LE « SYNDROME BARRACUDA »
Extrait
de
République Centrafricaine : anatomie d’un État
fantôme
Rapport Afrique de Crisis Group N°136, 13 décembre
2007 (pp. 7-11).
colonel JC Mantion (editionsladecouverte.fr) |
Après
la dictature impériale [de Jean-Bedel Bokassa], qui avait fini par épuiser la complaisance
post-coloniale de la France, la Centrafrique est mise sous tutelle par Paris.
En principe indépendant mais, dans les faits, tributaire pour tout de la
France, l’ex-nouveau régime de David Dacko a besoin de toujours plus de soutien
extérieur pour se maintenir. Bientôt, ni le concours financier de Paris, ni la
garantie sécuritaire de l’armée française à Bangui ne suffisent plus. Il faut augmenter
les crédits et renvoyer des soldats français, également à l’intérieur du pays.
Evacuée en 1965, l’ancienne base militaire française de Bouar, dans l’ouest,
est réinvestie. Enfin, en plus des conseillers français à tous les postes névralgiques
de l’administration, il faut un homme sûr dans le sanctuaire même du pouvoir
local, à la présidence. Cette clé de voûte de cette reprise en main
néocoloniale de l’État centrafricain sera le lieutenant-colonel Jean-Claude Mantion,33
agent des services secrets français (Direction Générale de la Sécurité
Extérieure, DGSE). Rapidement surnommé proconsul, en raison de la prolifération
de ses attributions, il gouvernera de facto la Centrafrique pendant treize ans.
A. TRIBALISATION
SOUS TUTELLE FRANÇAISE
Jean-Claude
Mantion arrive à Bangui, le 2 décembre 1980. Sa mission est aussi vague
qu’importante : il doit protéger David Dacko, aussi de lui-même. Sous la
pression d’une opposition virulente, menée par le MPLC d’Ange-Félix Patassé, et
d’une population avide de changements réels, le président sombre en effet dans
des phases dépressives de plus en plus longues. Le dos au mur, bien qu’il
dispose de tous les moyens de l’État et du soutien de la France, il mène campagne
pour sa réélection – qui s’assimile à un plébiscite a posteriori sur son retour
au pouvoir imposé par Paris. Le 1er septembre 1981, les résultats officiels du
second tour lui prêtent une avance si ténue sur son challenger Ange-Félix Patassé
– 90 000 voix de différence, pour atteindre 50,23 pour cent – que les
lendemains électoraux augurent de rudes batailles.
Nerveusement,
David Dacko ne s’estime pas à même de les mener. Instruit par son attentisme de
mauvais aloi en 1965, il prend alors une initiative pour le moins surprenante :
il prévient Jean-Claude Mantion qu’il remettra, de son plein gré, le pouvoir
aux militaires et demande à son ange gardien français de ne surtout pas
intervenir. Il est prié, simplement, d’alerter Paris d’un coup d’État librement
consenti.34
C’est dans ces conditions que le chef d’état-major
de l’armée centrafricaine, le général André Kolingba, 45 ans, forme un Comité
militaire de redressement national (CMRN) pour diriger le pays. Jean-Claude
Mantion change de patron mais point de mission : il continue d’encadrer le
nouveau chef de l’État, comme il l’avait fait pour l’ancien. Il a d’ailleurs rapidement
l’occasion de prouver son utilité : le 3 mars 1982, en tenant d’une main ferme
la Garde présidentielle, il déjoue une tentative de coup d’État fomentée par
Ange-Félix Patassé et deux généraux en vue, François Bozizé et Alphonse
Mbaïkoua. Les galonnés s’enfuient : Bozizé au Tchad, Mbaïkoua dans son village
natal, à Markounda, sur la frontière tchadienne.
