyez aussi déterminé à aller à ces
élections ?
Le gouvernement n’a fait aucune concession sérieuse. Tout est sur
la table, il n’y a aucun mystère. Le gouvernement nous a donné vingt millions
pour aller aux élections. Pas au seul Mnc, il l’a donné potentiellement à tous
les partis qui voulaient aller aux élections. Certains ont dit qu’ils ne
prennent pas cet argent parce qu’ils ne vont pas aux élections. D’autres l’ont
pris parce qu’ils ont décidé d’aller aux élections. Moi, je l’ai pris au nom du
Mnc, et nous allons aux élections dans des conditions minimales que j’ai
expliquées plus haut.
Quelle analyse faites-vous des élections?
Ces élections sont la fin du cycle du désordre et de la cupidité
politique. Les vainqueurs doivent savoir avoir raison. La démocratie a une
fonction détersive, c’est-à-dire qu’elle absorbe les contradictions de la
société en offrant un exutoire à toutes les réclamations et à toutes les
revendications. Pourquoi aller à la violence si on a la possibilité de
combattre son adversaire par des moyens autres que les violences ? Donc, l’antiviolence,
le meilleur réconciliateur, c’est la démocratie. J’appelle solennellement le
pouvoir à considérer cela.
Réalisée par Bidi Ignace
Titre original : Kabran Appiah : « Pourquoi
j’ai pris l’argent du gouvernement. »
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nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : Nord-Sud 07 mars 2013
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