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« Pour
empêcher toute manipulation opportuniste de la constitution, nous devons
construire un rempart citoyen à même d’endiguer les tentations de pouvoir à vie
du président Compaoré »,
a déclaré Luc Marius Ibriga, président du Forum des citoyens de l’alternance
(Focal), dont c’était la troisième édition lundi.
La société civile et l’opposition
burkinabè accusent le chef de l’Etat de vouloir modifier l’article 37 de la
constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et l’empêche
de se présenter à nouveau en 2015.
Elles rejettent également
catégoriquement la création d’un Sénat, que Blaise Compaoré veut créer, selon
elles, pour se maintenir au pouvoir.
« De tels stratagèmes sont
inconstitutionnels et illégitimes, et c’est à bon droit que nous pourrons, sur
le fondement de la constitution, leur opposer la désobéissance civile », a
soutenu M. Ibriga.
Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir
en 1987 par un coup d’Etat, a effectué deux septennats (1991 et 1998), avant
qu’un amendement modifiant la durée du mandat présidentiel ne lui permette
d’être élu pour deux nouveaux quinquennats (2005 et 2010).
Le chef de l’Etat s’est jusqu’à
présent montré très flou sur sa volonté de se présenter une nouvelle fois à la
charge suprême.
Le Focal, un rassemblement annuel
qui se tenait lundi sur le thème du « Burkina Faso après l’élection
présidentielle de 2015″, a réuni environ 200 personnes, la plupart issues de la
société civile et de partis d’opposition, selon un décompte de l’AFP.
Ses membres craignent que le
président burkinabè organise un référendum pour imposer ses vues, ce à quoi ils
se disent également opposés.
Déclaration d’un groupe de membres
du bureau politique national
du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP)
Le plus grave en effet, ce n’est pas
l’amateurisme qui la caractérise, ni le désordre, ni même son incompétence qui
saute aux yeux , mais plutôt son refus obstiné, malgré les critiques maintes
fois exprimées par les militants, d’appliquer les règles élémentaires qui
régissent le Parti, son organisation et son fonctionnement depuis sa création
en 1996, lesquelles sont édictées par les textes fondamentaux adoptés par les
congrès successifs. Cet entêtement à vouloir faire du CDP ce que seulement
quelques personnes voudraient qu’il soit, suscite réprobation et indignation.
Aussi, en l’absence de cadres appropriés pour le faire en interne, avons-nous
décidé de rompre le silence pour porter à l’attention de l’opinion interne et de
celle extérieure au parti nos préoccupations qui sont celles d’une large
majorité des militants.
1-
De la confiscation de l’autorité du Bureau Politique National
Bien que défini par les statuts
comme étant « l’organe dirigeant du Parti » (cf. article 32), le Bureau
Politique National (BPN), dont il nous revient que la composition a été
tronquée par l’ajout frauduleux de près de 200 membres aux 450 issus du dernier
congrès, s’est vu régulièrement contourné au moment de prendre les décisions
cruciales. Ce fut le cas lors des élections couplées législatives/municipales
de décembre 2012 où le Secrétariat Exécutif National (SEN) s’est arrogé le
droit régalien d’élaborer les critères de candidature, les modalités de
sélection des candidats sans aucun examen préalable par le BPN comme cela se
faisait auparavant, puis a adopté souverainement les listes de candidature
encore une fois sans le moindre égard ni compte-rendu au BPN, seul organe
pourtant habilité à prendre ce type de décisions. L’article 35 des statuts stipule
pourtant clairement que le Secrétariat Exécutif National est chargé d’«
exécuter les décisions et mesures prises par le BPN relatives au choix des
candidats du Parti aux différentes consultations électorales ».
Pour la mise en place du Sénat, le
SEN ne s’est nullement cassé la tête, il a tout simplement replâtré sa méthode.
Pas le moindre salamalec, les membres du BPN se sont réveillés avec une
directive signée… à prendre ou à laisser !
Le BPN est désormais une coquille
vide. On le convoque très rarement et seulement quand ça plait. Quand enfin une
session se tient, c’est pour survoler les vrais problèmes, endormir les cadres
du Parti pour ensuite les poignarder dans le dos. C’est ce manque de
considération et d’honnêteté qui justifie la désaffection manifeste des membres
constatée lors des dernières sessions. Quant aux camarades qui viennent encore
aux sessions, ils ont compris qu’il faut aller écouter, se taire et partir, car
sait-on jamais ?
