Nelson Mandela est rendu à la terre de ses ancêtres dimanche, dans le village rural de Qunu, dans le sud-est de l'Afrique du Sud, où ont débuté des funérailles d'Etat, marquées par honneurs militaires et rites xhosas.
La
cérémonie, qui rassemble 4.500 personnes, dont quelques dignitaires étrangers
sous une immense tente dressée sur la propriété de Mandela, a commencé vers
8H15 (06h15 GMT) retransmise en direct à la télévision, et suivie sur des
écrans géants à travers tout le pays.
Après dix
jours de deuil national en Afrique du Sud, et plusieurs jours d'hommages
publics internationaux, l'ancien président décédé le 5 décembre à l'âge de 95
ans va être inhumé en milieu de journée, où il l'avait souhaité, auprès de ses
parents et de trois de ses enfants à Qunu.
C'est là que
ce géant du XXe siècle passa les meilleurs moments de son enfance.
"Quand un homme a accompli ce
qu'il considère comme son devoir envers les siens et son pays, il peut reposer
en paix. Je pense que j'ai fait cet effort", estimait dès 1996 le héros de la
lutte anti-apartheid. Dix-sept ans plus tard, l'heure est venue de ce dernier
repos.
Réalise ta promesse
Les
funérailles ont commencé avec l'arrivée sous la tente du cercueil recouvert du
drapeau sud-africain, au son de l'hymne religieux « Lizalis indiga lakho »
(réalise ta promesse), suivi de l'hymne national Nkosi sikelel'iafrika (Dieu
bénisse l'Afrique).
Dans une
brève allocution d'ouverture, la présidente de l'ANC Bakela Mbete a salué en
Mandela l'homme qui a « tiré le pays
de l'asservissement, vers l'Afrique du Sud d'aujourd'hui ».
Les
funérailles devaient durer plus de deux heures, avec un caractère clairement
plus intime que les hommages des derniers jours, en particulier l'hommage de
60.000 personnes mardi dans un stade de Soweto, près de Johannesburg, en présence
d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernements. Le président américain
Barack Obama avait salué en Mandela un « géant de l'Histoire ».
Sous le
dôme, des officiels de l'ANC, de membres de la Ligue des femmes chantaient et
dansaient en attendant le début de la cérémonie, alors qu'une salve de canons,
résonnait dans la vallée de Qunu, saluant le transfert du cercueil de la maison
Mandela au lieu de la cérémonie.
"Je ne doute pas un seul instant
que lorsque j'entrerai dans l'éternité,
j'aurai le sourire aux lèvres".
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A
l'intérieur, le portrait géant de Mandela, souriant, faisait face à l'assistance,
derrière deux rangées de chandelles.
Un
représentant de la famille Mandela, sa petite-fille Nandi, des dirigeants
africains, comme les présidents tanzanien Jakaya Kikwete, et Joyce Banda, du
Malawi, devaient prendre la parole, ainsi que le président sud-africain Jacob
Zuma.
Les amis de
Mandela et des personnalités étrangères, le prince Charles, (…), l'entrepreneur
Richard Branson et le militant américain des droits civiques Jesse Jackson
assistent à la cérémonie.
Pendant deux
heures, pour beaucoup devant des écrans, l'Afrique du Sud devait se figer
dimanche. De nombreux magasins ont annoncé qu'ils resteraient fermés,
contrairement à l'usage dans la période qui précède Noël.
En terre loin des regards publics
A 10H00, les
caméras s'éteindront, et le rideau se baissera sur les funérailles Mandela
avant l'inhumation de l'ancien président, loin du regard du public. Sa famille
a souhaité pouvoir le mettre en terre à l'écart des médias. Privée de son patriarche
pendant ses 27 ans de prison, obligée de le partager ensuite avec la nation
puis le monde entier, elle pourra se le réapproprier pour un dernier adieu.
Seules 450
personnes, des proches donc, doivent assister à l'inhumation, dans un coin du
domaine familial, une cérémonie dirigée par des chefs du clan Thembu, une
branche de l'ethnie xhosa.
Ce sont des
anciens du clan, également, qui ont veillé le corps dans la nuit. Ce sont eux
aussi qui devaient communiquer avec les ancêtres lors des rituels depuis
samedi, afin d'apaiser l'esprit du défunt.
Un bœuf
devait être sacrifié pour contenter les esprits des ancêtres et s'assurer
qu'ils réservent un bon accueil au père de la Nation arc-en-ciel.
Dès l'aube
aux portes de la propriété Mandela, dont tous les accès routiers sont coupés
depuis
plusieurs jours, des résidents de Qunu s'étaient rassemblés dimanche
matin, espérant pouvoir se glisser à l'intérieur. « Je suis là depuis hier soir, j'ai dormi à l'arrière d'un
pick-up", déclarait Nomvula Luphondo, un enseignant de 44 ans. Peut-être qu'ils vont me laisser entrer ? Ce
serait bien de pouvoir dire au revoir ». D'autres se résignaient à
n'avoir pas accès.
Qunu, le 14 décembre |
« Si la famille le ressent
comme cela, qui sommes-nous pour dire quelque chose ? C'est leur corps, leur
Mandela, à eux de décider. Qu'il ait été chef de l'Etat ou pas », estimait Gugulethu Gxumisa, 19
ans, qui vit près de l'ancienne école de Mandela à Qunu. « L'essentiel est que ce soit ici, que les gens ressentent les
funérailles ».
Pendant
toute la cérémonie, les journalistes – plus de 3.000 se trouvent sur place –
sont tenus à l'écart, comme ils sont depuis quatre jours refoulés à toutes les
routes d'accès coupées vers la propriété des Mandela.
Son
enterrement mettra un point final à dix jours de deuil et d'hommages à celui
qui a réussi le "miracle sud-africain" : la fin de l'apartheid sans
plonger son pays dans la guerre civile. Son crédit, déjà énorme auprès de la
population noire qu'il a libérée, avait encore grandi lors de sa présidence
(1994-1999) placée sous le sceau du pardon envers la minorité blanche.
L'amour de
son pays s'est manifesté de mercredi à vendredi quand 100.000 personnes sont
venues s'incliner sur sa dépouille exposée dans un cercueil semi-ouvert au
siège de la présidence, à Pretoria. Souvent effondrés, les Sud-Africains
avaient pu jeter un dernier regard sur le visage de leur icône, les traits
figés pour l'éternité.
Source : M6&MSN Actualites 15 décembre 2013
(Titre original : « Mandela rendu à la
terre de ses ancêtres à Qunu »)
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