jeudi 22 mai 2014

Une citoyenne tente de s’immoler par le feu devant la présidence

Une première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Une femme a tenté de s’immoler par le feu hier dans un endroit hautement symbolique. 
 
La citoyenne M. Ouattara après son acte désespéré
La nouvelle s’est répandue hier à Abidjan comme une traînée de poudre. D’abord sous forme de rumeur distillée par des sms. Puis confirmée par une dépêche de l’agence de presse africaine (APA).
Une jeune dame du nom de Mandjara Ouattara s’est immolée par le feu hier aux environs de 13 heures à la Place de la République à moins de cent mètres de la présidence de la République.
« Mandjara Ouattara, née le 23 juillet 1981 à Bouaflé, dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, a déversé de l’essence sur son corps avant d’allumer le briquet qu’elle avait en sa possession », rapporte la dépêche. Celle-ci, citant un témoin oculaire, précise que la jeune dame venait de déposer une lettre à la grande poste d’Abidjan qui se trouve juste à côté.
« Aide-soignante de son état, selon le passeport biométrique découvert dans son sac à main gris, Mandjara Ouattara, habillée d’un haut rouge et d’un bas noir (collant) (sic !), allongée dans le brancard devant le poste de contrôle de la Garde républicaine à l’entrée du palais présidentiel, présentait des traces de brûlures sur le corps », poursuit la dépêche de l’APA. Qui ajoute que Mandjara Ouattara a été évacuée au service des grands brûlés du centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville par une ONG de secours assistée des sapeurs-pompiers militaires.
Un policier interrogé par APA a indiqué qu’il n’était pas en mesure de savoir le degré de brûlure assurant que c’est au CHU que le diagnostic devait être fait.
« C’est au CHU qu’on saura si ses jours sont en danger ou pas », a précisé le policier à l’APA. Sur les motivations de son acte, une source interrogée par l’APA pense que « cette tentative est certainement liée au désespoir ».
Justement, des sources contactées par nos soins semblaient fortement accréditer la thèse du désespoir.
En effet, celles-ci soutiennent qu’en réalité, la jeune dame fait ses propres affaires. Elle serait membre du syndicat national des fournisseurs de l’Etat dont le président est Faustin Gré.
Selon les informations recueillies, elle aurait plutôt déposé un courrier au poste de police à l’entrée sud de la présidence de la république tenu par la garde républicaine. « Un courrier sans destinataire », précise notre source.
Les militaires en poste auraient effectivement remarqué qu’elle portait une bouteille plastique contenant un liquide. Par ces temps de chaleur insupportable, ils ont dû se dire qu’il s’agissait d’une bouteille d’eau pour se désaltérer. C’est juste quand elle s’est éloignée de quelques mètres qu’elle se serait aspergée du contenu de la bouteille pour ensuite se mettre le feu avec un briquet qu’elle tenait également.
Cela a tout l’air d’un acte de désespoir savamment prémédité dont les motivations pourraient se trouver dans le courrier qu’elle venait de déposer.
S’agit-il d’un de ces fournisseurs à qui l’Etat doit et qui ne supporterait plus de faire des va-et-vient sans résultat ? Nul ne le sait encore avec certitude. Ce qui est sûr par contre, c’est que l’acte de Mandjara Ouattara a suscité une vive émotion notamment sur les réseaux sociaux à certains qui n’ont pas hésité à le comparer à l’immolation par le feu du jeune Tunisien Mohamed ou Tarek Bouazizi à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010 et mort le 4 janvier 2011 à ben Arous. Sa mort qui avait conduit aux émeutes ayant abouti au renversement du régime ben Ali, avait marqué le début de ce qu’on appelle le Printemps arabe.
Et même si comparaison n’est pas raison, il est à noter que cet acte, le tout premier dans l’histoire de la côte d’ivoire, intervient à un moment où le pouvoir Ouattara se montre de plus en plus sourd aux souffrances des populations et aux interpellations venant de partout y compris de son propre camp. Les exemples les plus frappants étant la prise de mesures impopulaires comme la fixation unilatérale des tarifs exorbitants du péage sur l’autoroute du nord et le vote d’une loi boiteuse sur la nouvelle commission électorale par un parlement qui est plus que jamais une chambre d’enregistrement.
Le tout dans une ambiance d’autocélébration où les quelques projets d’infrastructures initiés par les précédents régimes et dont les financements étaient bien souvent bouclés depuis longtemps sont présentés comme les œuvres du seul Ouattara devenu par la magie d’une propagande outrancière comme le messie que toute la côte d’ivoire attendait depuis son indépendance.
Dans ces conditions, il est à peu près sûr que le régime Ouattara ne verra aucun signe dans
M. Ouattara en compagnie du
"commandant" Issiaka Ouattara, dit Wattao
ce qui vient de se passer. D’ailleurs, selon le site internet coaci.com, au moment où Mandjara Ouattara s’immolait par le feu, Alassane Ouattara était en train de fêter les trois ans de sa deuxième investiture au cours d’un conseil des ministres.
 

 
LES DESSOUS DE LA TENTATIVE D’IMMOLATION
 
Hier, les réseaux sociaux bruissaient d’informations parfois contradictoires sur Mandjara Ouattara. Un ciberactiviste qui [dit] avoir enquêté, révèle que cette jeune dame est en fait une militante du RDR, parti qu’elle défendrait d’ailleurs activement sur Facebook. Elle serait même très proche du chef de guerre Issiaka Ouattara dit Wattao. Selon lui, Mandjara aurait loué quinze véhicules de type 4X4 à l’équipe de campagne d’Alassane Ouattara dans le cadre de l’élection présidentielle de 2010 à raison de 80.000f par véhicule. Et depuis, elle n’aurait pas été payée quatre ans après. Ce serait en désespoir de cause qu’elle aurait tenté de s’immoler par le feu à l’entrée de la présidence.
 

Augustin Kouyo
Titre original : « A l’entrée du palais présidentiel, hier, une jeune femme tente de s’immoler par le feu ». 

 
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Source : Notre Voie 22 mai 2014

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