Quant
à l’ex-Premier ministre de Bokassa mué en tribun de l’opposition, qui est
également originaire du nord, il parvient à se réfugier à l’ambassade de France
déguisé en commerçant musulman, le boubou flottant sur une mobylette. Sa
présence y est des plus embarrassantes : comment, en effet, livrer au pouvoir
ami en place un putschiste très populaire à Bangui, sans prendre le risque de déclencher
des émeutes ? Des tractations s’échelonnent sur deux semaines avec, d’un côté
de la table, le représentant officiel de Paris et l’ambassadeur, et, de
l’autre, son compatriote et agent secret de la DGSE, Jean-Claude Mantion,
mandaté par la présidence centrafricaine. L’image résume la singularité d’un
moment postcolonial : la France parle à la France puisque, dans la Centrafrique
des années 1980, elle est partout, de tous les côtés. En l’occurrence, elle se
mettra d’accord avec elle-même pour délivrer un sauf-conduit à Patassé, afin
qu’il parte en exil au Togo.35
Personnage
plutôt falot, le général Kolingba délègue volontiers des pans entiers de son
pouvoir à Jean-Claude Mantion, en qui il a confiance. Cependant, pendant que l’œil
de Paris veille sur la bonne marche de l’État, le président s’occupe de ce qui,
à ses yeux, constitue l’essentiel : les affaires de familles, au sens large, à commencer
par la sienne, les Yakoma, une ethnie minoritaire – moins de 5 pour cent de la
population – qui vit sur le fleuve Oubangui, en face de parents plus nombreux
au Congo-Kinshasa. Ainsi, pendant que Mantion négocie à l’ambassade de France
le départ de Patassé, le général Kolingba ordonne-t-il qu’on dynamite les
maisons de l’opposant et de ses proches à Bangui.
Il
dépêchera aussi deux frères d’armes Yakoma dans les fiefs ethniques de ses
ennemis putschistes : la première expédition punitive sera conduite par le
général Djambo, qui rase et brûle plusieurs villages autour de Paoua, la ville natale
de Patassé;36
l’autre est emmenée par le général Mazi à Markounda.
« Devant l’impossibilité de distinguer les opposants des paisibles habitants
des lieux, le général Mazi opta pour une solution radicale : le village de
Markounda fut brûlé et de nombreuses personnes massacrées. Ces faits furent à
l’origine d’une haine tenace des Kaba contre les Yakoma. La fracture nord-sud
était née et sera plus tard instrumentalisée politiquement par Patassé, en
termes de gens de la savane contre gens du fleuve.37
En
bon général, André Kolingba s’occupe également de l’armée et, en particulier,
de sa Garde présidentielle. C’est ici, au cœur du domaine de compétences de
Jean-Claude Mantion, en matière de sécurité, que l’on mesure le mieux à quel
point le supposé « tout-puissant conseiller blanc » du chef de l’État, qui
constitue une cible naturelle pour les attaques de l’opposition centrafricaine
et des médias internationaux, est en réalité un leurre. Bien plus que la présence
de « Lucky Luke », l’autre surnom local de Mantion, c’est le tribalisme de son
patron qui aurait dû faire scandale : pendant que l’agent français assume les tâches
d’un Premier ministre de l’ombre, le président place ses parents yakoma dans
l’appareil d’État et dans les sociétés parapubliques.
«
Il a inventé l’ethnicité, si l’on entend par là l’instrumentalisation de
l’appartenance tribale à des fins politiques, dans un pays uni par une vraie
langue véhiculaire, le sango, où l’origine des uns et des autres n’avait
pendant longtemps aucune importance ».38 Au
sein des Forces armées centrafricaines (FACA), cet entrisme crée des déséquilibres
extrêmement préjudiciables pour l’avenir qui, à ce jour, n’ont pas encore été
réparés : en quittant le pouvoir en 1993, après douze ans de règne, André
Kolingba, maître buté d’un jeu de go ethnique, laissera à ses successeurs une armée
nationale constituée, à 70 pour cent,39 de
membres d’une ethnie ultra-minoritaire, la sienne.
