Médecin et homme politique martiniquais, frère cadet d’André Aliker et
proche d’Aimé Césaire, il s’est éteint jeudi dernier (5 décembre) à son
domicile, à Fort-de-France, à l’âge de cent six ans.
P. Aliker, lors des funérailles de
Césaire
(© Franck Fife/AFP)
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Le 20 avril 2008, Pierre Aliker avait prononcé
l’unique discours des obsèques d’Aimé Césaire. C’était sa dernière apparition
publique de premier plan. Devant le chef de l’État de l’époque, Nicolas
Sarkozy, il avait rappelé, dans une grande dignité, que « les meilleurs
spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais » sous une pluie
d’applaudissements. Il avait cité Karl Marx. Cet engagement pour
l’émancipation, la dignité humaine et la justice ne l’a jamais quitté, telle
son habitude de se vêtir de blanc, en hommage à son frère, le journaliste André
Aliker, assassiné en 1934. Ce dernier, militant communiste martiniquais, membre
du groupe Jean Jaurès et rédacteur en chef du journal Justice, avait été
retrouvé sans vie, noyé près d’une plage. Quelques semaines auparavant, il
avait dénoncé dans Justice les agissements de békés dans une affaire trouble de
fraude fiscale et de corruption. (…). C’est à la Martinique, et bien au-delà,
que l’on pleure la disparition de Pierre Aliker, personnalité emblématique. Né
en 1907, il avait été le premier Martiniquais interne des hôpitaux de Paris.
Spécialisé en chirurgie, le docteur Aliker revient sur son île natale pour y
exercer. En 1945, il s’engage en politique auprès d’Aimé Césaire, l’illustre
homme de lettres, et figure à ses côtés sur la liste communiste aux élections
municipales à Fort-de-France. Il restera son premier adjoint jusqu’en 2001.
Surtout, après la rupture de Césaire avec les communistes, il cofonde avec lui
le Parti progressiste martiniquais (PPM), en 1958, et restera le vice-président
du parti autonomiste jusqu’en 2005. Sa rectitude en politique, véritable
fidélité dans la vie, est un trait de caractère de cet homme élégant. Il y a
cinq ans, à cent un ans, il épouse Marcelle Landry (décédée depuis) rencontrée
soixante ans plus tôt et avec laquelle il vivait. À l’annonce de la mort de
Pierre Aliker, le même jour que celle du grand combattant pour la liberté
Nelson Mandela, de nombreuses personnalités lui ont rendu hommage, notamment Georges
Erichot, secrétaire général du Parti communiste martiniquais (PCM), la
direction du Parti communiste français (PCF), Victorin Lurel, ministre des
Outre-Mer, Christiane Taubira, ministre de la Justice, Serge Letchimy,
président (PPM) de la région Martinique.
Pierre Chaillan
Source : LHumanité.fr 9 Décembre 2013
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