2-
De la dérive autoritaire à l’occasion du renouvellement des structures et
organes du Parti
Le Secrétariat Exécutif National
avait déjà été critiqué lorsque, dans l’après-congrès, il a procédé à la
recomposition pure et simple des bureaux de section du Kadiogo, du Houet et de
la Comoé. Non seulement les motifs du nouveau découpage des communes de
Ouagadougou et Bobo-Dioulasso évoqués n’étaient pas plausibles, l’opération ne
concernant que les arrondissements à l’intérieur, et donc seulement les
sous-sections, mais aussi ce fut l’occasion rêvée pour le SEN d’opérer une
véritable purge (14 membres balayés sur les 20 de la section au Kadiogo !) dans
le dessin d’asseoir des structures à sa solde dans les deux grandes villes.
Pourtant, il ne dispose statutairement d’aucun pouvoir pour cela. Les sections
provinciales répondent des directives du BPN qui, au vu d’un rapport
circonstancié du SEN ou de la Commission nationale de contrôle, peut autoriser
la révocation de tout ou partie d’un bureau de section et le remplacement des
membres. L’article 29 des statuts donne pouvoir à la conférence provinciale de
« pourvoir au remplacement d’un membre du bureau en cas de vacance de poste
conformément aux directives du Bureau Politique National ». Dans le cas
d’espèce, non seulement le BPN n’en a même pas été saisi, mais aussi aucune
conférence provinciale n’a été convoquée pour procéder à ce qu’on a appelé
réajustement mais qui était une véritable dissolution-recomposition.
En son temps, ni les critiques véhémentes des membres
du BPN exprimées au tout premier BPN d’après-congrès, ni les rappels incessants
au règlement n’ont produit le moindre effet, les Seigneurs du jour affichant
leur toute puissance. Depuis la création du CDP, c’était bien la première fois
que l’on assistait à de tels charcutages des bureaux exécutés d’autorité par
l’organe exécutif du Parti. Qu’à cela ne tienne, l’équipe d’Assimi KOUANDA n’en
a cure… le Parti, « c’est nous et nous seuls ! »
L’erreur est humaine dit-on, et le bénéfice du doute
aurait pu encore être accordé à la nouvelle équipe, en son temps encore dans
l’apprentissage, bien qu’en son sein tout le monde n’était pas neuf ! Près de
deux ans se sont écoulés et voici qu’à nouveau, et contre toute attente, le SEN
sort une directive dans laquelle il décline les modalités de renouvellement des
bureaux des structures géographiques du Parti, encore une fois en pure défiance
de ce que prévoient les textes du Parti. Le chapitre II de cette directive
publiée sous le No 2013/0003/CDP/CN/BPN/SEN et datée du 05 novembre dernier intitulé
« Procédures de mise en place des bureaux » tient en tout et pour tout en deux
articles et une phrase par article :
« Article 9 : Le renouvellement des membres des bureaux des structures
géographiques s’effectuera de manière descendante ; de la section provinciale
aux sous-comités.
Article 10 : Le Secrétariat Exécutif National entreprendra des concertations auprès des militants et des personnes ressources dans les différentes provinces et se donnera tous les moyens pour identifier les camarades susceptibles d’animer les organes dirigeants des structures géographiques du Parti. »
Article 10 : Le Secrétariat Exécutif National entreprendra des concertations auprès des militants et des personnes ressources dans les différentes provinces et se donnera tous les moyens pour identifier les camarades susceptibles d’animer les organes dirigeants des structures géographiques du Parti. »
La messe est ainsi dite, le SEN est l’alpha et
l’oméga, le commencement et la fin de tout ce processus qui engage le Parti et
l’ensemble de ses militants au plus haut point.
Les dispositions de nos textes en la matière sont
pourtant d’une inaltérable clarté. Toutes les références statutaires aux
opérations touchant à la mise en place des structures, du comité de base à la
section en passant par la sous-section ainsi que le remplacement éventuel d’un
membre, renvoient toujours aux directives du Bureau Politique National
(articles 19, 24, 29, 33 et 35 des statuts, et articles 16, 19, 29, 30, et 39
du règlement intérieur).
L’article 35 des statuts précise le rôle que doit
jouer le SEN en la matière : le SEN est chargé de « superviser la mise en place
des organes des structures du parti et de veiller à leur bon fonctionnement ».
Il est donc clair que le BPN doit examiner les modalités du renouvellement,
prendre les décisions appropriées que le SEN se chargera d’exécuter, tout en
supervisant les opérations sur le terrain. C’est du reste ce qui a toujours été
fait depuis la création du Parti jusqu’au Ve congrès. Bien entendu, nous ne
nions pas au SEN le droit d’initiative lui permettant d’élaborer et de proposer
au BPN les modalités du renouvellement des organes. De là à se substituer à la
direction politique nationale qui est le BPN pour décider et exécuter à la
fois, il y a un grand fossé qu’il n’y avait pas lieu de franchir. Nous ajoutons
que le SEN avait pourtant promis, lors des récentes sorties dans les provinces
que les modalités seront déroulées en temps opportun pour examen par l’instance
appropriée. Encore faut-il que la parole donnée ait un sens !!!
