« J’ai vécu
la crise en direct », a déclaré le professeur Toto Jérôme Balou BI, ancien
Secrétaire Général de l’université de Cocody. C’était le samedi 9 novembre
2013, à Paris, à l'occasion d'une conférence de presse, organisée par le Comité
de Résistance pour la Démocratie.
Jérôme Balou BI (à droite) |
Conformément
à son thème, à savoir, « témoignage d’un rescapé du régime Dramane », le
conférencier a tenu a montrer que « le
régime de Dramane est un régime qui est venu détruire la Côte d’Ivoire ».
Il a commencé son exposé en décrivant l’université de Cocody pendant la crise. « J’étais en contact permanent avec les
étudiants pendant les combats, l’université de Cocody a été bombardée, des
étudiants ont été tués, certains ont été poursuivis jusqu’au C.H.U. de Cocody
pour être ensuite achevés, tout ceci sous les yeux de l’ONUCI et de la Licorne
», a-t-il révélé.
L’ancien secrétaire général de l’université de Cocody n’a pas manqué de dire qu’il a même appelé Hamadoun Touré, en son temps, porte-parole de l’Onuci. Pendant cet échange téléphonique, « Hamadoun Touré m’a dit d’appeler la police et la gendarmerie alors qu’en ce moment précis, il n’y avait ni police ni gendarmerie ».
L’ancien secrétaire général de l’université de Cocody n’a pas manqué de dire qu’il a même appelé Hamadoun Touré, en son temps, porte-parole de l’Onuci. Pendant cet échange téléphonique, « Hamadoun Touré m’a dit d’appeler la police et la gendarmerie alors qu’en ce moment précis, il n’y avait ni police ni gendarmerie ».
Pour ce qui
concerne les conditions de son arrestation, l'ex-Secrétaire Général de
l’université de Cocody a expliqué qu’il se rendait le 19 avril 2011 au campus
de Cocody, avec son fils et son neveu, pour aller faire « l’état des lieux ».
Sur le chemin du retour, précisément au « carrefour de la vie à Cocody », « quatre véhicules nous ont encerclés. Ils
m’ont demandé si j'étais le Secrétaire Général de l’université de Cocody. J’ai
dit oui. Ils m’ont ensuite raconté qu’on leur avait dit que j’abrite des
miliciens et que j’ai des armes chez moi. De source sûre, je sais que c’est un
agent de l’université que je connais bien qui leur a dit que je venais juste de
sortir de l’université ».
Le professeur
a expliqué que son quartier à Angré était déjà quadrillé et que des hommes en
armes avaient fouillé de fond en comble sa maison, l’avaient dépouillée, sans
même trouver une seule arme. Ensuite ils sont allés avec lui à Williamsville. « Là-bas, ils m’ont enchaîné. Leur chef a
dégainé son pistolet sur ma nuque pendant une dizaine de minutes. Ensuite, il a
tiré entre mes jambes devant mon fils. Selon eux, sur les ordres de Cissé
Bacongo, ils devaient me tuer. Car j’aurais tué des enfants», a confié le professeur
Balou Bi. Malgré tout, le professeur a demandé la libération de son fils et de
son neveu, ce qui lui fut accordé.
Mais
l'universitaire ne sera pas au bout de ses peines, à en croire la suite son
témoignage : « Le mercredi 20 avril
2011, dans la matinée, Cissé Bakongo a envoyé son directeur financier pour que
je dise où je cache les armes. J’ai répondu à Meïté Adama que je ne sais rien
et que je n'ai rien fait, s’ils voulaient me tuer, qu’ils le fassent. Après
deux jours à la prison de Williamsville, j'ai été emmené au Golf Hôtel,
précisément dans un bar de l’hôtel appelé "le flamboyant". C’était
une torture au Golf, j’ai trouvé sur place les personnes enlevées chez le
président Gbagbo. Quand Nous traversions le hall pour aller aux toilettes, des
partisans de Dramane nous tabassaient. Je me souviens que le Premier ministre
Affi a passé deux jours sans aller aux toilettes parce qu’il craignait qu’on
l’agresse. On a libéré un groupe plus tard essentiellement des dames et un
religieux. Le 25 avril, le porte-parole de Soro Guillaume, à l’époque, Afoussi
Bamba, nous a informés que nous devions partir, je ne sais où. Par la suite,
les prisonniers ont été emmenés à Bouna, après un long détour car nos
conducteurs ne connaissaient pas le trajet pour y aller. À Bouna, les hommes de
Dramane ont dit qu’on serait logé dans une résidence. Grande fut notre surprise
lorsqu’on nous a emmené à la prison de Bouna, désertée depuis 2002. Sur les
lieux, on nous a présentés comme des mercenaires de Gbagbo. Chacun avait sa
cellule, mais les premiers mois, on a décidé de dormir dehors. On se disait que
si on devait mourir, se serait ensemble. Les premières semaines nos geôliers
nous donnaient à manger. Plus tard, ils nous ont annoncé qu’on devait
nous-mêmes prendre en charge notre repas. C’étaient des chrétiens qui géraient
l'argent que des amis nous apportaient pour notre survie en prison. Les
geôliers récupéraient nos restes pour se nourrir. Nous avons même financé leurs
tenues militaires. »
Poursuivant son récit, le professeur Balou Bi ajoutera : « En de tels circonstances, on n'a pas d’autres choix que de s’attacher à quelque chose. Car si Dieu n’existait pas, on serait déjà mort. Raison pour laquelle tous, nous avions commencé des moments de prière. J’étais même le pasteur de la prison ».
Poursuivant son récit, le professeur Balou Bi ajoutera : « En de tels circonstances, on n'a pas d’autres choix que de s’attacher à quelque chose. Car si Dieu n’existait pas, on serait déjà mort. Raison pour laquelle tous, nous avions commencé des moments de prière. J’étais même le pasteur de la prison ».
Le
conférencier a évoqué les moments de tortures que le chef de guerre Morou
Ouattara et ses hommes leur ont fait vivre. En plus des tortures physiques, le
professeur Balou BI a également vécu des moments tristes, suite à l’annonce du
décès de son père par crise cardiaque.
Sur le plan
juridique : « le 5 Août 2011, on nous a
présenté les charges retenues contre nous : Xénophobie, tribalisme, crime
économique, atteinte à la sûreté de l’Etat …lesquelles charges étaient les
mêmes pour nous tous.», a ajouté le conférencier. L'ex-Secrétaire Général de
l’université a terminé son exposé en réaffirmant que « Alassane n’a aucune
légitimité. Je n’aimerais pas qu’on s’apitoie sur mon sort. Il y a des gens qui
sont morts. Soyons unis pour libérer notre pays que Dramane est venu vendre. »
Une
contribution de Aline Péhé
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
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