La
chute du mur de Berlin qui met fin à la Guerre froide, le retrait du gendarme
de l’Afrique francophone qu’avait été la France et la mise en œuvre de ce que
la presse française surnomme la « Paristroïka », en parallèle à l’abandon par
l’ex-URSS de son glacis en Europe de l’Est à la souveraineté tout aussi limitée
que celle des anciennes colonies du pré-carré de la France en Afrique, sont des
forces tectoniques auxquelles Kolingba ne peut résister. Le 22 avril 1991,
André Kolingba concède le multipartisme, qui est entériné en juillet grâce à
une réforme constitutionnelle. « Je le fais parce que ceux qui nous paient me
le demande », explique-t-il sans détour, en sango, à la radio nationale. Il
sait bien qu’il sonne ainsi le glas de son pouvoir.40
Mais
il sait aussi qu’il ne saurait s’y maintenir sans le soutien massif et
multiforme de la France. Or, dès juin 1990, à l’occasion du sommet
France-Afrique de La Baule, le président François Mitterrand a lié l’aide
française au progrès dans la démocratisation en Afrique. Dans ce nouveau
tableau, le proconsul à Bangui, aux côtés d’un militaire plaçant ses parents
pour mettre l’un des pays les plus pauvres du continent en coupe réglée, fait
tache. Aussi, André Kolingba doit-il consentir à ce qui s’assimile, de son point
de vue, à un suicide assisté : des élections pluralistes, sans triche, qu’il ne
peut que perdre. Vu de Paris, la fin de l’ère Mantion à Bangui s’impose comme
une nécessité inévitable. Les autorités françaises ne se font toutefois pas d’illusions
sur le processus démocratique en Centrafrique. Elles redoutent par-dessus tout
les risques qu’un départ forcé du général Kolingba fera courir à la stabilité
de la plaque tournante des forces françaises pré-positionnées sur le continent.
Dès
lors, l’ouverture démocratique à Bangui suit le cours défini à Paris. Organisé
entre le 1er et le 20 août, un grand débat national permet d’apurer les comptes
du passé avant que les Centrafricains ne se rendent, les 22 août et 19 septembre
1993, dans les bureaux de vote pour des élections législatives et
présidentielle réellement pluralistes et incontestables, les premières dans
l’histoire du pays. André Kolingba aura bien tenté de faire dérailler ce
processus en annulant in extremis, en 1992, un premier scrutin et en graciant
l’ex-empereur Bokassa entre les deux tours du vote de 1993, dans l’espoir de
semer la pagaille en le faisant sortir de prison. Mais la France veille au
grain démocratique, comme elle avait veillé auparavant à la pérennité des régimes
mis en place par elle. À l’arrivée, elle se sera démenée, avec succès, pour
assurer la logistique et la régularité d’une élection exemplaire, à grand
renfort de rotations d’hélicoptères, d’observateurs internationaux et d’urnes
transparentes. C’était le but, il est atteint.
Qu’importe
alors que l’heureux élu, Ange-Félix Patassé, vainqueur au second tour sur le
socialiste Abel Goumba, avec 52,5 pour cent des voix, ait été dans le passé violemment
anti-français et putschiste, qu’il ait organisé le sacre de Bokassa, son mentor
politique auquel il s’efforce de ressembler jusqu’à la limite du mimétisme,
qu’il soit démagogue à souhait, ayant fait campagne en promettant une usine à
fabriquer des billets de banque à chaque village où une majorité voterait pour
lui.41
La France est « lasse de corriger la fortune de ses
anciennes colonies africaines ».42 Elle
espère, certes, que la tenue d’une élection dans le respect des règles servira
de gage à un avenir plus démocratique en Centrafrique ; mais elle n’y croit
guère. En revanche, elle considère ce vote incontestable « comme le cadeau
d’adieu d’une puissance tutélaire pour qui il est grand temps de se retirer
d’un État théoriquement indépendant depuis trente-trois ans ».43
DÉMOCRATIE ET CHAOS
Dans
sa lente remontée à la souveraineté, la Centrafrique passe un cap en 1993 :
pour la première fois depuis l’indépendance, la volonté populaire s’est
exprimée librement. La victoire d’Ange-Félix Patassé constitue une alternance
démocratique. Elle rompt avec les simulacres d’élections qui, pendant la Guerre
froide, reconduisaient invariablement l’homme fort à la présidence que son occupant
ne quittait que contraint et forcé, victime d’un coup d’État.44
Pour cette raison, le pléonasme « démocratiquement
élu » devient d’usage quand les scrutins en Afrique cessent d’être des
plébiscites de candidats uniques ou des compétitions jouées d’avance. Ange-Félix
Patassé se targue de ce nouveau titre de gloire qu’il va confondre – il n’est
pas le seul – avec un blanc-seing de gouvernance.