Plus loin, en examinant lesdites modalités, on se rend
compte que le SEN s‘est arrogé le droit unilatéral de composer tous les bureaux
des sections provinciales (au nombre de 45), des sous-sections communales (au
nombre de 360) et de les valider lui-même (cf. page 3 du canevas adressé aux
responsables des comités chargés du renouvellement en application de la même
directive) et, de ce fait même, est à la fois juge et partie. Il est à noter
d’ailleurs que lesdits comités de renouvellement, composés de moins d’une
dizaine de membres « méticuleusement triés » pour chaque province doivent
arrêter tous les bureaux provinciaux et communaux que le SEN validera.
Rappelons qu’autrefois, non seulement les modalités
étaient arrêtées par le BPN mais aussi ses membres étaient directement impliqués
sur le terrain, les trois premiers responsables de la section étant désignés
par les membres du BPN ressortissants et résidents de chaque province. Lesdits
membres étaient associés à toutes les étapes du processus couronnées par la
tenue des assemblées et conférences prévues par les statuts pour l’adoption
finale des bureaux issus des concertations.
S’agissant par ailleurs de la validation des bureaux,
les statuts sont encore très clairs, article 33 : le BPN est chargé de «
valider la mise en place des organes des structures de base du parti ». L’omnipuissance
du SEN est à nouveau établie et il a une fois de plus prouvé qu’il n’a que
faire ni des principes ni des règles du parti.
3- Des vrais mobiles
Au regard de tout ce qui précède, le CDP est-il devenu
un parti informel, sans principes, sans règles ni méthodes claires, est-on
tenté de se poser comme question ? Et pourtant, plusieurs membres du SEN actuel
sont d’anciens baroudeurs ayant même contribué à asseoir ce parti et qui donc
en connaissent les principes. Il faut donc chercher les raisons ailleurs que
dans la méconnaissance, plutôt donc dans la cynique volonté de caporaliser le
parti, de le domestiquer afin de le mettre sous coupe réglée. Ce plan
stratégiquement mûri par un clan à l’intérieur du parti est celui en marche
depuis le dernier congrès qui vise à liquider le CDP des origines, à chasser ou
à neutraliser tous ceux qui ne s’alignent pas derrière leurs calculs. Ce clan
n’a que faire des critiques objectives des camarades qui dénoncent ces graves
dysfonctionnements et l’irrespect chronique des textes, il ne recule et ne
reculera devant rien !
Ce groupe est le même qui agite la FEDAP/BC, qui
l’organise et la redéploye à chaque fois que de besoin, et cela en dépit de la
promesse de l’abandonner faite au moment du congrès, en raison des menaces
évidentes qu’elle a toujours fait peser sur la cohésion au sein du parti.
Camarades membres du Bureau Politique National,
camarades militantes et militants, l’heure de la vérité a sonné. En imposant au
parti cette directive qui n’est autre qu’un diktat, le SEN a définitivement
montré son incapacité à organiser conséquemment le parti et à en assurer la
cohésion, la démocratie interne et la discipline conséquente. Aussi, nous,
militants avisés des premières heures :
1- Elevons une vive protestation contre la directive
No 2013/0003/CDP/CN/BPN/SEN du 05 novembre 2013 pour sa non-conformité avec les
principes et les textes fondamentaux du parti ;
2- La déclarons inopportune, dangereuse et
liquidatrice pour le parti ;
3- Exigeons du SEN son abrogation pure et simple, et,
le cas échéant, la démission de celui-ci de la direction du parti ;
4- Invitons les membres du BPN, dans un élan uniforme,
et en attendant la réaction des premiers responsables du parti, à réserver une
indifférence totale au processus engagé et à toutes les initiatives notamment
de celles desdits comités de renouvellement installés par le SEN et qui ne sont
qu’une sélection savamment opérée a la tête du client pour des objectifs
inavoués ;
5- Appelons l’ensemble des militants du parti à la
vigilance, au refus de la liquidation programmée et à mener chacun à son niveau
le combat noble et acharné pour la sauvegarde des acquis historiques,
politiques, idéologiques et organisationnels du Parti.
Signé : Des membres du Bureau politique national
Source :
Connectionivoirienne.net 4 décembre
2013
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