Informateur.info : Vous avez été
l’instigateur des manifestations qui ont fait avorter le démarrage effectif de
l’opération de la carte consulaire biométrique le 18 novembre dernier au
consulat du Burkina à Abidjan. Pourquoi avoir organisé ce sit-in ?
Daouda
Kaboré
: Cette manifestation était nécessaire à notre sens pour faire comprendre à nos
autorités diplomatiques que ce ne sont pas des moutons qu’elles administrent
ici en Côte d’Ivoire. Et qu’il ne suffit pas de s’asseoir dans les bureaux
feutrés pour prendre des décisions qui nous engagent. Il était important que
cette manifestation ait lieu.
Informateur.info : Que reprochez-vous à la carte consulaire biométrique ?
Daouda
Kaboré
: L’opération en elle-même est bonne, mais j’estime que non seule- ment son
coût n’est pas adéquat, mais son démarrage présentement n’est pas aussi
opportun. Avec tout ce que nous avons vécu en Côte d’Ivoire, nous estimons que
c’est ingrat de la part de nos autorités de nous imposer un tel montant. Mais,
au-delà du montant, quand vous demandez aujourd’hui à nos autorités
diplomatiques combien de Burkinabé nous sommes en Côte d’Ivoire, elles vous
diront que nous sommes autour de 3 millions. Cette affirmation, elles la
tiennent du recensement général de la population en 1998. Je ne suis pas
statisticien, mais quand j’observe les choses, je me dis qu’à travers le
recensement général des populations en Côte d’Ivoire, on est en mesure d’avoir
des informations sur nos compatriotes.
Informateur.info : Où voulez-vous en venir ?
Informateur.info : Où voulez-vous en venir ?
Daouda
Kaboré
: Ma logique est toute simple. Je pense qu’il aurait fallu attendre que la Côte
d’Ivoire fasse le recensement général de la population annoncée pour mars
prochain, avant de lancer notre opération d’identification. Notre tâche s’en
trouvera facilitée. Parce qu’au terme de ce recensement, l’Etat burkinabé
pourra connaître le nombre de ses ressortissants en Côte d’Ivoire. Dès lors,
l’opération d’identification pourrait mieux être affinée et le coût s’en
trouverait réduit. On ne parlerait peut-être plus de 7.000 Fcfa.
Informateur.info : Qu’est-ce que vous suggérez alors ?
Daouda
Kaboré
: Ma suggestion va au-delà de simples statistiques à connaître ou encore
de la fiabilité de la pièce qu’on nous présente. La Côte d’Ivoire vient de
prendre une loi sur la nationalité qui permet une régularisation d’une certaine
injustice que bon nombre de Burkinabé ont subie ici en Côte d’Ivoire. Et, comme
par enchantement, c’est en ce moment que le Burkina décide de faire la
promotion d’une nouvelle carte consulaire. La coïncidence nous interpelle
dans la mesure où il y a des réformes en cours en Côte d’Ivoire qui pourraient
être bénéfiques à nos compatriotes. Vous savez bien que le problème de la terre
est lié à la nationalité. Comment résoudre ces questions si l’on se met
soi-même à saboter les réformes.
Informateur.info : Pour vous, l’avènement de cette carte consulaire biométrique pourrait dissuader vos compatriotes à renoncer à la chance qu’ils ont de régulariser leur nationalité ?
Informateur.info : Pour vous, l’avènement de cette carte consulaire biométrique pourrait dissuader vos compatriotes à renoncer à la chance qu’ils ont de régulariser leur nationalité ?
Daouda
Kaboré
: C’est bien cela ma crainte, même si je dois préciser que le Burkinabé est
plus fier de sa nationalité qu’une autre. Mais vous convenez avec moi qu’on
prend une nationalité en fonction de ses intérêts. Quel est ici notre intérêt ?
Pourquoi, à Marcoussis, des gens ont pensé qu’il fallait donner la chance à
ceux qui avaient la possibilité d’avoir la nationalité et qui n’en jouissent
pas de se rattraper. C’est une simple question de bon sens à mes yeux. Sinon
cette disposition de Marcoussis n’avait pas de raison d’être consignée dans
l’accord. Nous savons à quel prix nous avons obtenu ces réformes et nous ne
pouvons laisser des petits bureaucrates compromettre notre avenir parce qu’il y
a de l’argent à empocher.
Informateur.info : Il fallait donc attendre, à votre avis ?
Informateur.info : Il fallait donc attendre, à votre avis ?
Daouda
Kaboré
: Oui, pour moi, il n’y avait pas d’urgence à démarrer maintenant cette carte
biométrique. On compromet ainsi beaucoup de choses pour l’avenir. Et puis le
choix de Snedai d’Adama Bictogo me pose un sérieux problème. On ne peut pas
confier la gestion des données d’une telle importance à quelqu’un dont la
crédibilité est sujette à polémique. Vous savez bien ce qui s’est passé avec
l’argent des déchets toxiques. Le fait que la communauté burkinabé n’ait pas
été consultée est une foutaise inacceptable.
Informateur.info : Mais les autorités dénoncent aussi le fait que les anciennes cartes ne reflétaient plus les ambitions du Burkina Faso ?
Daouda
Kaboré
: C’est vrai qu’on nous a même dit qu’il y a un réseau de fausses cartes. Mais
vous ne trouvez pas vous-même curieux que ce soit maintenant qu’on dénonce
cela. J’ai d’ailleurs aimé une de vos analyses où vous vous demandiez combien
de faussaires ont été arrêtés par ceux qui le savaient et gardaient un silence
complice. Moi, je persiste et signe, cette opération doit s’arrêter. Si c’est
l’élection de la diaspora en 2015 qui les motive, on peut bien aller à ces
élections avec les cartes actuelles.
Informateur.info : Il ne serait pas mieux de demander aux autorités diplomatiques d’expliquer davantage à vos compatriotes que ceux qui remplissent les conditions de l’acquisition de la nationalité par déclaration puisse attendre, et que les autres prennent leur carte consulaire ?
Daouda Kaboré : Je doute fort que
nos autorités diplomatiques perçoivent réellement les enjeux. Est-ce que vous
aviez senti la moindre sensibilisation avant le lancement de cette opération ?
Pourtant on nous parle d’une affaire d’une vingtaine de milliards. Ce projet
doit s’arrêter et nous allons nous battre dans ce sens. Nous avons appris
qu’ils auraient distribué de l’argent à des gens pour battre campagne pour
cette opération. Mais, s’il y a de l’argent à distribuer, pourquoi ne pas
engager des juristes pour aller défendre nos compatriotes qui sont confrontés à
des problèmes fonciers à l’intérieur du pays.
Informateur.info : Et que
comptez-vous faire ?
Daouda Kaboré : Nous avions promis,
lors de notre première manifestation, le 18 novembre dernier, que nous
reviendrions le mois prochain. Nous serons encore le 20 décembre devant le
consulat dix fois plus nombreux que la dernière fois pour demander l’arrêt de
cette opération.
Informateur.info : Et si les autorités diplomatiques faisaient appel aux forces de l’ordre pour vous en empêcher, comme cela a été le cas récemment pour le sit-in contre le Sénat ?
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance
diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne
éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de
la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, et que, par leur contenu informatif, ils
soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des
enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : CIVOX. NET 19 Décembre 2013
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