Ce
qui sera d’autant plus fâcheux qu’après trois présidents originaires du Sud
depuis l’indépendance (David Dacko et Jean Bedel Bokassa, tous deux Mbaka, et
André Kolingba, un Yakoma), il est le premier homme politique du nord à accéder
à la magistrature suprême. Le fait, en soi, n’a guère d’importance. Mais il se
charge d’une signification politique lourde dès lors qu’il s’inscrit dans une
perception de polarisation politique – les gens de la savane contre les gens du
fleuve – que le nouveau chef de l’État va grandement exacerber, par maladresse
ou calcul.
«
On ne peut démocratiser qu’avec des démocrates, et l’arithmétiques tribale
prévalant à l’occasion d’une élection démocratique ne suffit pas à transformer
un cacique du système Bokassa en un artisan de l’évolution démocratique ». Le
jugement, émis par Jean-Paul Ngoupandé,45 est
sans appel pour Ange-Félix Patassé. Toutefois, l’héritage que doit assumer
Patassé en arrivant au pouvoir est lourd : son armée est une milice tribale dont
il n’a pas entièrement tort de penser qu’elle lui est hostile. Pour commencer,
il cherche alors à garantir sa sécurité rapprochée en reversant les Yakoma de
la Garde présidentielle dans les rangs des Forces armées centrafricaines
(FACA). Ce qui suscite le mécontentement des intéressés, privilégiés sous
l’ancien régime.
Puis,
la grogne des militaires se fait générale quand il s’avère que la nouvelle
Sécurité présidentielle est également une milice tribale, cette fois-ci presque
exclusivement constituée de Sara-Kaba, la « famille » ethnique septentrionale du
nouveau chef de l’État. La rivalité entre cette garde prétorienne et la troupe
« clochardisée » des FACA va provoquer, sur fond de crise sociale sans
précédent, une martingale de mutineries qui achèveront de ruiner l’économie et
l’État centrafricains.
1. Mutineries
à répétition
L’état
de grâce du nouveau pouvoir n’est que de courte durée. Dans l’élan de sa prise
de fonctions, Ange-Félix Patassé parvient à éponger douze mois d’arriérés de
salaires dans la fonction publique, mais ils sont vite reconstitués par des
retards successifs. L’exaspération sociale gagne alors les rangs de l’armée. Le
18 avril 1996, quelque deux cents soldats du Régiment de défense opérationnelle
du territoire (RDOT) manifestent pour réclamer trois mois de retard de solde.
Ils occupent la radio, prennent plusieurs personnalités en otage et tentent
d’attaquer la présidence. La Garde présidentielle sort. L’affrontement fait
sept morts et une quarantaine de blessés. Les soldats français du camp Béal quadrillent
alors Bangui pour protéger les ressortissants étrangers. Privés de marge de manœuvre
sur le plan militaire, les mutins mettent fin à leur mouvement, qui a duré
quatre jours.46
Un
mois plus tard, le 18 mai 1996, la rumeur – vraie ou fausse, on ne le saura
jamais – que l’armurerie du camp Kasaï, la base du RDOT, passerait sous le
contrôle de la Garde présidentielle, déclenche une nouvelle irruption de colère
au sein des FACA. Cette fois, la mutinerie dure onze jours et implique
plusieurs centaines de militaires. Encadrés par des sous-officiers, leurs
revendications se font plus politiques. En même temps, Bangui est mise à sac,
avec la participation enthousiaste des nombreux laissés-pour-compte dans la
capitale. L’armée française monte une importante opération, « Almandin II »,47
pour évacuer plusieurs milliers d’étrangers. Elle
sauve aussi du pillage la brasserie Mocaf, propriété du groupe français
Castel. S’élevant à 43 morts et 238 blessés, le bilan des violences est sensiblement
plus lourd qu’en avril. De nouveau, le déploiement des forces françaises
contraint les mutins et le pouvoir à la négociation.
