jeudi 12 décembre 2013

Hommage au Dr Pierre Aliker, compagnon d’Aimé Césaire


 
Médecin et homme politique martiniquais, frère cadet d’André Aliker et proche d’Aimé Césaire, il s’est éteint jeudi dernier (5 décembre) à son domicile, à Fort-de-France, à l’âge de cent six ans.
 


P. Aliker, lors des funérailles de Césaire

(© Franck Fife/AFP)
Le 20 avril 2008, Pierre Aliker avait prononcé l’unique discours des obsèques d’Aimé Césaire. C’était sa dernière apparition publique de premier plan. Devant le chef de l’État de l’époque, Nicolas Sarkozy, il avait rappelé, dans une grande dignité, que « les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais » sous une pluie d’applaudissements. Il avait cité Karl Marx. Cet engagement pour l’émancipation, la dignité humaine et la justice ne l’a jamais quitté, telle son habitude de se vêtir de blanc, en hommage à son frère, le journaliste André Aliker, assassiné en 1934. Ce dernier, militant communiste martiniquais, membre du groupe Jean Jaurès et rédacteur en chef du journal Justice, avait été retrouvé sans vie, noyé près d’une plage. Quelques semaines auparavant, il avait dénoncé dans Justice les agissements de békés dans une affaire trouble de fraude fiscale et de corruption. (…). C’est à la Martinique, et bien au-delà, que l’on pleure la disparition de Pierre Aliker, personnalité emblématique. Né en 1907, il avait été le premier Martiniquais interne des hôpitaux de Paris. Spécialisé en chirurgie, le docteur Aliker revient sur son île natale pour y exercer. En 1945, il s’engage en politique auprès d’Aimé Césaire, l’illustre homme de lettres, et figure à ses côtés sur la liste communiste aux élections municipales à Fort-de-France. Il restera son premier adjoint jusqu’en 2001. Surtout, après la rupture de Césaire avec les communistes, il cofonde avec lui le Parti progressiste martiniquais (PPM), en 1958, et restera le vice-président du parti autonomiste jusqu’en 2005. Sa rectitude en politique, véritable fidélité dans la vie, est un trait de caractère de cet homme élégant. Il y a cinq ans, à cent un ans, il épouse Marcelle Landry (décédée depuis) rencontrée soixante ans plus tôt et avec laquelle il vivait. À l’annonce de la mort de Pierre Aliker, le même jour que celle du grand combattant pour la liberté Nelson Mandela, de nombreuses personnalités lui ont rendu hommage, notamment Georges Erichot, secrétaire général du Parti communiste martiniquais (PCM), la direction du Parti communiste français (PCF), Victorin Lurel, ministre des Outre-Mer, Christiane Taubira, ministre de la Justice, Serge Letchimy, président (PPM) de la région Martinique.

Pierre Chaillan

Source : LHumanité.fr 9 Décembre 2013

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