Un
gouvernement d’union nationale, conduit par Jean-Paul Ngoupandé, se met en
place. Au cours de ses huit mois d’existence, il parvient à organiser les états
généraux de l’armée, en vue d’une restructuration profonde des FACA avec l’aide
de la coopération française, et à faire adopter par l’ensemble des partis
politiques – une trentaine – un programme minimum commun. Mais une troisième mutinerie,
déclenchée le 15 novembre 1996, a raison de ces efforts. À la suite d’un
incident mineur, des centaines de soldats essaiment en ville pour prendre le
contrôle des quartiers sud de Bangui, le long du fleuve. Une fois de plus, l’armée
française intervient pour enrayer l’escalade militaire. Mais, cette fois, les
fils du dialogue tardent à se renouer, la capitale centrafricaine reste divisée
pendant de longues semaines et deux militaires français – un officier et un
sous-officier en patrouille – sont abattus à un barrage des mutins, de tirs
dans le dos.48
Le
bilan des représailles exercées par l’armée française va demeurer inconnu.
Selon des sources centrafricaines dignes de foi, il a été de « plusieurs
dizaines de civils, pris dans le feu ouvert sur les mutins qui ont cherché à
s’abriter à l’intérieur des quartiers ».49
Cette intervention punitive provoque, à Paris, une
vive réaction de Lionel Jospin, alors premier secrétaire du Parti socialiste,
sur l’interventionnisme d’un autre temps et le respect dû aux « morts
africaines ». Sa déclaration rompt avec l’habituel consensus observé par la
classe politique française dès lors qu’il s’agit d’opérations militaires en
Afrique.50
Bien
que restant sans suite, ce début de débat public met en relief le dilemme dans
lequel le gouvernement français s’est enfermé depuis le début des mutineries en
rafales à Bangui. Le choix semble cornélien : faut-il assister, l’arme au pied,
à la prise de pouvoir des mutins, au risque de se voir reprocher le lâchage
d’un président démocratiquement élu et longtemps considéré comme anti-français
? Ou, quitte à redevenir le gendarme de l’Afrique, faut-il voler au secours
d’Ange-Félix Patassé, bien que celui-ci multiplie les abus de pouvoir, du
péculat à grande échelle à l’assassinat politique ?51
Finalement,
les autorités françaises tentent de sortir du piège par un mouvement en deux
temps : d’abord, en portant la présence militaire française à Bangui de 1400 à
2300 hommes pour y maintenir l’ordre constitutionnel, au besoin par les armes ;
puis, en passant le relais à une force internationale d’interposition afin de
pouvoir rapatrier les troupes françaises, à la faveur d’une stabilisation
provisoire de la situation. Cette solution du type « un pas en avant, deux pas en
arrière » doit mettre Paris à l’abri d’une nouvelle mise en accusation, tantôt
pour ingérence, tantôt pour abandon. Mais elle comporte aussi le risque du
cumul.
(…)
NOTES
33 - Jean-Claude Mantion (lt-colonel),
officier des services secrets français (Direction générale de la sécurité
extérieure, DGSE), installé en Centrafrique pendant treize ans (1980-1992) pour
appuyer la présidence d’André Kolingba.
34 - Ibid.
35 - Entretien de
Crisis Group, un officiel français à Paris, mai 2007.
36 - Cf.
Jean-Paul Ngoupandé, L’Afrique sans la France (Paris, 2002), pp. 12-13.
37 - Récit
dactylographié d’un témoin des événements, remis à Crisis Group à Bangui,
juillet 2007.
38 - Entretien de
Crisis Group, un diplomate occidental, Bangui, juillet 2007.
39 - Entretien de
Crisis Group, le général Henri-Alain Guillou, conseiller français chargé de la
refondation des FACA du Président Bozizé, Bangui, juillet 2007 ; voir aussi «
Marchés Tropicaux », Spécial Centrafrique, No. 2940, 15 mars 2002,
p. 556.
40 - « Le
président Kolingba concède le multipartisme », Reuters, 23 avril 1991.
41 - Témoignage
de Géraldine Faes, qui couvrait alors la campagne présidentielle pour
l’hebdomadaire Jeune Afrique.
42 - Entretien de
Crisis Group, un diplomate français, Paris, juillet 2007.
43 - Entretien de
Crisis Group, un ancien ministre français de la Coopération, Paris, juin 2007.
44 - Ce n’est pas
une particularité de la Centrafrique. Jusqu’à la chute du mur de Berlin,
pendant 30 ans d’histoire indépendante de l’Afrique, l’unique dirigeant à y
avoir quitté le pouvoir à la suite d’une défaite électorale est le Premier
ministre mauricien Seewoosagur Ramgoolam, en 1982.
45 - Chronique,
op. cit., p. 8. Né en 1949, Mandja du centre, Jean-Paul Ngoupandé, un
universitaire, a été secrétaire général du parti unique et ministre de
l’Éducation sous Kolingba. Premier ministre d’un gouvernement d’union
nationale, en 1996-1997, il affronte le président Patassé dans une cohabitation
conflictuelle.
46 - « 1996/97 :
trois mutineries successives », Agence France Presse, 28 mai 2001.
47 - Ibid.
48 - Ibid.
49 - Entretien de
Crisis Group, des dirigeants d’organisations pour la défense des droits de
l’homme, Bangui, 17 juillet 2007.
50 - Voici le
verbatim de cette déclaration lue à la presse, le 6 janvier 1997 : « Je suis très préoccupé par la situation en
République centrafricaine. Naturellement, nos forces doivent veiller à leur
sécurité. A cet égard, je salue avec tristesse la mort de deux soldats
français. Nos forces doivent aussi assurer la sécurité de nos ressortissants.
Mais il faut penser également aux morts africaines, surtout si elles
concernaient la population civile. Je crains la montée d’un puissant sentiment
anti-français en Centrafrique. Le problème est de savoir quelles missions notre
gouvernement fixe à nos soldats. L’accord de défense avec la République
centrafricaine, qui est invoqué, n’est pas un accord de police. L’armée
française n’a pas à être transformée en force de sûreté intérieure ni en garde
présidentielle pour le président Patassé. A deux reprises déjà, en avril et en
mai de l’année dernière, nous sommes intervenus militairement en Centrafrique.
Force est de constater que le président Patassé, certes choisi par des élections,
ne se comporte pas démocratiquement et ne parvient pas à stabiliser la
situation dans son pays. Si l’on veut éviter de perpétuer un interventionnisme
d’un autre temps et le risque d’un engrenage militaire, une issue politique
doit être trouvée. Elle implique un dialogue du pouvoir centrafricain avec son opposition.
Peut-être passe-t-elle, si les Centrafricains en décident, par un nouveau
recours au suffrage universel. Je demande que le gouvernement français informe
officiellement les Français et leurs représentants sur la politique suivie par
notre pays en Centrafrique », Le Monde, 7 janvier 1997.
51 - Les
autorités françaises sont notamment marquées par l’assassinat, le 4 décembre
1996, de l’ancien ministre de l’Intérieur du général Kolingba, Christophe
Grelombe, et de son fils Martin, torturés à la présidence puis achevés sur un
terrain vague par la Garde présidentielle que des coopérants militaires
français sont censés encadrer.
Source : www.crisisgroup.org/
Rectificatif: Le géneral Mbaikoa n'est pas originaire de Markounda. Il est bien natif du village de Bémaidé , dans la S/Préfecture de Paoua.
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